
Savoir chuter n’est pas simplement indispensable pour progresser en ju-jitsu et dans les arts martiaux pourvus de projections, ça peut l’être aussi dans le quotidien. Certes nous ne passons pas notre vie à tomber et à nous relever (quoique), mais cela peut arriver à n’importe qui, n’importe quand.
« C’est en chutant que l’on apprend à chuter ». Cette formule que j’aime bien employer n’a de valeur qu’après avoir assimilé et répété les apprentissages spécifiques. Mais il n’est pas nécessaire – au risque de perdre du temps et que cela devienne rebutant – de passer trop de temps avec ces répétions. Rien ne vaut le perfectionnement dans l’action de la projection, à la condition de bénéficier d’un bon partenaire. Et puis, des méthodes d’entrainements comme les uchi-komi peuvent être des palliatifs à la systématicité de la chute.
En ju-jitsu nous comptons deux catégories de chutes : les « chutes de situation » qui pourront être utilisées dans la réalité et les « chutes de répétitions », celles le plus couramment utilisées (heureusement) lors des séances. Dans chacun de ces groupes, il faut distinguer la chute-avant et la chute-arrière. Ce qui fait quatre formes de « brise-chutes ».
Ce ne sont pas les mêmes automatismes dont il faudra faire preuve selon que l’on chute sur un tatami ou sur un sol dur. Frapper avec le bras tendu, comme nous devons le faire en dojo pour répartir l’onde de choc n’est pas conseillé sur le macadam. Au même titre, dans la réalité, il faudra tenter de se retrouver debout le plus vite possible et de préférence face à l’agresseur.
Dans tous les cas, la tête et les articulations du bras devront être protégées en priorité. Sur l’arrière, il faudra prendre soin de rentrer la tête (menton dans la poitrine) et de tendre le bras ; en frappant lorsque l’on se trouve en dojo et en roulant sur une épaule en cas de perte d’équilibre hors-dojo. Sur l’avant, dans les deux cas, les bras serviront de roues et d’amortisseurs. Lors des entraînements la réception se fera jambes tendues et parallèles, dans la réalité il sera utile de plier une jambe à la réception, de façon à se relever face à un agresseur survenu par l’arrière.
Comme indiqué au début de cet article, savoir chuter peut être utile dans la vie courante, que ce soit en raison d’une glissade sur la neige, en cas de chute de cheval (pour ceux qui ont la chance de pratiquer l’équitation), ou lorsque l’on se « prend les pieds dans le tapis » ! Etc. Maitriser l’art de la chute est incontournable pour pratiquer le ju-jitsu, c’est aussi une forme d’assurance pour le quotidien.
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Avec une présentation plus complète du nage-waza, (travail des projections), ce billet étoffera celui publié le 13 octobre dernier dans lequel étaient évoquées les trois familles du ju-jitsu (atemi, nage et katame).
Notre pays a toujours été strict concernant l’encadrement des activités sportives. Ce n’est d’ailleurs pas le seul domaine soumis à une forte réglementation et certains de nos excès en matière de contrainte administrative font notre réputation. Il s’agit sans doute des défauts de nos qualités. Etre rigoureux quant il s’agit de s’assurer qu’une activité physique et à fortiori une discipline de combat est correctement encadrée ne semble pas extravagant. D’autres pays ne sont pas aussi sourcilleux.
Que ce soit bien clair, je ne suis absolument pas contre la compétition – tous sports confondus -, même s’il y aurait beaucoup à dire sur certaines dérives qui touchent parfois le sport de haut-niveau ; ce que l’on pourrait appeler le revers de la médaille. L’affrontement codifié, lorsqu’il est pratiqué avec un bon état d’esprit et dans le respect des règles est formateur sur bien des plans, il permet de se surpasser le jour J, mais surtout il impose une discipline de vie emprunte d’efforts et de rigueur lors de la préparation.
Arme fatale par excellence, puisqu’il s’agit bien souvent d’une addition de force, la contre-prise est utilisée de fait en self-défense, en réponse à une attaque (agression en l’occurrence). Exception faite pour quelques défenses par anticipation. Le ju-jitsu, dont le principe de base est l’utilisation de la force de l’adversaire est particulièrement efficace dans ce domaine.
Du 2 au 7 juillet, j’aurai le grand plaisir de proposer un stage d’une semaine sur les bords de la Méditerranée, à Carqueiranne exactement. Située entre Hyères et Toulon cette charmante station balnéaire accueillera pour la première fois une semaine de ju-jitsu-vacances.
Judo Magazine juillet-aout 1983. Je remercie Marc Codaccioni de Toulon (très prolixe sur les réseaux sociaux) d’avoir « exhumé » la couverture de la revue judo parue en juillet 1983. C’était l’époque où sous l’impulsion d’une commission technique motivée et persuadée qu’un ju-jitsu éducatif pouvait être associé au judo, un plan de relance énergique de « l’héritage des samouraïs » était mis en place. Depuis le début des années 1970, nous étions quelques professeurs à avoir testé avec succès la méthode appelée atemi-ju-jitsu. Au sein de cette commission, nous mettions notre expérience au service d’un plus grand nombre d’enseignants. On m’avait alors confié la responsabilité des premiers stages de perfectionnement en direction des professeurs qui souhaitaient élargir leur panel technique. C’était à Chamonix au pied des neiges éternelles du Mont-Blanc. Par la suite les évènements n’ont pas été à la hauteur des espérances en matière de rapprochement et encore moins d’union, qu’importe la technique est restée, elle a satisfait un nombre considérable de passionnés et continue à le faire.
Tori et Uke sont deux personnages bien connus des pratiquants d’arts martiaux et notamment des ju-jitsukas, ils sont les deux partenaires lors des séances d’entraînement. Pour faciliter les présentations nous pourrions expliquer que dans ce couple d’inséparables, Tori incarne « le gentil » et Uke « le méchant ». Cette définition, même si elle facilite l’identification des rôles, est un peu simple dans la mesure où les deux protagonistes sont complémentaires et non pas adversaires. Sans Uke, Tori n’existe pas. Affirmer que c’est Tori qui a le « dernier mot » serait plus juste pour signifier les implications respectives.
Ces cinq mots commençant par la même lettre, résument ma conception du ju-jitsu. Celle-ci m’a guidé tout au long de mon parcours.
Dimanche dernier, à l’occasion du stage j’ai donc retrouvé Paris, je l’avais quitté en avril dernier. Ce fût l’occasion de passer un excellent moment en compagnie de mes anciens élèves et le bonheur de faire mon métier auprès de personnes convaincues et enthousiastes.