Anecdote et bon sens

Ce court article propose juste une anecdote savoureuse sur la forme, douloureuse sur le fond. Elle souligne le côté néfaste de certaines pratiques. Celles-ci ne sont pas majoritaires, heureusement.

Il y a quelque temps, alors que j’exerçais encore à Paris, dans le dojo éphémère de la Rue Victor Chevreuil, j’avais inscrit une personne intéressée par l’aspect utilitaire du ju-jitsu. Elles sont nombreuses à franchir les portes d’un dojo pour cette raison, ce n’est pas le climat de violence actuel qui va endiguer ce besoin.

Cette personne avait suivi, durant quelques semaines, les cours avec un enseignant dont je tairai le nom. L’anecdote peut faire sourire, juste par la façon avec laquelle il me l’avait racontée, pour le reste…

L’expérience n’avait  pas été concluante et s’est vite arrêtée, on comprend aisément pourquoi. En effet, voici les propos qu’il m’avait rapportés : « Pour moi chaque séance était une épreuve, j’en sortais fracassé, le lendemain j’avais des douleurs et des bleus partout. Au point de me demander s’il n’était pas préférable de ne pas apprendre à se défendre, quitte (ce sont ces mots) à se faire « casser la gueule » de temps en temps,  plutôt que de subir ce genre de traitement deux fois par semaine ». Curieuse  réflexion, mais pas  dénuée d’un certain bon sens. Il existe des enseignants et des pratiquants qui sont des partisans du « faire comme dans la réalité », je suis heureux de ne pas en faire partie. Les professeurs d’arts martiaux, de sports de combats, de méthodes de self défense, sont et doivent rester des éducateurs sportifs et non des destructeurs. C’est ce qui est indiqué sur la carte professionnelle, à condition d’en posséder une.

Affirmer  qu’on ne combat pas la violence par la violence relève sans doute du poncif, mais il a toute sa place, il n’est jamais inutile d’enfoncer le clou. La capacité à être efficace avec une pratique éducative a fait ses preuves, parmi mes élèves les exemples ne manquent pas, ils sont nombreux à être sortis de fâcheuses situations grâce à leur pratique.

Sans compter qu’une pratique violente ne fera qu’abimer le corps, alors que l’objectif initial dans tout entraînement est de l’améliorer. Ce n’est ni souhaitable pour le corps, ni sain pour l’esprit.

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Soulac 2024 : une semaine « vacances et ju-jitsu » ?

Cette semaine l’article est consacré à l’éventualité de reconduire l’été prochain le stage de Soulac-sur-Mer. Cela dépendra de l’écho obtenu par cette annonce. N’hésitez pas à vous manifester dès que possible.

Quelques mots sur ce rendez-vous.

En 2022, j’ai renoué avec une tradition, celle du stage estival  à Soulac-sur-Mer. De 1986 à 2010, c’est-à-dire  durant vingt-cinq ans, la station balnéaire située au Nord de la Gironde a accueilli des jujitsukas venus de France et d’Europe pour associer ju-jitsu et vacances le temps d’une semaine.

En 2010 différentes raisons m’avaient  conduit à mettre « sur pause » cette belle habitude. Mais en 2022, nous avons repris le chemin de la Pointe de Grave pour le plus grand bonheur des participants. Il en a été de même l’été dernier.

Avant de décider la reconduction de ce rendez-vous l’été prochain, j’ai préféré faire un petit sondage en interrogeant tous ceux qui ont marqué ces derniers temps leur intérêt pour le ju-jitsu que j’enseigne.

Donc, si une semaine sur les bords de l’Atlantique vous tente (du 11 au 16 août 2024), que ce soit pour vivre une première expérience, qui ne vous décevra pas, ou pour récidiver, merci de me le faire savoir dès que possible, disons au plus tard au mois de janvier. Mail, texto, message privé, etc.

Le stage de Soulac-sur-Mer, c’est une semaine durant laquelle ju-jitsu et vacances se marient à merveille. Trois heures de pratique le matin – une petite heure en extérieur et le reste dans le magnifique dojo de la ville – et les après-midi intégralement consacrés aux vacances.

Côté ju-jitsu, c’est une façon de s’immerger intensivement dans l’art martial, de le découvrir de façon différente et donc complémentaire à la pratique habituelle.

Quant à Soulac, ce n’est pas un hasard si nous y sommes retournés durant tant d’étés.

Que ce soit en célibataire ou en famille, c’est la certitude d’une semaine qui comblera tout le monde. La station balnéaire est en parfaite harmonie avec l’ambiance qui correspond à un stage de cette nature. Nous sommes dans une cité balnéaire à taille humaine. Soulac offre de nombreuses activités secondaires, beaucoup d’espace et puis l’Océan Atlantique et ses kilomètres de plages de sable fin et toutes ces magnifiques villas à l’architecture si particulière. Soulac permet tout à la fois de se distraire et de se reposer. Adultes et enfants, stagiaires ou accompagnateurs seront comblés.

Je suis bien évidement à votre disposition pour tout renseignement complémentaire qui pourrait guider votre choix.

Vous pouvez découvrir Soulac sur le site de la ville. A bientôt !

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La loi du plus fort…et quelques autres réflexions. On continue parce que ce n’est pas fini

Loin de moi le désir de plomber l’ambiance estivale – elle n’est déjà  pas folichonne sur bien des plans, pas seulement sur celui de la météo -, mais juste l’envie d’exprimer quelques réflexions suite aux dégâts subis par certains depuis maintenant un an et demi.

N’ayant ni travail, ni vacances (forcément), je « bénéficie » donc d’un peu de temps libre, entre lecture, écriture, entraînement en solo et beaucoup de cogitations. Ceux qui soufflent à l’idée d’un article qu’ils jugeraient redondant, peuvent ne pas aller plus loin dans la lecture.

Oui, j’ai déjà traité le sujet à maintes reprises, mais lorsque l’on subit un tel préjudice sur une telle durée, on ne peut faire autrement que de continuer à réagir face à ce qui s’apparente à une forme d’injustice. Cela n’empêche pas d’agir et de chercher des solutions. Simplement pour le moment aucune n’est réalisable. Ce n’est ni par un manque d’inspiration, ni dû à l’absence de volonté, c’est une réalité ! (difficile à assumer.)

Avant d’envisager quelques possibilités, revenons un peu en arrière.
Un an et demi sans travail, certains attribuent cette situation au destin. C’est la vie, on me dit ! Il y a une part de vérité dans cette affirmation, mais juste une petite part. Ce virus qui nous est tombé dessus, certes c’est un peu comme la foudre qui s’abat de façon aléatoire. Mais j’y mettrai quelques objections.
D’abord, si l’être humain ne jouait pas un jeu dangereux avec « sa » planète, certaines catastrophes pourraient être évitées. Peut-être qu’il y a un peu de ça avec ce virus.
Ensuite, nous n’avons pas tous été touchés de la même manière et les conséquences n’ont pas été les mêmes. Il y a clairement une forme d’injustice dans la mesure où certains préjudices auraient pu, non pas être évités (quoique), mais partagés, pour que ce ne soit pas la loi du plus fort qui règne, une fois de plus.

Revenons sur l’iniquité qui caractérise cette crise. Comme dans toute catastrophe, il faut d’abord penser aux victimes. Cependant,  dans ce propos, j’évoque tous ceux qui n’ont pas contracté la maladie, c’est-à-dire la grande majorité de la population, et heureusement. Non, il s’agit des personnes que l’on appelle les « victimes collatérales ».
Dans cette crise sanitaire il y a trois grandes catégories (en matière de conséquences professionnelles, donc de survie). La première, la plus importante, regroupe tous ceux pour qui rien a changé, et tant mieux. Exception faite pour des restrictions dérangeantes sur le principe, mais l’essentiel, à savoir le travail, a été préservé. Certes, des mesures frôlant l’absurde, et même l’étant parfois complètement, ont été difficiles à accepter (nous en subissons encore quelques-unes). Il y a une deuxième catégorie qui rassemble ceux qui ont prospéré, le malheur des uns…on connaît la suite, tant mieux pour eux.  Enfin, la troisième catégorie, ceux qui ont tout perdu, je la connais bien. J’ajouterai quand même deux autres catégories. D’abord le personnel hospitalier, qui n’a rien perdu en termes de travail, mais qui par contre n’a compté ni ses heures, ni ses efforts, il est indispensable de continuer à leur rendre hommage ; à quand la revalorisation de cette profession ? Enfin, il y a ceux qui ont souffert dans leur métier, mais qui devraient s’en sortir, grâce à l’ancienneté de l’entreprise, grâce à des aides, ou tout simplement à de grosses réserves de trésorerie. Il faut toutefois espérer qu’il n’y ait pas de rechute.

Donc, étant de la catégorie de ceux qui ont tout perdu, ou presque (sauf le mental), je peux en parler en connaissance de cause. Ce qui me vient spontanément à l’esprit, c’est qu’une fois encore, la loi du plus fort s’impose. Prenons l’exemple des loyers, déjà évoqué. Les établissements privés recevant du public obligés de payer les loyers alors qu’ils n’avaient pas le droit d’exercer, cela au motif que les propriétaires en ont besoin pour vivre. Mais les petits entrepreneurs n’ont-ils besoin de rien pour vivre ? Non seulement ils n’avaient pas les recettes pour assurer leur gagne-pain, mais ils devaient s’endetter pour des années afin de payer les loyers en question. Il aurait fallu que le gouvernement impose une équité, ce qui n’a pas été fait.

Autre exemple avec les assurances qui ont refusé de prendre en charge ce qui pour certains est tout simplement une perte d’exploitation. Ceci au motif que ce n’était pas prévu dans les contrats. Là aussi, le gouvernement aurait pu intervenir. Il ne manque pas d’imposer sa loi dans de nombreux domaines…

Donc, une fois de plus, ce sont les plus petits qui trinquent, ce n’est pas nouveau, c’est une raison pour continuer à s’indigner. Ouvrons juste une parenthèse qui nous ramène sur les tatamis avec cette loi du plus fort (sur un plan physique) qui en son temps a conduit bien du monde dans les clubs de judo, quand celui-ci est apparu en France avec des techniques et des principes permettant à un plus faible de venir à bout d’un plus fort. Dommage que dans le contexte actuel, il soit impossible d’appliquer ces beaux principes. Ne pas s’opposer à la force brutale, dans cette situation, ce serait de trouver d’autres solutions que celle de vouloir à tout prix faire son métier, en opérant une reconversion, par exemple ! Sérieusement, est-ce envisageable, est-ce raisonnable, à un certain âge et surtout quand on aime un métier « utile » ? Alors, il faut attendre, s’armer de patience, c’est ce que l’on me dit. Mais cela va faire un an et demi et cela n’est pas fini, si l’on en croit les dernières informations. Donc, il faudrait mourir en silence, et bien non ! Pourtant, cette période dans laquelle ne cessent  de s’imposer angoisse et incertitude ne peut qu’être néfaste à une bonne santé mentale et physique, il serait temps que cela cesse. On a beau être résistant, nous ne sommes pas composés de fer inoxydable.

Consacrer l’essentiel de mon énergie à chercher des solutions, cela fait dix huit mois que je m‘y attèle,  à moins, comme évoqué plus haut, d’opérer une reconversion fantaisiste et très aléatoire, aucune ne se présente, ou plus exactement n’est réalisable pour le moment.

Nos disciplines ont été très abimées, nous ne sommes pas encore sortis de cette crise, l’avenir est incertain. Aussi, remonter une structure privée, même si j’en avais les moyens, c’est un risque que je ne reprendrais pas dans le contexte actuel. Demander des créneaux horaires dans ma nouvelle ville c’est fait, sans réponse pour le moment. Faire des stages encore faut-il qu’il y ait des stagiaires, les sections adultes qui n’ont pu proposer que deux mois de pratique à leurs élèves la saison dernière sont fortement abîmées.

Alors, même si l’utilité n’est pas flagrante, je ne peux m’empêcher de continuer à exprimer une saine et légitime colère, mais sans jamais baisser la garde, à l’instar des samouraïs !

Les grades

Dans les arts martiaux, les grades occupent une place importante. Cependant, il ne faut ni les surévaluer, ni les négliger.

Essentiellement, ils permettent de situer le niveau de maitrise technique du pratiquant, cela en fonction de la couleur de la ceinture qu’il porte autour de la taille.

Au début, les ceintures de couleur n’existaient pas, seules la blanche, la marron et la noire « tenaient » la veste du judogi. C’est à l’initiative de Maître Kawaishi , lorsqu’au milieu du siècle dernier il prit en main le judo français, que les ceintures de couleur ont fait leur apparition. Il avait bien compris l’esprit européen (et français en particulier) toujours friand de reconnaissances à arborer.

Jigoro Kano, fondateur du judo en 1882, avait tenu à hiérarchiser les valeurs pour l’accession à ces différents niveaux. Shin-Ghi-Tai ! Ce qui signifie : l’esprit, la technique et le corps. L’ordre établi n’est pas le fruit du hasard. L’esprit (le mental) arrive en premier, il nous habite jusqu’à la fin de notre aventure sur terre. Ensuite, il avait placé la maitrise technique, que l’on peut démontrer assez longtemps et enseigner tout le temps. C’est assez logiquement que le corps (le physique) arrive en dernier ; malheureusement avec l’âge même si on en prend soin, le déclin est inéluctable.

Il est vrai que mis à part les « grades compétitions » décernés à l’issue de combats qui favorisent malgré tout l’aspect physique des candidats, la délivrance des grades techniques est forcément subjective puisque c’est du jugement humain qu’elle dépend.

L’expérience qui m’anime me fait dire qu’il y a deux ceintures très importantes dans la vie d’un budoka : la ceinture jaune et la ceinture noire. La ceinture jaune, tout simplement parce que c’est la première et la ceinture noire parce que, malgré les années et un nombre sans cesse plus important de 1er dan, elle représente toujours un symbole très fort. Une sorte de graal ! Cependant, il ne faut pas oublier qu’elle n’est pas une finalité, mais une étape très importante. Elle est une belle récompense, la preuve d’une pratique qui s’est inscrite dans la durée, synonyme de rigueur. Mais elle doit être aussi une sorte de contrat signé avec l’art martial que l’on pratique et… avec soi-même. Un engagement qui signifie que l’on se doit de ne jamais abandonner les tatamis, sauf cas de force majeur.

Les grades sont des encouragements à ne pas lâcher la pratique et même à la renforcer dans la dernière ligne droite de chaque préparation.

Certains les assimilent à des hochets (distribués parfois généreusement ; grades de « copinage » ou d’asservissement) et les négligent. Mais nous sommes dans un système où ils existent et nous nous devons de les accepter. Peut-être que leur valeur prend vraiment son sens par rapport à l’organisme ou la personne qui les décernent.

L’obtention d’un grade (mérité) est de toutes les façons une grande satisfaction pour l’ensemble des pratiquants d’arts martiaux.

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Principes de bases

SAMOURAILa rentrée est là et pour certains c’est le moment de choisir une activité sportive, un art martial par exemple et pourquoi pas le ju-jitsu ? Il est peut-être opportun d’évoquer les atouts de notre discipline et aujourd’hui plus encore ses principes de bases. Pour les «déjà pratiquants» ce petit rappel ne sera sans doute pas inutile.

Ju-jitsu signifie « technique de la souplesse », dans le sens de l’esprit, d’un comportement, ce qui influe sur le plan physique. La non-opposition et l’utilisation de la force de l’adversaire. Sur le plan pratique le ju-jitsu permet d’acquérir un bagage technique inestimable en matière de self-défense, toutes les situations étant étudiées tant sur le plan des attaques que sur celui des ripostes en utilisant l’ensemble des armes naturelles dont dispose le corps humain. L’assiduité dans son étude offre un excellent entretien physique, tout en assurant un épanouissement spirituel et mental. Coté physique, c’est la garantie d’acquérir souplesse, tonicité, condition physique, etc. Coté mental, construire ou développer la confiance en soi, évacuer son stress, cultiver le gout de l’effort et de la persévérance, seront autant de bienfaits qui seront apportés par une pratique régulière de notre art.

Aujourd’hui, ce sont les principes de bases (sur le plan purement technique) que je souhaite mettre en avant, ils sont essentiels dans notre art martial, quelque fois dénaturé !

Non-opposition, utilisation de la force de l’adversaire, action-réaction, suppression de points d’appuis, voilà ce qui est intéressant à mettre en avant lors des séances. Intéressant, tout simplement parce que leur application offrira à toutes et à tous la possibilité de s’exprimer quelques soient son gabarit et celui de la personne qui se trouve en face.

La non-opposition, tout d’abord, matérialisée par l’art de l’esquive, le taî-sabaki ! On se retire de la trajectoire de l’attaque, tout simplement.

Ensuite, l’utilisation de la force de l’adversaire : on me pousse et au lieu de tenter d’opposer une résistance, je vais utiliser la force de l’adversaire en le tirant (tout en appliquant le principe de l’esquive) ce qui permettra d’ajouter à la force de l’adversaire ma propre énergie dans la même direction. L’on retrouve cela en judo, dans » l’attaque dans l’attaque » (sen-o-sen).

« Action-réaction ». Ce principe est un peu plus subtil et s’utilise davantage en judo. Par une petite action (une feinte), comme par exemple une très légère poussée, on provoque une réaction de la part de l’adversaire qui pensant être déséquilibré sur l’arrière cherche automatiquement et instinctivement à regagner cet équilibre et va donc réagir sur l’avant. C’est à cet instant propice que nous pourrons appliquer une technique dans le sens de sa réaction.

C’est avec le balayage que la suppression d’un point d’appui prend le plus de sens. A l’aide de notre pied, nous appliquons une action dans la direction du déplacement du partenaire, ce qui lui donnera l’impression de glisser sur le sol avec de-ashi-barai ou bien de s’envoler avec okuri-ashi-barai. Le fauchage, quant à lui peut se comparer à une action qui consisterait, dans certains cas, à tirer un tapis sous les pieds du partenaire. Quant à l’accrochage il retire toute possibilité de reprendre appui.

Ensuite viennent les principes de bascules au dessus du centre de gravité et qui donnent à Uke (celui qui subit) l’impression de basculer par-dessus un rebord de fenêtre. Il en existe bien d’autres, cette présentation n’étant qu’initiatique, simple et même volontairement simpliste et loin d’être exhaustive, puisque ensuite on bénéficie d’une vie de pratique pour découvrir d’autres principes et beaucoup de subtilités !

Bonne rentrée à tous et à bientôt sur ce blog ou sur les tatamis.

Site ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

Prise de conscience ?

img047En feuilletant le dernier numéro du magazine de la Fédération de judo Judo mag, j’ai pu constater, dans les quelques pages consacrées au ju-jitsu, plus exactement au judo-ju-jitsu, qu’il y était évoqué la nécessité de ne pas négliger l’aspect utilitaire de notre discipline bien-aimée. Qu’il était par conséquent utile d’accoler le mot self-défense à celui de ju-jitsu et qu’une progression était en cours de réalisation. Les bras m’en sont tombés. Mieux vaut tard que jamais, me direz-vous ! Il était temps, mais cela ne manque pas d’appeler quelques remarques.

La première, pourquoi cette décision, et pourquoi maintenant ? La deuxième, ce projet va-t-il être suivi d’effet ? La troisième, de quelle façon ?

Reprenons et détaillons ces remarques.

Premièrement, cette décision doit faire suite à une prise de conscience. D’abord que le développement du ju-jitsu sous sa forme « combat » est un triple non-sens. Outre le fait qu’un art martial traditionnel ne peut se pratiquer en compétition d’affrontements directs, cette forme de travail ne permet pas de capter une population qui est intéressée par l’aspect utilitaire. Enfin, développer le « ju-jitsu combat », c’est proposer une forme de concurrence au judo. Concernant le travail technique actuel il aura quand même fallu vingt ans pour s’apercevoir qu’il ne correspondait pas à une certaine demande ! (La dernière progression mise en place datant de 1995.) La baisse notable des licenciés due, entre autres, à la mise en place des nouveaux rythmes scolaires a sans doute déclenché une interrogation quant aux différents moyens d’enrayer cette inflexion. Le ju-jitsu bénéficie subitement d’un intérêt inattendu !

Deuxième point : cela va-t-il rester au niveau d’un projet ? Et troisièmement, s’il existe une vraie volonté, de quelle manière va-t-elle se concrétiser ? Il est indiqué sur l’article en question que la mise en place d’une progression française intégrant le ju-jitsu-self-défense est en bonne voie. Ce sera donc une nouvelle progression avec un nouveau programme. De quoi décourager quelque peu les professeurs qui devront à nouveau devoir faire face à d’incessants changements. En espérant que ce ne soit pas une autre « usine à gaz », comme celle mise en place il y a vingt ans et qui avait suscité la réprobation de certains dont je fais partie. En souhaitant aussi que les programmes de grades n’imposent pas des thèmes en inadéquation avec l’aspiration des élèves. En clair qu’ils ne soient pas surchargés de judo, et que le jour de l’examen, l’ensemble du  jury connaisse le programme ! Et puis, je ne vois pas trop ce qui pourrait être inventé de plus en matière technique. A toujours vouloir faire du nouveau on en arrive à faire, parfois, n’importe quoi !

Saluons quand même cette prise de conscience.  Tout comme il faut saluer le fait de reconnaître que ce qui avait été proposé en son temps n’était pas cohérent.

Pour ce qui nous concerne, avec l’EAJJ, sous l’égide de la FEKAMT, ces prises de conscience ne nous concernent pas, notre « boîte à outils » étant parfaitement garnie depuis bon nombre d’années. En témoigne la couverture de l’ouvrage présentée en accompagnement de cet article, datant de…1985 !