« Bravo, félicitations pour une personne qui a toujours continué sur sa voie malgré les modes. Bravo ». Voilà une appréciation relevée sur les réseaux la semaine dernière ; elle me touche particulièrement.
Effectivement, je suis resté – et reste fidèle – à la discipline que je pratique, démontre et enseigne depuis des décennies. Fidèle au ju-jistu et à tout ce qui l’entoure.
Je n’ai aucune envie de retourner ma veste (de judogi) ni mon pantalon, comme dans la chanson « l’opportuniste » de Jacques Dutronc. Ni d’ailleurs d’abandonner cette tenue. Le respect commence par celui que l’on doit à sa discipline.
Je reste fidèle à mes convictions (c’est n’est pas donné à tout le monde d’en avoir), je n’ai aucune raison de renier une discipline aussi complète techniquement et porteuse (quand elle n’est pas dénaturée) de précieuses valeurs. Elle a traversé les siècles et donné tant de satisfactions à tant de monde et elle continue d’en donner.
Certes, ce n’est pas d’elle dont on parle le plus depuis quelque temps. Mais ce n’est pas une raison (bien au contraire) pour faire la girouette en cédant aux sirènes de la mode.
Il ne s’agit pas d’un manque d’ouverture d’esprit. En tant que professionnel, en plus du ju-jitsu et du judo, j’ai pratiqué le karaté, l’aïkido, la boxe française et ce qu’on appelait à l’époque la boxe américaine. On va me dire que ce sont des disciplines anciennes, qu’elles sont ringardes et dépassées. Que le kimono est à ranger au vestiaire des antiquités. Évidemment je n’adhère pas à ces points de vue, mais chacun fait ce qui lui plaît. De toutes les façons, nous avons tous deux bras et deux jambes et sur le plan purement efficace ce n’est pas l’effet de mode qui changera quoi que ce soit, mais la composition technique de l’art, la qualité technique et pédagogique de l’enseignant et évidemment le potentiel de l’élève. Un élève qui s’impose une régularité dans les entraînements, comme je l’évoquais dans l’article de la semaine dernière.
Et puis, et surtout, ces disciplines sont porteuses de valeurs que nous ferions bien de ne pas négliger.
Maintenant, une anecdote qui n’avait pas manqué de m’étonner, avec la confession d’un de mes ancien élève devenu enseignant, m’avouant qu’il appliquait ma méthode, mais sous un autre nom, celui d’une discipline « plus à la mode ». On ne peut pas garantir la santé morale de tous nos anciens élèves !
D’autre part, je ne manque en aucun cas de respect envers les nouvelles pratiques – il faut que mille fleurs s’épanouissent – pour peu qu’elles remplissent un rôle éducatif.
Pour qu’un art martial s’inscrive dans la durée, ce qui n’est pas loin d’être un pléonasme, plusieurs conditions doivent être réunies, au moins trois, je les appelle les 3 E : Efficacité, Éducation et Épanouissement. A (re) développer prochainement.
Enfin, quand vous êtes en parfaite harmonie avec l’art que vous pratiquez, pourquoi changer ? Cette fidélité et cette absence de compromission m’ont souvent coûté, mais on ne se refait pas.
Photo d’illustration : Bercy 1995 avec un kani basami
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Sans la régularité il ne peut y avoir de progrès, sans une pratique qui s’inscrit dans la durée, il est difficile de s’exprimer et surtout de progresser dans les arts martiaux.
Cette contradiction n’en est pas vraiment une. Mon professeur (qui était aussi mon père) me répétait souvent : « divise par deux l’intensité technique de ce que tu prévois d’enseigner et ça risque encore d’être dix fois trop difficile ».
A l’occasion d’une une semaine calme, je propose une rediffusion.
« Dé-kata-iser ». Peut-être que ce néologisme surprendra, mais je n’ai rien trouvé de mieux pour exprimer un point de vue personnel.
Des dojos, j’en ai fréquentés et dirigés beaucoup, pour étudier, me perfectionner, m’entraîner, transpirer et bien sûr enseigner.
Quoi de plus beau qu’une projection exécutée au bon moment, « dans le temps » ? Un de-ashi-barai, par exemple. Ou bien un contre réalisé en sen-no-sen, l’attaque dans l’attaque, ou bien encore une technique réalisée en « action-réaction ». Sans oublier un atémi additionnant vitesse et précision et qui atteint sa cible avec l’intensité voulue.
Entre ceux qui disent que ça ne sert à rien d’apprendre à se défendre, ceux qui affirment que leur méthode est la meilleure ou encore ceux qui soutiennent que la vraie expérience c’est celle de la rue, il y a de quoi être perplexe, sinon perdu.