16 techniques, la suite…

Les 16 techniques

Elles ont été créées en 1982 pour les besoins d’une démonstration de ju-jitsu proposée à l’occasion des deuxièmes championnats du monde de judo féminins qui se déroulaient à Paris.

Pendant un bon moment, elles ont fait partie du programme des grades judo-ju-jitsu « option ju-jitsu », au sein de la FFJDA. En 1995, elles ont été remplacées.

Pour ma part, elles existent toujours dans  mon enseignement. Pour plusieurs raisons.

D’abord, elles sont efficaces. Ensuite elles sont l’expression du lien indéfectible entre le ju-jitsu et le judo ; techniquement et historiquement. Comme l’avait écrit Christian Quidet, éminent journaliste sportif, dans la préface qu’il avait gentiment signée pour un de mes livres : « Je félicite Eric Pariset de s’être intéressé et de s’être spécialisé dans le ju-jitsu qui est le meilleur complément à la pratique du judo ». C’est vrai que dans cet enchaînement on retrouve les principales grandes projections du judo.

Apprendre o soto gari sur une attaque qui peut survenir dans la réalité et ensuite découvrir tous les enchaînements qui appartiennent au judo sera dans l’ordre des choses. A l’inverse un judoka pourra s’adapter facilement aux applications du ju-jitsu.

Cet enchaînement démontre aussi une forme de travail dans laquelle je me suis épanoui en tant qu’élève, comme professeur et dans les nombreuses démonstrations effectuées dans notre pays et au-delà de ses frontières. Une forme de travail basée sur la fluidité et sur la souplesse.

L’abandonner serait une sorte de reniement, d’autant qu’elle satisfait bon nombre de pratiquants. C’est un travail dans lequel on retrouve les principes fondamentaux d’utilisation de la force de l’adversaire, de la non-opposition, de bascule autour du centre de gravité, bref d’une utilisation optimale des mécanismes corporels.

Que l’on ne me parle pas d’un manque de volonté d’évolution, il y a des règles et des phénomènes physiques qui ne s’abandonnent pas, sauf à se renier et à renier les bases techniques et les principes fondamentaux. Cet enchaînement est porteur de traditions mais aussi de principes immuables.

En plus des acquisitions techniques, cette suite permettra d’acquérir la fluidité indispensable entre les différentes composantes du ju-jitsu.

Ses répétitions affûtent les réflexes et la condition physique. Il s’agit aussi d’une belle démonstration dans laquelle efficacité et beauté du geste se marient parfaitement.

Enfin, les 16 techniques offrent au professeur une base de travail considérable. Par exemple en proposant des réponses différentes à chaque attaque, avec des thèmes variés. On peut aussi les travailler à droite et à gauche, avec plusieurs partenaires, étudier les contre prises qui permettent de renforcer chaque technique, etc.

En conclusion et en résumé, les 16 techniques présentent un ju-jitsu dynamique, efficace, spectaculaire, mais aussi une méthode de self défense, d’éducation physique et mentale, en restant fidèle à une  histoire, à des principes et à ses convictions, ce qui n’est pas la moindre des choses pour un pratiquant d’arts martiaux.

La vidéo proposée a été réalisée en 1991.

www.jujitsuericpariset.com

E comme Enchaînements (1ère partie)

A la lettre E beaucoup de noms méritent une place dans mon dictionnaire des arts martiaux. Par exemple, E comme éducation. L’Education physique et mentale chère à Jigoro Kano qui, grâce à sa méthode de ju-jitsu devenue judo, proposait une « science du combat » mais aussi une « Ecole de vie » qui harmoniserait les rapports humains, améliorant ainsi la vie en société. Dans le même esprit il y a aussi E comme Educateur, ou Enseignant ; deux mots qui occupent une place prépondérante dans ma vie. Il est possible aussi d’évoquer le E d’Exigence, celle que l’on doit imposer à soi-même (avant de l’imposer aux autres). Mais aussi le E d’Excellence, vers laquelle chacun doit tendre, dans son métier et dans ses actes ; non pas dans un systématique esprit de compétition, mais simplement pour s’améliorer.

Après ces quelques beaux exemples, j’aborde le mot que j’ai finalement choisi de développer, à savoir «  Enchaînement ». Dans sa « coquille », ce mot peut d’ailleurs regrouper ceux évoqués plus haut. Puisque répéter des enchaînements contribue à l’éducation physique et mentale, ils sont transmis par un enseignant, ils sont éducateurs techniquement ; de plus on recherche l’excellence dans leur pratique et leur présentation, pour cela il ne faut pas être avare d’exigence.

Au travers de ce beau métier qui est le mien, j’ai toujours eu le souci d’apporter ma contribution à l’évolution qui doit être dévolue à toute science, mais – et j’insiste sur ce point – sans jamais trahir ni l’esprit, ni la forme, ni encore moins les traditions attachées à nos arts martiaux et en particulier à la sagesse de Jigoro Kano. Pour participer très activement à la diffusion de la méthode de ju-jitsu, au début des années 1980, j’ai ressenti le besoin de créer des enchaînements, sans avoir la prétention de rivaliser avec des « monuments » tels que les katas traditionnels, mais pour offrir une complémentarité.

Comme précisé plus haut, j’ai toujours été scrupuleux quant au fait de ne jamais trahir les fondamentaux, il n’a jamais été question non plus d’inventer des nouvelles techniques (ce serait prétentieux), ni remettre en cause les principes sur lesquels notre discipline a batti ses spécificités. Cependant il est possible de peaufiner ce patrimoine en lui apportant le fruit de recherches personnelles.

Ainsi, grâce à une pratique intensive, mais aussi à la mission de transmission, j’ai eu le plaisir d’élaborer plusieurs enchaînements. Des créations qui s’apparentent à de véritables compositions, au même titre qu’un musicien assemble les notes pour créer une mélodie, et un écrivain les mots pour rédiger un roman.

A l’époque cela répondait à un réel besoin et permettait à la fois de proposer des méthodes d’entraînement novatrices, une forme de classification, des moyens d’évaluation et pour certains de ces enchaînements des démonstrations « clefs en main ».

Chaque enchainement possède son histoire et sa raison d’être. J’ai pu en élaborer personnellement six, et un autre en collaboration avec mon père (qui avait mis au point l’intégralité de la méthode « Atemi-ju-jitsu ». Il est toujours correct de rendre à César…).

L’histoire de ces créations a commencé avec les « 16 techniques », l’enchainement qui a connu un véritable succès et que je continue à faire pratiquer. Après il y a eu les « 16 Bis » et les « 16 Ter » dans lesquelles sont travaillées des ripostes plus élaborées en réponse aux attaques des « 16 de base ». Puis sont venues les « 16 contrôles » qui utilisent uniquement la famille des contrôle en clef sur les articulations, afin de proposer une maîtrise adaptée à certaines situations dans lesquelles il est souhaitable que l’issue ne soit pas « fatale ». Quant aux « 24 techniques » elles sont une présentation très concise et ordonnée des attaques les plus probables que l’on peut subir, avec comme réponses les principales techniques appartenant aux grands groupes. Dans cet enchaînement, que j’apprécie tout particulièrement, différents schémas et combinaisons de ripostes sont aussi évoqués. Enfin, en matière de création, il y a le « petit dernier » qui est une suite de quinze techniques, dans laquelle sont mis en exergue deux composantes de notre discipline : les atemi et les katame (les coups et les contrôles).  Je n’oublie pas les « 16 atemis », réalisés en collaboration avec mon père et dans lesquels l’accent est mis sur l’atemi-waza (le travail des coups), un secteur important en matière de défense, mais dans l’esprit du ju-jitsu, sachant que dans cette discipline les coups ne sont pas une finalité, mais le plus souvent une façon d’y parvenir.

D’autres enchaînements ont été déjà élaborés, bien qu’ils ne soient pas encore formalisés « sur papier » ou « en images » ; pour le moment ils sont «dans ma tête» ; il s’agit des « 16 enchainements» et des « 16 contres ». Il y en a aussi un autre que quelques élèves ont baptisé les « 16 extraordinaires » (en toute modestie).

Dans la seconde partie consacrée à cette lettre E, je reviendrai plus en détail sur l’ensemble de ces enchaînements.

eric@pariset.net   www.jujitsuericpariset.com