Le premier stage de la saison que j’ai eu le plaisir de diriger samedi dernier en région parisienne m’aura permis de retrouver des fidèles élèves et de faire la connaissance de nouveaux visages ; il m’aura aussi donné l’occasion de pouvoir discuter avec des professeurs confrontés à différents problèmes et obstacles dans leur désir de développer la forme de ju-jitsu traditionnel à but non compétitif que j’ai l’honneur d’enseigner depuis des décennies.
Loin de moi l’idée de critiquer ceux qui pratiquent l’aspect « figting-system » d’une discipline que l’on ne peut, dans cette forme, appeler ju-jitsu. S’ils s’expriment dans cette forme de travail, très bien. Cependant ce n’est plus vraiment du ju-jitsu ; celui-ci étant un art de combat destiné à mettre hors d’état de nuire un agresseur ; or la compétition conduit à restreindre le nombre de techniques utilisées en retirant celles jugées trop dangereuses (heureusement), donc les plus efficaces. L’objectif initial tendant à maitriser un adversaire est spolié, puisque les pratiquants sont privés de la substantielle moelle de l’art martial.
Ce constat est d’autant plus regrettable que beaucoup de clubs limitent d’emblée l’apprentissage du ju-jitsu aux seules techniques autorisées en compétition (toujours la « championnite aigüe ») . Le ju-jitsu enseigné et pratiqué ainsi ne peut plus être considéré comme une méthode de défense, mais comme un sport n’attirant que les personnes intéressées par le combat, de ce fait, celles qui désirent apprendre à se défendre se dirigent tout naturellement vers des méthodes affichant clairement leur objectif.
Le ju-jitsu est déjà le « parent pauvre » de la fédération qui en a la gestion officielle ; si l’on ajoute à cette constatation que l’aspect principalement développé est celui du combat, il n’est pas étonnant que les professeurs désirant enseigner un ju-jitsu ressentent un manque évident de moyens.
Cependant, comme dans beaucoup de domaines, la persévérance pour une cause que l’on estime juste est encore la meilleure façon d’aboutir. Je n’ai pas manqué de l’indiquer à mes interlocuteurs.
Il n’empêche que la tâche serait plus facile si une grande fédération disposant de puissants moyens de communication prenait en charge le développement d’une forme de pratique qui forcément trouverait son public : à savoir des personnes souhaitant pratiquer une méthode évolutive et accessible à tous les âges, à toutes les conditions physiques, permettant d’apprendre à se défendre grâce à des techniques efficaces et qui de surcroit apportent le plaisir d’évoluer, le tout dans une ambiance saine et non violente facilitant un épanouissement physique et mental !
Une telle analyse, qui n’est pas la première de ma part, n’a pas pour objectif de critiquer pour critiquer, mais elle est l’émanation d’une déception face à ce que j’appellerai un beau gâchis. D’autant plus que cette forme originelle de ju-jitsu est compatible, complémentaire et indissociable historiquement du judo. A méditer, sur le fait que le problème est peut-être justement là !
IL N’Y A PAS DE PETITS PROFITS / JU-JITSU OU SELF-DEFENSE ? / DECEPTION / ZEN / STAGE.
Mon dictionnaire des arts martiaux s’arrête aujourd’hui à la lettre N. N comme Ne-waza (le travail au sol).
Décidemment il est difficile d’accepter certaines vidéos qui proposent des séquences techniques ou encore des extraits de cours dans lesquels émane davantage de violence que de maitrise de soi. Et encore je n’évoque pas le « street fight » avec lequel on touche le fond. Non, l’article ci-dessous ne concerne que des images filmées dans certains dojos (s’il est encore possible d’utiliser cette appellation), parfois même sous « le regard » de Jigoro Kano. Nous sommes loin de la technique et de la voie de la souplesse qu’il défendait et du système éducatif qu’il prônait.
Nous arrivons à la lettre M de mon dictionnaire.
Aujourd’hui je vous propose la suite de mon dictionnaire des arts martiaux avec la lettre L comme Jean-Claude Leroy.
La semaine dernière je publiais un article sur le début de cette nouvelle saison qui commence cette semaine et sur mon retour dans la capitale. Cet article a connu un succès incroyable en termes de « likes », de commentaires, de partages et de « personnes atteintes » sur la page du club de Facebook. Il y était question du plaisir qui est le mien de retrouver beaucoup de mes anciens élèves et d’initier des débutants ; j’évoquais aussi le ju-jitsu, celui que j’enseigne depuis des décennies, je faisais état de ses atouts.
C’est avec un plaisir que je ne dissimule pas que je reviens à Paris pour y dispenser régulièrement mes cours de ju-jitsu. C’est avec le même plaisir que je vais retrouver beaucoup de mes fidèles élèves, mais aussi faire découvrir notre discipline à de nouveaux venus.
A l’occasion de cette semaine, sans doute très calme en matière d’activité, je me permets de proposer à nouveau un conte que j’aime tout particulièrement. Il est dans la ligne de ma croisade contre la violence. Bonne lecture ! (Histoire issue des « Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon » aux éditions Albin Michel.)