La nostalgie

La nostalgie des années 1960 et 1970,  les années de mes débuts (même un peu avant).

Jusqu’à la fin des années 1970, le Judo, le Karaté et l’Aïkido se partageaient les tatamis. Je n’oublie pas la Boxe française, notre art martial à la française.

Ces quatre disciplines je les ai pratiquées. A partir de 1970, d’autres entrent dans le paysage, comme le Taekwondo et le Kung-fu avec la trop courte carrière de Bruce Lee.

Si j’évoque la nostalgie, c’est que nous n’étions pas tout à fait dans le même monde. C’était « le bon vieux temps des arts martiaux ». Il y avait l’attrait de disciplines entourées d’un certain mystère. Elles étaient considérées comme des « Écoles » de la maîtrise, du contrôle, de la sagesse et du combat contre la force brutale. Des « Ecoles de vie ».  Elles possédaient une « philosophie ».

J’ai la nostalgie de tatamis foulés par des pratiquants assidus, à la recherche du détail et de la finesse qui permettaient de réaliser une technique avec le moins de force possible, avec laquelle le plus faible pouvait maîtriser le plus fort, il y avait quelque chose en plus ; quand la science rencontrait la magie.

Ça n’empêchait pas un investissement physique important et les litres de sueur « d’embaumer » les judogis.

Le « c’était mieux avant » est parfois agaçant. Sans tomber dans cette systématisation des regrets, il faut admettre que certaines évolutions n’en sont pas, tout dépend du point de vue dans lequel on se place.

J’ai souvent évoqué le respect qui semble s’amenuiser, que ce soit envers les traditions, les lieux de pratique, les tenues et tout simplement envers les personnes. En l’occurrence le professeur. Le respect de l’autorité, tout simplement.

Je ne pense pas que ce soit ringard ni désuet d’insister sur la nécessité et sur l’importance de ces règles. L’actualité nous le confirme chaque jour.

D’autant que nous pratiquons des disciplines d’affrontement, si elles ne sont pas encadrées avec rigueur, elles peuvent basculer dans des pratiques dangereuses, mentalement et physiquement.

Dangereuses mentalement avec la banalisation et même l’augmentation de la violence. Dans certains cours suintent la brutalité et parfois l’acharnement, alors que nous sommes « mandatés », nous professeurs, pour combattre la violence. La violence se combat aussi par l’exemple.

A force de n’insister que sur une (éventuelle) efficacité immédiate, on passe à côté de toute la richesse et la sagesse de nos disciplines, en matière d’éducation, mais aussi d’efficacité, avec l’apprentissage d’une grande variété de techniques qui permettent, justement, de s’adapter à toutes les formes d’attaques.

C’est un poncif que d’affirmer qu’on ne combat pas la violence par la violence, et pourtant cela semble être malheureusement oublié, parfois.

Dangereuse physiquement parce qu’une pratique brutale génère des blessures qui, par définition, limitent les entraînements et laissent d’irréversibles séquelles. Sans parler des découragements et des abandons. Et puis, on est davantage là pour apprendre à ne pas se faire mal, que pour se faire mal. Voilà une nuance qui doit faire réfléchir !

Si ne sont proposés que des pratiques brutales, ne seront formés et fidélisés que des brutes. De toutes les façons, la brutalité n’est pas une garantie d’efficacité.

Il est vrai que le dojo et la rue ce n’est pas la même chose ; et c’est tant mieux. Dans la rue ça finit toujours mal, pour une des deux parties et même pour les deux. L’une peut se retrouver à l’hôpital, l’autre au poste de police, ou bien les deux au même endroit.

L’autre aspect qui affecte les disciplines de combat se trouve dans le « tout compétition ». D’abord il y a celles où il n’est tout simplement pas possible de les instaurer, sauf à les dénaturer et à leur retirer une grande part de leur substance. Je ne suis pas contre la compétition, loin de là, mais il ne faut pas oublier qu’elle n’est qu’un passage. Si on a tout misé dessus, lorsqu’arrive l’âge où il n’est plus possible d’y participer, on assiste à des abandons, alors qu’il y a encore tant de choses à découvrir et à partager.

Pour finir et revenir au combat contre la violence, il y a deux principaux remèdes : la sanction et l’éducation. La semaine dernière sur ma page j’avais mis cette citation : « Éduquez les enfants et il ne sera pas nécessaire de punir les hommes » Pythagore. Rien à ajouter.

Ce tableau un peu sombre ne m’empêche pas – bien au contraire – d’être toujours animé par une  indestructible passion dans l’enseignement que je dispense. Je sais aussi que d’autres professeurs adhérent à mes propos et à mon état d’esprit, c’est encourageant.

(La photo d’illustration représente le mythique dojo parisien de la rue des Martyrs à la fin des années 1950.)

www.jujitsuericpariset.com

L’empreinte

Screenshot

Faire progresser ses élèves est l’objectif principal, constater leur évolution est une satisfaction méritée. Si en plus on laisse « sa signature », sa façon de faire, alors s’ajoute une immense fierté dont on ne se lasse jamais, quel que soit le nombre d’années d’exercice du « plus beau métier du monde ».

Bien souvent on reconnait le professeur en voyant travailler les élèves.

Cela nous ramène à l’article de la semaine dernière qui était consacré au professeur. Il ne laisse pas que l’apprentissage et l’assimilation technique, il laisse un style, une façon de faire, bref bien souvent il y laisse une empreinte.

Lorsqu’un élève se présente en disant qu’il a déjà pratiqué, la première question est la suivante : « avec qui ? ». A partir de la réponse, pour peu que le professeur évoqué possède une petite notoriété, on sait immédiatement à qui nous avons affaire.

A ce sujet, j’ai une anecdote. Un jour, un dirigeant de la fédération rendait visite à un de ses amis,  professeur de judo en province. Il entre dans le dojo au moment où se déroulait un cours de judo et dans la deuxième partie de ce dojo, il y avait une ceinture noire qui, sous la responsabilité de l’enseignant, s’occupait d’un atelier ju-jitsu. Tout de suite le dirigeant a demandé à son ami, si la personne qui donnait la leçon ne serait pas un de mes élèves, ce qui était le cas. L’élève en question avait rejoint sa région natale.

Quelque temps après, je rencontre le dirigeant en question qui me raconte ce moment. Je lui demande comment il avait deviné. Il m’a simplement répondu : « à la façon de donner les explications, jusqu’à celle de se tenir sur le tatami et évidemment avec la technique ». Voilà une merveilleuse reconnaissance.

Des exemples comme celui-là, il y en a beaucoup. Personnellement, on me l’a souvent fait remarquer concernant celui qui m’a fait faire mes premiers pas sur les tatamis, surtout dans le mesure où il s’agissait de mon père !

D’où l’importance du premier professeur, sur laquelle je ne cesse de revenir. Il fournit la technique, le style, bien souvent la pédagogie, et ce qui n’est pas rien : l’état d’esprit.

Bien sûr, il y a quelques exceptions qui confirment la règle, elles ne sont pas légion, heureusement.

www.jujitsuericpariset.com

Qu’est-ce qu’un bon professeur ?

Screenshot

Le professeur, c’est celui qui par son enseignement transmet nos arts au fil du temps. Encore faut-il en avoir les compétences.

Alors, qu’est-ce qu’un bon professeur ?

Déjà c’est quelqu’un qui a les qualifications nécessaires pour enseigner. Il doit d’abord être « dans les clous ».

Ensuite, c’est une évidence, il doit être en possession d’un savoir technique conséquent  et surtout des moyens de le transmettre. Être doté de pédagogie et de psychologie est aussi important que la maîtrise technique et même bien davantage.

On peut avoir une bonne technique sans très bien savoir la transmettre. Grâce à une bonne pédagogie on peut réussir à enseigner ce qu’on ne réussit pas forcément soi-même. Enfin, on peut aussi ne rien posséder, ni technique ni pédagogie et arriver à faire illusion face à des néophytes.

Professeur, quelle que soit la discipline enseignée, c’est un des plus beaux métiers, pour cela on doit l’aimer, il n’est pas envisageable de l’exercer contraint et forcé. Quant à son utilité, elle est majeure, puisqu’elle touche à l’éducation, quelle qu’elle soit !

Dans mes « années collèges », ces moments où nous n’avons pas le choix, où l’enseignant nous est imposé, le professeur faisait tout ! Mes résultats, dans telle ou telle matière, dépendaient de celui qui la dispensait.

C’est pour cette raison que le choix d’un professeur (surtout dans notre domaine) est aussi important que celui d’une discipline.

J’ai déjà publié beaucoup d’articles sur le premier professeur, celui qui est déterminant. Celui qui construit les fondations sur lesquelles d’autres enseignants pourront s’appuyer. Le premier professeur c’est celui qui donne des bonnes (ou des mauvaises) habitudes. Pas simplement sur le plan technique, mais sur le plan comportemental.

Dans les dojos, on a la chance de pouvoir garder les élèves d’une année sur l’autre (à la condition qu’ils soient assidus, ce qui est  un autre problème). C’est un grand privilège de constater les effets de notre travail, on éprouve la satisfaction du devoir accompli, mais aussi de la fierté. Il y a là une satisfaction partagée avec l’élève.

Un bon professeur doit aussi dégager une autorité naturelle qui impose le respect des personnes, des traditions et des lieux. Tout ce qui est indispensable au bon déroulement des leçons.

Dans cette terrible période de violence que nous connaissons, lors de ses explications et dans son attitude il se doit d’être un modérateur et non pas un agitateur.

Dans les arts martiaux, comme évoqué plus haut, l’objectif s’inscrit sur du long terme, il y a des étapes qui sont matérialisées par les grades (les ceintures de couleur, puis la ceinture noire et les « dans »). Ils récompensent les qualités techniques, mais pas que. C’est la récompense d’une assiduité, d’un engagement, d’une volonté de découvrir toujours plus, de progresser encore davantage. Certes, le constat que nous sommes dans une époque où ces valeurs se perdent est réel. Là encore, il incombe au professeur de les faire perdurer.

Tout comme il doit tenter de (re)donner le goût de l’effort à ceux qui l’auraient perdu ou pas encore trouvé !

www.jujitsuericpariset.com

(Photos d’illustration PhotoGraphix)

Pourquoi le ju-jitsu ?

Screenshot

Le ju-jitsu dépassé, d’une autre époque, « has been » ? Certes, il est difficile d’affirmer qu’il s’agit de l’art martial le plus en vogue, le plus à la mode ! Mais qu’est-ce que la mode ? Par définition, elle passe.

Le ju jitsu a su traverser les époques et même les siècles et renaître de ses cendres tel le phénix.

Ce n’est pas surprenant dans la mesure où il propose l’utilisation de toutes les « armes naturelles » dont dispose le corps : coups, projections et contrôles, travail debout et au sol ! Une pluralité de techniques qui permet une multitude de combinaisons, aussi diverses qu’efficaces (quand il n’est pas dénaturé). Mais également des principes dans lesquels on s’exprime quelque soit le gabarit et l’âge ; comme la non-opposition, l’utilisation de la force de l’adversaire et l’optimisation maximale des mécaniques corporels. Tous ces éléments lui donnent une terrible efficacité. Sans oublier le fort aspect éducatif qui lui est attaché.

Mais peut-être, n’est-il pas assez sulfureux ? Et les traditions dont il se réclame paressent vieillottes : la tenue, les katas (que certains pensent un peu dépassés et pas utiles), et d’autres valeurs qui passent chez certains pour des corvées.

Évidemment je pense le contraire. Ni chauvinisme, ni sectarisme, ni obstination, mais une conviction assumée et une fidélité indestructible. Conviction pour toutes les qualités que sa pratique nous permet d’acquérir et fidélité pour ce qu’il m’a apporté. L’idée de retourner ma veste ne m’a jamais effleuré l’esprit.

Que de nouvelles pratiques émergent, rien de plus naturel ; espérons qu’elles aient suffisamment de densité pour mériter de ne pas être éphémères. Et surtout qu’elles offrent une pratique éducative et non destructive et qu’elles participent au combat contre la violence et non pas le contraire (aussi bien dans la médiatisation que dans l’enseignement).

Si le ju-jitsu se réclame, à juste titre, d’un solide passé, ça ne l’empêche pas d’évoluer. Ce qui a été le cas avec l’atemi-waza dans les années 1970 par exemple et l’émergence de nouveaux enchaînements au cours de la décennie suivante. Mais ces évolutions se sont réalisées sur un socle solide.

Dans le ju-jitsu traditionnel, en l’absence de compétitions d’affrontement direct (pléonasme) il n’y a pas de règlement, mais dans le dojo où il est pratiqué il y a des règles. Qu’elles soient vestimentaires, hygiéniques, comportementales vis-à-vis des lieux et des personnes. Transgresser ces règles qui sont aussi des valeurs, c’est abandonner une grande partie des vertus éducatives attachées à un art martial comme le ju-jitsu.

On peut conclure et revenir sur le plan technique en soulignant que commencer  par cette discipline qui propose des techniques dans tous les domaines, offrira  un tronc commun à beaucoup d’autres arts du combat. Ce sera aussi un révélateur pour ensuite se spécialiser éventuellement dans un domaine plus spécifique, techniquement parlant.

Certes, l’apprentissage du ju-jitsu demande du temps, des efforts, mais s’agit-il vraiment d’efforts ?

www.jujitsuericpariset.com

Réflexions

Screenshot

Il est assez facile de frapper en dépit du bon sens, il est plus difficile de le faire avec précision. Il est encore moins facile de bloquer les coups et, mieux, de les esquiver. Enfin il est très difficile de gérer sa riposte, de la mesurer, de la « proportionner », qu’elle soit en coups, en projections ou en contrôles (clés et étranglements). Y arriver demande beaucoup de travail et relève parfois de ce qu’on appelle la finesse technique. Un objectif efficace et responsable.

C’est vrai que par les temps qui courent l’émanation et la recherche de cette finesse technique, et de la finesse tout simplement, n’est plus trop d’actualité. On le constate, ne serait-ce que lors des débats qui rythment notre société et dans lesquels il est davantage question d’injures que d’échanges d’idées qui feraient avancer.

Il est vrai que la violence engendre la violence (c’est un lieu commun, mais tellement vrai). Malheureusement, parfois, les raisons ne manquent pas pour passer au dessus de cet adage.

Mais en tant que pratiquant d’art martiaux, et plus encore de professeur, n’existe-t-il pas une exigence éducative ? Essayer de faire mieux, d’évoluer, d’élever (élève, élever).  J’y reviens souvent, mais c’est une mission. Si dans notre corporation, on baisse les bras, qu’on cède à la facilité et que cette mission d’élévation est abandonnée, non seulement nous trahissons nos objectifs et nous nous trahissons nous-mêmes.

Que ce soit bien clair, quand il y a faute, elle doit être sanctionnée à hauteur du délit. Mais chacun son rôle, celui du professeur est d’éduquer.

On va me dire qu’enseigner les disciplines de combat, c’est apprendre à se battre, à se défendre, c’est exact, mais rien n’empêche d’y mettre la manière. La mission est double : Apprendre des techniques de riposte tout en éduquant l’esprit.

« Education »  ne signifie pas « manque de discipline », bien au contraire. Le rôle du professeur est d’apprendre des techniques, mais aussi d’apprendre à se discipliner, dans le respect des consignes, dans l’attitude générale au sein du lieu d’entraînement, et non pas d’y exacerber la violence par des mots ou des attitudes. Dans les arts martiaux japonais, cet endroit n’est-il pas appelé le « dojo », le lieu dans lequel on « trouve sa voie ». Peut-être est-ce oublié ? Trouver sa voie, y compris celle de la sagesse.

Lors des séances d’entraînement, on ne défend pas sa vie, on apprend des techniques qui le permettent en cas d’agression. Mais on doit apprendre aussi à devenir « Maître de soi ».

Le contrôle de soi n’est pas signe d’inefficacité ou de lâcheté. Cette finesse technique évoquée plus haut, c’est tout simplement la recherche du bon geste au bon moment, celui qui demandera le moins d’effort pour un maximum d’efficacité. Oui, d’efficacité.

Quant à ceux qui pensent qu’en matière de self défense, si on ne fait pas comme dans la rue, il ne sert à rien de s’entraîner, je les invite à tester, par exemple, des chutes sur le macadam, des étranglements portés jusqu’au bout et d’autres techniques tout aussi fatales. Surtout quand on sait que pour être efficace il faut s’astreindre à d’inlassables répétitions !

La réalité c’est la réalité, l’entraînement c’est l’entraînement, ce n’est pas la rue. Ne serait-ce que pour le mental, il ne serait pas sain d’évoluer plusieurs fois par semaine dans un tel climat.

Finesse technique et efficacité, l’une n’empêche pas l’autre.

www.jujitsuericpariset.com

Indispensable katas

Il n’est jamais inutile d’insister sur ce que représentent les katas, encore moins de les étudier et de les pratiquer régulièrement.

Souvent ils ne sont abordés que lorsque se profile à l’horizon un passage de grade, un peu comme l’administration d’une purge. Ils sont bien davantage que ça.

On traduit kata par le mot « forme ». Pour plus de clarté on peut ajouter « imposée » ou encore « fondamentale ».

Ils sont des moyens d’apprentissage, des méthodes d’entraînement, ils permettent la codification, la transmission et même la sauvegarde de technique et des principes de bases. Ils sont les garants de nos traditions.

Malheureusement, considérés parfois comme des  « passages obligés » pour accéder au grade supérieur, ils ne sont abordés que dans cette optique ! Qu’ils intègrent un ensemble de contenus techniques d’évaluation, cela semble juste, mais leur utilité est plus importante que cela, heureusement.

Les katas permettent de rassembler les techniques par famille et/ou par thème et de leur faire traverser les âges, ce sont aussi de formidables méthodes d’entraînement.  En effet, ils représentent souvent un combat (le goshin-jitsu-no-kata notamment), certes un combat codifié pour des raisons évidentes de sécurité, mais il s’agit bien du reflet d’un affrontement ;  en conséquence, les attaques d’Uke doivent être sincères et fortes de façon à ce que les ripostes de Tori le soient tout autant, mais aussi qu’elles soient  réalistes et donc efficaces.

Pour les judokas, certains katas sont aussi l’occasion d’étudier des techniques « oubliées »,  interdites en compétition.

Le kata est également un exercice de style, certaines attitudes doivent être respectées. C’est le « plus » des arts martiaux. Un « plus » qui devient de plus en plus indispensable à conserver pour se démarquer des pratiques vides de valeurs éducatives.

Ils sont aussi, tout simplement, une addition de techniques intéressantes à pratiquer une par une. Il n’est pas nécessaire d’attendre un prochain examen pour commencer à les étudier.

Lors de l’exécution d’un kata, à l’occasion d’un examen, l’évaluation doit se faire, avant tout, sur l’efficacité des ripostes de Tori, qui répondent aux attaques d’Uke dont la sincérité doit être incontestable.

Ensuite, puisqu’il s’agit de formes imposées, il faut bien évidemment respecter l’ordre des techniques, les déplacements et les emplacements. Enfin il faudra être attentif à l’attitude générale dans laquelle doivent être exclus désinvolture et relâchement corporel. Respecter une attitude corporelle digne.

Cependant, un problème et un mystère demeurent et entourent les katas : il s’agit de ces incessantes modifications dont ils sont les victimes de la part des organismes « officiels ». Cela a pour effet de décourager les élèves, de désorienter les professeurs et le jury, allant jusqu’à discréditer ces exercices.

Pour faire apprécier le kata, il suffit simplement de le présenter comme une partie intégrante de la pratique  et non pas comme un passage imposé pour l’accession à un grade supérieur.

Enfin, dans la formation des juges, il est indispensable de hiérarchiser les critères de jugement. Certaines fautes sont rédhibitoires : celles qui touchent à l’efficacité (comme déjà indiqué plus haut), d’autres pas, d’où la nécessité que les jurys soient formés pour nuancer leurs appréciations, en fonction de différents paramètres : âge, grade postulé, etc.

Il y a tout dans un kata : technique, automatismes, condition physique, effort de mémorisation et de précision, respect du cérémonial et des traditions . Et surtout respect de nos « anciens » et de l’héritage qu’ils nous ont légué !

www.jujitsuericpariset.com

Code moral

Screenshot

Le Code moral est plus particulièrement attaché au judo, mais d’autres disciplines se le sont approprié, avec raison.

Élaboré en 1985 par Bernard Midan, un des pionniers du judo en France, ce Code souligne les valeurs attachées à une pratique éducative dans tous les sens du terme, pas simplement sur le plan physique.

Quelques esprits railleurs le surnomment le « code mural », soulignant ainsi que, parfois, dans certains dojos son utilisation se limiterait à un simple affichage de « bonne conscience ».

Ce Code moral représente des valeurs qui doivent être respectées, au delà du dojo d’ailleurs.

Elles sont principalement véhiculées par celui qui est le « Maître des lieux », c’est-à-dire le professeur, garant de leur application. C’est une de ses missions.

Dans ces valeurs on y retrouve, entre autres, des petites choses – sur lesquelles je reviens régulièrement. Enfoncer le clou n’est jamais inutile.

Des petites choses qui sont parfois négligées et même oubliées, comme saluer le tatami avant d’y monter et en le quittant, saluer son partenaire à chaque changement et dans une tenue correcte. Communiquer à voix basse, pas de cris, pas de vociférations, le dojo n’est pas une cour de récréation. On ne parle pas pendant les explications du professeur. La tenue doit être celle de la discipline que l’on pratique et elle doit être propre. On essaie d’arriver à l’heure, si ce n’est pas le cas on attends un signe de la part du professeur avant de monter sur le tatami. L’entraide mutuelle sur les tatamis et en dehors, la rigueur dans une pratique régulière, etc.

Dans le visuel qui illustre cet article on trouve ce Code moral. Il doit devenir au fur et à mesure une seconde nature. Chacune de ces valeurs pourrait faire l’objet d’un développement approfondi.
On ne peut pas évoquer ce Code moral, sans évoquer le Code du bushido et de les « croiser ». Ce dernier était celui des samouraïs. Forcément, on trouve des similitudes entre les deux. Si les termes ne sont pas les mêmes, le fond se confond. Ce Code d’honneur, vieux de plusieurs siècles ,se compose de sept vertus qui sont toujours d’actualité.

Gi : justice, sincérité.

Yu : courage.

Jin : compassion.

Rei : courtoisie.

Makoto / Shin : vérité – sincérité.

Meiyo : honneur.

Chugi : fidélité et engagement.

Bonne continuation dans le monde des arts martiaux.

www.jujitsuericpariset.com

La ceinture noire

On a coutume de dire que la véritable pratique commence avec la ceinture noire. Certes, il s’agit d’une formule, mais elle n’est pas vide de sens.

Au fil des décennies, cette « ceinture noire » a sans doute perdu un peu de son originalité et de sa superbe, elle s’est quelque peu banalisée.

Et puis elle est associée à des traditions qui sont moins dans l’air du temps. Ces traditions ayant pourtant un lien intime avec l’éducation.

Jeunes pratiquants nous attendions l’âge de 16 ans avec une impatience assumée.

Il n’empêche qu’elle marque encore la vie d’un pratiquant. On n’y accède pas par hasard.

Si la ceinture noire est à la fois le reflet de nombreuses années de pratique et de fidélité,  la validation d’acquis techniques indiscutables et le plaisir d’avoir atteint un objectif, elle n’est en aucun cas une finalité aux allures de consécration.

Avec l’obtention de ce grade, qui procure légitimement un grand bonheur, c’est aussi un nouveau regard que l’on porte sur notre pratique passée et sur notre avenir. Sur ce que nous avons fait et sur ce qu’il nous reste à découvrir.

Elle représente une étape importante, même s’il ne s’agit pas d’un aboutissement, mais d’un accomplissement.

C’est la prise de conscience que le chemin à venir est infiniment plus long que celui que nous venons de parcourir. Mais quel enthousiasme que celui de savoir qu’il reste tant à apprendre.

Toutefois il faut rassurer le néophyte qui voit en la ceinture noire une sorte de graal inaccessible, ou en tout cas accessible à un horizon lointain. Il pourrait légitimement se demander que si la vraie pratique commence à la ceinture noire, alors que fait-il  en gravissant les échelons de couleurs ? Et bien tout simplement son apprentissage.

La ceinture noire est une véritable satisfaction personnelle, mais elle confère à son porteur des devoirs envers lui-même et les autres, elle lui impose des responsabilités. De celui qui regardait les ceintures noires avec une certaine fascination, il devient celui que l’on regarde. A son tour de devenir une référence, un exemple. Il ne doit jamais l’oublier.

Enfin, il doit se faire le serment de ne jamais abandonner la pratique ! « Ceinture noire un jour, ceinture noire toujours ». Formule facile, mais adaptée à ce statut.

www.jujitsuericpariset.com

La meilleure méthode de self défense ?

Screenshot

Quelle est la meilleure méthode de self défense ? Voilà une question qui me rappelle un temps lointain où, dans la cour de récréation du collège, la question était de savoir, entre le judo et le karaté, quel était le plus fort.

Première réflexion : la meilleure méthode de self défense, si tant est qu’il y en ait une, mal enseignée et de fait mal pratiquée, et bien elle n’est plus la meilleure méthode.

Il faut réunir plusieurs éléments pour avoir une chance de se sortir d’une mauvaise situation. En tout premier faire preuve d’humilité, que ce soit en tant que pratiquant ou/et en tant que professeur.  D’abord l’humilité de ne jamais se croire invincible et ne jamais proclamer que la méthode que nous enseignons est infaillible.

Ensuite, pour être efficace, une méthode doit rassembler le plus de réponses possibles à un maximum de situations éventuelles.

Mais aussi, comme indiqué plus haut, que le professeur maîtrise ces ripostes et surtout que sa pédagogie permette de les transmettre. Cela semble évident, et pourtant…

Il est aussi indispensable que l’élève soit assidu, ce qui ne dépend pas toujours du professeur. La meilleure des méthodes de self défense s’inscrit dans la régularité, et dans le « temps long ». Pas de « méthode miracle », mais du travail !

Apprendre les techniques, c’est une chose, pouvoir les appliquer dans les situations de violence extrêmes que sont les conditions d’une agression, c’est autre chose. Il est indispensable d’acquérir des automatismes aux allures de seconde nature. On ignore quelles seront nos capacités réactives dans ces moments. Ce n’est pas pour ça qu’il faut conseiller de se tester dans la réalité ! Il y en a pourtant qui affirment que sans cette expérience, celle de la rue, aucune efficacité ne sera acquise.  C’est un peu « particulier », pas très éducatif et répréhensible !

Il est aussi nécessaire que le professeur mette en garde sur certains aspects, comme éviter les endroits et les situations à risque, que la négociation est la première «arme»  et que même pour un motif minime, une bagarre a de fortes chances de mal finir pour un des protagonistes et plus sûrement pour l’ensemble.

Maintenant, il y a deux sortes d’agressions. La simple embrouille qui dégénère au motif d’une queue de poisson ou d’une place de parking et l’agression directe avec différents objectifs tous plus violents les uns que les autres : vol avec violence, agressions sexuelles, etc. Les réponses ne devront pas être les mêmes, à condition de pouvoir faire la nuance et de se maîtriser. La légitime défense est une notion qui ne doit pas être ignorée, même si dans l’état de stress engendré par une agression, il ne sera pas toujours facile de doser la riposte, surtout quand on sauve sa vie ou celle d’un tiers.

Ne pas oublier que pour être efficace il faut être en possession de tous nos moyens, être en bonne forme physique et donc éviter les entraînements extrêmes au motif de faire comme dans la réalité. On ne peut pas faire comme dans la réalité deux ou trois fois par semaine. Cela me rappelle une réflexion d’une personne à propos d’entraînement « spéciaux », qu’il avait subi : « Je me demande s’il ne faut pas mieux se faire « casser la gueule  » une fois ou deux par an, plutôt que subir ce genre d’entraînement deux fois par semaine ». Voilà une réflexion frappée au coin du bon sens.  La réalité c’est la réalité, l’entraînement c’est l’entraînement. Comme son nom l’indique « on s’entraîne », on s’améliore, on s’élève.

Et puis, être fréquemment blessé, c’est la meilleure façon de ne pas souvent s’entraîner et donc de ne pas progresser.

Tout comme il est plus sain que les séances se déroulent entourées d’une ambiance dénuée de stress et de violence. Apprendre à se défendre en travaillant sérieusement n’empêche pas de passer un moment agréable en évitant d’ajouter de la violence là où nous sommes pour la combattre.

Pour finir sur une note positive, j’aime à rappeler que je compte parmi mes élèves et anciens élèves des exemples de situations qui ont pu se régler sans dommage pour la personne agressée, grâce a l’application de techniques apprises et répétée lors des séances. C’est aussi cela être utile.

www.jujitsuericpariset.com

La « forme de corps »…

Screenshot

Voilà une expression connue des pratiquants d’arts martiaux, lorsqu’il s’agit de projections et de travail au sol, bien qu’on puisse aussi trouver cette qualité dans les techniques de percussions. C’est la capacité à bien adapter son corps à toutes les situations d’initiative et de défense.

On dit d’un pratiquant qu’il a une bonne « forme de corps ». De quoi s’agit-il exactement ?  Est-ce un don du ciel, ou bien le fruit du travail ?

C’est déjà une belle appréciation. Cette bonne forme de corps permet, au moment de l’exécution d’une technique, de ne faire qu’un avec la technique en question, de l’épouser pleinement. C’est la parfaite adaptation du corps à la technique.

Pour posséder cette qualité, on peut être doté de quelques prédispositions, mais ce sont surtout les inlassables répétitions qui permettent d’obtenir un tel résultat. On doit « sculpter », «  modeler » son corps, un peu comme l’artiste travaille « la masse » pour produire une belle sculpture. (Toujours la valeur travail !)

D’ailleurs, à propos d’artistes, ceux qui pratiquent les arts martiaux n’en sont-ils pas ? Ne sommes-nous pas admiratifs devant la beauté d’un geste qui associe efficacité et esthétisme ?

Cette forme de corps rassemble plusieurs qualités : principalement la précision, la souplesse, la tonicité et la vitesse. Je ne parle pas de force physique, mais d’une utilisation optimale de l’énergie dont chacun est pourvu, tout en utilisant dans certains cas celle de l’adversaire. On est dans le principe du « maximum d’efficacité avec le minimum d’effort (physique) ».

Pour revenir aux prédispositions, il y a des morphologies plus adaptées à telle ou telle pratique martiale, il y a des personnes plus talentueuses, mais quelques soient ces prédispositions, il faudra les révéler, les renforcer et les conserver. Les révéler grâce au professeur, les renforcer et les conserver avec l’entraînement.

Cette forme de corps utilise nos armes naturelles dans un ensemble où sont réunis plusieurs éléments qui s’enchaînent, ou s’associent et s’imbriquent avec naturel, mais aussi avec un bon déplacement qui offre le bon placement : le bon geste au bon moment. Une bonne forme de corps, qui n’est pas utilisée au bon moment, ne sera pas utile.

Quoiqu’il en soit, c’est toujours et encore la volonté et le travail qui permettent de trouver et de renforcer cette qualité. Il faudra bénéficier d’un professeur qui offrira un bon apprentissage et les bonnes méthodes d’entraînement pour affûter et ciseler un ensemble qui conduira à une finesse technique, synonyme d’une indiscutable efficacité dans tous les domaines.

Pour acquérir cette « forme de corps », il faut d’abord le vouloir (le pouvoir presque tout le monde le peut, le vouloir c’est autre chose). On se doit d’être sans cesse à la recherche de l’amélioration, non pas de la perfection qui n’existe pas, mais tout simplement de l’élévation : aller plus haut !(Illustrations de l’article avec les figurines réalisées par Bernard Pariset (1929-2004) Champion de judo et sculpteur à ses temps perdus)

www.jujitsuericpariset.com