Bientôt la rentrée…

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C’est bientôt la rentrée, ci-dessous quatre cas de figure

Il y a ceux qui reprendront le chemin d’un dojo et d’un enseignement qu’ils connaissent bien, il y a ceux qui désirent changer de discipline et il y a ceux qui souhaitent entrer dans le monde des arts martiaux et des sports de combats. Enfin il y a ceux qui ne continueront pas.

Prenons dans l’ordre ces quatre cas de figure.

D’abord commençons par ceux qui persévéreront dans une pratique commencée il y a un an ou plus. Ils sont en terrain connu, ils souhaitent continuer à progresser et à découvrir. Oui, on découvre toujours quelque soit son niveau. Ils continueront à franchir les étapes et surtout ils seront heureux du travail fourni les saisons passées et qui leur a assuré d’inévitables progrès, avec leur lot de satisfactions personnelles. Ils seront récompensés d’une indispensable régularité ponctuée d’efforts physiques et mentaux.

Ensuite, concernant ceux qui changeront de discipline. Ils le feront, pour découvrir d’autres cieux ou bien se perfectionner dans un domaine très précis. Ou encore, en cédant aux phénomènes de mode, ce qui est valable aussi pour les débutants.

Justement ceux qui entrent dans l’univers des arts martiaux et des disciplines de combat le font souvent « par relations », c’est-à-dire grâce à un membre de la famille, un copain ou encore un collègue de bureau. Cela peut être aussi de leur propre initiative, attirée par une des nombreuses facettes proposées dans l’univers en question. Mais, comme indiqué plus haut, le phénomène de mode est bien présent, quitte à être déçu ou s’apercevoir que ce n’est pas ce qu’on croyait. Il existe aussi un critère qui n’est pas souvent évoqué, bien que réel, il s’agit de celui de la proximité d’un club par rapport au domicile ou au bureau.

Enfin, il y a ceux qui abandonnent et là aussi les raisons sont multiples. Existent les problèmes de santé, l’âge (?), un changement de vie, professionnelle et/ou personnelle, la lassitude (c’est dommage) et enfin ceux qui abandonnent à tout, mais ceux-là n’ont même pas attendu la fin du premier trimestre pour arrêter.

Voilà, à une bonne semaine de la rentrée, un résumé de chacune de ces catégories.

Quoiqu’il en soit et quelle que soit l’option choisie, il faut savoir que le choix d’un professeur est aussi important que celui de la discipline. J’y reviendrai la semaine prochaine avec ce qu’on appelle un « marronnier » : terme journalistique qui désigne un sujet ressorti chaque année à la même période : la rentrée des classes, le palmarès des cliniques, le spécial vin (peut-être aurait-il été plus judicieux d’inverser l’ordre des deux derniers), etc. Je ne manquerai pas de céder à cette tradition dans le prochain article.

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Utilité de la beauté du geste

Lecture d’été.

Voilà un conseil de lecture approprié en ce milieu d’été et au moment où les Jeux Olympiques battent leur plein. L’auteur Thierry Grillet propose « Petit traité du geste, pour la beauté du sport ». Ci-dessous, la quatrième de couverture.

« En cette année olympique, cet essai entre dans le sport par le « geste ». Depuis la sculpture antique du Discobole, on n’a cessé de célébrer le geste, brique première des disciplines sportives. Il fascine, émeut et inspire. Ce petit traité en propose une lecture, qui révèle, au-delà de la performance physique, sa beauté et sa charge culturelle.

Prenant appui sur des performances mythiques de champions – le service de Federer, la paneka de Zidane, le « tir » à l’arc d’un maître de kyudo, le saut révolutionnaire « cool » de Fosbury, etc. -, l’auteur puise dans l’histoire de huit disciplines sportives mais aussi dans celle des arts et des idées, et bâtit ainsi une « petite mythologie du geste », invitant le lecteur à percer aux côtés de sociologues, d’artistes,  de scientifiques, le mystère du geste parfait. »

Personnellement, j’appartiens pleinement à la catégorie de ceux qui défendent cette thèse, celle qui consiste à ne pas opposer l’efficacité à la beauté du geste, bien au contraire, y compris dans les disciplines de combat. Chacun peut et doit tenter l’effort de conjuguer beauté du geste et efficacité, ce qui aboutit au « geste parfait ». Celui qui semble le plus naturel dans son exécution, en devenant une seconde nature après des sommes de répétions.

Lorsqu’une performance sportive est spectaculaire, elle est encore plus  appréciée du public.

Maintenant, on peut argumenter, avec raison, que dans les méthodes de self défense et en cas de survie, on se moque de la beauté du geste. Mais, à moins d’être un soldat en guerre, on ne sauve pas sa vie tous les jours et à l’entraînement les efforts pour aboutir au geste parfait, alliant efficacité et esthétisme, ne gâcheront rien.

On peut aussi utiliser le mot d’élégance. L’élégance technique et physique, mais aussi  l’élégance comportementale, dans la victoire, dans la défaite et dans la vie de tous les jours.

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Essayiste, Thierry Grillet a publié plusieurs ouvrages consacrés à l’art et au cinéma. Longtemps maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris, il a aussi dirigé le département culturel de la BNF. Il est commissaire de l’exposition « Le sport, pour la beauté du geste qui s’ouvre début 2024 aux Franciscaines à Deauville.

À chacun son rôle et sa responsabilité

La lutte contre la violence est un vaste programme, un immense chantier, mais chacun peut apporter sa pierre à l’édifice. Il y a la punition, mais pour ce qui nous concerne, il y a avant tout l’éducation. C’est une mission ambitieuse, à laquelle le pire serait de renoncer ou même de l’escamoter.

Dans les organismes qui gèrent un sport, que ce soit une fédération ou une association de base, à tous les niveaux chacun possède sa part de responsabilité dans cette lutte.

Elle commence par le respect des règles élémentaires. Justement le respect des professeurs par les élèves, des élèves par le professeur, mais aussi des lieux et des us et coutumes attachés au dojo.

Le professeur est en première ligne, c’est lui qui dispense l’enseignement. Un enseignement qui ne se limite pas à la diffusion de techniques, mais aussi à l’éducation dans sa globalité. Il a la responsabilité d’un tatami sur lequel tout comportement violent doit être banni. Progresser dans la réalisation du geste parfait, mais aussi dans la maîtrise et le contrôle des actions et des réactions. N’est-il pas ÉDUCATEUR sportif, comme indiqué sur sa carte professionnelle ?

Dans les disciplines où sont pratiquées les compétitions, l’entraîneur – qui a un rôle différents de celui du professeur, (dans beaucoup de club c’est la même personne, avec une « casquette » différente) – s’attache à faire respecter le fair-play qui doit animer les combattants, il doit être intransigeant en transmettant le goût de la victoire dans le respect des règles et de l’adversaire. Il doit aussi apprendre à gérer la défaite, en la dédramatisant et en respectant les décisions de l’arbitre. Apprendre à gagner avec humilité et à perdre sans dramatiser.

Quant à l’élève, il accepte les remarques du professeur, respecte les règles du dojo, si un problème se pose il demande un entretien avec le professeur pour lui faire part d’un possible ressentiment.

Enfin le dirigeant est un peu le chef d’orchestre qui doit s’assurer qu’à tous les échelons les valeurs qui symbolisent les arts martiaux (avec compétitions ou pas) sont respectées.

Il existe bien sûr des différences entre un modeste dojo où est pratiqué un art martial sans compétition et une grosse «écurie», mais chacun doit endosser et assumer son rôle et lutter contre ce fléau.

Alors, au cœur de l’été, ce court rappel n’est peut-être pas inutile de façon à bien préparer la rentrée et être ainsi utile à la société toute entière.

Bel été à tous.

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Ju-jitsu, encore et toujours

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Après deux articles consacrés au « bon vieux ju-jitsu » je propose de « disséquer » cet art martial. D’abord en évoquant sa composition technique,  puis en partageant mes préférences et les objectifs qui sont les miens au travers la méthode que j’enseigne.

D’abord sa pluralité technique, incontestablement c’est un atout majeur. Coups, projections et contrôles, travail debout et au sol.  Percuter, projeter, contrôler ; développons.

Dans le travail des coups, on utilise les bras et les jambes. On apprend à donner les coups, mais aussi à s’en défendre. Il s’agit d’un travail à distance. Quand je dis donner des coups, c’est avec contrôle ou du matériel pour les amortir.

Les projections sont utilisées dans le corps à corps, mais aussi à l’aide d’un déplacement qui permet de ne pas prendre frontalement la poussée ou la tentative de saisie de l’adversaire pour faire en sorte de l’utiliser et qu’elle se retourne contre lui. Sur des saisies très rapprochées, elles sont pour ainsi dire irremplaçables.

Enfin, le domaine des contrôles est très vaste, avec des clefs en torsion et en hyper extension sur toutes les articulations, debout et au sol. Mais aussi des étranglements qui doivent être pratiqués avec beaucoup de maîtrise et de « dosage ». Enfin, les immobilisations qui, comme leur nom l’indique, permettent d’immobiliser quelqu’un.

Cette pluralité technique offre deux avantages essentiels : d’abord l’efficacité qui permet de répondre à beaucoup de situations d’attaques, à distance ou en corps à corps, debout et au sol. Ensuite de pouvoir, si la situation le permet, moduler la riposte. Certains coups et certaines projections peuvent s’avérer fatals, d’autres permettent de « calmer » sans détruire, quant aux contrôles, là aussi comme leur nom l’indique, ils offrent la possibilité de maîtriser une personne en attendant les secours ou arriver à lui faire retrouver ses esprits.

Pour ce qui concerne mes préférences. Venant du judo, j’avoue avoir un faible pour les projections. L’efficacité indiscutable, la recherche de la finesse technique et la beauté du geste en sont les raisons.

Mais ayant hérité aussi d’un bagage technique conséquent dans le domaine du travail au sol, je l’apprécie énormément notamment au cours des randoris, avec un engagement physique total, mais sans violence et une notion de jeux que l’on doit conserver. Sans compter que l’on peut s’y adonner très longtemps. Technique et stratégie étant déterminantes.

Pour le travail des coups, lorsqu’il est pratiqué avec quelqu’un qui possède un état d’esprit identique, c’est un exercice très agréable et très utile.

Enfin, les particularités de mon enseignement.

D’abord sur le plan technique, j’aime et je favorise ce que j’appelle les liaisons entre les différentes composantes du Ju-Jitsu. Maitriser chacune d’elle, c’est une chose, maîtriser une bonne liaison entre ces liaisons en est une autre. C’est l’intérêt majeur de cet art. La recherche du détail qui fait la différence est une quête qui ne cesse de m’animer.

Quant au physique, l’objectif est de l’améliorer et non pas de l’abîmer.

Sur le plan mental, je ne me lasse pas d’insister sur l’état d’esprit éducatif, constructif et non pas destructif qui doit entourer la pratique. Une nuance que l’on ne retrouve pas partout.

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Discipline

DISCIPLINE SPORTIVE, DISCIPLINE PERSONNELLE, DISCIPLINE COLLECTIVE, etc.

On donne plusieurs sens à ce mot : on l’utilise pour définir une pratique sportive, ou des règles de conduite, entre autres.

Cependant, il y a un lien entre ces définitions.

Quand on utilise le mot discipline pour évoquer une activité physique, cela signifie que cette activité est entourée d’une certaine… discipline ? Peut-on pratiquer une discipline sportive uniquement en loisir ? N’est-ce pas contradictoire ? Se faire plaisir en faisant de temps en temps une balade à cheval, une partie de tennis de table, un peu de natation, etc. cela semble naturel, mais si ce n’est qu’épisodique, sans autre but compréhensible que de se « changer les idées », de s’offrir un moment de plaisir, l’appellation discipline est-elle méritée ?

Ce mot ne demande-t-il pas une implication régulière ? Pas forcément pour briller et remporter des médailles, mais simplement pour approfondir le sujet, essayer de le maîtriser, pas uniquement le survoler. D’autant que dans les arts du combat, si on veut avancer, il ne faut pas se contenter du « de temps en temps ».

Plus généralement, s’imposer une discipline personnelle (avant de l’imposer aux autres), c’est s’astreindre à réaliser quelque chose régulièrement, un rituel, ne pas renoncer par facilité en évoquant un prétexte qu’on le trouvera toujours. Cela peut aller de s’imposer une pratique sportive de façon régulière, ne pas invoquer un coup de fatigue passager, décliner une invitation un soir d’entraînement. Ce peut être simplement faire une marche quotidienne, quelque soit le temps, un nombre de pages de lecture par jour, ou encore la création d’un article hebdomadaire.

Certes il ne faut pas que ce soit une torture. Quel que soit le sujet, il faut l’apprécier,  sinon on en choisit un autre. Mais à partir du moment où l’on s’est décidé, il est souhaitable de s’imposer une régularité que l’on ne regrettera jamais. Parce que – forcément – elle nous apportera des satisfactions, en premier celle de progresser, de s’être montré volontaire, de ne pas abandonner au moindre prétexte. Etre fier d’avoir accompli une tâche qui sans persévérance n’aurait pu aboutir. Bref, être satisfait du travail accompli.

La discipline, c’est aussi celle que l’on doit respecter dans la société, ce qui n’est pas forcément la caractéristique de notre époque.  C’est une raison supplémentaire  pour que les enseignants d’arts martiaux, montrent l’exemple en respectant et en faisant respecter le règlement inhérent à un dojo. Surtout dans la mesure où il ne s’agit pas d’une « discipline de fer », simplement de quelques règles communes qui permettent la pratique dans les meilleures conditions : sécuritaires et relationnelles.

Il ne s’agit pas de discipline pour la discipline, mais pour une organisation qui rendra la vie plus facile.

En conclusion : il est souhaitable de « se discipliner dans la discipline choisie ».

Cet article est un résumé de ce que l’on pourrait développer de manière plus approfondie.

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La patience, cette indispensable vertu

Bien qu’il soit facilement abordable, le ju-jitsu rassemble un nombre impressionnant de techniques et, de fait, une multitude d’enchaînements, de combinaisons et de contre prises.  C’est à la fois son inconvénient et son avantage, avantage qui l’emporte facilement sur l’inconvénient.

Cette richesse technique (coups, projections, contrôles, on ne peut être plus complet) permet quand même de s’exprimer rapidement avec les techniques de base. Il n’empêche que cette richesse réclame du temps, de la patience pour qu’elle soit maîtrisée. Les amateurs de découvertes ne seront pas déçus. Pour les autres il faudra combattre ce découragement qu’on laisse trop souvent s’installer et le remplacer par cette volonté qui parfois fait défaut.

Le professeur y est pour beaucoup dans la motivation des ses recrues, mais les habitudes sociétales, celles du « zapping » par exemple, n’incitent pas à imposer de la rigueur.

La patience, ce n’est pas ce qu’il y a de plus tendance à notre époque, on veut tout et tout de suite, sans contrainte, bref on manque terriblement de constance et de persévérance.

Quand je dis « on », je ne me mets pas dedans, étant d’une génération où on prenait le temps, où on laissait « murir ». Pensant, avec raison, que ce n’est pas en changeant tous les quatre matins de pratique, de discipline sportive et/ou martiale, que l’on obtiendra quelque résultat que ce soit, comme le simple plaisir de s’exprimer dans d’inévitables et d’inestimables progrès.

Les arts martiaux réclament du temps. C’est un engagement à long terme, en aucun cas une « passade ». Cela vaut la peine de persévérer, la volonté entre en jeu, même si on en est un peu dépourvu, ça vaut la peine d’essayer de changer et d’en faire l’acquisition, elle sera utile dans toutes les circonstances de la vie. Les arts martiaux forgent et renforcent  le corps, mais aussi l’esprit.

Rien n’empêche, au bout d’un certain temps de découvrir d’autres disciplines, mais pas avant d’avoir atteint un certain niveau dans celle qui fût notre « porte d’entrée ».

Sans patience, on ne connaîtra jamais les délices qu’apporte une certaine maîtrise dans l’art que l’on a commencé. Il ne faut pas confondre la découverte d’autres disciplines au bout d’un certain temps et l’éparpillement spontané.

Certes, au début, il y a l’initiation à des techniques qui ne semblent pas naturelles, mais en fait elles le sont, puisqu’il s’agit de l’utilisation d’armes naturelles qui se révéleront très vite à la condition d’être armé de PATIENCE.

« La patience est amère, mais ses fruits sont doux ». Aristote

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L’enchaînement des 16 Bis

Retour à un article technique avec les « 16 Bis ».

Créé quelque temps après les « 16 techniques », cet enchaînement est venu compléter un panel technique déjà important en offrant des outils d’études et d’épanouissement complémentaires.

Les attaques sont semblables à celles des 16 techniques dans le but de faciliter la mémorisation, prouvant par la même occasion, si besoin est, qu’existent différentes ripostes sur la même attaque. Des ripostes évolutives.

Dans cette suite de techniques se trouvent beaucoup de projections aussi efficaces que spectaculaires, ce qui ne gâche rien.

Certes les projections demandent beaucoup de travail. L’apprentissage, mais aussi les répétitions. Il faudra être patient, mais au-delà de l’efficacité, il y a le plaisir de la réalisation du geste parfait, au bon moment. Un aboutissement qui participe au bien être, à la satisfaction personnelle.

Perfectionnement technique, condition physique, automatismes, précision, voilà les bienfaits de l’étude des 16 Bis et je n’oublie pas le respect des grandes techniques du ju-jitsu, que ce soient les coups, les contrôles ou les projections. Arrêtons nous sur cette famille, justement. O-soto-gari, uki-waza, kata-seoe, sasae-tsuri komi-ashi, harai-goshi, o-soto-otoshi, kani-basami, morote-gari, uchi-mata, tai-otoshi (ce sont les projections que l’on trouve dans l’enchaînement) qui pourrait affirmer que ces grandes projections n’appartiennent pas à notre patrimoine ? A moins de ne pas être capable de les réaliser.

Mais, ce n’est pas tout, l’enchaînement présenté, sans temps d’arrêt entre chaque technique, fera également office de belle démonstration. En 2000, une séquence de la prestation de Bercy  mettait en scène les huit premières techniques effectuées en parfaite synchronisation par deux couples.

En accompagnement de cet article, vous trouverez une vidéo  réalisée en 1992. Elle dissèque chaque technique l’une après l’autre. Comme indiqué plus haut il n’en sera pas de même lors d’une démonstration.

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Les 16 techniques

Dans la suite de l’article de la semaine dernière consacré à l’atemi ju-jitsu, il est assez naturel de revenir sur un enchaînement que j’apprécie particulièrement et qui fait toujours partie de mon enseignement : « Les 16 techniques ».

C’est pour les besoins d’une démonstration présentée à l’occasion des deuxièmes championnats du Monde de judo féminin qui se déroulaient à Paris en 1982 que cet enchaînement a été créé. (A l’époque les championnats masculins et féminins étaient dissociés.)

La méthode « atemi-ju-jitsu » existait déjà, il restait à la diffuser par différents moyens, les démonstrations en étaient un. On m’avait aussi confié en grande partie la responsabilité de ce secteur et notamment à l’occasion de ce « Mondial féminin ». Je devais présenter une prestation dans laquelle le rôle de Tori (celui qui fait « le gentil ») serait tenu par une femme. J’avais parmi mes élèves une personne qui possédait les qualités requises ; elle s’appelait Marie-France Léglise. Pour l’occasion, j’avais endossé le rôle d’Uke (celui qui subit, « le méchant »). Il est utile de rappeler que dans l’étude et la pratique des arts martiaux, les rôles de Tori et d’Uke sont d’importance égale : sans Uke, pas de Tori (le contraire s’impose aussi).

Pour cette occasion j’avais mis au point une démonstration en deux parties. Une première très technique, une seconde plus dynamique, en guise de final.

En première partie étaient démontrées des techniques de défense, d’abord au ralenti puis à vitesse réelle. Nous proposions plusieurs situations d’agressions face auxquelles étaient présentées une variété importante de schémas de ripostes, de composantes et de techniques.

La deuxième et dernière partie était une sorte de « cascade» d’attaques et de défenses dans laquelle les mouvements choisis étaient aussi importants que la vitesse à laquelle ils devaient être exécutés et enchaînés. J’avais retenu deux critères essentiels : la diversité, mais aussi de faire en sorte qu’il y ait le moins de perte de temps possible entre chaque mouvement et évitant les déplacements inutiles.

Très vite, cette fin de démonstration a été retenue pour devenir les « 16 techniques ». Elle a été inclue dans les programmes de grades.

Une simple analyse montre que par l’intermédiaire de ces grandes techniques qui composent l’enchaînement sont démontrés aussi les principes de non opposition, d’utilisation de la force de l’adversaire ainsi que des fondamentaux  mécaniques de bascules et de suppression de point d’appui ; bref, un ju-jitsu fidèle à son histoire et à ses principes.

Il s’agit tout à la fois d’un « outil » technique, d’un moyen d’expression corporel, il permet de peaufiner sa condition physique et ses automatismes, c’est également une belle démonstration de la richesse de notre ju-jitsu.

Chaque technique de cet enchaînement  peut se travailler dans le détail, avant de mettre l’accent sur l’exercice qui consiste à les enchaîner vite et fort.

Mais elle offre aussi au professeur une magnifique boîte à outils.

En effet, en plus de l’étude de chaque technique et de celle de l’enchaînement on peut envisager des réponses  sur différentes réactions de la part d’Uke. Ensuite, on peut étudier des contre prises à chaque technique ; étudier un contre, c’est entrer dans le processus de renforcement de la technique en question, cela nous éclaire sur les points sensibles.

Et ce n’est pas tout. On peut aussi confier aux élèves la « mission » de mettre une réponse de leur choix, différente de l’originale. On peut leur imposer un thème, par exemple que la riposte appartienne à une famille précise : clés, étranglements. On peut aussi lui demander de placer une liaison debout sol, pour les techniques qui n’en possèdent pas.

Faire travailler aussi bien à droite qu’à gauche, n’est pas inutile.

Enfin, un exercice où Tori se défend contre deux Uke qui alternent les attaques, fournira de l’originalité et un sacré renforcement des automatismes et de la condition physique.

La liste n’est pas exhaustive.

Voilà donc un enchaînement qui doit aussi être aussi considéré comme une excellente base de travail ; non pas comme un « couteau suisse », mais plus exactement comme un « couteau japonais ».

La photo d’illustration de cet article est une planche murale des années 1980. Elle n’est pas de bonne qualité, c’est le souvenir qui motive son utilisation. D’autre part, il existe des supports – livres et vidéos – qui présentent cet enchaînement.

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Katame-waza, techniques de contrôle

Après l’atemi-waza et le nage-waza, place au katame-waza pour aborder la troisième composante du ju-jitsu.

Dans les techniques de contrôle se trouvent les clefs (kansetsu-waza), les étranglements (shime-waza) et les immobilisations (osae-waza). Ces trois domaines sont utilisés en judo comme en ju-jitsu, avec des objectifs différents.

En ju-jitsu ces techniques marquent souvent la dernière phase d’une défense, après les coups et les projections, mais pas systématiquement, elles peuvent être utilisées directement sur une attaque. En judo elles se concrétisent toujours au sol.

En ju-jitsu, elles peuvent s’appliquer aussi bien debout qu’au sol. Leur efficacité est redoutable et elles permettent parfois de moduler la riposte. A l’aide d’une clef, il est possible de maîtriser un agresseur sans forcément mettre ses jours en danger, ce qui n’est pas inutile ; le respect de la vie et la notion de légitime défense sont des notions à respecter.

Les clefs (kansetsu-waza) consistent à « forcer » les articulations à « contre-sens » pour celles en hyperextension ou aller au-delà des possibilités de flexion pour les clefs en torsion. Le premier groupe appartient aux « gatame », le second aux « garami ». En ju-jitsu self défense existe aussi les torsions de poignet, les clefs de jambes, autant de techniques interdites en judo, pour des raisons évidentes de sécurité.

Concernant les étranglements (shime-waza), l’étude doit être sérieusement encadrée, il est évident que l’issue peut s’avérer fatale. Cependant, comme pour beaucoup de techniques, l’apprentissage est long et avant de posséder une parfaite maîtrise il faut une longue pratique au cours de laquelle on aura acquis de la sagesse et du contrôle. Il y a deux formes d’étranglement : respiratoires et sanguins. Ils se pratiquent essentiellement à l’aide des membres supérieurs, mais les jambes sont aussi de redoutables armes naturelles dans ce domaine, la preuve avec le fameux « sankaku-jime ».

Quant aux immobilisations (osae-waza), elles sont surtout utilisées en judo et uniquement au sol. En ju-jitsu self défense l’intérêt se limite à celles qui emprisonnent également les bras de l’adversaire.

Comme indiqué plus haut, l’efficacité demande beaucoup de pratique, donc de patience, de volonté et de rigueur. Mais ne s’agit-il pas de qualités indispensables dont doit être doté tout étudiant dans les arts martiaux ? *

Bien réaliser un waki-gatame, par exemple, demande énormément de travail. Il y a la précision, la meilleure utilisation des ressources naturelles du corps et pour cela une « forme de corps » que l’on va modeler, un peu comme un sculpteur le ferait avec son « ouvrage ». Les conseils du professeur sont indispensables, mais de longues répétitions le seront tout autant pour « ressentir » la technique.

Côté efficacité, je ne manque de témoignages de personnes agressées ayant pu se sortir de situations très délicates, pour ne pas dire périlleuses, notamment face à des attaques avec armes, grâce au « katame-waza ».

Cela vaut la peine de consacrer du temps à l’étude de cette composante incontournable du ju-jitsu.

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Nage-waza, techniques de projections

Après avoir évoqué l’atemi-waza la semaine dernière, place au nage-waza (techniques de projections).

Les projections sont un domaine majeur, que ce soit en judo (qui pourrait l’ignorer), mais aussi en ju-jitsu self défense (qui pourrait remettre en cause leur efficacité, mis à part ceux qui ne les maîtrisent pas).

Elles sont  nombreuses, elles permettent de répondre à beaucoup de situations et tous les gabarits peuvent s’y exprimer ; il y en a pour les grands et pour les petits. Elles offrent une multitude de combinaisons, d’enchaînements, mais aussi un esthétisme incontestable pour beaucoup d’entre elles. A l’occasion de mes démonstrations les projections occupaient une place importante ; elles ont largement contribué à l’aspect spectaculaire de ces prestations. Enfin nous trouvons beaucoup de plaisir dans leur réalisation.

L’efficacité, l’esthétisme et le plaisir éprouvé lors de leur pratique sont les trois raisons qui me font aimer ce domaine qu’est le nage-waza.

Les projections peuvent être tout à la fois efficaces et esthétiques. Leur maîtrise parfaite demande beaucoup de travail, de persévérance et de rigueur, mais quelle merveilleuse récompense que celle de réaliser un bel uchi-mata, par exemple. Coté efficacité, elle est incontestable, à moins de n’avoir jamais chuté et par conséquent ne pas pouvoir imaginer les conséquences d’une « réception » sur un sol dur.

Toujours concernant l’efficacité, le principal intérêt des projections, en plus du corps à corps où elles sont indispensables, réside dans le fait qu’elles ont été conçues pour être appliquées en utilisant des principes et des mécanismes qui ne demandent (à l’origine) que peu ou pas de force, répondant ainsi à une des maximes de Jigoro Kano « minimum d’effort et maximum d’efficacité ». Cela permet aux plus petits de se débarrasser des plus grands. Pour cela il faut juste être en capacité d’exécuter le bon geste au bon moment, cela s’acquiert à force de répétitions. Le premier de ces principes consiste à utiliser la force de l’adversaire. Il y en a d’autres comme celui de l’addition des forces, de bascule au-dessus du centre de gravité, de supprimer des points d’appui, etc.

L’utilisation des projections sera différente selon que l’on se situe dans le domaine du ju-jitsu self défense ou en opposition lors de randori ou compétition de judo.

En matière d’auto-défense l’application se fera la plupart du temps directement. Exemple : l’adversaire vous pousse, vous appliquez hiza-guruma. Pour les néophytes, il s’agit d’une projection qui consiste à « offrir » le vide devant celui qui porte l’attaque, en ajoutant à sa poussée une traction dans la même direction, tout en lui « barrant » le bas de son corps au niveau des jambes (une sorte de « croche patte amélioré »). Toujours en self défense, elles s’enchaînent parfaitement après un coup (atemi). On trouve beaucoup de parallèles entre les coups et les projections au niveau de la « forme de corps », cela ajoute à leur combinaison.

Dans le randori et à fortiori en compétition de judo, les deux protagonistes maîtrisant d’une part l’art des projections et d’autre part s’attendant à tout moment à devoir faire face à une attaque de ce type, la concrétisation se fera avec les notions d’enchaînements, de confusions, de contre prises, etc. Pour maîtriser parfaitement ce domaine un jujitsuka ne devra pas négliger l’ensemble des méthodes d’entraînement qui permettent d’envisager des réactions de la part du partenaire.

Enfin, concernant l’aspect ludique (à l’entraînement évidemment) il est bien réel, à condition qu’il soit partager avec un partenaire qui « parle la même langue ». C’est-à-dire qu’il soit dans le même état d’esprit axé sur l’initiative, la construction d’enchaînement et non pas dans l’opposition systématique.

Justement, lors des randoris – une des principales méthodes d’entraînement de ce secteur – on s’attachera à favoriser un travail tout en souplesse, en déplacement, axé sur l’initiative davantage que sur la défensive. Le but étant de faire tomber l’autre, plutôt que de ne pas tomber. Les contre prises seront davantage envisagées en sen-o-sen (l’attaque dans l’attaque). Pour cela on utilisera la maîtrise technique, la vitesse, les fautes du partenaire, celles qui sont directes ou celles que l’on a provoquées à l’aide de feintes et de confusions. C’est une sorte de jeu dans lequel on trouve beaucoup de plaisir, de satisfaction, à la condition de ne pas être celui qui chute tout le temps ! Cela doit se concevoir sans aucune intention d’humilier le partenaire (encore moins de l’écraser) mais simplement de progresser.

Le nage-waza est aussi le secteur qui comporte le plus de techniques et par conséquent d’enchaînements et de combinaisons possibles.

C’est donc un domaine efficace, spectaculaire et enthousiasmant. Sans oublier le développement physique qu’il ne manquera pas d’apporter et l’épanouissement du à l’expression corporelle. Cependant, il faut répéter qu’il s’agit d’un secteur qui demande beaucoup de travail. Un travail largement récompensé.

Ippon-seoi-nage, sode-tsuri-komi-goshi, ko-uchi-gari et yoko-tomoe-nage sont les projections que j’affectionne tout particulièrement. Les initiés reconnaîtront ces grandes techniques.

Enfin, il aurait inévitablement manqué quelque chose à mes démonstrations si les projections  n’existaient pas !

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