Kawaishi fait partie des personnages qui, dans leur domaine, marquent leur époque en laissant d’impérissables souvenirs. Si dans notre pays, judokas et ju-jitsukas, en nombres considérables assouvissent leur passion, c’est un peu grâce à ce personnage haut en couleur.
Le but de cet article est davantage de développer des impressions personnelles que de proposer une biographie détaillée que chacun pourra trouver sur Internet.
Je n’ai pas connu personnellement Kawaishi Sensei (1899-1969). Mon père lui, le connaissait et il avait pratiqué sous sa férule ; il m’avait d’ailleurs conté quelques anecdotes à son sujet que je ne me permettrai pas de relater. Non pas qu’elles soient préjudiciables à la mémoire du grand homme, mais simplement parce qu’elles n’ont pas de rapport, ou très peu, avec ce qu’il représente et ce qu’il a représenté.
Pour moi Kawaishi, ce sont avant tout trois choses : d’abord les «ceintures de couleur», ensuite la «Méthode Kawaishi» et enfin la self-défense.
Les ceintures de couleur d’abord. Il avait bien compris l’esprit européen – et français en particulier -, impatient et friand de récompenses. Ceci étant, il ne faut pas renier cette initiative qui participe largement à la fidélisation des pratiquants et à établir une hiérarchie des valeurs (shin-gi-tai) sur les tatamis. Leur utilité a été renforcée avec les demi-ceintures créées pour les enfants dans les années 1990.
Quant à la « méthode Kawaishi » de judo, elle répondait à un certain besoin d’organisation propre aux occidentaux. Les techniques ne portaient pas des noms japonais, mais des numéros dans chacun des groupes auxquels elles appartenaient (jambes, hanches, bras, etc.). Ainsi o-soto-gari était le 1er de jambe, Ippon-seoe-nage le 1er d’épaule, etc. Le classement était valable aussi bien debout qu’au sol. J’ai commencé à l’aide de cette nomenclature et avec mes partenaires, c’était à celui qui en connaissait le plus, sans pour autant savoir les exécuter. Ensuite, pour des raisons d’universalité, nous avons connu les appellations japonaises actuelles. Ce classement était pragmatique et facilement assimilable, en termes de mémorisation des noms. Pour le reste qu’il se nomme 10ème de hanche ou uchi-mata, s’il est mal fait, il est mal fait ; s’il est réussi, il est magnifique.
Enfin, Maître Kawaishi portait un intérêt évident pour la self-défense. Il a d’ailleurs écrit un livre appelé « Ma méthode de self-défense ». Cependant, il la distinguait du ju-jitsu, sans doute pour marquer les esprits sur l’aspect spécifiquement utilitaire et peut-être aussi parce qu’à l’époque, au japon, notre art martial ne bénéficiait pas d’une réputation flatteuse.
Il était doté d’une forte personnalité, que certains décrivaient comme autoritaire, mais est-il possible de réaliser de grandes choses et d’imposer un peu d’organisation sans un esprit de décision affirmé ? Le fameux kime, que l’on retrouve dans un célèbre kata : le kime-no-kata, littéralement « le kata de décision ».
A Paris il avait créé un club qui s’appelait le « Judo-Club de France » et c’est en son sein qu’il avait formé et nommé les premières ceintures noires française.
Il a su s’entourer d’une équipe à la solide complémentarité et avec laquelle il a posé les bases d’un judo français qui fait référence dans le monde entier. Il appartient à cette catégorie de gens qui, de par leur engagement et leur personnalité, ont marqué un domaine et sans lesquels, le domaine en question n’aurait sans doute pas brillé comme cela a été le cas.
eric@pariset.net www.jujitsuericpariset.com
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Cet article est en quelque sorte la suite de celui proposé le 21 janvier dernier. Il était question de self-défense, un sujet qui ne cesse de passionner, ce qui semble normal ; être en capacité de défendre son intégrité n’est pas extraordinaire, y parvenir n’est pas acquis d’avance.
Quelle est la méthode de self-défense la plus efficace ? Voilà une question redondante de la part de néophytes. Cela me rappelle mon enfance et ma préadolescence, lorsque dans la cour de récréation (et pas que là) une question revenait fréquemment : qu’est-ce qui est le plus fort, le judo ou le karaté ? Cette interrogation n’était pas que l’émanation d’une candeur enfantine, beaucoup d’adultes s’interrogeaient aussi. Il faut dire que le judo avait opté assez vite pour un aspect sportif en délaissant celui attaché à la self-défense qui avait pourtant fait quelques uns de ses beaux jours. Peu de temps après, le karaté arrivait un peu comme la nouvelle méthode infaillible. L’aïkido, entrait également dans le paysage, mais plus discrètement ! Cette guéguerre stérile entre judo et karaté dura un temps, jusqu’à ce que dans les années 1970 émergent de nouveaux arts martiaux ; je pense, entre autres, au taekwondo et surtout au kung-fu qui fut sacralisé par l’irremplaçable Bruce Lee. C’est à ce moment là que mon père, Bernard Pariset (judoka au palmarès exceptionnel, mais également passionné par les disciplines de combat) a insisté pour qu’au sein de la fédération de judo soit réhabilité le ju-jitsu (l’origine du judo) en lui donnant le nom d’atemi-ju-jitsu afin de souligner la remise en valeur du travail des coups.
Ce que l’on appelle par facilité le kimono n’est pas une tenue pour pratiquer, mais plus exactement un vêtement. Chaque art martial possède sa propre appellation pour désigner ce que l’on endosse dans un dojo ; parmi les plus répandues on trouve le judogi, le karategi, le keikogi. On évoque très peu le « jujitsugi », sans doute parce que le ju-jitsu est amalgamé au judo. Problème d’identité propre à cet art dans notre pays, mais c’est un autre débat. Il n’empêche que quel que soit son nom, cette tenue est importante et ne saurait être négligée ; j’y vois plusieurs raisons.
Dans un dojo, comme dans beaucoup d’associations sportives, toute discussion politique ou religieuse est bannie. Aussi je ne saurais déroger à cette règle ; il n’est donc pas question de prendre parti, Il s’agit juste de s’étonner que perdure une situation qui est préjudiciable à beaucoup de domaines. Ce qui est regrettable, c’est cette incapacité à trouver une solution satisfaisant l’intérêt général. Les dirigeants et les différents responsables ne montrent pas l’exemple ; certes, eux ne sont pas impactés, pas le moins du monde, ils sont parfaitement à l’abri ; est-ce une raison pour être à la limite de l’irrespect et de l’irresponsabilité ? Notamment quand on voit les usagers des transports en commun voyager dans des conditions que l’on n’accepterait pas de faire subir à des animaux. Sans parler des autres dommages collatéraux.
Pour ce premier billet de l’année, j’ai choisi d’aborder deux sujets. Un sujet d’actualité et un autre plus technique.
Comme la semaine dernière, c’est une petite histoire issue du savoureux livre « contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon » que je propose aujourd’hui en guise d’article. Dans celle qui suit, il est question de l’esprit (le shin). L’aboutissement de notre travail semble, en effet, être le reflet de notre âme. Que cette lecture entraîne une réflexion positive à l’aube d’une nouvelle année.
Comme à chaque période durant laquelle certains ont la chance de profiter de quelques jours de repos, en lieu et place de mon billet hebdomadaire, je propose une petite histoire. Issue du savoureux livre « contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon ». Des histoires qui ont été réunies par Pascal Fauliot aux éditions Albin Michel.

Chaque semaine j’ai le plaisir de proposer un article, à la fois sur le blog et sur la page Facebook du club. Du coté « administrateur », je bénéficie d’un compteur qui me permet de connaitre le nombre de personnes « touchées » par ce billet hebdomadaire.

Durant ces derniers mois et à plusieurs reprises j’ai évoqué le moment fort de mon année 2019, à savoir l’ouverture du nouveau dojo. En juillet dernier se concrétisait un beau projet et commençait une nouvelle aventure.