Ju-jitsu et vacances

C’est en août 1986 qu’a eu lieu le premier stage ju-jitsu à Soulac-sur-Mer. Je m’y étais rendu à l’automne précédent, « en reconnaissance ». C’est à cette occasion que j’avais rencontré Fréderic Fétis. Il s’occupait du Centre Capdeville, là où une majorité de stagiaires logeaient durant plusieurs saisons. Chaque été, durant vingt-cinq années, nous nous retrouvions, ce qui n’a pas manqué de tisser des liens. En plus, j’étais souvent reçu à la table de la famille Fétis. Ce sera un grand plaisir de nous retrouver dans un mois.

Donc, dans quelques semaines, je vais retrouver les forêts de pins, les maisons « soulacaises», les dunes, les kilomètres de plage et bien évidemment l’océan.  Nous sommes dans une station balnéaire à taille humaine. J’avoue que c’est le côté un peu sauvage qui m’avait séduit. Que ceux qui douteraient du dynamisme de la « Perle du Médoc » se rassurent, ils ne s’ ennuieront pas. Je pense qu’à Soulac, chacun trouve ce qu’il cherche et du 14 au 19 août, on trouvera aussi du ju-jistu.

Les séances se dérouleront chaque matin de 9 h 00 à 12 h 00, au dojo municipal. Il est encore possible de se décider, il reste de la place, il faut juste s’assurer de pouvoir être hébergé.

Concernant le stage, nous serons moins nombreux que lors des premières sessions, il y a quelques raisons à cela, nous y reviendrons ultérieurement. Quant au programme, toutes le facettes du ju-jitsu que je pratique et enseigne seront travaillées.

Les cours se déroulant le matin, l’après-midi est libre, l’appellation ju-jitsu-vacances prend alors tout son sens.

Pour ceux qui seraient de passage dans la région à ce moment-là, il sera possible de s’inscrire pour une ou  deux séances, à la carte.

En espérant avoir convaincu ceux qui ne savaient pas où aller et quoi faire entre le 14 et le 19 août.

Bonnes vacances à ceux qui ont la chance de pouvoir partir et dans tous les cas, bel été à toutes et à tous.

Palmarès des articles 2021/2022

Chaque semaine sur la page professionnelle de Facebook  (Club Jujitsu Eric Pariset)  je publie un article qui traite de différents sujets attachés aux arts martiaux. Je le partage sur ma page personnelle et sur ce blog.

En tant qu’administrateur de la page professionnelle,  je bénéficie d’un compteur qui indique le nombre de « personnes atteintes ».

Depuis quelques années, au mois de juillet, je donne le nom des trois premiers articles de la saison écoulée et la date de leur parution, mais aussi, je publie à nouveau l’article le plus regardé.

Cette année, c’est « Il ne veut pas gagner, il veut juste s’amuser » qui remporte la palme (vous le retrouvez un peu plus bas). Je rappelle qu’il s’agit d’une histoire vraie et qui devrait « poser question », si je peux me permettre.

Cet article a été publié le 7 octobre dernier.

Juste derrière c’est un sujet consacré aux grades mis en ligne le 18 novembre 2021 et enfin, en troisième position nous trouvons un écrit sur les différences fondamentales entre professeur et entraîneur. Des différences qui ne semblent toujours pas évidentes pour certains.

Donc, pour résumer : en premier les enfants, en deuxième les grades et en troisième l’enseignement.

Comme promis, ci-dessous, l’article arrivé en tête.

D’abord s’amuser !

Je ne suis pas contre la compétition, mais contre les excès qui parfois l’accompagnent.

Avec un père au palmarès exceptionnel, il serait presque indécent de dénigrer cette forme d’expression, d’autant que, même si les circonstances ne m’ont pas permis de faire de même, j’ai pu apprécier le goût particulier de ces affrontements jusqu’au niveau national.

Ceci étant, il est dommage qu’un énorme pourcentage de l’enseignement dispensé, notamment dans les dojos, soit axé principalement et parfois exclusivement sur ce que l’on appelle couramment « la compète », au détriment des autres facettes offertes par nos disciplines et qui ont aussi et surtout une vocation éducative dans bien des domaines.

Me vient à l’esprit une scène banale dans laquelle la maman d’un enfant se renseigne auprès d’un responsable de club en vue d’une prochaine inscription. Le responsable en question lui fournit les renseignements et conclut : «nous ferons tout pour qu’il aille en compétition et qu’il gagne des médailles ». Ce à quoi la maman répond : «non, il ne veut pas gagner, il veut juste s’amuser ».

On oublie souvent cette notion de jeu, pourtant basique, chez les enfants mais aussi chez les adultes ! Tout comme on oublie qu’il n’est pas nécessaire de rajouter immédiatement une pression avec des objectifs à atteindre, l’école et la société en fournissent déjà.

Est-ce que tout est fait pour satisfaire ceux qui viennent pour s’amuser, se défouler, s’exprimer physiquement, apprendre une technique juste pour le plaisir de la réaliser et de l’améliorer, passer les ceintures, maîtriser la défense personnelle, tout en sachant se contrôler, connaître et respecter les règles de bonne conduite en société avec le Code moral, bref pratiquer un « loisir éducatif et récréatif » ? Tout cela sans subir de pression ou encore une sorte de stigmatisation qui pousse à l’abandon si l’on n’adhère pas à cette « championnite aiguë ».

Peut-être y aurait-il davantage de pratiquants si toutes les facettes des arts martiaux étaient systématiquement proposées. C’est d’autant plus regrettable que cette course aux médailles s’accompagne – parfois – d’excès et de l’absence de précautions qui devraient être attachées à une pratique pour les enfants. Faire perdre du poids avant une compétition, par exemple. Tout cela pour la photo d’un dirigeant dans la presse locale du lundi.

La compétition doit être proposée mais pas imposée, d’autant qu’elle ne peut être qu’une étape. Or, si on ne s’est consacré qu’à cet aspect, une fois que l’âge à partir duquel on ne peut plus participer à ces affrontements est atteint, c’est l’abandon qui survient inévitablement.

Il y aurait beaucoup à dire et à écrire sur ce que l’on pourrait appeler le « revers de la médaille », à savoir les conséquences néfastes de la compétition, mais comme il est toujours préférable de terminer sur une note positive, on peut le faire en affirmant que celle-ci apporte beaucoup de satisfactions (surtout à ceux qui gagnent) et qu’elle permet, à condition que le parcours soit bien encadré, de vivre une très belle expérience ! (J’évoque les disciplines dans lesquelles la compétition est possible.)

Maintenant, on me dira que le marché économique qui entoure le sport de haut-niveau est important et générateur de richesses, d’emplois, etc., ce qui est vrai, mais ce qui est vrai aussi, c’est que dans ce domaine les excès néfastes ne manquent pas ; ceci est un autre sujet à propos duquel nous pourrons débattre.

eric@pariset.net

 

Fin juin : bilan et combat…

Dans notre activité, le mois de juin est propice à établir le bilan de la saison qui s’achève et pour envisager la prochaine. A titre personnel, celle-ci a commencé en pouvant remettre le « blanc de travail », alors que durant la saison précédente (2020/2021) cela n’avait pas été le cas ; du jamais vu dans ma carrière.

Les quelques stages que j’ai pu encadrer ces neuf derniers mois ont été une bouffée d’oxygène pour le moral, mais on ne peut pas encore parler de redressement professionnelle, loin s’en faut ; il y a des catastrophes qui ne se réparent pas d’un coup de baguette magique, même avec une volonté sans faille.

Revenons sur les trois derniers mois de juin :

En juin 2019, c’est avec une joie non dissimulée que j’ouvre un nouveau dojo à Paris, après plusieurs années difficiles dues à quelques coups du sort.

Un an après, en juin 2020, ce n’est pas un coup du sort, mais une injustice, qui m’oblige à rendre les clés du tout jeune dojo.

En juin 2021, c’était très spécial, en effet, comme indiqué plus haut, c’était la première fois dans ma vie de pratiquant, que je ne mettais pas le kimono durant la totalité d’une saison.

Et en ce 30 juin 2022, qu’en est-il ?

Beaucoup d’entreprises ont bénéficié d’aides, elles ont pu éviter la fermeture (pour le moment), et c’est tant mieux. Cependant, et c’est loin d’être une consolation, je ne suis pas le seul à ne pas avoir pu profiter de ces aides et à être plongé dans une situation difficile( le mot est faible ) en étant privé de travail et donc de revenus – ou si peu – depuis deux ans (et ce n’est pas fini) ; il faut mesurer ce que cela signifie. Comme nous représentons une quantité négligeable, sans moyen de pression, nous sommes ignorés.

J’ajoute qu’à la perte de l’outil de travail, donc de travail sans droits au chômage, il faut ajouter la perte sans aucune indemnisation de l’intégralité de l’investissement réalisé juste quelques mois auparavant. C’est juste monstrueux, là aussi, les mots sont pesés…

Donc, ce mois de juin sonne la fin d’une saison durant laquelle il a fallu tenter de réparer d’immenses dégâts.

A la volonté de reconstruire pour ne pas sombrer et à l’énergie que cela représente, s’ajoutent au fil des mois, les doutes, l’incertitude et les angoisses qu’engendrent inévitablement une telle situation. Il s’agit depuis deux ans d’une vie dans laquelle toute sérénité s’est enfuie et les plaisirs évanouis. La vie n’est plus la même et beaucoup de projets personnels ne seront plus réalisables.

Malgré tout, le combat continu et il ne consiste pas uniquement à se plaindre en dénonçant une injustice qui demande réparation, loin de là, mais aussi à retrousser les manches du judogi pour essayer de rebondir. Cependant, ce n’est pas facile, curieusement beaucoup de portes se ferment – ou ne s’ouvrent pas -, allez savoir pourquoi ? Quant à l’hypothèse de me relancer dans l’aventure d’un dojo privé, avec ce que je viens de vivre, c’est à dire une fermeture imposée et non indemnisée, il faudrait être irresponsable (et en avoir les moyens). Et puis, on ne peut pas affirmer que les feux soient « au vert » ; entre le virus qui revient, la guerre en Ukraine, le pouvoir d’achat qui fond comme neige au soleil, etc.

Le plus enrageant, c’est que cela aurait pu être évité ou réparé. Évité avec une gestion différente, réparé avec davantage de solidarité. L’entraide mutuelle, chère à Jigoro Kano, n’est pas souvent appliquée.

Ceux et celles qui n’ont pas failli se reconnaîtront, ils ont fait dans la mesure de leurs moyens, je les remercie du fond du cœur. Je sais aussi que beaucoup auraient voulu apporter leur pierre, mais ils n’en n’avaient pas la possibilité. Il y a une troisième catégorie qui n’a pas bougé, alors qu’elle aurait pu ! Sans oublier une « sous catégorie » (le double sens est bien choisi), qui ne s’est pas gênée pour mettre des bâtons dans les roues ; ce n’est pas à mon âge que de tels comportements m’étonneront.

En cette fin juin, dans une vie qui n’est plus la même, je reste positif et combatif. Concernant, le fameux « rebond » que très gentiment beaucoup me prédisent, il faut admettre qu’il est plus difficile à réaliser avec une balle un peu usée. Mais pas question d’abandonner !

Entre les deux saisons il y aura le stage de Soulac qui sera une belle parenthèse et un grand moment de partage, dans ce lieu qui nous a accueillis merveilleusement pendant vingt-cinq années, entre 1986 et 2010. En espérant que la 7ème vague de ce virus, avec laquelle on recommence à nous inquiéter, ne viendra pas à nouveau tout massacrer et hypothéquer la rentrée.

Normalement, très prochainement, je devrais avoir quelques bonnes nouvelles à annoncer. Peut-être un peu de lumière au bout du tunnel.

En attendant, je souhaite à toutes et à tous un bel été et une reprise gagnante en septembre.

J’ajouterai pour conclure que je ne suis ni aigri, ni envieux par rapport à ceux qui n’ont pas souffert professionnellement durant cette crise. Par contre, c’est mon mépris le plus profond que je réserve aux quelques « donneurs de leçons » qui, quoiqu’il arrive, seront toujours à l’abri !

Les 16 techniques (et compagnie)

Plusieurs articles ont déjà évoqué « les 16 techniques ». Celui que je propose aujourd’hui permet d’insister sur l’outil que représente cet enchaînement né aux débuts des années 1980 pour les besoins d’une démonstration.

« Les 16 techniques », peuvent se suffire à elles-mêmes. On peut travailler chacune d’entre elles en détail, avant de mettre l’accent sur l’exercice qui consiste à les enchaîner vite et fort. Dans ces deux premières phases, l’aspect technique puis l’aspect physique seront travaillés.

L’ensemble de ces techniques est important. Elles font partie du patrimoine, elles permettent l’acquisition de mouvements fondamentaux, tout en faisant découvrir ou renforcer des principes tout aussi fondamentaux comme la non-opposition, l’utilisation de la force de l’adversaire, entre autres.

Concernant l’aspect physique, lorsqu’elles sont enchainées, elles permettent de renforcer les automatismes et la condition physique.

Mais, et c’est important, elles offrent au professeur de multiples outils d’un grand intérêt.

Dans un premier temps, on peut étudier des enchaînements qui envisagent différentes réactions de la part d’Uke. Ce qui n’est pas saugrenu. Ensuite, on peut étudier des contre prises à chaque technique. Étudier un contre entrera dans le processus de renforcement, il nous éclaire sur les points sensibles.

Et ce n’est pas tout. On peut aussi confier aux élèves la « mission » de mettre une réponse de son choix, différente de l’originale. On peut lui imposer un thème, par exemple que la riposte appartienne à une famille précise : clés, étranglements. On peut aussi lui demander de mette une liaison debout sol, pour les techniques qui n’en possèdent pas.

Faire travailler aussi bien à droite qu’à gauche, pourra aussi être proposé.

Enfin, un Tori qui défend et deux Uke qui alternent les attaques, fournira de l’originalité et un sacré renforcement des automatismes et de la condition physique.

La liste présentée n’est pas exhaustive.

Voilà donc un enchaînement qui n’est pas un véritable « couteau suisse », mais plus exactement un « couteau japonais ».

Pour info, nous aborderons ce thème à l’occasion du prochain « dimanche ju-jitsu » le 26 juin prochain à Paris.

eric@pariset.net

Utile…

Chaque métier (je préfère ce mot à celui de travail) possède ses utilités, dont celle de subvenir à nos besoins et à ceux dont on a la charge. Ensuite, il est incontestable que certains métiers ont une utilité plus directe.

Je pense avoir la chance d’exercer une profession qui n’en est pas dénuée (quand je n’en suis pas privé). « Professeur » est une belle appellation. Certains n’ont pas hésité à l’appeler « le plus beau métier du Monde ». Cependant, comme dans beaucoup de professions, on ne peut échapper à quelques incompétences et/ou à des usurpateurs.

Dans les arts martiaux nous avons une triple utilité. L’éducation physique, l’aspect « purement utilitaire »  avec la self-défense et enfin une formation mentale et morale.

L’éducation physique, avec des répétitions qui développent de façon harmonieuse les parties de notre corps qui sont aussi nos « armes naturelles ». Ce renforcement s’acquiert de façon plus agréable que par l’intermédiaire de machines quelque peu austères. Et puis, cette pratique se faisant dans un sens naturel, les risques de blessures sont moins importants que celles provoquées par un développement disons « artificiel ». Nous ne faisons que révéler des qualités et des compétences intrinsèques. On fera l’acquisition de souplesse, de tonicité, de précision et de vitesse. Tout cela au service, entre autre, de notre « science du combat ».

Cette science, pour ce qui concerne le ju-jitsu, est utile sur un plan purement pratique (c’est son ADN), il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas en convenir ; j’ai consacré un bon nombre d’articles sur le sujet, on peut les retrouver sur mon blog. Les techniques ont été souvent utiles à des personnes lâchement agressées (être agressé lâchement est une sorte de pléonasme).

Sur le plan psychologique, ce qui n’est pas le moins important, les bienfaits de l’exercice physique ne sont plus à démontrer. Mais l’étude des arts martiaux (correctement enseignés) se doit aussi d’inculquer des valeurs morales utiles à la vie en société, entre autre, elle doit participer à la lutte contre la violence, ce fléau qui ne fait que progresser, et non pas l’exacerber. Le professeur ne doit pas se contenter de dispenser de la technique, il doit aussi inculquer de l’éthique. Enfin, un enseignement sérieux n’interdit pas que s’invite dans les séances un aspect ludique qui contribuera à un bien être général. Ce qui est bon pour la tête est bon pour le corps et inversement.

Renforcer la confiance en soi, offrir du bien être et participer à une bonne éducation générale, voilà les principaux bienfaits offerts par une pratique bien encadrée et correctement animée.

Ces quelques lignes ne manqueront pas de faire la démonstration du caractère UTILE de ma profession. Bien évidemment, j’en suis très fier.

L’échauffement

Partie incontournable et indispensable d’une séance, l’échauffement est parfois vécu comme redondant, ennuyeux ou trop difficile.

C’est dommage, parce qu’il est indispensable et d’une grande utilité !

Sa vocation est de mettre le corps et l’esprit dans de bonnes dispositions pour l’ensemble de la séance. Il influence forcément la suite du cours. Il ne permet pas uniquement de limiter les risques de blessures, il donne aussi le ton pour la suite. Il ouvre le chemin !

Par définition il ne doit être ni trop long, ni trop difficile, il ne faut pas confondre échauffement et épuisement. Il doit être attractif, et non pas rébarbatif.

Les exercices peuvent être choisis en fonction du thème principal développé lors de la séance.

Sur un plan purement pratique, ce n’est pas tant le choix des exercices qui est important, mais la façon de les pratiquer. Certains que l’on a l’habitude d’exécuter pour s’échauffer peuvent être dangereux s’ils sont fait n’importe comment, trop fort, trop vite, ou trop longtemps.

D’autres auxquels on ne pense pas forcément  peuvent être proposés s’ils sont fait intelligemment, avec mesure. Par exemple des exercices d’opposition très codifiés au cours desquels les partenaires sont en parfaite osmose. C’est pour cette raison que, s’adressant à des débutants, on sera plus prudent avec une sélection de techniques qui devront rester « classiques ».

Si l’échauffement est utile pour éviter les blessures, il n’est pas un « blanc seing » pour le reste du cours durant lequel le professeur pourrait se permettre de faire travailler certaines techniques et exercices dangereux, sous prétexte que l’échauffement a été effectué. Mais la suite de la leçon, c’est un autre sujet !

En conclusion de ce petit article sur l’échauffement, on peut dire qu’il doit être court, attractif et pourquoi pas récréatif, nous sommes aussi dans le loisir. Il doit échauffer les principales articulations et groupes musculaires, solliciter le système cardio-pulmonaire et provoquer un bien être général qui sera un atout pour le reste de la séance.  Un bon échauffement sera la première des conditions pour une séance réussie.

www.jujitsuericpariset.com

 

Professeur et entraîneur

Professeur et entraîneur : ce n’est pas pareil. Les objectifs sont différents, il en est de même pour les qualités indispensables à la fonction et le public auquel on s’adresse n’a pas les mêmes aspirations.

Sans professeur, il n’y aurait pas d’entraîneur, puisqu’on ne peut entraîner qu’une personne qui possède déjà un bagage technique conséquent. Or, parfois on constate que la case professeur est sautée au profit de celle d’entraîneur. En clair, inconsciemment ou pas, certains oublient leur statut de professeurs au profit de celui d’entraîneur.

Chacun son métier et chacun sa mission.

Je n’emploierai ni des mots trop savants, ni des formules trop compliquées pour donner mon humble point de vue.

Le métier de professeur est un des plus beaux métiers du monde mais aussi un des plus difficiles. Pour transmettre les connaissances que l’on possède, il faut de la patience, du bon sens et une bonne « boîte à outils » pédagogique.

Entraîneur, c’est différent, dans la mesure où on s’occupe de personnes qui doivent se surpasser, qui doivent « performer » (pour reprendre un mot « particulier »). Donc on s’adresse à des athlètes qui ont comme but « la gagne ».

Si l’entraîneur se substitue au professeur, il se coupe de la base, de ceux qui sont venus pour une simple pratique physique, pour se défouler, s’amuser ou apprendre à se défendre. Ce qui représente une majorité de personnes mises de coté, ou tout simplement qui ne commencerons pas. Les deux peuvent être compatibles, mais trop souvent l’entraîneur « oublie » le professeur, pourtant indispensable.

Que la compétition puisse être proposée, cela se comprend, mais souvent elle est imposée, même insidieusement avec une forme d’ostracisme involontaire.

Certes, dans l’esprit de certains, il est plus valorisant de s’occuper d’une élite, encore faut-il en avoir les capacités. Un entraîneur doit être un meneur d’hommes et de femmes, doté de qualités psychologiques pouvant s’adapter à chaque athlète. C’est volontairement que j’utilise le mot athlète pour souligner que les personnes qui ont droit à cette appellation appartiennent à une élite qui est forcément coupée de la base. Cette base qui, comme déjà indiqué plus haut, n’a ni les capacités nécessaires, ni  tout simplement l’envie d’appartenir à ce groupe, et qui risque d’être mise sur la touche, si le professeur n’est plus qu’un entraineur.

Cette base qui représente l’immense majorité des pratiquants a besoin d’un professeur, tout simplement. Et si possible un bon professeur. D’où l’importance qui doit être donnée à la formation des futurs enseignants, ne serait-ce que pour éviter cette confusion professeur/entraîneur.

Commencer à entraîner avant d’enseigner, c‘est comme apprendre à plonger sans que l’élève sache nager ! Ou pire, dans une piscine sans eau !

La description faite dans ces quelques lignes n’est pas une règle générale, tant mieux ! Mais il faut être prudent pour qu’elle ne le devienne pas !

Shime-waza, le travail des étranglements

Pour les néophytes, le mot étranglement est souvent effrayant. C’est une peur bien légitime, puisque cela signifie la perte de connaissance si la technique n’est pas maitrisée. Les pratiquants ne ressentent  pas la même crainte, puisqu’avec une parfaite  maitrise technique et le respect des signes d’abandons, les étranglements peuvent être travaillés sans danger. Inutile de préciser qu’ils sont d’une redoutable efficacité.

Leur étude consiste à les appliquer, mais aussi à apprendre à s’en défendre. Que ce soit contre des étranglements « sommaires » ou très techniques.

Les étranglements se pratiquent essentiellement à l’aide des membres supérieurs, mais lorsqu’on se trouve au sol, ils peuvent aussi  s’appliquer avec les jambes ; exemple, le fameux sankaku-jime.

On peut les appliquer en étant de face ou placé derrière le partenaire et cela debout comme au sol.

Il y a les étranglements sanguins et les étranglements respiratoires. Les premiers empêchent l’arrivée du sang au cerveau (ce qui permet de savoir si nous sommes pourvus de cet « instrument »). Les seconds provoquent l’asphyxie en bloquant la respiration. Dans le premier cas on s’endort, dans le second on étouffe !

On trouve aussi deux groupes dans cette famille de techniques. Un premier dans lequel on applique l’étranglement « à mains nues » et un second où l’on utilise les revers d’une veste.

Il est évident que leur étude doit s’entourer de précautions et de mise en garde. Au signal d’abandon qui consiste à frapper deux fois au sol ou sur une partie du corps avec la paume de la main, ou avec le pied (kime-no-kata), l’exécutant doit immédiatement arrêter son action.

Dans la réalité, il faudra être en mesure de « doser » l’action en question. Celle-ci consistant à mettre hors d’état de nuire l’agresseur, sans mettre ses jours en danger, en évitant d’être obligé de recourir aux techniques de réanimation : les techniques apprises lors des cours de secourisme ou dans l’étude des fameux « kuatsu ». Durant toute ma carrière de professeur, je n’ai jamais eu à déplorer d’incidents majeurs. Il est arrivé que des personnes perdent connaissance, mais la retrouvent immédiatement.

S’ils sont terriblement efficaces, il faut souligner que les appliquer sur quelqu’un qui résiste, requiert une longue pratique. Une longue pratique qui fournira de l’efficacité, mais aussi et surtout une indispensable sagesse.

Comme la plupart des techniques pratiquées dans les arts martiaux, les étranglements sont dangereux, mais pas davantage qu’un coup porté sur un point vital ou bien qu’une projection au cours de laquelle la tête de celui qui chute heurte violemment le sol.

Encore une fois, c’est au professeur qu’incombe la responsabilité d’apprendre correctement les  techniques, en entourant leur apprentissage des indispensables consignes de sécurité.

Vaincre sans combattre, deuxième…

Laisser mûrir le coq !

Une partie du pays à la chance d’être encore en vacances et dans ces périodes, j’ai l’habitude de remplacer l’article technique hebdomadaire par un délicieux petit conte. Une de ces histoires qui sont des « leçons de vie ». Aussi, aujourd’hui je continue avec le concept du « vaincre sans combattre ». Je n’ignore pas que cette savoureuse histoire a déjà  eu sa place sur le blog et la page Facebook, mais on ne s’en lasse pas.

Laisser mûrir le coq. « Le roi de Tcheou avait confié à Chi Hsing Tseu le dressage d’un coq de combat prometteur, qui paraissait doué et combatif. Le roi était donc en droit de s’attendre à un dressage rapide… et il ne comprenait vraiment pas que dix jours après le début de l’entraînement il n’ait toujours pas eu de nouvelles des progrès du volatile. Il décida d’aller en personne trouver Chi pour lui demander si le coq était prêt. -« Oh non, sire, il est loin d’être suffisamment mûr. Il est encore fier et coléreux », répondit Chi. De nouveau dix jours passèrent. Le roi, impatient, se renseigna auprès de Chi qui lui déclara : – « Le coq a fait des progrès, majesté, mais il n’est pas encore prêt car il réagit dès qu’il sent la présence d’un autre coq. » Dix jours plus tard, le roi, irrité d’avoir déjà tant attendu, vint chercher le coq pour le faire combattre. Chi s’interposa et expliqua : – « Pas maintenant, c’est beaucoup trop tôt ! Votre coq n’a pas complètement perdu tout désir de combat et sa fougue est toujours prête à se manifester. » Le roi ne comprenait pas très bien ce que radotait ce vieux Chi. La vitalité et la fougue de l’animal n’étaient-elles pas la garantie de son efficacité ?! Enfin, comme Chi Hsing Tseu était le dresseur le plus réputé du royaume, il lui fit confiance malgré tout et attendit. Dix jours s’écoulèrent. La patience du souverain était à bout. Cette fois, le roi était décidé à mettre fin au dressage. Il fit venir Chi et le lui annonça sur un ton qui trahissait sa mauvaise humeur. Chi prit la parole en souriant pour dire : – « De toute façon, le coq est presque mûr. En effet, quand il entend chanter d’autres coqs il ne réagit même plus, il demeure indifférent aux provocations, immobile comme s’il était de bois. Ses qualités sont maintenant solidement ancrées en lui et sa force intérieure s’est considérablement développée. »Effectivement, quand le roi voulut le faire combattre, les autres coqs n’étaient visiblement pas de taille à lutter avec lui. D’ailleurs ils ne s’y risquaient même pas car ils s’enfuyaient dès qu’ils l’apercevaient. »

 

Petite histoire

Cette semaine, à la place de l’article technique, une petite histoire savoureuse extraite du recueil « Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon ».

L’art de vaincre sans combattre. L’intelligence au service de la victoire. Un concept qui n’a pas d’âge, et pourtant…

« Le célèbre Maître Tsukahara Bokuden traversait le lac Biwa sur un radeau avec d’autres voyageurs. Parmi eux, il y avait un samouraï extrêmement prétentieux qui n’arrêtait pas de vanter ses exploits et sa maitrise du sabre. A l’écouter, il était le champion toutes catégories du Japon. C’est ce que semblaient croire tous les autres voyageurs qui l’écoutaient avec une admiration mêlée de crainte. Tous ? Pas vraiment, car Bokuden restait à l’écart et ne paraissait pas le moins du monde gober toutes ces sornettes. Le samouraï s’en aperçut et, vexé, il s’approcha de Bokuden pour lui dire : «Toi aussi tu portes une paire de sabres. Si tu es samouraï, pourquoi ne dis-tu pas un mot » ? Budoken répondit calmement :

-« Je ne suis pas concerné par tes propos. Mon art est différent du tien. Il consiste, non pas à vaincre les autres, mais à ne pas être vaincu. »

Le samouraï se gratta le crâne et demanda :

– « Mais alors, quelle est ton école ? »

– « C’est l’école du combat sans armes. »

– « Mais dans ce cas, pourquoi portes-tu des sabres ?

– « Cela me demande de rester maître de moi pour ne pas répondre aux provocations. C’est un sacré défi. »

Exaspéré, le samouraï continua :

-« Et tu penses vraiment pouvoir combattre avec moi sans sabre ? »

– « Pourquoi pas ? Il est même possible que je gagne ! »

Hors de lui, le samouraï cria au passeur de ramer vers le rivage le plus proche, mais Bukuden suggéra qu’il serait préférable d’aller sur une île, loin de toute habitation, pour ne pas provoquer d’attroupement et être plus tranquille. Le samouraï accepta. Quand le radeau atteignit une île inhabitée, le samouraï sauta à terre, dégaina son sabre, prêt au combat.

Budoken enleva soigneusement ses deux sabres, les tendit au passeur et s’élança pour sauter à terre, quand, soudain, il saisit la perche du batelier, puis dégagea rapidement le radeau pour le pousser dans le courant.

Budoken se retourna alors vers le samouraï qui gesticulait sur l’île déserte et il lui cria – « Tu vois, c’est cela, vaincre sans arme ! »