Les anciens

Anciens, séniors, vétérans, vieux, vieillards, ancêtres, etc. Voilà un échantillon de noms, plus ou moins agréables, qui désignent le troisième âge et même, maintenant le quatrième !

Ayant intégré une décennie qui me place largement dans une des ces catégories, j’ai pensé livrer quelques réflexions sur le sujet.

Vieillir, comme disait Jean d’Ormesson, c’est encore la meilleure façon de ne pas mourir. Cette expression mise à part, il existe quelques avantages à prendre de l’âge, mais en toute objectivité ils sont moins nombreux que les désagréments.

Cet article se voulant positif, c’est la mise en avant des « privilèges » qui sera favorisée. Ils sont connus, sans doute n’est-il pas inutile de les rappeler.

Ce n’est pas toujours évident de vieillir, alors autant bien le faire. Pour cela il faut bénéficier avant tout d’une bonne santé. Cette santé qui est le fruit de différents facteurs : la génétique, l’entretien physique, l’hygiène de vie et… la chance. Mais aussi l’environnement  et un certain confort qui offre des soins, une vie sociale et familiale digne de ce nom. Vieillir dans la solitude et la précarité ne devait pas exister.

Donc, revenons aux quelques avantages que doit (ou devrait) apporter l’avancée en âge : l’expérience, la connaissance, la sagesse, la tolérance, la relativisation et sans doute quelques autres. Toutes ces qualités mériteront un prochain article.

Dans nos disciplines, ceux qu’on appelle affectueusement « les anciens » sont, pour certains, des puits de science. Ils doivent être respectés. Pas uniquement ceux-là, mais tous ceux qui ont fait preuve d’un engagement et d’une fidélité totale à leur discipline.

Ni vénération, ni idolâtrie, simplement de la considération pour un parcours et pour une personne qui forcement a un chemin plus important. Un « ancien » est par définition… plus ancien, il a forcément des choses à apprendre aux plus jeunes. Surtout quand ils ont été professeurs ; se souvenir de ce que l’enseignant a apporté, que sans lui, on ne serait peut-être pas le pratiquant que l’on est devenu. Malheureusement, parfois, l’ingratitude n’est pas qu’un mot.

Même si le physique n’est plus tout à fait le même, la connaissance technique ne s’altère pas et encore moins l’esprit ; c’est aussi ce que voulait mettre en avant Jigoro Kano avec le « shin gi tai ». C’est l’occasion de rappeler que les grades ne sont pas que le reflet des aptitudes physiques, ni des connaissances techniques, mais aussi et surtout celui de la durée d’un engagement.

Une société qui ne respecterait plus « ses anciens » n’aurait sans doute que peu d’avenir.

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Vaincre sans combattre

Ci-dessous, un texte extrêmement intéressant, encore davantage dans la période de violence que nous connaissons. La violence physique mais pas que, celles de certaines décisions (ou d’absence de décision), et de paroles méprisantes sont parfois plus meurtrières.

Ce texte – que je vous conseille vraiment de lire intégralement – est issu du recueil qui devrait être le livre de chevet de tout pratiquant d’arts martiaux digne de ce nom. Il s’agit de « Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon ».

Plusieurs chapitres composent ce livre et développent ainsi différents thèmes. Un de ceux-là est consacré à l’art de « vaincre sans combattre ». Différents récits le composent et j’en ai déjà proposé un certain nombre sur mon blog.

Aujourd’hui, c’est l’introduction de ce chapitre que je présente. Un texte riche d’enseignement et de sagesse. C’est le petit plus de l’art martial, celui qui fait que je lui reste fidèle.

« Les grands Maîtres n’ont cessé de répéter que « la plus haute maîtrise est de vaincre sans combattre ». Ils considéraient que leur Art  ne devait pas servir à tuer, mais à protéger la vie.

Pour eux, quoi de plus facile que d’utiliser leur écrasante supériorité contre un agresseur ? Alors que se débarrasser d’un attaquant sans le blesser, sans même qu’il y ait un combat, relève de l’exploit. Et après tout, la véritable efficacité ne consiste-t-elle pas à décourager ou à se concilier l’éventuel adversaire car, comme le dit un proverbe chinois, « un ennemi que tu vaincs reste ton ennemi. Un ennemi que tu convaincs devient ton ami » ?

Vaincre sans combattre n’est pas à la portée du premier venu. «Un homme ordinaire dégainera son sabre s’il se sent ridiculisé et risquera sa vie, mais il ne sera pas appelé un homme courageux. Un homme supérieur n’est pas troublé même dans les situations les plus inattendues, car il a une grande âme et un noble but, aimait à dire Funakoshi Gishin (le fondateur du karaté). Celui qui ne peut se dominer face à un danger risque de devenir agressif et de réagir violemment. Il entre ainsi dans le jeu de l’adversaire. Parfois il peut même croire qu’il est menacé alors qu’il n’en est rien. Tandis que celui qui reste maître de lui dans toutes les situations peut faire face avec toute sa lucidité, tous ses moyens.

Réagir violement est une solution de facilité, rester calme est un tour de force. C’est ce qu’exprime Lao-Tseu dans une des fameuses sentences du Tao-tö king : « Imposer sa volonté à autrui est une démonstration de force ordinaire, se l’imposer à soi, un témoignage de puissance véritable. »

Si, malgré lui, un maître est entraîné dans un combat, il parvient, en fait, à neutraliser son adversaire sans vraiment combattre. L’essence des Arts Martiaux japonais est profondément non violente. Elle repose en effet sur le principe de non résistance qui consiste à utiliser l’attaque de l’adversaire pour le mener à sa propre perte. Celui qui se défend, au lieu d’essayer de bloquer le mouvement adverse, l’esquive et le canalise de façon à le retourner contre l’agresseur. Si l’adversaire pousse, il suffit d’esquiver ou de le tirer pour qu’il tombe de lui-même. S’il tire, il n’y a qu’à le pousser. Plus l’attaque est puissante, plus le choc en retour est désastreux. Le principe de non-résistance conduit l’attaquant à devenir la victime de sa propre attaque et à récolter le fruit de ses mauvaises intentions. Quoi de plus juste ?

Le véritable Art Martial, ou selon l’étymologie orientale, l’« Art d’arrêter la lance », est une excellente mise en pratique de ce que les enseignements taoïstes ou Zen appellent le wu-wei. Généralement traduit par « non agir », le wu-wei signifie plus exactement : laisser faire, agir sans intervenir, sans résister. Pour reprendre une image taoïste : « c’est le principe du wu-wei qui meut toutes choses. Simplement parce que l’essieu ne bouge pas, la roue tourne.»

Dans la tradition orientale, l’eau est l’élément naturel qui symbolise le mieux le wu-wei, la non résistance : « L’eau ne s’oppose à personne, et ainsi, nul ne peut l’affronter. » « L’eau cède au couteau sans qu’il puisse la déchirer ; Elle est invulnérable car elle ne résiste pas. »

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Le salut

(Il n’est pas inutile de revenir régulièrement sur les fondamentaux techniques, mais aussi éthiques !)

C’est avant tout un signe de politesse, une marque de respect et une tradition qu’il serait dommage de négliger et surtout de sacrifier. C’est aussi un moment de brève, mais d’intense concentration  avant une démonstration, une répétition ou un combat, Tout simplement au début et à la fin d’une séance. Un temps de courte réflexion.

Dans les arts martiaux japonais, le salut est emprunté aux coutumes du pays. C’était tout simplement dans le quotidien la façon de se dire bonjour.

Nous utilisons le salut principalement de deux façons. Debout ou à genoux. Logiquement, avant et après avoir effectué un travail debout, on salue debout ;  il en est de même pour le travail au sol. Dans certains katas ce rite se pratique à genoux et debout pour d’autres.

Au début et à la fin d’un cours, face aux professeurs, il s’exécute  en principe en position agenouillée, mais rien ne s’oppose à ce qu’il soit réalisé debout (surtout si le professeur a mal aux genoux). La position des élèves les plus hauts gradés est toujours sur la droite.

S’il est incontournable, il doit se faire en respectant une bonne attitude. Il ne doit pas être bâclé. Tout d’abord, les protagonistes adoptent une tenue correcte, même après un combat. On prend le temps de se rhabiller, on ne salue pas débraillé. D’autre part, il ne s’agit aucunement de se satisfaire d’un vague mouvement de tête. On prend son temps pour incliner le buste vers l’avant, les mains glissant le long des cuisses en position debout, elles seront posées sur le sol dans la position agenouillée.

Entre élèves et après un travail ou un randori, il se suffit à lui-même. D’autres marques, ne sont pas indispensables, si sympathiques soient elles !

Il est de coutume également de pratiquer le salut en entrant dans le dojo. Il est vrai que cette tradition se perd, elle est remplacée par un seul salut, celui que l’on exécute  avant de monter sur le tatami ( et encore, pas toujours). Mais l’un n’empêche pas l’autre.

Cet article permet aussi de rappeler que si certains rituels ne sont pas respectés dans nos disciplines à traditions, où le seront-ils ?

Encore une fois, c’est la responsabilité du professeur. Il n’est pas qu’un passeur de techniques, il est aussi un transmetteur de principes !

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Shin-Gi-Tai

Shin-Gi-Tai !

Voilà un concept, une expression que les pratiquants d’arts martiaux connaissent. Tout du moins, ils ont entendu ces mots sans forcément y prêter l’attention qu’ils méritent.

Cependant ils sont le fondement d’une bonne pratique martiale, ils pourraient aussi être utiles à toute activité physique et dans la vie en général.

Ils résument la conception que le créateur du judo, Jigoro Kano, avait de son art et quelles  étaient les priorités.

Ils sont le fondement d’une bonne pratique et doivent se renforcer tout au long de cette pratique et pourquoi pas tout au long de l’existence.

Shin désigne l’esprit, Gi la technique et Tai le corps. L’ordre n’est  pas le fruit du hasard.

L’esprit permet de comprendre et d’apprendre une technique correctement et c’est grâce à cette technique  que l’on renforcera le corps.

Autre interprétation concernant ce « classement » : en avançant en âge, la vivacité d’esprit reste, la technique est acquise, même si elle est utilisée de façon moins percutante. Quant au corps ( le physique), à partir d’un certain moment il subit une inévitable altération.

C’est donc l’esprit qui domine. C’est lui qui élabore, construit et affine cette technique qui renforce le corps, c’est l’esprit qui dirige nos actions. Il mène notre existence, grâce (ou à cause) des décisions que nous prenons. Il nous permet de réfléchir, d’agir et de réagir.

C’est en respectant ce triptyque que l’art martial devient autre chose qu’une simple utilisation brutale de nos moyens physiques, il nous permet de guider nos comportements dans le respect d’un code moral.

Dans cette optique le fondateur du judo ne voulait pas faire de son art une simple méthode de combat, mais aussi une méthode d’éducation physique et mentale.

Shin-gi-tai : réfléchir, construire et agir.

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Nage-waza, techniques de projections

Après avoir évoqué l’atemi-waza la semaine dernière, place au nage-waza (techniques de projections).

Les projections sont un domaine majeur, que ce soit en judo (qui pourrait l’ignorer), mais aussi en ju-jitsu self défense (qui pourrait remettre en cause leur efficacité, mis à part ceux qui ne les maîtrisent pas).

Elles sont  nombreuses, elles permettent de répondre à beaucoup de situations et tous les gabarits peuvent s’y exprimer ; il y en a pour les grands et pour les petits. Elles offrent une multitude de combinaisons, d’enchaînements, mais aussi un esthétisme incontestable pour beaucoup d’entre elles. A l’occasion de mes démonstrations les projections occupaient une place importante ; elles ont largement contribué à l’aspect spectaculaire de ces prestations. Enfin nous trouvons beaucoup de plaisir dans leur réalisation.

L’efficacité, l’esthétisme et le plaisir éprouvé lors de leur pratique sont les trois raisons qui me font aimer ce domaine qu’est le nage-waza.

Les projections peuvent être tout à la fois efficaces et esthétiques. Leur maîtrise parfaite demande beaucoup de travail, de persévérance et de rigueur, mais quelle merveilleuse récompense que celle de réaliser un bel uchi-mata, par exemple. Coté efficacité, elle est incontestable, à moins de n’avoir jamais chuté et par conséquent ne pas pouvoir imaginer les conséquences d’une « réception » sur un sol dur.

Toujours concernant l’efficacité, le principal intérêt des projections, en plus du corps à corps où elles sont indispensables, réside dans le fait qu’elles ont été conçues pour être appliquées en utilisant des principes et des mécanismes qui ne demandent (à l’origine) que peu ou pas de force, répondant ainsi à une des maximes de Jigoro Kano « minimum d’effort et maximum d’efficacité ». Cela permet aux plus petits de se débarrasser des plus grands. Pour cela il faut juste être en capacité d’exécuter le bon geste au bon moment, cela s’acquiert à force de répétitions. Le premier de ces principes consiste à utiliser la force de l’adversaire. Il y en a d’autres comme celui de l’addition des forces, de bascule au-dessus du centre de gravité, de supprimer des points d’appui, etc.

L’utilisation des projections sera différente selon que l’on se situe dans le domaine du ju-jitsu self défense ou en opposition lors de randori ou compétition de judo.

En matière d’auto-défense l’application se fera la plupart du temps directement. Exemple : l’adversaire vous pousse, vous appliquez hiza-guruma. Pour les néophytes, il s’agit d’une projection qui consiste à « offrir » le vide devant celui qui porte l’attaque, en ajoutant à sa poussée une traction dans la même direction, tout en lui « barrant » le bas de son corps au niveau des jambes (une sorte de « croche patte amélioré »). Toujours en self défense, elles s’enchaînent parfaitement après un coup (atemi). On trouve beaucoup de parallèles entre les coups et les projections au niveau de la « forme de corps », cela ajoute à leur combinaison.

Dans le randori et à fortiori en compétition de judo, les deux protagonistes maîtrisant d’une part l’art des projections et d’autre part s’attendant à tout moment à devoir faire face à une attaque de ce type, la concrétisation se fera avec les notions d’enchaînements, de confusions, de contre prises, etc. Pour maîtriser parfaitement ce domaine un jujitsuka ne devra pas négliger l’ensemble des méthodes d’entraînement qui permettent d’envisager des réactions de la part du partenaire.

Enfin, concernant l’aspect ludique (à l’entraînement évidemment) il est bien réel, à condition qu’il soit partager avec un partenaire qui « parle la même langue ». C’est-à-dire qu’il soit dans le même état d’esprit axé sur l’initiative, la construction d’enchaînement et non pas dans l’opposition systématique.

Justement, lors des randoris – une des principales méthodes d’entraînement de ce secteur – on s’attachera à favoriser un travail tout en souplesse, en déplacement, axé sur l’initiative davantage que sur la défensive. Le but étant de faire tomber l’autre, plutôt que de ne pas tomber. Les contre prises seront davantage envisagées en sen-o-sen (l’attaque dans l’attaque). Pour cela on utilisera la maîtrise technique, la vitesse, les fautes du partenaire, celles qui sont directes ou celles que l’on a provoquées à l’aide de feintes et de confusions. C’est une sorte de jeu dans lequel on trouve beaucoup de plaisir, de satisfaction, à la condition de ne pas être celui qui chute tout le temps ! Cela doit se concevoir sans aucune intention d’humilier le partenaire (encore moins de l’écraser) mais simplement de progresser.

Le nage-waza est aussi le secteur qui comporte le plus de techniques et par conséquent d’enchaînements et de combinaisons possibles.

C’est donc un domaine efficace, spectaculaire et enthousiasmant. Sans oublier le développement physique qu’il ne manquera pas d’apporter et l’épanouissement du à l’expression corporelle. Cependant, il faut répéter qu’il s’agit d’un secteur qui demande beaucoup de travail. Un travail largement récompensé.

Ippon-seoi-nage, sode-tsuri-komi-goshi, ko-uchi-gari et yoko-tomoe-nage sont les projections que j’affectionne tout particulièrement. Les initiés reconnaîtront ces grandes techniques.

Enfin, il aurait inévitablement manqué quelque chose à mes démonstrations si les projections  n’existaient pas !

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Atemi-waza : technique des coups

Aujourd’hui retour sur un article technique avec l’atemi-waza (la technique des coups). Il s’agit de  l’une des trois composantes du ju-jitsu. Pour rappel, les deux autres sont le nage-waza (la technique des projections) et le katame-waza (la technique des contrôles).

En ju-jitsu, l’atemi-waza possède la particularité de ne pas être (en principe) une finalité, mais un moyen d’y parvenir ; un « coup porté » offre un déséquilibre favorisant l’enchaînement avec une projection ou un contrôle, ou encore les deux.

Logiquement il compose la première partie d’une défense, puisqu’il s’utilise à distance. Un « enchaînement type », se déroulera de la façon suivante : coup, projection et contrôle. Mais ce n’est pas une règle absolue.

L’étude de l’atemi-waza est importante pour trois raisons essentielles.

D’abord pour son efficacité dans le travail à distance. Il est souhaitable d’avoir une bonne maîtrise dans ce domaine aussi bien pour se défendre que pour s’en défendre. Si mon partenaire ne maîtrise pas bien les coups, j’ai peu de chance d’apprendre à me défendre contre ceux-ci. On doit être capable de faire face aussi bien à des coups « sommaires » qu’à des coups « techniques ».

Ensuite, sa pratique est intéressante sur le plan physique, elle permet de travailler la souplesse, la vitesse, et dans les randoris (les exercices d’opposition codifiés) de parfaire sa condition physique. Sans oublier l’aspect ludique que l’on trouvera dans ces affrontements, pour peu qu’ils soient pratiqués avec un parfait état d’esprit.

Enfin, cette pratique procurera ce que l’on appelle le « sens du combat » : le coup d’œil qui favorise les automatismes  d’attaques et de défenses. Ce sens du combat qui peut se transposer d’une forme de science à une autre. Pour être précis, quelqu’un qui a des compétences dans le travail à distance, a de fortes chances d’en posséder aussi dans le corps à corps : savoir saisir le bon moment, l’opportunité.

On pourrait ajouter une quatrième raison de ne pas négliger l’atemi-waza avec l’aspect « expression corporel », grâce à l’esthétisme de certaines techniques. Je ne résiste pas à l’envie de proposer quelques mots du livre « Les chaussons de la révolution ». Certes il s’agit de Boxe Française que l’on appelle aussi la Savate, mais ces mots peuvent s’appliquer à l’ensemble des arts du combat. « Toute bonne technique est belle et gracieuse ; elle est une figure dessinée dans l’espace où efficacité et beauté ne font qu’un. » Marc-Olivier Louveau

Le livre dont la couverture illustre cet article contient différents chapitres qui traitent des méthodes d’entraînement spécifiques à cette composante, mais aussi un enchaînement appelé « les 16 atemis ». Cette « suite » propose 16 défenses sur des coups portés  à l’aide des bras et des jambes, avec des ripostes uniquement en atemi. Une des particularités de cette « sorte de kata » se trouve dans la compatibilité des techniques avec les autres composantes du ju-jitsu. Chaque défense doit pouvoir s’enchaîner avec une projection et/ou un contrôle.

Malheureusement ce livre qui date de 1985 est épuisé, mais sa réédition est toujours envisagée. (En attendant il est possible de faire quelques copies, renseignements par M.P.)

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Les trois E du ju-jitsu…

Les trois E du ju-jitsu. Efficacité. Education. Épanouissement.

–  Efficacité, bien évidemment. Qui pourrait dire le contraire ? Certes, comme pour toute discipline, cela dépend de celui qui la pratique et surtout de celui qui l’enseigne. Ici, il est question du ju-jitsu dit traditionnel. Non pas à cause du nom, mais parce qu’il englobe toutes les techniques, sans les restrictions qu’un règlement lié à la compétition impose. En effet, toutes les techniques de combat à mains nues sont étudiées et répétées pour faire face à toutes les formes d’attaques. Les techniques sont variées en termes de « familles » (coups, projections et contrôles). Il y a aussi un travail évolutif qui est motivant. Une motivation pour toujours essayer de faire mieux, de ne pas se satisfaire du minimum. Certaines techniques du ju-jitsu sont difficiles à réaliser, surtout si elles ne sont jamais travaillées !!! Mais lorsqu’on les maitrise, on renforce son efficacité. Certes, il faut de la patience. Cependant, pour une parfaite efficacité, les techniques comme les projections et le travail au sol, ne doivent pas être négligées. A l’inverse il existe des techniques de bases très vite assimilables et praticables, pour le grand bonheur des débutants et pour se sortir de mauvaises situations.

–  Education. Dans un dojo qui mérite ce nom, les valeurs éducatives attachées aux arts martiaux sont indiscutables. La traduction de « Dojo » n’est-elle pas « le lieu où l’on trouve la voie » ? La voie qui renforce le mental, qui nous oblige à une rigueur comportementale, la politesse, le respect des personnes et des lieux, l’entraide, etc. Jigoro Kano souhaitait que sa discipline soit aussi une Ecole de Vie ; une méthode d’éducation physique et mentale. Les arts martiaux ne sont pas une passade, mais un Engagement. On fortifie (et on purifie) son corps et son esprit. Physiquement on acquiert ou on entretien une bonne condition physique, de la souplesse, des réflexes. Sur le plan mental, on renforce l’esprit non seulement sur les comportements évidents cités plus haut, mais on développe le goût de l’effort, du sérieux et de la rigueur. Il s’agit d’un ensemble  qui nous aide dans les relations familiales, amicales, sociales et professionnelles.  En résumé, il suffit d’appliquer le Code moral, celui qui est affiché dans les dojos !

– Épanouissement. Là aussi, c’est indiscutable. Bien dans son corps, bien dans sa tête. Voilà un précepte qui ne s’est jamais démenti. De plus, même si les arts martiaux réclament du sérieux dans leur pratique, nous sommes aussi dans les loisirs. Le ju-jitsu  pratiqué de façon éducative, constructive et non pas destructive, procure un réel plaisir ; on s’épanouit ! Ce qui n’est pas négligeable, surtout dans l’époque dans laquelle nous vivons, Expression corporel et l’Esthétisme sont deux E qui s’attachent à ce dernier paragraphe. Ils sont « moteurs » et incitateurs de perfectionnement.

Efficacité, Education et Épanouissement : un trio gagnant.

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Soulac 2024 : une semaine « vacances et ju-jitsu » ?

Cette semaine l’article est consacré à l’éventualité de reconduire l’été prochain le stage de Soulac-sur-Mer. Cela dépendra de l’écho obtenu par cette annonce. N’hésitez pas à vous manifester dès que possible.

Quelques mots sur ce rendez-vous.

En 2022, j’ai renoué avec une tradition, celle du stage estival  à Soulac-sur-Mer. De 1986 à 2010, c’est-à-dire  durant vingt-cinq ans, la station balnéaire située au Nord de la Gironde a accueilli des jujitsukas venus de France et d’Europe pour associer ju-jitsu et vacances le temps d’une semaine.

En 2010 différentes raisons m’avaient  conduit à mettre « sur pause » cette belle habitude. Mais en 2022, nous avons repris le chemin de la Pointe de Grave pour le plus grand bonheur des participants. Il en a été de même l’été dernier.

Avant de décider la reconduction de ce rendez-vous l’été prochain, j’ai préféré faire un petit sondage en interrogeant tous ceux qui ont marqué ces derniers temps leur intérêt pour le ju-jitsu que j’enseigne.

Donc, si une semaine sur les bords de l’Atlantique vous tente (du 11 au 16 août 2024), que ce soit pour vivre une première expérience, qui ne vous décevra pas, ou pour récidiver, merci de me le faire savoir dès que possible, disons au plus tard au mois de janvier. Mail, texto, message privé, etc.

Le stage de Soulac-sur-Mer, c’est une semaine durant laquelle ju-jitsu et vacances se marient à merveille. Trois heures de pratique le matin – une petite heure en extérieur et le reste dans le magnifique dojo de la ville – et les après-midi intégralement consacrés aux vacances.

Côté ju-jitsu, c’est une façon de s’immerger intensivement dans l’art martial, de le découvrir de façon différente et donc complémentaire à la pratique habituelle.

Quant à Soulac, ce n’est pas un hasard si nous y sommes retournés durant tant d’étés.

Que ce soit en célibataire ou en famille, c’est la certitude d’une semaine qui comblera tout le monde. La station balnéaire est en parfaite harmonie avec l’ambiance qui correspond à un stage de cette nature. Nous sommes dans une cité balnéaire à taille humaine. Soulac offre de nombreuses activités secondaires, beaucoup d’espace et puis l’Océan Atlantique et ses kilomètres de plages de sable fin et toutes ces magnifiques villas à l’architecture si particulière. Soulac permet tout à la fois de se distraire et de se reposer. Adultes et enfants, stagiaires ou accompagnateurs seront comblés.

Je suis bien évidement à votre disposition pour tout renseignement complémentaire qui pourrait guider votre choix.

Vous pouvez découvrir Soulac sur le site de la ville. A bientôt !

eric@pariset.net 06 14 60 18 25

La fidélité

« Bravo, félicitations pour une personne qui a toujours continué sur sa voie malgré les modes. Bravo ». Voilà une appréciation relevée sur les réseaux la semaine dernière ; elle me touche particulièrement.

Effectivement, je suis resté – et reste fidèle – à la discipline que je pratique, démontre et enseigne depuis des décennies. Fidèle au ju-jistu et à tout ce qui l’entoure.

Je n’ai aucune envie de retourner ma veste (de judogi) ni mon pantalon, comme dans la chanson « l’opportuniste » de Jacques Dutronc. Ni d’ailleurs d’abandonner cette tenue. Le respect commence par celui que l’on doit à sa discipline.

Je reste fidèle à mes convictions (c’est n’est pas donné à tout le monde d’en avoir), je n’ai aucune raison de renier une discipline aussi complète techniquement et porteuse (quand elle n’est pas dénaturée) de précieuses valeurs. Elle a traversé les siècles et donné tant de satisfactions à tant de monde et elle continue d’en donner.

Certes, ce n’est pas d’elle dont on parle le plus depuis quelque temps. Mais ce n’est pas une raison (bien au contraire) pour faire la girouette en cédant aux sirènes de la mode.

Il ne s’agit pas d’un manque d’ouverture d’esprit. En tant que professionnel, en plus du ju-jitsu et du judo, j’ai pratiqué le karaté, l’aïkido, la boxe française et ce qu’on appelait à l’époque la boxe américaine. On va me dire que ce sont des disciplines anciennes, qu’elles sont ringardes et dépassées. Que le kimono est à ranger au vestiaire des antiquités. Évidemment je n’adhère pas à ces points de vue, mais chacun fait ce qui lui plaît. De toutes les façons, nous avons tous deux bras et deux jambes et sur le plan purement efficace ce n’est pas l’effet de mode qui changera quoi que ce soit, mais la composition technique de l’art, la qualité technique et pédagogique de l’enseignant et évidemment le potentiel de l’élève. Un élève qui s’impose une régularité dans les entraînements, comme je l’évoquais dans l’article de la semaine dernière.

Et puis, et surtout, ces disciplines sont porteuses de valeurs que nous ferions bien de ne pas négliger.

Maintenant, une anecdote qui n’avait pas manqué de m’étonner, avec la confession d’un de mes ancien élève devenu enseignant, m’avouant qu’il appliquait ma méthode, mais sous un autre nom, celui d’une discipline « plus à la mode ». On ne peut pas garantir la santé morale de tous nos anciens élèves !

D’autre part, je ne manque en aucun cas de respect envers les nouvelles pratiques – il faut que mille fleurs s’épanouissent – pour peu qu’elles remplissent un rôle éducatif.

Pour qu’un art martial s’inscrive dans la durée, ce qui n’est pas loin d’être un pléonasme, plusieurs conditions doivent être réunies, au moins trois, je les appelle les 3 E : Efficacité, Éducation et Épanouissement. A (re) développer prochainement.

Enfin, quand vous êtes en parfaite harmonie avec l’art que vous pratiquez, pourquoi changer ? Cette fidélité et cette absence de compromission m’ont souvent coûté, mais on ne se refait pas.

Photo d’illustration : Bercy 1995 avec un kani basami

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C’est compliqué de faire simple

Cette contradiction n’en est pas vraiment une. Mon professeur (qui était aussi mon père) me répétait souvent : « divise par deux l’intensité technique de ce que tu prévois d’enseigner et ça risque encore d’être dix fois trop difficile ».

Certes, il s’agit d’une formule, elle vaut ce que valent les formules ; elles sont là pour forcer le trait. Il n’empêche que la première qualité d’un enseignant est de se mettre au niveau de ses élèves et que cette évidence n’est pas toujours la règle.

Parfois il y l’envie de « montrer trop » sans que les étudiants aient le temps de digérer, ou le besoin de montrer « trop difficile » sans que l’élève possèdent les outils indispensables à l’assimilation ; ou encore les deux. Avant d’apprendre à plonger, il faut savoir nager.

Faire simple dans le contenu et dans l’expression. L’essentiel n’est pas ce que l’on montre, mais ce que les élèves retiennent.

Maintenant, il n’est pas toujours évident de satisfaire tous les niveaux lorsqu’ils sont rassemblés dans un seul cours. Surtout si l’effectif n’est pas assez important pour créer des ateliers. Il faut pourtant que chacun travail son programme.

Se trouver dans une telle situation, et la gérer, demande un minimum d’organisation. J’y reviendrai à l’occasion d’un autre article.

Aujourd’hui, imaginons un groupe de débutants. C’est sans doute un des cours les plus difficiles à dispenser. Enseigner à des gradés, pour peu que l’on possède un bagage technique correct, est plus facile et d’une certaine façon plus gratifiant.

Tout au long de ma carrière j’ai éprouvé de plus en plus de plaisir à initier et à enseigner à des personnes qui débutent. D’abord ils sont « vierges » de toutes (éventuelles) mauvaises habitudes, ce qui n’est pas rien et ils ont soif de découvertes. Ensuite, il faut s’astreindre à une indispensable patience, trouver les « trucs et astuces » pédagogiques qui facilitent l’acquisition. Tout au long de la leçon, il faut faire preuve d’un savant dosage dans les intensités techniques et physiques. Simplifier et non pas compliquer. S’adapter à l’âge, à la condition physique (surtout si elle est inexistante ou presque).

Les débutants d’aujourd’hui seront les confirmés de demain, donc le professeur a une responsabilité immense. Il ne doit pas les décourager avec un enseignement inadapté.

J’ai connu des professeurs qui avouaient ne pas avoir les clefs et la patience nécessaires pour s’occuper des débutants. Chacun possède ses spécialités, mais si un jour on veut enseigner à des ceintures noires, il faut d’abord que les ceintures blanches aient été bien formées.

Quant aux confirmés, il faut être en mesure de ne pas les lasser et leur donner l’envie de persévérer.

S’adapter et donc ne pas décevoir, ne pas décourager ceux qui ont fait l’effort de franchir les portes d’un dojo. Déjà, avant l’inscription il faut découvrir précisément ce que la personne est venue chercher et le cas échéant la réorienter, chaque art martial possédant ses spécificités. Et puis, si l’enseignant et le dojo doivent plaire à l’élève, l’élève doit aussi plaire au dojo.

En conclusion, s’il est essentiel de s’occuper de tous les échelons, il est indispensable de bien s’occuper des débutants. Un dojo, c’est comme une population, s’il n’y a pas de renouvellement, c’est fatalement l’extinction.

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