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La recherche du beau est-elle utile dans les arts martiaux ?
« Toute bonne technique est belle et gracieuse ; elle est une figure dessinée dans l’espace où efficacité et beauté ne font qu’un. » « Les chaussons de la révolution ». Marc-Olivier Louveau
Il est entendu que lorsqu’on sauve sa vie, la priorité n’est pas là. Mais ce n’est pas le cas tous les jours et à l’entrainement, qui occupe la plus grande partie de la vie d’un pratiquant, cette recherche du beau ne semble pas inutile, dans les arts martiaux, par exemple.
« Le beau est aussi utile que l’utile. Il ajouta après un silence : Plus peut-être. » « Les Misérables » de Victor Hugo.
Même si ce n’est pas l’essentiel sur un plan purement utilitaire, ça ne gâche rien, loin de là, surtout quand on pratique une discipline qui est aussi une méthode d’éducation physique et mentale.
Avec les arts martiaux nous avons la chance de posséder beaucoup de techniques qui peuvent à la fois être spectaculaires et efficaces, ce qui n’est pas contradictoire.
La beauté du geste, le style et une forme d’élégance ne sont pas incompatibles avec l’efficacité. Ce n’est pas parce qu’une technique est belle et spectaculaire qu’elle n’est pas efficace et à contrario, ce n’est pas parce qu’une technique n’est pas belle qu’elle est efficace.
La quête « du beau » est une motivation supplémentaire, une fois atteint, c’est un accomplissement doté d’une belle satisfaction.
C’est le résultat de beaucoup de travail, d’efforts et de rigueur, donc de progrès, c’est une saine motivation qui n’est pas négligeable.
Qui ne s’est pas émerveillé devant un parfait uchi-mata (technique de judo, efficace et magnifique), par exemple, et n’a pas ressenti une intense satisfaction en le réalisant (ou en s’en approchant) ?
L’aspect spectaculaire suscite aussi des vocations. Beaucoup ont été impressionnés à l’occasion de galas d’arts martiaux par des démonstrations où l’aspect spectaculaire ne contestait en rien l’efficacité des techniques démontrées, encore moins de ceux qui les exécutaient.
Dans les années 1980 et 1990, J’ai eu la chance de participer à de nombreuses soirées d’arts martiaux en compagnie de personnalités, et je défie quiconque de mettre en doute l’efficacité de Dominique Valéra, d’Angelo Parisi, ou de Christian Tissier, pour ne citer qu’eux et pourtant leurs prestations et leurs techniques étaient spectaculaires, dans trois disciplines différentes.
L’esthétique, c’est aussi un style, une prestance. On peut trouver du beau tout simplement dans une attitude, « une garde », comme on apprécierait une sculpture.
Certes la beauté est subjective et puis, elle ne se trouve pas que dans le geste, mais aussi dans le comportement !
N’oublions pas que nous pratiquons un art martial et qu’il y a donc le mot Art. L’art de savoir se défendre, l’art de savoir s’élever mentalement et physiquement, l’art qui apprend à se surpasser dans tous les domaines, pas simplement de détruire, mais l’art de construire.
Juste un exemple, pour ceux qui ne seraient pas convaincus. Si on se place sur un plan purement utilitaire, un des critères incontournables sera la précision pour obtenir la meilleure efficacité, et bien dans la recherche de l’esthétique ce sera une quête identique.
Et puis, tout simplement « qui peut le plus, peut le moins ». Pour illustrer ce dicton, je terminerais avec une sorte de parallèle par une citation qui n’est pas celle d’un expert en arts martiaux, mais de Woody Allen : « L’avantage d’être intelligent, c’est qu’on peut faire l’imbécile, alors que l’inverse est totalement impossible. » Comprenne qui voudra (ou pourra).
La recherche du beau n’est pas une perte de temps, elle participe à la quête d’une perfection globale. A commencer par une « belle éducation ».
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