Qu’est-ce qu’un bon professeur ?

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Le professeur, c’est celui qui par son enseignement transmet nos arts au fil du temps. Encore faut-il en avoir les compétences.

Alors, qu’est-ce qu’un bon professeur ?

Déjà c’est quelqu’un qui a les qualifications nécessaires pour enseigner. Il doit d’abord être « dans les clous ».

Ensuite, c’est une évidence, il doit être en possession d’un savoir technique conséquent  et surtout des moyens de le transmettre. Être doté de pédagogie et de psychologie est aussi important que la maîtrise technique et même bien davantage.

On peut avoir une bonne technique sans très bien savoir la transmettre. Grâce à une bonne pédagogie on peut réussir à enseigner ce qu’on ne réussit pas forcément soi-même. Enfin, on peut aussi ne rien posséder, ni technique ni pédagogie et arriver à faire illusion face à des néophytes.

Professeur, quelle que soit la discipline enseignée, c’est un des plus beaux métiers, pour cela on doit l’aimer, il n’est pas envisageable de l’exercer contraint et forcé. Quant à son utilité, elle est majeure, puisqu’elle touche à l’éducation, quelle qu’elle soit !

Dans mes « années collèges », ces moments où nous n’avons pas le choix, où l’enseignant nous est imposé, le professeur faisait tout ! Mes résultats, dans telle ou telle matière, dépendaient de celui qui la dispensait.

C’est pour cette raison que le choix d’un professeur (surtout dans notre domaine) est aussi important que celui d’une discipline.

J’ai déjà publié beaucoup d’articles sur le premier professeur, celui qui est déterminant. Celui qui construit les fondations sur lesquelles d’autres enseignants pourront s’appuyer. Le premier professeur c’est celui qui donne des bonnes (ou des mauvaises) habitudes. Pas simplement sur le plan technique, mais sur le plan comportemental.

Dans les dojos, on a la chance de pouvoir garder les élèves d’une année sur l’autre (à la condition qu’ils soient assidus, ce qui est  un autre problème). C’est un grand privilège de constater les effets de notre travail, on éprouve la satisfaction du devoir accompli, mais aussi de la fierté. Il y a là une satisfaction partagée avec l’élève.

Un bon professeur doit aussi dégager une autorité naturelle qui impose le respect des personnes, des traditions et des lieux. Tout ce qui est indispensable au bon déroulement des leçons.

Dans cette terrible période de violence que nous connaissons, lors de ses explications et dans son attitude il se doit d’être un modérateur et non pas un agitateur.

Dans les arts martiaux, comme évoqué plus haut, l’objectif s’inscrit sur du long terme, il y a des étapes qui sont matérialisées par les grades (les ceintures de couleur, puis la ceinture noire et les « dans »). Ils récompensent les qualités techniques, mais pas que. C’est la récompense d’une assiduité, d’un engagement, d’une volonté de découvrir toujours plus, de progresser encore davantage. Certes, le constat que nous sommes dans une époque où ces valeurs se perdent est réel. Là encore, il incombe au professeur de les faire perdurer.

Tout comme il doit tenter de (re)donner le goût de l’effort à ceux qui l’auraient perdu ou pas encore trouvé !

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(Photos d’illustration PhotoGraphix)

Pourquoi le ju-jitsu ?

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Le ju-jitsu dépassé, d’une autre époque, « has been » ? Certes, il est difficile d’affirmer qu’il s’agit de l’art martial le plus en vogue, le plus à la mode ! Mais qu’est-ce que la mode ? Par définition, elle passe.

Le ju jitsu a su traverser les époques et même les siècles et renaître de ses cendres tel le phénix.

Ce n’est pas surprenant dans la mesure où il propose l’utilisation de toutes les « armes naturelles » dont dispose le corps : coups, projections et contrôles, travail debout et au sol ! Une pluralité de techniques qui permet une multitude de combinaisons, aussi diverses qu’efficaces (quand il n’est pas dénaturé). Mais également des principes dans lesquels on s’exprime quelque soit le gabarit et l’âge ; comme la non-opposition, l’utilisation de la force de l’adversaire et l’optimisation maximale des mécaniques corporels. Tous ces éléments lui donnent une terrible efficacité. Sans oublier le fort aspect éducatif qui lui est attaché.

Mais peut-être, n’est-il pas assez sulfureux ? Et les traditions dont il se réclame paressent vieillottes : la tenue, les katas (que certains pensent un peu dépassés et pas utiles), et d’autres valeurs qui passent chez certains pour des corvées.

Évidemment je pense le contraire. Ni chauvinisme, ni sectarisme, ni obstination, mais une conviction assumée et une fidélité indestructible. Conviction pour toutes les qualités que sa pratique nous permet d’acquérir et fidélité pour ce qu’il m’a apporté. L’idée de retourner ma veste ne m’a jamais effleuré l’esprit.

Que de nouvelles pratiques émergent, rien de plus naturel ; espérons qu’elles aient suffisamment de densité pour mériter de ne pas être éphémères. Et surtout qu’elles offrent une pratique éducative et non destructive et qu’elles participent au combat contre la violence et non pas le contraire (aussi bien dans la médiatisation que dans l’enseignement).

Si le ju-jitsu se réclame, à juste titre, d’un solide passé, ça ne l’empêche pas d’évoluer. Ce qui a été le cas avec l’atemi-waza dans les années 1970 par exemple et l’émergence de nouveaux enchaînements au cours de la décennie suivante. Mais ces évolutions se sont réalisées sur un socle solide.

Dans le ju-jitsu traditionnel, en l’absence de compétitions d’affrontement direct (pléonasme) il n’y a pas de règlement, mais dans le dojo où il est pratiqué il y a des règles. Qu’elles soient vestimentaires, hygiéniques, comportementales vis-à-vis des lieux et des personnes. Transgresser ces règles qui sont aussi des valeurs, c’est abandonner une grande partie des vertus éducatives attachées à un art martial comme le ju-jitsu.

On peut conclure et revenir sur le plan technique en soulignant que commencer  par cette discipline qui propose des techniques dans tous les domaines, offrira  un tronc commun à beaucoup d’autres arts du combat. Ce sera aussi un révélateur pour ensuite se spécialiser éventuellement dans un domaine plus spécifique, techniquement parlant.

Certes, l’apprentissage du ju-jitsu demande du temps, des efforts, mais s’agit-il vraiment d’efforts ?

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Réflexions

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Il est assez facile de frapper en dépit du bon sens, il est plus difficile de le faire avec précision. Il est encore moins facile de bloquer les coups et, mieux, de les esquiver. Enfin il est très difficile de gérer sa riposte, de la mesurer, de la « proportionner », qu’elle soit en coups, en projections ou en contrôles (clés et étranglements). Y arriver demande beaucoup de travail et relève parfois de ce qu’on appelle la finesse technique. Un objectif efficace et responsable.

C’est vrai que par les temps qui courent l’émanation et la recherche de cette finesse technique, et de la finesse tout simplement, n’est plus trop d’actualité. On le constate, ne serait-ce que lors des débats qui rythment notre société et dans lesquels il est davantage question d’injures que d’échanges d’idées qui feraient avancer.

Il est vrai que la violence engendre la violence (c’est un lieu commun, mais tellement vrai). Malheureusement, parfois, les raisons ne manquent pas pour passer au dessus de cet adage.

Mais en tant que pratiquant d’art martiaux, et plus encore de professeur, n’existe-t-il pas une exigence éducative ? Essayer de faire mieux, d’évoluer, d’élever (élève, élever).  J’y reviens souvent, mais c’est une mission. Si dans notre corporation, on baisse les bras, qu’on cède à la facilité et que cette mission d’élévation est abandonnée, non seulement nous trahissons nos objectifs et nous nous trahissons nous-mêmes.

Que ce soit bien clair, quand il y a faute, elle doit être sanctionnée à hauteur du délit. Mais chacun son rôle, celui du professeur est d’éduquer.

On va me dire qu’enseigner les disciplines de combat, c’est apprendre à se battre, à se défendre, c’est exact, mais rien n’empêche d’y mettre la manière. La mission est double : Apprendre des techniques de riposte tout en éduquant l’esprit.

« Education »  ne signifie pas « manque de discipline », bien au contraire. Le rôle du professeur est d’apprendre des techniques, mais aussi d’apprendre à se discipliner, dans le respect des consignes, dans l’attitude générale au sein du lieu d’entraînement, et non pas d’y exacerber la violence par des mots ou des attitudes. Dans les arts martiaux japonais, cet endroit n’est-il pas appelé le « dojo », le lieu dans lequel on « trouve sa voie ». Peut-être est-ce oublié ? Trouver sa voie, y compris celle de la sagesse.

Lors des séances d’entraînement, on ne défend pas sa vie, on apprend des techniques qui le permettent en cas d’agression. Mais on doit apprendre aussi à devenir « Maître de soi ».

Le contrôle de soi n’est pas signe d’inefficacité ou de lâcheté. Cette finesse technique évoquée plus haut, c’est tout simplement la recherche du bon geste au bon moment, celui qui demandera le moins d’effort pour un maximum d’efficacité. Oui, d’efficacité.

Quant à ceux qui pensent qu’en matière de self défense, si on ne fait pas comme dans la rue, il ne sert à rien de s’entraîner, je les invite à tester, par exemple, des chutes sur le macadam, des étranglements portés jusqu’au bout et d’autres techniques tout aussi fatales. Surtout quand on sait que pour être efficace il faut s’astreindre à d’inlassables répétitions !

La réalité c’est la réalité, l’entraînement c’est l’entraînement, ce n’est pas la rue. Ne serait-ce que pour le mental, il ne serait pas sain d’évoluer plusieurs fois par semaine dans un tel climat.

Finesse technique et efficacité, l’une n’empêche pas l’autre.

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16 techniques, la suite…

Les 16 techniques

Elles ont été créées en 1982 pour les besoins d’une démonstration de ju-jitsu proposée à l’occasion des deuxièmes championnats du monde de judo féminins qui se déroulaient à Paris.

Pendant un bon moment, elles ont fait partie du programme des grades judo-ju-jitsu « option ju-jitsu », au sein de la FFJDA. En 1995, elles ont été remplacées.

Pour ma part, elles existent toujours dans  mon enseignement. Pour plusieurs raisons.

D’abord, elles sont efficaces. Ensuite elles sont l’expression du lien indéfectible entre le ju-jitsu et le judo ; techniquement et historiquement. Comme l’avait écrit Christian Quidet, éminent journaliste sportif, dans la préface qu’il avait gentiment signée pour un de mes livres : « Je félicite Eric Pariset de s’être intéressé et de s’être spécialisé dans le ju-jitsu qui est le meilleur complément à la pratique du judo ». C’est vrai que dans cet enchaînement on retrouve les principales grandes projections du judo.

Apprendre o soto gari sur une attaque qui peut survenir dans la réalité et ensuite découvrir tous les enchaînements qui appartiennent au judo sera dans l’ordre des choses. A l’inverse un judoka pourra s’adapter facilement aux applications du ju-jitsu.

Cet enchaînement démontre aussi une forme de travail dans laquelle je me suis épanoui en tant qu’élève, comme professeur et dans les nombreuses démonstrations effectuées dans notre pays et au-delà de ses frontières. Une forme de travail basée sur la fluidité et sur la souplesse.

L’abandonner serait une sorte de reniement, d’autant qu’elle satisfait bon nombre de pratiquants. C’est un travail dans lequel on retrouve les principes fondamentaux d’utilisation de la force de l’adversaire, de la non-opposition, de bascule autour du centre de gravité, bref d’une utilisation optimale des mécanismes corporels.

Que l’on ne me parle pas d’un manque de volonté d’évolution, il y a des règles et des phénomènes physiques qui ne s’abandonnent pas, sauf à se renier et à renier les bases techniques et les principes fondamentaux. Cet enchaînement est porteur de traditions mais aussi de principes immuables.

En plus des acquisitions techniques, cette suite permettra d’acquérir la fluidité indispensable entre les différentes composantes du ju-jitsu.

Ses répétitions affûtent les réflexes et la condition physique. Il s’agit aussi d’une belle démonstration dans laquelle efficacité et beauté du geste se marient parfaitement.

Enfin, les 16 techniques offrent au professeur une base de travail considérable. Par exemple en proposant des réponses différentes à chaque attaque, avec des thèmes variés. On peut aussi les travailler à droite et à gauche, avec plusieurs partenaires, étudier les contre prises qui permettent de renforcer chaque technique, etc.

En conclusion et en résumé, les 16 techniques présentent un ju-jitsu dynamique, efficace, spectaculaire, mais aussi une méthode de self défense, d’éducation physique et mentale, en restant fidèle à une  histoire, à des principes et à ses convictions, ce qui n’est pas la moindre des choses pour un pratiquant d’arts martiaux.

La vidéo proposée a été réalisée en 1991.

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Code moral

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Le Code moral est plus particulièrement attaché au judo, mais d’autres disciplines se le sont approprié, avec raison.

Élaboré en 1985 par Bernard Midan, un des pionniers du judo en France, ce Code souligne les valeurs attachées à une pratique éducative dans tous les sens du terme, pas simplement sur le plan physique.

Quelques esprits railleurs le surnomment le « code mural », soulignant ainsi que, parfois, dans certains dojos son utilisation se limiterait à un simple affichage de « bonne conscience ».

Ce Code moral représente des valeurs qui doivent être respectées, au delà du dojo d’ailleurs.

Elles sont principalement véhiculées par celui qui est le « Maître des lieux », c’est-à-dire le professeur, garant de leur application. C’est une de ses missions.

Dans ces valeurs on y retrouve, entre autres, des petites choses – sur lesquelles je reviens régulièrement. Enfoncer le clou n’est jamais inutile.

Des petites choses qui sont parfois négligées et même oubliées, comme saluer le tatami avant d’y monter et en le quittant, saluer son partenaire à chaque changement et dans une tenue correcte. Communiquer à voix basse, pas de cris, pas de vociférations, le dojo n’est pas une cour de récréation. On ne parle pas pendant les explications du professeur. La tenue doit être celle de la discipline que l’on pratique et elle doit être propre. On essaie d’arriver à l’heure, si ce n’est pas le cas on attends un signe de la part du professeur avant de monter sur le tatami. L’entraide mutuelle sur les tatamis et en dehors, la rigueur dans une pratique régulière, etc.

Dans le visuel qui illustre cet article on trouve ce Code moral. Il doit devenir au fur et à mesure une seconde nature. Chacune de ces valeurs pourrait faire l’objet d’un développement approfondi.
On ne peut pas évoquer ce Code moral, sans évoquer le Code du bushido et de les « croiser ». Ce dernier était celui des samouraïs. Forcément, on trouve des similitudes entre les deux. Si les termes ne sont pas les mêmes, le fond se confond. Ce Code d’honneur, vieux de plusieurs siècles ,se compose de sept vertus qui sont toujours d’actualité.

Gi : justice, sincérité.

Yu : courage.

Jin : compassion.

Rei : courtoisie.

Makoto / Shin : vérité – sincérité.

Meiyo : honneur.

Chugi : fidélité et engagement.

Bonne continuation dans le monde des arts martiaux.

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La ceinture noire

On a coutume de dire que la véritable pratique commence avec la ceinture noire. Certes, il s’agit d’une formule, mais elle n’est pas vide de sens.

Au fil des décennies, cette « ceinture noire » a sans doute perdu un peu de son originalité et de sa superbe, elle s’est quelque peu banalisée.

Et puis elle est associée à des traditions qui sont moins dans l’air du temps. Ces traditions ayant pourtant un lien intime avec l’éducation.

Jeunes pratiquants nous attendions l’âge de 16 ans avec une impatience assumée.

Il n’empêche qu’elle marque encore la vie d’un pratiquant. On n’y accède pas par hasard.

Si la ceinture noire est à la fois le reflet de nombreuses années de pratique et de fidélité,  la validation d’acquis techniques indiscutables et le plaisir d’avoir atteint un objectif, elle n’est en aucun cas une finalité aux allures de consécration.

Avec l’obtention de ce grade, qui procure légitimement un grand bonheur, c’est aussi un nouveau regard que l’on porte sur notre pratique passée et sur notre avenir. Sur ce que nous avons fait et sur ce qu’il nous reste à découvrir.

Elle représente une étape importante, même s’il ne s’agit pas d’un aboutissement, mais d’un accomplissement.

C’est la prise de conscience que le chemin à venir est infiniment plus long que celui que nous venons de parcourir. Mais quel enthousiasme que celui de savoir qu’il reste tant à apprendre.

Toutefois il faut rassurer le néophyte qui voit en la ceinture noire une sorte de graal inaccessible, ou en tout cas accessible à un horizon lointain. Il pourrait légitimement se demander que si la vraie pratique commence à la ceinture noire, alors que fait-il  en gravissant les échelons de couleurs ? Et bien tout simplement son apprentissage.

La ceinture noire est une véritable satisfaction personnelle, mais elle confère à son porteur des devoirs envers lui-même et les autres, elle lui impose des responsabilités. De celui qui regardait les ceintures noires avec une certaine fascination, il devient celui que l’on regarde. A son tour de devenir une référence, un exemple. Il ne doit jamais l’oublier.

Enfin, il doit se faire le serment de ne jamais abandonner la pratique ! « Ceinture noire un jour, ceinture noire toujours ». Formule facile, mais adaptée à ce statut.

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La meilleure méthode de self défense ?

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Quelle est la meilleure méthode de self défense ? Voilà une question qui me rappelle un temps lointain où, dans la cour de récréation du collège, la question était de savoir, entre le judo et le karaté, quel était le plus fort.

Première réflexion : la meilleure méthode de self défense, si tant est qu’il y en ait une, mal enseignée et de fait mal pratiquée, et bien elle n’est plus la meilleure méthode.

Il faut réunir plusieurs éléments pour avoir une chance de se sortir d’une mauvaise situation. En tout premier faire preuve d’humilité, que ce soit en tant que pratiquant ou/et en tant que professeur.  D’abord l’humilité de ne jamais se croire invincible et ne jamais proclamer que la méthode que nous enseignons est infaillible.

Ensuite, pour être efficace, une méthode doit rassembler le plus de réponses possibles à un maximum de situations éventuelles.

Mais aussi, comme indiqué plus haut, que le professeur maîtrise ces ripostes et surtout que sa pédagogie permette de les transmettre. Cela semble évident, et pourtant…

Il est aussi indispensable que l’élève soit assidu, ce qui ne dépend pas toujours du professeur. La meilleure des méthodes de self défense s’inscrit dans la régularité, et dans le « temps long ». Pas de « méthode miracle », mais du travail !

Apprendre les techniques, c’est une chose, pouvoir les appliquer dans les situations de violence extrêmes que sont les conditions d’une agression, c’est autre chose. Il est indispensable d’acquérir des automatismes aux allures de seconde nature. On ignore quelles seront nos capacités réactives dans ces moments. Ce n’est pas pour ça qu’il faut conseiller de se tester dans la réalité ! Il y en a pourtant qui affirment que sans cette expérience, celle de la rue, aucune efficacité ne sera acquise.  C’est un peu « particulier », pas très éducatif et répréhensible !

Il est aussi nécessaire que le professeur mette en garde sur certains aspects, comme éviter les endroits et les situations à risque, que la négociation est la première «arme»  et que même pour un motif minime, une bagarre a de fortes chances de mal finir pour un des protagonistes et plus sûrement pour l’ensemble.

Maintenant, il y a deux sortes d’agressions. La simple embrouille qui dégénère au motif d’une queue de poisson ou d’une place de parking et l’agression directe avec différents objectifs tous plus violents les uns que les autres : vol avec violence, agressions sexuelles, etc. Les réponses ne devront pas être les mêmes, à condition de pouvoir faire la nuance et de se maîtriser. La légitime défense est une notion qui ne doit pas être ignorée, même si dans l’état de stress engendré par une agression, il ne sera pas toujours facile de doser la riposte, surtout quand on sauve sa vie ou celle d’un tiers.

Ne pas oublier que pour être efficace il faut être en possession de tous nos moyens, être en bonne forme physique et donc éviter les entraînements extrêmes au motif de faire comme dans la réalité. On ne peut pas faire comme dans la réalité deux ou trois fois par semaine. Cela me rappelle une réflexion d’une personne à propos d’entraînement « spéciaux », qu’il avait subi : « Je me demande s’il ne faut pas mieux se faire « casser la gueule  » une fois ou deux par an, plutôt que subir ce genre d’entraînement deux fois par semaine ». Voilà une réflexion frappée au coin du bon sens.  La réalité c’est la réalité, l’entraînement c’est l’entraînement. Comme son nom l’indique « on s’entraîne », on s’améliore, on s’élève.

Et puis, être fréquemment blessé, c’est la meilleure façon de ne pas souvent s’entraîner et donc de ne pas progresser.

Tout comme il est plus sain que les séances se déroulent entourées d’une ambiance dénuée de stress et de violence. Apprendre à se défendre en travaillant sérieusement n’empêche pas de passer un moment agréable en évitant d’ajouter de la violence là où nous sommes pour la combattre.

Pour finir sur une note positive, j’aime à rappeler que je compte parmi mes élèves et anciens élèves des exemples de situations qui ont pu se régler sans dommage pour la personne agressée, grâce a l’application de techniques apprises et répétée lors des séances. C’est aussi cela être utile.

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La tenue

« L’habit ne fait pas le moine », un peu quand même !

Au moins une fois par an j’évoque un vêtement qui me tient à cœur, celui qu’on appelle familièrement le kimono, bien que ce nom désigne plus spécifiquement une tenue  d’intérieur.

Dans les arts martiaux, il existe plusieurs appellations qui définissent ce que l’on revêt dans un dojo ; parmi les plus répandues on trouve le judogi, le karategi, le keikogi. Le « jujitsugi » est très peu évoqué. Pour les principaux arts martiaux japonais on peut le nommer tout simplement « dogi ». En Taekwondo, art martial coréen, c’est le dobok.

Quel que soit son nom, cette tenue est importante, elle ne doit pas être négligée ; j’y vois plusieurs raisons.

D’abord, chaque discipline sportive possède son « uniforme » ; il ne viendrait pas à l’idée d’un footballeur de se rendre sur un terrain de foot en judogi.

Ensuite, grâce à sa texture, cette tenue est pratique et hygiénique. Elle est résistante aux différents assauts qu’on lui fait subir. Elle est hygiénique, elle permet d’absorber les litres de sueur produits lors des entraînements.

Elle possède également comme vertu celle d’effacer toute distinction sociale. On ne frime pas vraiment dans un « gi ». Nous sommes tous égaux pour ces moments d’étude et de partage. Dans certains cas elle permet d’oublier quelques complexes physiques.

Enfin, dans le combat rapproché, notamment au sol, elle évite une proximité qui peut être parfois gênante et même rebutante pour certains et certaines.

Enfin sur le plan de la self défense, donc de l’efficacité, et à ceux qui affirment avec raison que dans la rue nous ne sommes pas en judogi, on peut répondre que dans la rue nous ne sommes pas non plus torse nu, ou très rarement et qu’un morceau de tissu peut remplacer celui du judogi pour appliquer certaines techniques. D’autres pouvant d’ailleurs se réaliser avec ou sans vêtement, quel qu’il soit.

Cette tenue, je la respecte au plus haut point ; n’est-elle pas mon principal « outil de travail » ? Elle est aussi devenue au fil des années ma « deuxième peau ». Parfois elle a même été mon « bleu de travail ».

Certains s’en affranchissent, c’est dommage, surtout dans des disciplines dites « à traditions ».

Lorsque je vois des entraînements (d’arts martiaux) se dérouler avec une multitude de tenues : short, t-shirt, survêtement, je ne peux m’empêcher d’être peiné. Je ne pense pas que cette réaction puisse être qualifiée de « vieux jeu ». Le respect et la tradition me paraissent indispensables. Sans respect, sous quelque forme que ce soit, il n’y a plus rien.

S’affranchir de toutes les traditions au nom d’une prétendue modernité ou même d’une soi-disant liberté pourra être sans limite. Si on ne respecte pas un symbole tel que la tenue, pourquoi pas, tant que nous y sommes, ignorer le salut, le bonjour et le merci et ainsi de suite, jusqu’à manquer de respect aux personnes.

Sans un minimum de rigueur et d’effort, il n’y a plus ni progrès, ni évolution, ni vie sociale digne de ce nom !

Que ne soit pas masqué un manque de rigueur et de respect à l’égard de notre histoire et de notre identité au nom d’une soi-disant modernité.

Au début des années 1970, à l’initiative de l’immense champion de judo néerlandais Anton Geesink, il y eut une tentative de kimonos de couleurs (de toutes les couleurs), qui n’a pas vraiment connu le succès. Ensuite, au début des années 1990, le kimono bleu est apparu lors des compétitions de judo, dans le but de faciliter la compréhension des combats. Dans le même esprit, j’ai moi-même opté pour cette couleur dans mes démonstrations et dans des ouvrages. Ça m’arrive encore pour des photos au sol, notamment.

Quelques professeurs l’utilisent à l’occasion de leurs cours, cela a été mon cas durant un temps, pour « aérer » mes ju-jitsugis de démonstration, à l’époque où j’en faisais. Une fois cette époque passée, je suis revenu à la pure tradition. Et puis un enseignant doit pouvoir se distinguer davantage par son savoir et son aura que par la couleur de sa tenue.

Dans cet article j’évoque les arts martiaux, mais d’autres sports de combats possèdent leur propre équipement (boxe, lutte, etc.), les pratiquants l’arborent fièrement.

Enfin, l’utilisation de la « tenue de ville » (adaptée) pourra être considérée comme un complément à l’étude de la self défense, dans des cours spécifiques. Ce pourra être aussi une approche et une étape avant de rejoindre le monde des budos. Alors : un peu de tenue !

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La « forme de corps »…

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Voilà une expression connue des pratiquants d’arts martiaux, lorsqu’il s’agit de projections et de travail au sol, bien qu’on puisse aussi trouver cette qualité dans les techniques de percussions. C’est la capacité à bien adapter son corps à toutes les situations d’initiative et de défense.

On dit d’un pratiquant qu’il a une bonne « forme de corps ». De quoi s’agit-il exactement ?  Est-ce un don du ciel, ou bien le fruit du travail ?

C’est déjà une belle appréciation. Cette bonne forme de corps permet, au moment de l’exécution d’une technique, de ne faire qu’un avec la technique en question, de l’épouser pleinement. C’est la parfaite adaptation du corps à la technique.

Pour posséder cette qualité, on peut être doté de quelques prédispositions, mais ce sont surtout les inlassables répétitions qui permettent d’obtenir un tel résultat. On doit « sculpter », «  modeler » son corps, un peu comme l’artiste travaille « la masse » pour produire une belle sculpture. (Toujours la valeur travail !)

D’ailleurs, à propos d’artistes, ceux qui pratiquent les arts martiaux n’en sont-ils pas ? Ne sommes-nous pas admiratifs devant la beauté d’un geste qui associe efficacité et esthétisme ?

Cette forme de corps rassemble plusieurs qualités : principalement la précision, la souplesse, la tonicité et la vitesse. Je ne parle pas de force physique, mais d’une utilisation optimale de l’énergie dont chacun est pourvu, tout en utilisant dans certains cas celle de l’adversaire. On est dans le principe du « maximum d’efficacité avec le minimum d’effort (physique) ».

Pour revenir aux prédispositions, il y a des morphologies plus adaptées à telle ou telle pratique martiale, il y a des personnes plus talentueuses, mais quelques soient ces prédispositions, il faudra les révéler, les renforcer et les conserver. Les révéler grâce au professeur, les renforcer et les conserver avec l’entraînement.

Cette forme de corps utilise nos armes naturelles dans un ensemble où sont réunis plusieurs éléments qui s’enchaînent, ou s’associent et s’imbriquent avec naturel, mais aussi avec un bon déplacement qui offre le bon placement : le bon geste au bon moment. Une bonne forme de corps, qui n’est pas utilisée au bon moment, ne sera pas utile.

Quoiqu’il en soit, c’est toujours et encore la volonté et le travail qui permettent de trouver et de renforcer cette qualité. Il faudra bénéficier d’un professeur qui offrira un bon apprentissage et les bonnes méthodes d’entraînement pour affûter et ciseler un ensemble qui conduira à une finesse technique, synonyme d’une indiscutable efficacité dans tous les domaines.

Pour acquérir cette « forme de corps », il faut d’abord le vouloir (le pouvoir presque tout le monde le peut, le vouloir c’est autre chose). On se doit d’être sans cesse à la recherche de l’amélioration, non pas de la perfection qui n’existe pas, mais tout simplement de l’élévation : aller plus haut !(Illustrations de l’article avec les figurines réalisées par Bernard Pariset (1929-2004) Champion de judo et sculpteur à ses temps perdus)

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La loi du plus fort ?

En sport, cela peut paraître étrange d’affirmer que lorsque c’est le plus fort qui gagne et que l’échelle des valeurs est respectée, un manque d’intérêt pourrait se manifester. Mais finalement, pas tant que cela.

D’abord, assister au renversement de l’ogre par le « le Petit Poucet » est toujours sympathique, et pour ce qui concerne les disciplines de combat comme le judo, que les principes de bases et les techniques affutées permettent à David de triompher de Goliath, l’est tout autant et même davantage.

Avant l’instauration des catégories de poids, le petit qui projetait le grand participait à la « magie du judo ». Ces catégories ont eu aussi comme conséquences ( la compétition dénature forcément quelque peu l’art martial ) de déshabituer les pratiquants les plus petits à utiliser des techniques et des stratégies permettant de se défaire des plus grands et des plus lourds.

Même si les catégories de poids ont permis à davantage de combattants de pouvoir s’exprimer, elles ont retiré un peu de l’exaltation que procurait le fait de voir le moins fort (physiquement) triompher.

Cependant, il n’était pas question de magie, mais de techniques affûtées, ciselées et surtout de principes dans lesquels était offerte la possibilité que la force de l’adversaire se retourne contre lui. Et plus cette force était importante, plus le « retour » était efficace.

Lorsque l’on ne bénéficie pas de suffisamment de puissance, se servir de celle de l’adversaire semble être du bon sens. Encore faut-il savoir le faire, faut-il l’avoir appris ! C’est d’autant plus important que si ces préceptes permettent – aussi – de se sortir d’une mauvaise situation en cas d’agression, leur transposition dans la vie sociétale qui ferait que le chêne rompe, mais pas le roseau, que la force se retournerait contre celui qui l’utilise, l’espoir d’une société plus juste renaîtrait sans doute !

La compréhension de tels principes et l’assimilation des ces techniques réclament de la patience, cette qualité ne caractérise pas une époque dans laquelle l’immédiateté semble devenir la règle, et la patience obsolète.

La photo qui illustre cet article (extraite d’un magazine de l’époque) à été prise lors de la finale des championnats d’Europe toutes catégories à Paris en 1955. On peut traduire (approximativement) la légende de la façon suivante : Geesink en « Hollandais volant » contre son gré. Son adversaire qui le « travaille » si bien dans les airs est le très petit judoka français Bernard Pariset.

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