Soulac, le bilan

Ça y est, c’est fini, avant-hier matin nous avons vécu la dernière séance du stage de Soulac.

Il y a un peu plus d’une semaine nous reprenions la direction de la station balnéaire du Médoc, pour renouer, douze ans après, avec une belle tradition qui remontait à l’année 1986.

Le moment est venu de faire un premier bilan.

Bien sûr, il y aurait pu avoir davantage de participants, mais il y aurait pu aussi en avoir moins.

Il faut dire que le climat et l’ambiance générale sont difficiles depuis plus de deux ans (je sais de quoi je parle), et qui plus est, pour ce stage il s’agissait d’un nouveau départ, ce n’est jamais facile de relancer une machine. Et puis, n’ayant plus d’outil de travail depuis deux ans et demi, les réserves sont limitées. A noter, sans doute à cause des incendies en Gironde, un tiers de défections !

Je retiendrai quelques données.

Tout d’abord le stage a rassemblé de la ceinture blanche au 6ème dan, de l’âge de 14 ans à un âge « très adulte », environ un tiers de féminines et une représentation belge conséquente.

Coté ambiance, ce fût particulièrement agréable, c’est souvent le cas, mais là, peut-être davantage. Sans doute le plaisir de pouvoir pratiquer à nouveau intensément dans un endroit privilégié.

La motivation était parfaite, pas une fois un stagiaire n’a manqué, même avec la fatigue, et les inévitables courbatures. Aucune blessure n’est venue gâcher la fête.

Je remercie tous les participants pour cette remarquable assiduité, mais aussi tout simplement pour leurs  présences. Une mention particulière à l’intention de Pascal, mon fidèle et performant Uke !

Personnellement, cela faisait bien longtemps que je n’avais pas renoué avec mon métier six journées de suite. Il faut remonter à l’avant Covid. C’était indispensable pour un moral mis à mal depuis trop longtemps !

Ce fût aussi l’occasion de retrouver de « vieilles connaissances » et de découvrir de nouveaux visages.

Je pense avoir bien équilibré ce stage, tant au niveau technique que physique, c’est ce que me laissent penser les différentes discussions que j’ai eu avec les stagiaires.

Cette semaine, ça été aussi l’occasion de retrouver Soulac, personne n’ignore l’attachement que j’ai avec ce lieu. Même si au cours des dernières années la petite station a gagné en fréquentation, elle reste un endroit où je me sens bien.

Nous nous sommes quittés vendredi midi en nous promettant de nous revoir au cours de la prochaine saison et vraisemblablement l’été prochain au même endroit.

J’en profite pour remercier la municipalité et Xavier Pintat, le maire de la commune et Sénateur Honoraire. Nous nous connaissons depuis le début de l’aventure des stages soulacais.

Maintenant, quelques jours de repos avant une nouvelle saison. La semaine prochaine, je ne manquerai pas d’aborder les projets qui y sont attachés.

Waki gatame, la suite…

La semaine dernière, sur ma page Facebook, je proposais différentes photos présentant plusieurs formes de waki-gatame.

Cette semaine on va un peu plus loin. Au cœur d’un été qui ne nous laissera pas que de bons souvenirs, je vous propose la « rediffusion » d’un article consacré à cette formidable technique de contrôle. Bonne lecture.

Voilà une technique que j’affectionne tout particulièrement. Peut-être est-ce parce que je la maîtrise assez bien que je l’affectionne, ou bien est-ce parce que je l’affectionne que je la maîtrise ; quelle est la conséquence de la cause ?

Cette clef est très peu, et même pas du tout, pratiquée en compétition de judo, bien qu’elle soit autorisée (sauf erreur de ma part) si elle est appliquée avec maîtrise. Par contre, en self-défense elle a toute sa place. On peut la pratiquer debout ou au sol, mais aussi en liaison « debout sol ».

Waki-gatame appartient aux « kansetsu-waza », les techniques de « clefs articulaires », appelées aussi les clefs aux bras, ou encore dans un temps lointain les armlock. Enfant, avec mes copains de tatami nous adorions prononcer ce mot, d’autant que ces techniques nous étaient interdites.

En self défense elles permettent la maîtrise d’une personne à qui ont inflige une douleur plus ou moins importante sur l’articulation, pouvant aller jusqu’à la luxation.

La maîtrise de ces techniques demande du temps et donc  beaucoup de patience. Elles offrent deux avantages : le premier d’être efficace, le second de permettre la maîtrise d’une personne sans forcément que ses jours soient mis en danger. Cet aspect ne doit pas être négligé, sur le plan de la légitime défense et sur celui du respect de la vie, tout simplement.

Le principe de waki-gatame est de verrouiller l’articulation du coude avec l’aisselle, tout en maintenant le poignet de l’adversaire avec les  deux mains qui sont l’un des deux  « points fixes » indispensables, l’autre étant l’articulation de l’épaule du partenaire ou de l’adversaire.

On peut l’appliquer sur des attaques en coup de poing, sur des saisies de face et sur l’arrière, dans certaines circonstances au sol et bien évidemment en riposte à des attaques à main armée.

Il n‘empêche que certains sont perplexes quant à une efficacité longue à acquérir. A ces doutes, j’opposerais deux arguments : d’abord celui de l’indispensable persévérance dont doit être doté un pratiquant d’arts martiaux, ensuite parce que  je connais beaucoup de personnes (pas forcément des hauts gradés) qui ont pu échapper à de sombres issues grâce à des techniques de clefs comme waki-gatame. L’efficacité est incontestable pour maîtriser un bras armé.

Il est certain qu’une multitude de détails entrent en ligne de compte, aussi bien en matière de précision que de positionnement du corps ;  les répétitions sont faites pour acquérir les qualités indispensables à une bonne efficacité.

Appréciant  cette clef, j’ai comme projet de créer un document pour la présenter sous  toutes ses formes à partir des  différentes opportunités, sans oublier les défenses et éventuelles contre-prises qui y sont attachées.

L’esthétique dans les arts martiaux.

La recherche du beau est-elle utile dans les arts martiaux ?

« Toute bonne technique est belle et gracieuse ; Elle est une figure dessinée dans l’espace où efficacité et beauté ne font qu’un. » « Les chaussons de la révolution ». Marc-Olivier Louveau

Il est bien entendu que si on sauve sa vie, lors d’une agression, on est loin de s’en soucier, c’est une évidence. Mais dans l’entrainement, qui occupe la plus grande partie de la vie d’un pratiquant, cette recherche du beau ne me semble pas inutile.

« Le beau est aussi utile que l’utile. Il ajouta après un silence : Plus peut-être. » « Les misérables » de Victor Hugo.

Même si ce n’est pas l’essentiel sur un plan purement utilitaire, ça ne gâche rien, loin de là, surtout quand on pratique une méthode de défense qui est aussi une méthode d’éducation physique et mentale.

Avec les arts martiaux nous avons la chance de posséder beaucoup de techniques qui peuvent à la fois être spectaculaires et efficaces, ce qui n’est absolument pas contradictoire.

La beauté du geste, le style et une forme d’élégance ne sont pas incompatibles avec l’efficacité. Ce n’est pas parce qu’une technique est belle et spectaculaire qu’elle n’est pas efficace et à contrario, ce n’est pas parce qu’une technique n’est pas belle qu’elle est efficace.

La quête du beau est une motivation supplémentaire  et lorsqu’on l’atteint, c’est un accomplissement qui nous offre une belle satisfaction. C’est le résultat de beaucoup de travail, d’efforts et de rigueur, donc de progrès y compris dans le domaine de l’efficacité pure, c’est un sain encouragement à persévérer.

Qui ne s’est pas émerveillé devant un parfait uchi-mata, par exemple, et n’a pas ressenti une intense satisfaction en le réalisant (ou en s’en approchant)  ?

L’aspect spectaculaire  suscite aussi des vocations. Beaucoup ont été impressionnés  à l’occasion de galas d’arts martiaux par des démonstrations où l’aspect spectaculaire ne contestait en rien l’efficacité des techniques démontrées, ni de ceux qui les exécutaient.

Dans les années 1980 et 1990, J’ai eu la chance de participer à de nombreuses soirées d’arts martiaux en compagnie de personnalités, et je défie qui que soit de mettre en doute l’efficacité de Dominique Valéra,d’ Angelo Parisi, ou de Christian Tissier, pour ne citer qu’eux et pourtant leurs prestations et leurs techniques étaient spectaculaires.

L’esthétique, c’est aussi un style, une prestance. On peut trouver du beau tout simplement dans une attitude, « une garde », comme on apprécierait une sculpture.

Certes la beauté est subjective et puis, elle ne se trouve pas que dans le geste, mais aussi dans le comportement !

N’oublions surtout pas que nous pratiquons un art martial et qu’il y a donc le mot art. L’art de savoir se défendre, l’art de savoir s’élever mentalement et physiquement, l’art qui apprend à se surpasser dans tous les domaines, pas simplement de détruire, mais surtout l’art de construire.

Juste un exemple, pour ceux qui ne seraient pas convaincus. Si on se place sur un plan purement utilitaire, un des critères incontournables sera la précision pour obtenir la meilleure efficacité, et bien dans la recherche de l’esthétique ce sera une quête identique.

Et puis, tout simplement « qui peut le plus, peut le moins ». Pour illustrer ce dicton, je terminerais avec une sorte de parallèle par une citation qui n’est pas celle d’un expert en arts martiaux, mais de Woody Allen : « L’avantage d’être intelligent, c’est qu’on peut faire l’imbécile, alors que l’inverse est totalement impossible. » Comprenne qui voudra (ou pourra).

La recherche du beau n’est pas une perte de temps, elle participe à la quête d’une perfection globale. A commencer par une « belle éducation. »

Pour une pratique éducative et non destructive

Nous sommes à un mois de la rentrée et même si pour moi elle est encore incertaine, j’ai pensé écrire quelques lignes à propos d’un sujet qui me tient à cœur, à savoir « la pratique éducative ».

Sur la carte professionnelle des enseignants de disciplines de combat, il est bien spécifié « éducateur sportif » et non pas « destructeur sportif ». Certes, nous enseignons des techniques qui, à la base, sont faites pour mettre hors d’état de nuire et même complètement hors d’état pour certaines.

C’est toute la difficulté et tout l’intérêt que de transformer des techniques qui sont des armes de destruction en moyens d’éducation physique et mentale. Une nuance que tout le monde n’est pas capable d’offrir.

Un enseignement des « arts de combat » qui se veut éducatif doit être entouré de mille précautions. Les notions de légitime défense, d’intégrité physique, de respect de son corps et de celui de son partenaire ne doivent pas être négligées, et tout simplement de respect de la vie. A l’entraînement nous travaillons avec des partenaires et non pas avec des adversaires. Du latin PAR : avec et AD : contre.

Une pratique se doit d’être éducative sur le plan physique, mais aussi mental, tel que le prônait Jigoro Kano et même, un peu avant, les fondateurs de la boxe française dans notre pays.

Éducative physiquement, dans la mesure où elle doit permettre le développement de qualités physiques en proposant une pratique adaptée qui va apporter une bonne condition physique, ainsi que des qualités de souplesse et de tonicité musculaire. Comme déjà indiqué plus haut, ces techniques sont faites pour détruire, mais elles doivent aussi être des moyens d’évolution physique, tout en conservant leur efficacité ; être en capacité de concilier les deux n’est pas toujours compris.

Pourtant nous bénéficions de suffisamment d’expérience et de recul, malgré tout certaines pratiques sont encore trop « accidentogènes » soit par négligence, soit par une idéologie tendant à affirmer qu’il faut faire comme dans la réalité. En oubliant que la réalité, c’est la réalité et que l’entraînement c’est l’entraînement. La violence lors d’une agression est telle qu’il ne semble pas sain de la transposer dans le dojo. Et puis, le bon sens veut que si on se blesse fréquemment, on s’entraîne moins souvent et que par conséquent, on progresse moins. Et tout simplement, au lieu d’améliorer son corps, petit à petit, blessure après blessure, on le détériore.

Donc, pour éviter cela il faut que l’enseignant respecte certaines consignes et adapte son enseignement à sa « population », que ce soit en termes de niveau technique, de condition physique et d’âge. Il doit insister sur la dangerosité de certaines techniques réalisées sans contrôle et qu’avec une pratique adaptée, on peut tout à la fois devenir efficace sans se blesser.

Certes nous ne pratiquons pas du « tricot », et les risques encourus sont plus importants dans nos activités, mais l’expérience, les compétences et la vigilance du professeur sont les principales garanties qui limitent les risques de blessures. Que ce soit dans les pratiques utilitaires, sportives et encore davantage quand il s’agit de loisirs. La grande majorité des futurs élèves et des élèves recherche une pratique accessible physiquement et dans laquelle les risques de blessure sont limités. Les pratiques extrêmes ont un fan-club qui n’est pas majoritaire.

N’oublions pas que Jigoro Kano avait défini deux critères dans sa sélection de techniques : efficacité et sécurité. Pour cela il en avait éradiquées certaines et mis au point toute une série de méthodes d’entraînement, du kata au randori, qui permettaient de progresser en proposant une pratique d’opposition codifiée et donc intelligente, éducative et non destructive.

« On ne franchit pas les portes d’un dojo pour se faire mal, mais pour apprendre à ne pas se faire mal. »

Enfin, et c’est presque l’essentiel, il ne faut pas oublier l’état d’esprit, c’est-à-dire l’aspect mental. Dans ce domaine aussi, le rôle du professeur est primordial, il se doit de combattre la violence et non pas de l’exacerber. Dans le domaine de la self défense les techniques seront enseignées en insistant sur le fait qu’elles ne devront être utilisées qu’en cas d’extrême nécessité. Elles sont une « assurance », pas un permis de détruire.

L’objectif d’un art de combat est de s’élever mentalement, techniquement et physiquement : « le Shin-Gi-Tai » de Jigoro Kano.

Non opposition !

Il y a quelques temps j’avais évoqué le projet de publier « Mon dictionnaire des arts martiaux », mais préoccupé par de graves  événements, j’ai mis de côté la finalisation d’un travail déjà bien commencé. Dernièrement, je m’y suis attelé à nouveau.

Pour cet article, j’ai pioché pour tomber sur la lettre O, comme Opposition, plus exactement comme non-Opposition.

« Surmonter l’habitude d’employer la force contre la force est une des choses les plus difficiles de l’entraînement du judo (et du ju-jitsu). On ne peut espérer progresser sans y parvenir ». Jigoro Kano

Il serait dommage d’oublier que la non-opposition est « le principe de base » du ju-jitsu, notamment celui de l’École traditionnelle Yoshin Ryu (Ecole du cœur de saule), l’une de celles qui avait largement inspiré Jigoro Kano lorsqu’il a souhaité « ressusciter » notre art martial. Malheureusement certains ont tendance à l’oublier.

Avec la non-opposition, nous sommes en présence d’un principe d’une grande intelligence. Il mériterait de ne pas être simplement utilisé dans les affrontements physiques, mais aussi dans le quotidien.

L’opposition frontale ne peut donner raison qu’au plus fort physiquement et dans la société elle ne débouche jamais sur un accord constructif. N’allons pas jusqu’à mettre en avant le dicton populaire suivant : « il vaut mieux céder à l’âne que le tuer », mais on peut s’en inspirer.

Plusieurs principes sont attachés au ju-jitsu, mais celui de non-opposition régit les autres : addition de forces, utilisation de celle de l’adversaire, action-réaction, etc.

Ces principes ne sont applicables qu’en association avec celui de non-opposition.

Il s’agit tout simplement de se retirer de la trajectoire d’une force qui avance sur vous.

Ensuite, première possibilité, sans s’en occuper davantage, la laisser s’éteindre dans le vide.

Autre possibilité (si l’on veut maîtriser celui qui attaque), celle qui consiste à conduire la force en question, en y ajoutant la nôtre ; ce sont les principes d’utilisation de la force de l’adversaire et de l’addition des forces. On peut aussi y ajouter simultanément un obstacle, au niveau des jambes de l’attaquant, par exemple, afin de le faire chuter. Cette dernière description, sommaire j’en conviens, pourra servir de première explication pour une technique comme hiza-guruma, permettant de bien la comprendre et de bien l’assimiler.

Autre exemple avec tomoe-nage où on sacrifie son corps au détriment de l’attaquant. Comme le démontre la  figurine qui illustre cet article. Figurine réalisée en son temps par mon père, Bernard Pariset.

Ce principe général de non-opposition n’est en aucun cas un signe de renoncement, mais tout simplement l’incarnation du bon sens. Force contre force, c’est forcément…le plus fort qui gagne. Et puis, utiliser la force de l’adversaire en commençant par ne pas s’y opposer, c’est aussi un moyen de ne pas gâcher sa propre énergie.

Cette non-opposition, comme indiqué en introduction de cet article, est également utile dans les rapports humains, c’est ce que prônait Jigoro Kano, lorsqu’il disait : « Le conflit se fait au détriment de tous, tandis que l’harmonie se fait au bénéfice de chacun ».

Ce principe qui permet de vaincre la force brutale, qui avec un peu d’entraînement donne la possibilité à tous de ne pas subir la loi du plus fort est, de mon point de vue, sans jeu de mot, la principale force du ju-jitsu.

Terminons cet article avec une dernière citation : «Qui apprend à céder est maître de la force » Lao Tseu.

Ju-jitsu et vacances

C’est en août 1986 qu’a eu lieu le premier stage ju-jitsu à Soulac-sur-Mer. Je m’y étais rendu à l’automne précédent, « en reconnaissance ». C’est à cette occasion que j’avais rencontré Fréderic Fétis. Il s’occupait du Centre Capdeville, là où une majorité de stagiaires logeaient durant plusieurs saisons. Chaque été, durant vingt-cinq années, nous nous retrouvions, ce qui n’a pas manqué de tisser des liens. En plus, j’étais souvent reçu à la table de la famille Fétis. Ce sera un grand plaisir de nous retrouver dans un mois.

Donc, dans quelques semaines, je vais retrouver les forêts de pins, les maisons « soulacaises», les dunes, les kilomètres de plage et bien évidemment l’océan.  Nous sommes dans une station balnéaire à taille humaine. J’avoue que c’est le côté un peu sauvage qui m’avait séduit. Que ceux qui douteraient du dynamisme de la « Perle du Médoc » se rassurent, ils ne s’ ennuieront pas. Je pense qu’à Soulac, chacun trouve ce qu’il cherche et du 14 au 19 août, on trouvera aussi du ju-jistu.

Les séances se dérouleront chaque matin de 9 h 00 à 12 h 00, au dojo municipal. Il est encore possible de se décider, il reste de la place, il faut juste s’assurer de pouvoir être hébergé.

Concernant le stage, nous serons moins nombreux que lors des premières sessions, il y a quelques raisons à cela, nous y reviendrons ultérieurement. Quant au programme, toutes le facettes du ju-jitsu que je pratique et enseigne seront travaillées.

Les cours se déroulant le matin, l’après-midi est libre, l’appellation ju-jitsu-vacances prend alors tout son sens.

Pour ceux qui seraient de passage dans la région à ce moment-là, il sera possible de s’inscrire pour une ou  deux séances, à la carte.

En espérant avoir convaincu ceux qui ne savaient pas où aller et quoi faire entre le 14 et le 19 août.

Bonnes vacances à ceux qui ont la chance de pouvoir partir et dans tous les cas, bel été à toutes et à tous.

Nouvelle lettre ouverte…

(Je ne renonce jamais, il n’est pas question de disparaître sans combattre !)

Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République

Objet : artisans exécutés

Monsieur Le Président de la République,

Manifestement les artisans exécutés et massacrés  professionnellement par la crise sanitaire, n’intéressent pas les sphères dirigeantes, si j’en crois l’absence de réponses à mes différents courriers adressés d’abord au Ministre de l’Economie, puis à mon Député ainsi qu’à Monsieur le Maire de ma commune.

Cependant, je ne renonce jamais !

Aussi, je me permets de m’adresser à vous, Monsieur le Président de la République, avec une question est très simple : que comptez vous faire pour ces petits artisans qui ont été massacrés, qui ont perdu leur outil de travail, ce qui représente une perte d’exploitation non indemnisée, et par conséquent leur travail (sans droits au chômage), de fait leur revenu et pour certains, ce qui est mon cas,  la totalité d’un investissement colossal réalisé quelques mois auparavant ?

En effet, tout le monde n’a pas bénéficié pleinement du « quoiqu’il en coûte ». J’en suis là preuve (encore) vivante !

Bien qu’étant animé d’un esprit tourné vers la reconquête, il y a des circonstances qui ne facilitent pas la reconstruction !

Je suis à votre disposition pour tout renseignement complémentaire.

Vous remerciant par avance pour la réponse que vous voudrez bien apporter à ma question, je vous adresse, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma haute considération.

Éric Pariset

Palmarès des articles 2021/2022

Chaque semaine sur la page professionnelle de Facebook  (Club Jujitsu Eric Pariset)  je publie un article qui traite de différents sujets attachés aux arts martiaux. Je le partage sur ma page personnelle et sur ce blog.

En tant qu’administrateur de la page professionnelle,  je bénéficie d’un compteur qui indique le nombre de « personnes atteintes ».

Depuis quelques années, au mois de juillet, je donne le nom des trois premiers articles de la saison écoulée et la date de leur parution, mais aussi, je publie à nouveau l’article le plus regardé.

Cette année, c’est « Il ne veut pas gagner, il veut juste s’amuser » qui remporte la palme (vous le retrouvez un peu plus bas). Je rappelle qu’il s’agit d’une histoire vraie et qui devrait « poser question », si je peux me permettre.

Cet article a été publié le 7 octobre dernier.

Juste derrière c’est un sujet consacré aux grades mis en ligne le 18 novembre 2021 et enfin, en troisième position nous trouvons un écrit sur les différences fondamentales entre professeur et entraîneur. Des différences qui ne semblent toujours pas évidentes pour certains.

Donc, pour résumer : en premier les enfants, en deuxième les grades et en troisième l’enseignement.

Comme promis, ci-dessous, l’article arrivé en tête.

D’abord s’amuser !

Je ne suis pas contre la compétition, mais contre les excès qui parfois l’accompagnent.

Avec un père au palmarès exceptionnel, il serait presque indécent de dénigrer cette forme d’expression, d’autant que, même si les circonstances ne m’ont pas permis de faire de même, j’ai pu apprécier le goût particulier de ces affrontements jusqu’au niveau national.

Ceci étant, il est dommage qu’un énorme pourcentage de l’enseignement dispensé, notamment dans les dojos, soit axé principalement et parfois exclusivement sur ce que l’on appelle couramment « la compète », au détriment des autres facettes offertes par nos disciplines et qui ont aussi et surtout une vocation éducative dans bien des domaines.

Me vient à l’esprit une scène banale dans laquelle la maman d’un enfant se renseigne auprès d’un responsable de club en vue d’une prochaine inscription. Le responsable en question lui fournit les renseignements et conclut : «nous ferons tout pour qu’il aille en compétition et qu’il gagne des médailles ». Ce à quoi la maman répond : «non, il ne veut pas gagner, il veut juste s’amuser ».

On oublie souvent cette notion de jeu, pourtant basique, chez les enfants mais aussi chez les adultes ! Tout comme on oublie qu’il n’est pas nécessaire de rajouter immédiatement une pression avec des objectifs à atteindre, l’école et la société en fournissent déjà.

Est-ce que tout est fait pour satisfaire ceux qui viennent pour s’amuser, se défouler, s’exprimer physiquement, apprendre une technique juste pour le plaisir de la réaliser et de l’améliorer, passer les ceintures, maîtriser la défense personnelle, tout en sachant se contrôler, connaître et respecter les règles de bonne conduite en société avec le Code moral, bref pratiquer un « loisir éducatif et récréatif » ? Tout cela sans subir de pression ou encore une sorte de stigmatisation qui pousse à l’abandon si l’on n’adhère pas à cette « championnite aiguë ».

Peut-être y aurait-il davantage de pratiquants si toutes les facettes des arts martiaux étaient systématiquement proposées. C’est d’autant plus regrettable que cette course aux médailles s’accompagne – parfois – d’excès et de l’absence de précautions qui devraient être attachées à une pratique pour les enfants. Faire perdre du poids avant une compétition, par exemple. Tout cela pour la photo d’un dirigeant dans la presse locale du lundi.

La compétition doit être proposée mais pas imposée, d’autant qu’elle ne peut être qu’une étape. Or, si on ne s’est consacré qu’à cet aspect, une fois que l’âge à partir duquel on ne peut plus participer à ces affrontements est atteint, c’est l’abandon qui survient inévitablement.

Il y aurait beaucoup à dire et à écrire sur ce que l’on pourrait appeler le « revers de la médaille », à savoir les conséquences néfastes de la compétition, mais comme il est toujours préférable de terminer sur une note positive, on peut le faire en affirmant que celle-ci apporte beaucoup de satisfactions (surtout à ceux qui gagnent) et qu’elle permet, à condition que le parcours soit bien encadré, de vivre une très belle expérience ! (J’évoque les disciplines dans lesquelles la compétition est possible.)

Maintenant, on me dira que le marché économique qui entoure le sport de haut-niveau est important et générateur de richesses, d’emplois, etc., ce qui est vrai, mais ce qui est vrai aussi, c’est que dans ce domaine les excès néfastes ne manquent pas ; ceci est un autre sujet à propos duquel nous pourrons débattre.

eric@pariset.net

 

Fin juin : bilan et combat…

Dans notre activité, le mois de juin est propice à établir le bilan de la saison qui s’achève et pour envisager la prochaine. A titre personnel, celle-ci a commencé en pouvant remettre le « blanc de travail », alors que durant la saison précédente (2020/2021) cela n’avait pas été le cas ; du jamais vu dans ma carrière.

Les quelques stages que j’ai pu encadrer ces neuf derniers mois ont été une bouffée d’oxygène pour le moral, mais on ne peut pas encore parler de redressement professionnelle, loin s’en faut ; il y a des catastrophes qui ne se réparent pas d’un coup de baguette magique, même avec une volonté sans faille.

Revenons sur les trois derniers mois de juin :

En juin 2019, c’est avec une joie non dissimulée que j’ouvre un nouveau dojo à Paris, après plusieurs années difficiles dues à quelques coups du sort.

Un an après, en juin 2020, ce n’est pas un coup du sort, mais une injustice, qui m’oblige à rendre les clés du tout jeune dojo.

En juin 2021, c’était très spécial, en effet, comme indiqué plus haut, c’était la première fois dans ma vie de pratiquant, que je ne mettais pas le kimono durant la totalité d’une saison.

Et en ce 30 juin 2022, qu’en est-il ?

Beaucoup d’entreprises ont bénéficié d’aides, elles ont pu éviter la fermeture (pour le moment), et c’est tant mieux. Cependant, et c’est loin d’être une consolation, je ne suis pas le seul à ne pas avoir pu profiter de ces aides et à être plongé dans une situation difficile( le mot est faible ) en étant privé de travail et donc de revenus – ou si peu – depuis deux ans (et ce n’est pas fini) ; il faut mesurer ce que cela signifie. Comme nous représentons une quantité négligeable, sans moyen de pression, nous sommes ignorés.

J’ajoute qu’à la perte de l’outil de travail, donc de travail sans droits au chômage, il faut ajouter la perte sans aucune indemnisation de l’intégralité de l’investissement réalisé juste quelques mois auparavant. C’est juste monstrueux, là aussi, les mots sont pesés…

Donc, ce mois de juin sonne la fin d’une saison durant laquelle il a fallu tenter de réparer d’immenses dégâts.

A la volonté de reconstruire pour ne pas sombrer et à l’énergie que cela représente, s’ajoutent au fil des mois, les doutes, l’incertitude et les angoisses qu’engendrent inévitablement une telle situation. Il s’agit depuis deux ans d’une vie dans laquelle toute sérénité s’est enfuie et les plaisirs évanouis. La vie n’est plus la même et beaucoup de projets personnels ne seront plus réalisables.

Malgré tout, le combat continu et il ne consiste pas uniquement à se plaindre en dénonçant une injustice qui demande réparation, loin de là, mais aussi à retrousser les manches du judogi pour essayer de rebondir. Cependant, ce n’est pas facile, curieusement beaucoup de portes se ferment – ou ne s’ouvrent pas -, allez savoir pourquoi ? Quant à l’hypothèse de me relancer dans l’aventure d’un dojo privé, avec ce que je viens de vivre, c’est à dire une fermeture imposée et non indemnisée, il faudrait être irresponsable (et en avoir les moyens). Et puis, on ne peut pas affirmer que les feux soient « au vert » ; entre le virus qui revient, la guerre en Ukraine, le pouvoir d’achat qui fond comme neige au soleil, etc.

Le plus enrageant, c’est que cela aurait pu être évité ou réparé. Évité avec une gestion différente, réparé avec davantage de solidarité. L’entraide mutuelle, chère à Jigoro Kano, n’est pas souvent appliquée.

Ceux et celles qui n’ont pas failli se reconnaîtront, ils ont fait dans la mesure de leurs moyens, je les remercie du fond du cœur. Je sais aussi que beaucoup auraient voulu apporter leur pierre, mais ils n’en n’avaient pas la possibilité. Il y a une troisième catégorie qui n’a pas bougé, alors qu’elle aurait pu ! Sans oublier une « sous catégorie » (le double sens est bien choisi), qui ne s’est pas gênée pour mettre des bâtons dans les roues ; ce n’est pas à mon âge que de tels comportements m’étonneront.

En cette fin juin, dans une vie qui n’est plus la même, je reste positif et combatif. Concernant, le fameux « rebond » que très gentiment beaucoup me prédisent, il faut admettre qu’il est plus difficile à réaliser avec une balle un peu usée. Mais pas question d’abandonner !

Entre les deux saisons il y aura le stage de Soulac qui sera une belle parenthèse et un grand moment de partage, dans ce lieu qui nous a accueillis merveilleusement pendant vingt-cinq années, entre 1986 et 2010. En espérant que la 7ème vague de ce virus, avec laquelle on recommence à nous inquiéter, ne viendra pas à nouveau tout massacrer et hypothéquer la rentrée.

Normalement, très prochainement, je devrais avoir quelques bonnes nouvelles à annoncer. Peut-être un peu de lumière au bout du tunnel.

En attendant, je souhaite à toutes et à tous un bel été et une reprise gagnante en septembre.

J’ajouterai pour conclure que je ne suis ni aigri, ni envieux par rapport à ceux qui n’ont pas souffert professionnellement durant cette crise. Par contre, c’est mon mépris le plus profond que je réserve aux quelques « donneurs de leçons » qui, quoiqu’il arrive, seront toujours à l’abri !

Les 16 Bis et les 16 Ter, l’inévitable suite

La semaine dernière, c’est un article consacré aux 16 techniques qui était proposé, il est logique que cette semaine nous nous intéressions à deux autres enchaînements créés à leur suite, à savoir les 16 Bis et les 16 Ter.

Cela a déjà été fait par le passé, mais remettre en avant des créations qui permettent à certains de découvrir et à d’autres de se perfectionner, n’est jamais une perte de temps. Et puis, quelques nouveaux arguments viennent en complément.

Les 16 Bis et les 16 Ter ont donc été mises au point après les 16 techniques. Pour faciliter la mémorisation et pour évoluer dans la difficulté face à des situations presque identiques, ce sont les mêmes emplacements pour Tori et Uke – et pour la plupart du temps les mêmes attaques – qui ont été conservés.

Ces enchaînements et ces techniques demandent une maîtrise plus importante, ils entrent dans le processus de découverte et de progression.

Les techniques sont assez spectaculaires, ce qui ne remet en aucun cas leur efficacité, loin de là. En plus d’être des outils de progressions, ils peuvent servir de démonstrations qui ne manquent pas de marquer les esprits et d’installer le ju-jitsu dans le paysage des arts martiaux. Il s’agit là d’un ju-jitsu efficace, dynamique et spectaculaire.

Ils sont composés, entre autres, de grandes techniques de projections appartenant au patrimoine du ju-jitsu et du judo, affirmaient, si besoin était, l’indiscutable indissociabilité  et  complémentarité de ces deux arts.

Pour les élèves, les intérêts  sont nombreux : perfectionnement techniques, renforcement des automatismes, de la condition physique et du travail de mémorisation, etc. Ces enchaînements mettent l’accent sur le travail de la fameuse fluidité dans la liaison des différentes composantes du ju-jitsu. Un sujet sur lequel j’insiste toujours.

C’est pour toutes ces raisons que, personnellement, elles n’ont jamais quitté mon enseignement.

Enfin, le plaisir éprouvé lors de leur exécution est un élément non négligeable,

Rien n’empêche non plus de les utiliser de la même manière que les  16 techniques de base, comme expliqué dans le dernier article, avec différents thèmes et de nombreuses méthodes d’entraînement.

A propos de la beauté dans l’exécution d’une technique, dans l’excellent livre « Les Chaussons de la révolution », paru dernièrement, de Marc-Olivier Louveau, j’ai trouvé une citation qui me satisfait totalement et que je me permets de lui emprunter : « Toute bonne technique est belle et gracieuse, elle est une figure dessinée dans l’espace où efficacité et beauté ne font qu’un ».  Je ne manquerai pas de consacrer un article à ce bel ouvrage qui traite de la naissance de la Savate.

La photo d’illustration propose les deux livres dans lesquels on retrouve ces enchaînements. Dans celui à la couverture rouge il y a les 16 Bis et dans l’autre les 16 Ter. (Ce ne sont pas les seuls thèmes, développés dans ces supports techniques.)