Les méthodes d’entraînement

harai-goshiLes « méthodes d’entraînement » sont un ensemble d’exercices destinés à améliorer une technique en particulier ou encore un thème bien précis. Dans le déroulement d’une séance elles peuvent être placées entre l’étude technique et les randoris (exercices libres), bien que ceux-ci fassent partie de cet ensemble. Elles peuvent également faire l’objet de séances spéciales. Elles prennent généralement la forme de répétitions, statiques ou en déplacement.

Très codifiées et conventionnelles, ces méthodes d’entraînement sont indispensables, leur pratique ne doit pas être négligée, même si certaines, tels que les uchi-komi en statique sur une projection (bien connues des judokas), ne sont pas considérées par les étudiants comme la partie la plus agréable d’une séance. La récompense viendra des progrès qui en découleront.

En ju-jitsu, Il en existe un nombre important, dans tous les domaines, aussi bien debout qu’au sol, dans le travail des coups et dans celui des projections.

Les plus connues, sont les fameux « uchi-komis » (déjà évoqués en amont). Ce mot est difficilement traduisible en français – le principal sens que l’on peut lui attribuer est « d’entrer » -, il s’agit de répéter une technique de projection juste dans sa première partie, de préférence en soulevant son partenaire, par série de dix ou de vingt et même davantage. L’exercice pourra être pratiqué en déplacement, sans oublier les répétitions tout seul, « dans le vide » selon une formule connue des adeptes.

Ensuite, il y a les exercices à thème, que l’on peut appeler également « exercices pré-arrangés ». Un exemple, en atemi-waza où Tori travaille ses coups et Uke ses défenses. Cela s’appelle kakari-geko (un sur deux qui attaque). Ce travail peut aussi être proposé avec les projections. Autre exemple avec le ne-waza (travail au sol) : dans une position de défense adoptée par Uke, Tori œuvre dans le but de finaliser, il peut ainsi progresser dans son système d’attaque sans craindre le contre et de fait se renforcer dans le domaine étudié.

On l’aura compris, du moins je l’espère, ces méthodes permettent de se concentrer sur une technique ou un thème particulier et par la répétition… progresser. L’objectif de ce billet n’est pas de toutes les présenter (loin de là), mais d’insister sur leur utilité et de ne pas passer directement de l’étude technique aux randoris traditionnels.

Cela ne m’empêchera pas de proposer par la suite d’autres exercices de ce type, fruits de l’expérience et de l’imagination d’un passionné !

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Le pari du vieux guerrier

06cad30e00d5b6ef2e59f9e88094c720C’est avec beaucoup de plaisir que je publie de temps à autres une histoire issue du recueil de Pascal Fauliot « Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon ». Ces petites histoires nous offrent une belle matière à réflexion et nous rappellent que nos disciplines ne sont pas que de simples activités physiques.

 

Le pari du vieux guerrier.

Le seigneur Naoshige déclara un jour à Shimomura Shoun, l’un de ses vieux samouraïs : « La force et la vigueur du jeune Katsushige sont admirables pour son âge. Quand il lutte avec ses compagnons il bat même les plus âgés.

Bien que je ne sois plus tout jeune, je suis prêt à parier qu’il ne parviendra pas à me vaincre », affirma le vieux Shoun.

Naoshige se fit un plaisir d’organiser la rencontre qui eut lieu le soir même dans la cour du château, au milieu d’un grand nombre de samouraïs. Ceux-ci étaient impatients de voir ce qui allait arriver à ce vieux farceur de Shoun .

Dès le début de la rencontre, le jeune et puissant Katsushige se précipita sur son frêle adversaire et l’empoigna fermement, décidé à n’en faire qu’une bouchée. A plusieurs reprises, Shoun décolla du sol et faillit aller rouler dans la poussière ; cependant, à la surprise générale, il se rétablissait à chaque fois au dernier moment.

Exaspéré, le jeune homme tenta à nouveau de le projeter en y mettant toute sa force mais, cette fois, Shoun profita habillement de son mouvement et c’est lui qui réussit à déséquilibrer Katsushige et à l’envoyer au sol.

Après avoir aidé son adversaire à demi inconscient à se relever, Shoun s’approcha du seigneur Naoshige pour lui dire : «Etre fier de sa force quand on ne maîtrise pas encore sa fougue, c’est comme si on se vantait publiquement de ses défauts. »    

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Préférences

SAMOURAISelon une étude publiée dans le quotidien Le Parisien le 18 octobre dernier, la compétition arrive en dernier quant aux motivations qui conduisent à la pratique d’une activité physique. Cette étude, réalisée auprès des franciliens, englobe tous les sports ; les disciplines de combat ne doivent pas échapper à cette analyse, si ce n’est que pour les arts martiaux l’aspect utilitaire doit être en bonne place dans les critères de motivation. Que la compétition arrive en dernier est une raison supplémentaire pour se demander ce qui amène certains arts martiaux traditionnels « à but non-compétitif » à se tourner vers un aspect contre-nature (la compétition) et qui n’intéresse donc que peu de monde ? On peut aussi se demander pourquoi, dans les sports où la compétition existe déjà, dans certains clubs (pas tous), celle-ci est souvent rendue incontournable, provoquant ainsi une stigmatisation à l’encontre de ceux qui ne souhaitent pas forcément s’y adonner, soit par manque de moyens techniques et physiques, soit tout simplement par manque d’envie ?

Dans cette étude, il ressort que la détente et le loisir arrivent en premier, en deuxième la santé, en troisième les rencontres, en quatrième le contact avec la nature et en dernier la compétition. Concernant le contact avec la nature, les arts martiaux se contenteront de la «nature humaine».

Que l’on ne se méprenne pas, je ne suis pas contre la compétition, je me suis souvent exprimé sur ce sujet (preuve en est le partage de nombreuses vidéos sur me page Facebook), simplement, dans les disciplines où la compétition est possible, celle-ci doit être une étape (non obligatoire) mais sûrement pas une finalité. Certes il s’agit là d’une bonne expérience, développant de belles qualités, et pour le sport en question, cela tient lieu de vitrine. Cependant, existe aussi le «revers de la médaille », c’est un autre sujet qu’il sera intéressant de développer ultérieurement.

Dans les disciplines de combat qui pratiquent les compétitions d’affrontement direct, il a été indispensable d’établir un règlement excluant les techniques les plus dangereuses, donc les plus efficaces, celles qui sont le fondement d’un art de combat. Etant interdites en compétition, bien souvent elles ne sont plus enseignées dans les cours, par une fâcheuse manie qui consiste à faire la part belle uniquement à celles autorisées, reléguant au second plan un enseignement s’inscrivant dans une pratique traditionnelle, complète, efficace, ouverte à tous les gabarits et toutes les conditions physiques, mais aussi à tous les âges. Sans oublier l’aspect formateur sur un plan mental, apportant un bien-être personnel, mais aussi collectif.

Là aussi, tout comme pour le sujet de la semaine dernière sur la « tenue », mes propos ne sont pas l’émanation d’un refus d’évoluer, mais tout simplement du respect d’une identité et d’une forme de logique. Enfin, la complémentarité entre un judo, – dans lequel existe des compétitions – et un ju-jitsu traditionnel – sans compétition d’affrontement direct -, permettait à chacun de pratiquer en fonction de ses aspirations. De plus, cette complémentarité offrait de belles passerelles entre deux formes de travail aux racines communes.

J’ai bien souvent abordé le sujet, mais la publication de l’étude évoquée plus haut m’a paru être une bonne occasion d’y revenir. Et puis, nous sommes encore en début de saison et ceux qui viennent de rejoindre la grande famille des arts martiaux, n’ont peut-être pas le loisir de remonter le temps sur ce blog.

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Self-défense

tomoe-nageNous sommes encore en début de saison et certains n’ont peut-être toujours pas choisi l’activité qui va être la leur durant les mois à venir. J’évoque ici la self-défense qui est la principale motivation, avouée ou pas, qui conduit un néophyte jusqu’à un dojo.

Parmi les personnes sensibles à cet aspect, nous pouvons distinguer deux groupes. D’abord, celui dans lequel sont rassemblés ceux pour qui l’aspect utilitaire est important mais sans être le seul. Le désir de s’épanouir également dans une discipline physique et mentale les anime. Et puis dans le second groupe se trouvent – justement – les personnes intéressées uniquement par la self-défense. Pour cette seconde catégorie, la pratique n’a que peu de chance de s’inscrire dans la durée, à moins d’être un professionnel de la sécurité. Aller plusieurs fois par semaine s’entraîner avec pour seul objectif celui d’être capable d’éliminer un agresseur le plus vite possible peut vite s’avérer lassant et reflète un état d’esprit particulier. De plus dans cette catégorie certains se sont laissés abuser par la promesse d’être efficace en quelques séances. Un néophyte peut y croire, (quoique), mais lorsqu’un (soi-disant) enseignant le propose, il y a un problème. Il est vrai qu’existe une question récurrente : « En combien de temps, pourrai-je apprendre à me défendre ? », et même, une fois, une réflexion encore plus surprenante émanant d’une personne à qui j’expliquais que les inscriptions se faisaient pour une saison : « Ah non, moi je veux prendre quelques séances, juste le temps pour apprendre à me défendre et ensuite, je reprendrai la danse ! ».

Dans ces conditions il y a un travail de persuasion pour expliquer que l’invincibilité, tout comme la perfection, n’existe pas chez le commun des mortels, l’envie de s’en approcher est déjà une belle motivation et cela s’inscrira dans la durée.

Il est du devoir des professionnels de ne pas laisser les néophytes dans une telle ignorance, tout comme à l’inverse, il est faux d’affirmer que vouloir essayer de garantir son intégrité physique (et celle de son prochain) est illusoire et que la pratique d’un art martial n’apportera rien dans le domaine de l’utilitaire. Que cela est l’affaire de professionnels.

Comme dans toutes choses, c’est le juste milieu qu’il faut rechercher, le domaine de l’efficacité n’y échappe pas.

Premièrement, effectivement il n’existe pas de méthode miracle offrant l’invincibilité. Deuxièmement, la pratique d’un art martial réveillera des réflexes intrinsèques et permettra l’acquisition de techniques et d’automatismes. Troisièmement, chacun possède un potentiel personnel (et oui, là non-plus, nous ne sommes pas tous égaux) et chaque séance permettra de l’augmenter. Enfin, il faut rappeler qu’il n’est pas question d’apprendre à attaquer (ce n’est pas le rôle du citoyen, celui-ci se mettrait d’ailleurs en porte-à-faux avec la justice), mais juste à se défendre, ce qui est déjà suffisant.

Ne nous quittons pas sans évoquer le choix de la discipline (de la méthode de self-défense) et celui d’un club, d’un professeur, plus précisément, puisqu’il n’existe pas de bonnes ou de mauvaises méthodes, mais de bons professeurs et…de moins bons ! Tout d’abord, autant s’orienter vers un art qui étudie tous les cas de figures en matière de combat : travail à distance, en corps à corps, debout et au sol, etc. Ensuite, Il est indispensable de s’assurer des compétences de celui qui va être l’enseignant. Dans notre pays nous ne sommes pas dépourvus en matière de réglementation, mais certains arrivent à passer au travers et parfois notre secteur d’activité n’échappe pas au charlatanisme. Donc, il ne faut pas hésiter à bien se renseigner, demander quelles sont les qualifications, formations, diplômes, etc. Et faire confiance à la réputation. De plus, le ressenti personnel, après la (ou les) séance(s) à l’essai – que le professeur ne manquera pas de proposer – sera très important. Il faudra être attentif à ce que l’ambiance soit « saine » psychologiquement, et que règne un bon état d’esprit dans le dojo ; la violence n’étant certainement pas le remède à la violence. Tout est une question d’éducation, les professeurs d’arts martiaux sont aussi des éducateurs, leur rôle et leur responsabilité sont majeurs !

Enfin, en matière d’agression, il faut savoir que les surprises existent. Il est arrivé à des personnes pourtant très affutés de ne pas avoir pu se sortir d’une mauvaise situation et d’autres, bien qu’étant au début de leur pratique, réussir à faire face (à leur grand étonnement d’ailleurs). Le facteur «  chance » entre en ligne de compte et puis, confronté au terrible stress que représente une agression chacun ne réagira pas de la même façon. Comme je pense (et espère) que personne n’envisagera de provoquer ce cas de figure dans l’unique but de se tester, il faut souhaiter deux choses : la première de ne jamais se trouver dans une telle situation et la seconde d’être doté naturellement d’un sang-froid à toute épreuve. Et puis, au risque d’être répétitif (justement), avoir mis le plus de chances de son coté grâce à une pratique régulière. Ce dernier point est bien souvent en fonction de la motivation et la motivation est l’affaire… de l’enseignant !

Bonne pratique à tous.

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Le kumi-kata

KUMIKATA2Cet article fait suite à celui posté la semaine dernière sur ce blog ainsi qu’aux réactions engendrées.

A l’occasion des épreuves de judo des Jeux Olympiques de Rio, Il a beaucoup été question du kumi-kata et notamment durant la finale de Teddy Riner. Finale à l’issue de laquelle notre héros national est entré dans la légende et dans le club très fermé des judokas doubles médaillés olympiques.

Ce que l’on nomme kumi-kata, est tout simplement la saisie du judogi. La plupart des techniques du judo debout se réalisant à partir de ce que l’on appelle aussi « la garde » (Bien que certaines projections puissent se pratiquer « à la reprise ».) Il y a différentes façons de prendre ce kumi-kata ; chaque combattant ayant ses préférences, celles-ci correspondent aux techniques favorites et à son propre « système d’attaques ». Cela signifie qu’en judo on a tout intérêt à assurer sa prise de judogi favorite et à l’inverse d’empêcher l’adversaire d’imposer la sienne. Mais les règles d’arbitrage en vigueur sanctionnent certaines actions qui tendent à faire lâcher la garde de son adversaire, on comprend aisément l’importance que revêt cette première phase.

C’est ainsi que souvent, lors des compétitions et avant toute projection, on assiste à de belles empoignades, celle-ci ayant pour but d’imposer sa saisie favorite. Pour les non-initiés cela prend certaines fois des allures de « bagarres de chiffonniers ».

L’importance donnée à cette phase du combat induit quelques effets néfastes. Le premier consiste à ne plus utiliser ce que l’on appelle « l’attaque à la reprise » (évoquée plus haut.) En effet, la meilleure façon d’empêcher d’être verrouillé serait – aussi – d’attaquer immédiatement. Il existe des techniques adaptées à cette situation, même si, encore par la faute de nouvelles règles, l’arsenal en la matière se réduit ; interdiction du morote-gari et du kata-guruma, par exemple. Ensuite cela favorise inévitablement les plus forts physiquement : essayez donc d’imposer votre kumi-kata à Teddy Riner ! Quid du principe d’utilisation de la force de l’adversaire ? Et enfin comme nous avons pu le constater, la stratégie qui consiste à faire obtenir des pénalités à son adversaire en l’empêchant de prendre sa garde, – donc d’attaquer – est bien souvent abusive ! De tels comportements nous éloignent de l’esprit du judo qui doit être en priorité basé sur l’attaque. De plus, soit dit en passant, l’aspect self-défense, devient inexistant si l’on se doit d’imposer son kumi-kata avant de projeter son agresseur.

Les règles d’arbitrage dont il est question ci-dessus en vigueur de puis plusieurs saisons  et qui ont déjà fait couler beaucoup d’encre (et de sueur) avaient pour objectif de favoriser l’initiative, il n’est pas certain que celui-ci soit atteint. C’est pour cette raison qu’il ne faut pas trop en vouloir aux combattants, ils tentent de s’adapter. Les enjeux sont importants, ils récompensent, entre autres, des années d’efforts. Malheureusement, il n’y a pas que dans ce domaine où les athlètes sont victimes de systèmes qui les dépassent, mais ceci est une autre histoire…

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Un « o-goshi à la bordelaise ».

BJJ%20O%20Goshi« Un o-goshi à la bordelaise » (et mes rapports avec le judo).

Pour le judo, les Jeux Olympiques sont terminés et le bilan est finalement bon, bien davantage que l’on pouvait le redouter à mi-parcours. Teddy Riner n’a pas failli, il faut reconnaitre qu’il possède une marge de sécurité par rapport à ses adversaires, et une belle surprise nous a été faite grâce à Emilie Andéol. N’oublions pas les autres médaillés. Les judokas français nous ont rarement déçus dans les grandes occasions.

J’ai pensé que c’est le bon moment pour évoquer mes rapports avec le judo. En effet, certains sont étonnés que bien que ju-jitsuka (et à l’extérieur de la FFJDA), je me passionne pour cette discipline (le judo), notamment au travers de partages réguliers – sur le célèbre réseau social – de belles phases techniques réalisées en compétition et que – par exemple – j’évoque les J.O. Autre étonnement lorsque l’on constate que je pratique et enseigne un ju-jitsu que certains appellent « très judo » et cela en étant également en dehors de la fédération…de judo ! La vie n’est pas avare en paradoxe.

Avec un père judoka au palmarès et aux états de services conséquents, il ne pouvait pas vraiment en être autrement. C’est donc par le judo que j’ai commencé ma pratique des arts martiaux à l’âge de cinq ans. Par la suite je me suis spécialisé en ju-jitsu, tout en ayant jamais cessé d’être judoka. D’abord par plaisir. Ensuite pour l’intérêt que représente la finesse de certaines techniques. Mais aussi grâce à la stratégie qu’il faut mettre en place lors des combats ou des randoris (exercices d’entraînement). Enfin parce que dans ce « sport de combat » il n’y a aucune atteinte à l’intégrité physique, la violence en est bannie. Cela n’empêche pas, loin de là, un véritable engagement physique.

Ju-jitsu et judo sont de la même famille, l’un a donné naissance à l’autre. Ils ne sont pas adversaires, ils sont complémentaires. Ils ne se nuisent pas l’un l’autre, bien au contraire. Certes, Il existe des différences dont la principale réside dans le fait que le premier est un art martial et le second un sport de combat. Au début des années 1970, lorsque la méthode « atémi-ju-jitsu » a été mise au point, c’était précisément l’objectif que de proposer une « voie » différente de l’aspect compétition en offrant une forme de retour aux sources et à l’aspect self-défense. Cette méthode était « calquée » sur la progression du judo, afin de faciliter la tâche des enseignants. Les élèves pouvant pratiquer l’un ou l’autre des deux aspects, ou encore en changer sans difficulté. Cela permettait de conserver « tout le monde à la maison ». Ce n’était pas très compliqué à comprendre, mais malheureusement certains ont vu dans le ju-jitsu une concurrence au judo, ce qui était stupide dans la mesure où les objectifs n’étaient pas les mêmes. Par contre, développer l’aspect compétition en ju-jitsu a été une double erreur . Premièrement cela dénature l’art martial, celui-ci devant rester à but non-compétitif et deuxièmement, pour le coup, cela a créé une vraie concurrence avec les compétitions de judo !

Pratiquer les deux est souhaitable, pas indispensable, mais inévitablement un bon enseignement du ju-jitsu permettra de découvrir et de se perfectionner dans toutes les projections qui composent le patrimoine du judo.

En restant dans ce domaine et en rapport avec le titre de cet article, dernièrement on a beaucoup parlé de « l‘o-goshi de la jeune femme bordelaise ». En effet, celle-ci a réussi à projeter un agresseur avec cette technique qui signifie grande bascule de hanche. Preuve en est que les projections ont une efficacité redoutable, cela accrédite le billet publié sur ce blog il y a une quinzaine de jour. Qui pouvait d’ailleurs en douter ? J’émettrai deux réserves concernant les commentaires qui ont fait suite à ce fait divers. D’abord, certains ont critiqué l’agressée qui n’aurait pas été capable de se maîtriser en projetant son agresseur(?!). Deuxièmement, la jeune femme déclare que de ce fait, elle va se remettre à la pratique du judo ou plutôt d’une autre discipline qui revendique la simplicité dans l’apprentissage des techniques de survie, mais dans laquelle… o-goshi n’existe malheureusement pas. Dommage !

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Le secret de l’efficacité

 

muso_attackVacances pour certains, reprise pour d’autres, de toutes les façons en ce moment l’activité est réduite (sauf à Rio) et l’ambiance reste estivale. Le corps se repose un peu, mais l’esprit peut continuer à fonctionner et la petite histoire que je vous propose y contribuera. Petite histoire toujours extraite du livre « contes et récits des arts martiaux ». Bonne lecture.

Le secret de l’efficacité

Devenu un expert et un professeur renommé dans l’Art du sabre, Ito Ittosai était cependant loin d’être satisfait de son niveau. Malgré ses efforts il avait conscience que depuis quelques temps il ne parvenait plus à progresser.

Dans son désespoir, il décida de suivre l’exemple de Bouddha. Les sutras rapportent en effet que celui-ci s’était assis sous un figuier pour méditer avec la résolution de ne plus bouger tant qu’il n’aurait pas reçu la compréhension ultime de l’existence de l’univers. Déterminé à mourir sur place plutôt que de renoncer, le Bouddha réalisa son vœu : il s’éveilla à la suprême Vérité. Ito Ittosai se rendit donc dans un temple afin de découvrir le secret de l’Art du sabre. Il consacra sept jours et sept nuits à la méditation.

A l’aube du huitième jour, épuisé et découragé de ne pas en savoir plus, il se résigna à rentrer chez lui, abandonnant tout espoir de percer le fameux secret.

Après être sorti du temple, il s’engagea dans une allée boisée. A peine avait-il fait quelques pas que, soudain, il sentit une présence menaçante derrière lui. Sans réfléchir il se retourna en dégainant son arme.

C’est alors qu’il se rendit compte que son geste spontané venait de lui sauver la vie : un bandit gisait à ses pieds, sabre en mains.    

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Teddy Riner, J.O. et projections.

jo-2016-teddy-riner-porte-drapeau-de-la-france-rioNotre pays et la délégation française aux jeux olympiques de Rio se sont dotés d’un superbe porte-drapeau en la personne de Teddy Riner. C’est une consécration pour l’athlète mais aussi pour le judo. A noter qu’il existe deux précédents pour la discipline avec Angelo Parisi en 1984 à Los Angeles et David Douillet en 2000 à Sydney.

Cette information m’a donné l’envie d’évoquer un groupe de techniques que j’apprécie particulièrement et qui est commun au judo et au ju-jitsu, je veux parler des projections, le nage-waza. Le ju-jitsu étant à l’origine du judo les techniques de cette « famille » sont absolument les mêmes sur la forme, mais avec une finalité différente. Identiques dans la forme et avec le même but, à savoir : « faire chuter l’autre ». L’adversaire en compétition de judo, le partenaire à l’entraînement (pour les deux disciplines) et un éventuel agresseur en cas de fâcheuse rencontre. Certes, dans ce domaine, quelques adaptations propres à la compétition ne peuvent être appliquées  A l’inverse, elles ne sont pas semblables dans l’esprit, dans la mesure où d’un coté nous sommes en présence d’un sport et de l’autre d’un art martial à but non-compétitif, tout du moins pour la forme de ju-jitsu que je pratique et enseigne.

Les projections demandent sans doute beaucoup plus de travail que les autres secteurs, peut-être même quelques prédispositions naturelles. Il ne faut pas être avare d’heures d’apprentissage, de répétitions, de transpiration, mais aussi parfois d’abnégation. Un peu de talent ne gâchera rien. Le tout devant être entouré par un bon enseignement. Mais elles procurent aussi énormément de satisfactions. Par exemple, chercher la finesse d’une technique en supplément de ses principes de bases et la maîtriser ! Cela relève de la quête du graal.

Certes, avec les catégories de poids les projections ont perdu un peu de leur caractère exceptionnel et même magique, par exemple lorsque dans les épreuves « toutes catégories » un combattant beaucoup plus petit projetait un adversaire beaucoup plus grand et beaucoup plus fort physiquement avec une superbe technique d’épaule. Il n’empêche que lorsque l’on assiste à une compétition certains « pions » nous offrent un spectacle dont on ne peut se lasser. D’abord, il y a de l’esthétique. Ensuite, lorsque l’on est pratiquant on mesure la somme de travail et de talent qu’il faut rassembler pour réaliser ce qui peut paraître assez naturel aux yeux d’un néophyte.

Côté entraînement et à l’occasion de la pratique du randori, faire chuter la personne qui est devant nous procure une très grande satisfaction, sans intention de l’humilier et encore moins de la blesser. S’y rencontrent alors la notion d’efficacité, avec celle d’une forme de jeux par la grâce d’un affrontement totalement dépourvu de violence et sans atteinte à l’intégrité physique (ces exercices se pratiquant sur un tatami et avec une personne maîtrisant parfaitement l’art de la chute.)

Quant aux projections et leur rapport avec la self-défense, il est indéniable qu’elles ont une efficacité phénoménale (imaginons un o-soto-gari, sans tatami et avec la complicité d’un rebord de trottoir.) Certes, comme expliqué plus haut, elles demandent davantage de travail, mais elles sont indispensables dans certaines situations, contre des saisies par exemple. Et puis, du travail et des répétitions il en faut dans tous les domaines et bien plus encore dans celui de l’auto-défense. « Apprenez à vous défendre en dix leçons » cela n’existe pas ! Une méthode dite simple et qui va à l’essentiel, pourquoi pas, mais on ne peut échapper d’une part à l’apprentissage de défenses sur toutes les formes d’attaques et d’autre part (au risque de me répéter) au fait que l’efficacité passe par l’apprentissage mais aussi et surtout par d’inlassables répétions.

A l’inverse, si on ne maitrise pas correctement « l’art de la projection » un complexe s’installera et entraînera une forme de rejet ainsi que des critiques injustes à son égard (il est plus facile d’incriminer l’outil que de se remettre en question.) Encore une fois, la solution à ce problème s’appelle le travail. « On ne peut rien contre l’entraînement ». Cette citation, maintes fois utilisée sur ce blog est un nouveau petit clin d’œil à un ancien élève qui se reconnaitra, il en est un bel exemple !!! N’oublions pas non plus la catégorie composée de ceux qui aiment faire chuter, mais qui n’aiment pas chuter, que ce soit en démonstration, à l’entraînement et bien évidemment en compétition. Il s’agit d’un sentiment assez naturel, mais, sans Uke (celui qui chute) pas de Tori (celui qui fait chuter.)

Pour conclure et en lien avec le début de cet article, je pense que nous souhaitons tous, judoka ou pas, amoureux des projections ou non, un nouveau sacre olympique à notre merveilleux champion pourvu d’une personnalité aussi forte que son o-soto-gari !

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Laisser mûrir le coq…

tatouage-coq-francais-tattooAu cœur d’un été qui ne nous laisse pas vraiment de répit, un nouveau petit récit toujours extrait du livre que j’affectionne tout particulièrement : « Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon ». A méditer, selon l’irremplaçable formule !

Le roi de Tcheou avait confié à Chi Hsing Tseu le dressage d’un coq de combat prometteur, qui paraissait doué et combatif. Le roi était donc en droit de s’attendre à un dressage rapide… et il ne comprenait vraiment pas que dix jours après le début de l’entraînement il n’ait toujours pas eu de nouvelles des progrès du volatile. Il décida d’aller en personne trouver Chi pour lui demander si le coq était prêt.

– « Oh non, sire, il est loin d’être suffisamment mûr. Il est encore fier et coléreux », répondit Chi.

De nouveau dix jours passèrent. Le roi, impatient, se renseigna auprès de Chi qui lui déclara :

– « Le coq a fait des progrès, majesté, mais il n’est pas encore prêt car il réagit dès qu’il sent la présence d’un autre coq. »

Dix jours plus tard, le roi, irrité d’avoir déjà tant attendu, vint chercher le coq pour le faire combattre. Chi s’interposa et expliqua :

– « Pas maintenant, c’est beaucoup trop tôt ! Votre coq n’a pas complètement perdu tout désir de combat et sa fougue est toujours prête à se manifester. »

Le roi ne comprenait pas très bien ce que radotait ce vieux Chi. La vitalité et la fougue de l’animal n’étaient-elles pas la garantie de son efficacité ?! Enfin, comme Chi Hsing Tseu était le dresseur le plus réputé du royaume, il lui fit confiance malgré tout et attendit.

Dix jours s’écoulèrent. La patience du souverain était à bout. Cette fois, le roi était décidé à mettre fin au dressage. Il fit venir Chi et le lui annonça sur un ton qui trahissait sa mauvaise humeur. Chi prit la parole en souriant pour dire :

– « De toute façon, le coq est presque mûr. En effet, quand il entend chanter d’autres coqs il ne réagit même plus, il demeure indifférent aux provocations, immobile comme s’il était de bois. Ses qualités sont maintenant solidement ancrées en lui et sa force intérieure s’est considérablement développée. »

Effectivement, quand le roi voulut le faire combattre, les autres coqs n’étaient visiblement pas de taille à lutter avec lui. D’ailleurs ils ne s’y risquaient même pas car ils s’enfuyaient dès qu’ils l’apercevaient.

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A l’ombre des pins de Sainte-Maxime

JOA_6190 bisA l’ombre des pins, entourés d’oliviers, en compagnie des cigales et des écureuils avec d’un coté les premières collines du Massif des Maures se découpant dans un ciel à l’azur parfait, de l’autre un petit « aperçu mer ». Voilà décrit en quelques mots le cadre idyllique dans lequel nous avons évolué pour la partie extérieure de nos séances d’entraînement lors du stage de Sainte-Maxime. Le matin à 9 heures et à l’ombre des pins parasols, nous ne pouvions souffrir de la chaleur, il en était de même pour la suite des cours dans le très beau « dojo des Bosquettes » grâce à une clim salvatrice.

Une superbe ambiance entourait ce stage grâce à des stagiaires dotés d’une mentalité irréprochable d’une belle volonté et d’une grande gentillesse.

Au programme, les « 16 atémis » et leurs suites, « les 16 techniques », le nouvel enchaînement consacré aux atemi et aux katame (coups et contrôles), mais aussi beaucoup de techniques (de base et avancées), un travail sur les trois composantes du ju-jitsu, la construction d’enchaînements au travers desquels chacun pouvait faire état de ses préférences, mais aussi des randoris qui ont permis d’affûter les automatismes et de parfaire sa condition physique tout en prenant énormément de plaisir au travers d’exercices d’affrontement très codifiés qui savent préserver l’intégrité physique.

C’est une belle semaine qui s’achève, même si la fréquentation n’a pas été celle que l’on aurait pu espérer quantitativement parlant, mais il faut avouer que rien n’a été facile ces derniers temps. Il y a bien évidemment le climat particulièrement atroce dans lequel notre pays est plongé depuis des mois, ponctué par la tragédie qui s’est déroulée quelques jours avant notre rendez-vous dans la ville voisine de Nice. Mais il existe aussi des raisons personnelles sur lesquelles il n’est pas utile de revenir. Enfin, il s’agissait de renouer avec une manifestation qui n’était plus proposée depuis quelques années. Un nouveau départ est une formidable motivation.

Et puis, il y a ce qui est important et essentiel : la satisfaction affichée des stagiaires, les progrès qu’ils ont réalisé et à titre personnel la sensation d’avoir « bien fait son métier »

Je n’oublie pas (comment serait-ce possible ?) la belle surprise qui m’a été offerte par les stagiaires le jeudi midi, jour de mon anniversaire. Des moments privilégiés qui font chaud au cœur et qui rendent la vie plus douce. Merci à tous !

Le stage devrait bien se terminer ce midi autour de l’aïoli provençale !

La seconde période du stage de Sainte-Maxime commencera le 7 août pour se terminer le 12. Si pour certains, rien n’est encore prévu dans leur agenda…

Site ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com