L comme Jean-Claude Leroy.

Aujourd’hui je vous propose la suite de mon dictionnaire des arts martiaux avec la lettre L comme Jean-Claude Leroy.

A une époque où l’on efface encore plus vite que l’on encense, c’est faire preuve de la moindre des corrections que de ne pas oublier ceux qui vous ont marqué et aidé. C’est ce que je m’attache à faire avec mon dictionnaire personnel.

Aujourd’hui je vous parle d’un temps que beaucoup ne peuvent pas connaître. C’était en février 1973, le Service national existait encore et je venais d’être incorporé au Bataillon de Joinville qui, comme son nom ne l’indiquait pas, était basé à Fontainebleau. Ce régiment réunissait des judokas en âge d’effectuer leurs obligations militaires et qui possédaient les qualités requises pour accéder à ce prestigieux groupe. C’est là que j’ai fait la connaissance de Jean-Claude Leroy, un des judokas le plus talentueux que j’ai connu et qui n’a pas eu le palmarès qu’il aurait dû conquérir.

Il était devenu un ami, et peut-être même, parfois un grand frère. Il était mon aîné de deux années et dans beaucoup de domaines il bénéficiait d’une expérience plus importante que la mienne. Ceci étant, je le dis avec humour et sympathie, il n’était pas forcément utile de suivre tous ses conseils, mais il allait de l’avant ; le problème c’est que l’énergie dont il disposait n’était pas assez canalisée.

Ce n’est que mon avis, mais il aurait pu (et dû) devenir notre premier champion du Monde de judo dans les années 1970. Un uchi-mata à gauche dévastateur, un panel impressionnant de techniques autour de ce « spécial », une vitesse exceptionnelle, un sens du combat développé à l’extrême, et une classe folle. En France il a battu les meilleurs de sa catégorie (les « légers », les moins de 63 kilos de l’époque), mais jamais dans la compétition qu’il fallait. Alors que lui a-t-il manqué dans sa conquête du graal ? Peut-être tout simplement l’envie ! Il aimait sans doute trop de choses dans la vie pour se consacrer à une seule. Et puis la beauté du geste lui importait davantage que les reflets de la médaille. Il préférait perdre en ayant tenté de « jolies choses », que gagner « aux pénalités ». Je l’évoque au passé, puisqu’il nous a quittés bien trop tôt au milieu des années 1990.

Né d’une mère vietnamienne et d’un père français il avait un physique fait pour les arts martiaux, surtout au cœur des années 1970, en pleine « période Bruce Lee ». Et comme entre autres qualités il maitrisait parfaitement l’atemi-waza (le travail des coups) grâce à une souplesse naturelle et à son sens du combat déjà évoqué plus haut (sens du combat qui est transposable dans toutes les arts martiaux), il n’aurait pas manqué de briller dans les autres formes d’opposition.

Après avoir passé presque tout notre Service national ensemble, nous avons continué à nous fréquenter ; il habitait dans le Val d’Oise et appartenait à un très grand club : le J.C.V.B. (Judo-Club-Villiers-le Bel). Il est venu enseigner quelques temps au dojo de la rue des Martyrs et surtout il était avec moi au début de l’aventure de l’atémi-ju-jitsu, puisque nous avions été, lui et moi, les deux « acteurs » du premier livre – produit par la F.F.J.D.A. – qui proposait la progression par ceintures. Nous avions réalisé aussi quelques documents vidéo. Puis, comme cela lui arrivait souvent, il disparaissait. C’est sans lui que j’ai continué la croisade pour cette méthode de ju-jitsu.

Le rythme de nos rencontres s’est étiolé au fil des ans ; seul, ce que l’on appelait à l’époque le « Tournoi de Paris » (grand rendez-vous annuel du judo) permettait de nous retrouver en tant que spectateurs attentifs, jusqu’à ce que la maladie nous sépare définitivement. La lettre L de ce dictionnaire ne pouvait que lui être consacrée.

eric@pariset.net   www.jujitsuericpariset.com

 

6 réflexions sur « L comme Jean-Claude Leroy. »

  1. Merci M Pariset merci de conserver la mémoire de Jean Claude
    Exceptionnel par son special uchi mata qu’il m’avait enseigner au judo club de gonesse (il habitait en face) me disant que ce n’etait pas un mouvement de jambe mais de bras
    C’est grace a lui que j’ai recolté suelques medailles aux departementales
    Au club de viliers le bel JCVB n’oublions pas le professeur sarazin les Salade gouaslatd et autres pons
    Merci encore M Pariset

  2. Bonjour Mr Pariset,

    Je m’appelle Olivier Leroy, je suis un des fils de Jean Claude, c’est tout à fait par hasard que pour la toute première fois je Tape sur nom + Judo, avec l’espoir de tomber sur, au moins, un article d’une de ses victoires en championnat de France, et à ma grande surprise, je suis tombé sur votre blog!!
    C’est avec beaucoup d’emotion Et de fierté que j’ai relu votre article sur celui qui sera, à jamais, notre idole (je parle de ma fratrie).

    Je tiens sincèrement à vous remercier chaleureusement d’avoir aussi bien honoré la mémoire de mon père, je sais , d’avance que ma famille vous sera également, très reconnaissant pour cette touchante attention

  3. j ai fait parti des bonnes années du JCVB des années 75 -80 .
    Avec M A.Breton( president) , Maitre Sarrazin et Jean Claude Leroy ( un grand Frère ) nous avons eu une jeunesse magnifique en titres mais aussi en fraternité. Même si JC n a pas eu son “Holy Grail” , ce fut un modèle pour nous tous au JCVB .
    Je vis à Hong Hong depuis 1982 , mais ma vie ne serait pas ce qu’elle est aujourd hui ( j ai 63 ans) si je n avais pas rencontré JC !
    Merci aussi à votre père , avec qui a l Inès ou alors Dojo National j ai eu le privilège de plusieurs Randories .
    Paix a leur âme !
    et merci de votre message .
    D.Pont……..

  4. J ai très bien connu jean Claude Leroy dans les années 70 moi même étant judoka nous étions amis en dehors du judo j ai longtemps chercher à le recontacte mais jamais sans résultat je suis tombé sur votre blog et j ai appris cette triste nouvelle moi même étant d origine viet j avis un lien particulier merci Mr pariset pour cette hommage que vous lui avait rendu

  5. Je veux à mon tour rendre hommage à Jean Claude Leroy qui a eu beaucoup d’influence sur ma vie de judoka et sur ma vie tout court. Il avait une attitude que M. Pariset a très bien décrite et empreinte de modestie.Il a été un modèle pour moi. Il était un excellent pédagogue, je l’ai connue au JCVB en même temps que D.Pont. C’est lui qui m’a poussé à passer le professorat en 1978 et qui m’a motivé à plusieurs reprises.nJe garde un souvenir ému de nos contacts et j’aimerai une fois me recueillir sur sa sépulture lors d’un voyage à Paris (je vis en suisse depuis 1984), pourriez-vous me dire ou la trouver ? merci à vous M.Pariset et à votre père. Fabien Smadja

  6. Bonjour, Merci pour votre très gentil message. Mais malheureusement je ne peux pas vous répondre. Nous avions perdu le contact quelques temps avant sa disparition. Il faut souhaiter que quelqu’un qui est en possession de cette information lise nos messages et puisse nous la communiquer.
    Merci encore et bien cordialement.
    Eric Pariset

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Le temps imparti est dépassé. Merci de recharger le CAPTCHA.