Nous sommes à un mois de la rentrée et même si pour moi elle est encore incertaine, j’ai pensé écrire quelques lignes à propos d’un sujet qui me tient à cœur, à savoir « la pratique éducative ».
Sur la carte professionnelle des enseignants de disciplines de combat, il est bien spécifié « éducateur sportif » et non pas « destructeur sportif ». Certes, nous enseignons des techniques qui, à la base, sont faites pour mettre hors d’état de nuire et même complètement hors d’état pour certaines.
C’est toute la difficulté et tout l’intérêt que de transformer des techniques qui sont des armes de destruction en moyens d’éducation physique et mentale. Une nuance que tout le monde n’est pas capable d’offrir.
Un enseignement des « arts de combat » qui se veut éducatif doit être entouré de mille précautions. Les notions de légitime défense, d’intégrité physique, de respect de son corps et de celui de son partenaire ne doivent pas être négligées, et tout simplement de respect de la vie. A l’entraînement nous travaillons avec des partenaires et non pas avec des adversaires. Du latin PAR : avec et AD : contre.
Une pratique se doit d’être éducative sur le plan physique, mais aussi mental, tel que le prônait Jigoro Kano et même, un peu avant, les fondateurs de la boxe française dans notre pays.
Éducative physiquement, dans la mesure où elle doit permettre le développement de qualités physiques en proposant une pratique adaptée qui va apporter une bonne condition physique, ainsi que des qualités de souplesse et de tonicité musculaire. Comme déjà indiqué plus haut, ces techniques sont faites pour détruire, mais elles doivent aussi être des moyens d’évolution physique, tout en conservant leur efficacité ; être en capacité de concilier les deux n’est pas toujours compris.
Pourtant nous bénéficions de suffisamment d’expérience et de recul, malgré tout certaines pratiques sont encore trop « accidentogènes » soit par négligence, soit par une idéologie tendant à affirmer qu’il faut faire comme dans la réalité. En oubliant que la réalité, c’est la réalité et que l’entraînement c’est l’entraînement. La violence lors d’une agression est telle qu’il ne semble pas sain de la transposer dans le dojo. Et puis, le bon sens veut que si on se blesse fréquemment, on s’entraîne moins souvent et que par conséquent, on progresse moins. Et tout simplement, au lieu d’améliorer son corps, petit à petit, blessure après blessure, on le détériore.
Donc, pour éviter cela il faut que l’enseignant respecte certaines consignes et adapte son enseignement à sa « population », que ce soit en termes de niveau technique, de condition physique et d’âge. Il doit insister sur la dangerosité de certaines techniques réalisées sans contrôle et qu’avec une pratique adaptée, on peut tout à la fois devenir efficace sans se blesser.
Certes nous ne pratiquons pas du « tricot », et les risques encourus sont plus importants dans nos activités, mais l’expérience, les compétences et la vigilance du professeur sont les principales garanties qui limitent les risques de blessures. Que ce soit dans les pratiques utilitaires, sportives et encore davantage quand il s’agit de loisirs. La grande majorité des futurs élèves et des élèves recherche une pratique accessible physiquement et dans laquelle les risques de blessure sont limités. Les pratiques extrêmes ont un fan-club qui n’est pas majoritaire.
N’oublions pas que Jigoro Kano avait défini deux critères dans sa sélection de techniques : efficacité et sécurité. Pour cela il en avait éradiquées certaines et mis au point toute une série de méthodes d’entraînement, du kata au randori, qui permettaient de progresser en proposant une pratique d’opposition codifiée et donc intelligente, éducative et non destructive.
« On ne franchit pas les portes d’un dojo pour se faire mal, mais pour apprendre à ne pas se faire mal. »
Enfin, et c’est presque l’essentiel, il ne faut pas oublier l’état d’esprit, c’est-à-dire l’aspect mental. Dans ce domaine aussi, le rôle du professeur est primordial, il se doit de combattre la violence et non pas de l’exacerber. Dans le domaine de la self défense les techniques seront enseignées en insistant sur le fait qu’elles ne devront être utilisées qu’en cas d’extrême nécessité. Elles sont une « assurance », pas un permis de détruire.
L’objectif d’un art de combat est de s’élever mentalement, techniquement et physiquement : « le Shin-Gi-Tai » de Jigoro Kano.
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Il y a quelques temps j’avais évoqué le projet de publier « Mon dictionnaire des arts martiaux », mais préoccupé par de graves événements, j’ai mis de côté la finalisation d’un travail déjà bien commencé. Dernièrement, je m’y suis attelé à nouveau.
Chaque semaine sur la page professionnelle de Facebook (Club Jujitsu Eric Pariset) je publie un article qui traite de différents sujets attachés aux arts martiaux. Je le partage sur ma page personnelle et sur ce blog.
Dans notre activité, le mois de juin est propice à établir le bilan de la saison qui s’achève et pour envisager la prochaine. A titre personnel, celle-ci a commencé en pouvant remettre le « blanc de travail », alors que durant la saison précédente (2020/2021) cela n’avait pas été le cas ; du jamais vu dans ma carrière.
La semaine dernière, c’est un article consacré aux 16 techniques qui était proposé, il est logique que cette semaine nous nous intéressions à deux autres enchaînements créés à leur suite, à savoir les 16 Bis et les 16 Ter.
Plusieurs articles ont déjà évoqué « les 16 techniques ». Celui que je propose aujourd’hui permet d’insister sur l’outil que représente cet enchaînement né aux débuts des années 1980 pour les besoins d’une démonstration.
Partie incontournable et indispensable d’une séance, l’échauffement est parfois vécu comme redondant, ennuyeux ou trop difficile.
Professeur et entraîneur : ce n’est pas pareil. Les objectifs sont différents, il en est de même pour les qualités indispensables à la fonction et le public auquel on s’adresse n’a pas les mêmes aspirations.
Pour les néophytes, le mot étranglement est souvent effrayant. C’est une peur bien légitime, puisque cela signifie la perte de connaissance si la technique n’est pas maitrisée. Les pratiquants ne ressentent pas la même crainte, puisqu’avec une parfaite maitrise technique et le respect des signes d’abandons, les étranglements peuvent être travaillés sans danger. Inutile de préciser qu’ils sont d’une redoutable efficacité.
Parmi les trois grands axes ( enseignement, démonstrations et publications ) qui ont animé ma vie professionnelle, c’est naturellement l’enseignement qui a occupé la plus grande part de mon activité, c’est aussi celui qui m’a donné le plus de satisfactions.