L’échauffement est une composante incontournable d’une séance et il est indispensable avant tout effort intense. Mais encore faut-il savoir exactement ce que l’on désigne par ce terme, à quoi sert-il exactement et comment doit-il être mené.
Il y a l’étymologie, l’utilité, les habitudes… et la réalité !
Étymologiquement échauffement signifie qu’il faut « chauffer » le corps. Partant du principe qu’avec deux degrés supplémentaires celui-ci atteint sa plénitude physique. Les habitudes ont quelque peu banalisé cette phase qui ne revêt pas qu’une utilité physique, mais qui a également son importance sur le plan psychologique. Quant à ce qu’elle devrait réellement être, cela est parfois différent des habitudes !
Commençons par la question essentielle : à quoi sert l’échauffement et de quoi doit-il être composé ? Les quelques lignes qui suivent n’étant juste que mon point de vue sur le sujet, fruit d’une petite expérience, disons sur le terrain ou plutôt sur le tatami en l’occurrence.
Le principal objectif de l’échauffement sera la mise en condition pour le développement du thème principal du cours. Il sera fonction des objectifs que l’on s’est fixés pour les minutes qui suivent. À l’occasion d’une séance d’art martial, par exemple, le but est tout simplement de mettre le corps et l’esprit dans les meilleures dispositions pour recevoir et assimiler l’enseignement qui va être dispensé ! Sans risques corporels et avec de la motivation.
Il faut distinguer l’échauffement pour une épreuve sportive et celui destiné à une simple séance. Entre une personne qui s’apprête à battre un record ou à livrer un combat lors d’un championnat et une autre devant suivre une simple séance, cela n’entre pas dans le même registre. Au sein de ce dernier exemple faudra-t-il distinguer quel type de séance. S’il s’agit d’une préparation – justement à une compétition – ou bien d’un cours très technique. En fait l’échauffement devra être réalisé en fonction de l’orientation que l’on pense donner à la suite. Son contenu technique et physique. Ainsi, un cours qui s’annonce très technique pourra commencer, pourquoi pas, par de la technique à condition que celle-ci réponde à des critères compatibles avec un début de séance et pour que l’intégrité physique soit préservée grâce à une progression adéquate.
Sur le plan purement physique, il sera indispensable de distinguer l’échauffement « cardio » et l’échauffement des muscles et des articulations. L’un n’ira pas sans l’autre si on s’attaque à un record. Mais dans le cadre d’un simple cours à but non compétitif, l’impératif ne sera pas le même. Bien échauffer les articulations et les muscles sera l’essentiel, le « cardio » pourra se réaliser par les répétitions techniques elles-mêmes, puis par des exercices, tels que les « uchi-komis » bien connus des pratiquants, qui permettrons de monter en intensité et qui alliant acquisition technique et essoufflement. Dans tous les cas, il faudra en même temps prendre soin de ne pas entamer le capital énergie par des exercices trop forts ! Ne pas confondre échauffement et épuisement.
Quant à l’absence totale d’échauffement lors d’une agression, le problème est différent. À ce moment de stress intense, il se produit une décharge d’adrénaline qui met le corps instantanément en condition. Mais il est bien évident, et c’est tant mieux, que nous n’allons pas nous mettre dans un tel état avant chaque cours afin de gagner du temps sur l’échauffement.
Maintenant, pour aborder l’aspect concret des exercices à utiliser. Il en existe une multitude. Suffisamment pour ne pas tomber dans la lassitude. Ils doivent tous posséder un point commun, qui sera celui de ne jamais brusquer le corps et ne pas confondre échauffement et épuisement ni échauffement et renforcement musculaire. Celui-ci pouvant être le thème d’une séance. Il ne faut pas oublier qu’un cours d’arts martiaux est avant fait pour apprendre et répéter des techniques… d’arts martiaux ! Le temps sacrifié à autre chose est autant de temps que l’on ne consacre pas aux répétitions et donc autant de progrès potentiels en moins. Et puis, comment s’échauffent les joueurs de tennis ?
Enfin et concernant un aspect qu’il ne faut surtout pas négliger, l’échauffement donnera le ton et l’impulsion également sur le plan psychologique pour la suite du cours, c’est pour cela qu’il ne faut pas hésiter à varier les façons de se « mettre en condition ». Tout en restant dans l’esprit traditionnel des disciplines que nous pratiquons.
Pour conclure et d’une manière générale, cette toute première partie de cours doit être progressive et si possible attrayante. Il faut savoir aussi que parmi les « outils » prévus à cet effet et s’ils sont exécutés un peu n’importe comment – trop vite ou trop fort, ou encore maladroitement –, ils peuvent se révéler dangereux. À l’inverse certains qui à la base ne sont pas catalogués comme tel, intelligemment pratiqués, permettent à la fois de s’échauffer et d’entrer directement dans le vif du sujet. Là aussi, tout est question de comportement et d’état d’esprit. Une fois de plus, il semblerait que ce soit la tête qui commande le corps. Tout est question « d’équipement de l’étage supérieur » !
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Les 16 atémis
Parmi l’arsenal technique dont dispose notre discipline existe un enchaînement qui n’est pas forcément le plus représentatif de notre art, ni le plus spectaculaire, mais qui a toute sa place et dont l’étude est parfaitement justifiée. Il s’agit des « 16 atémis ». Pour les novices, « atémi » signifie « coup ».
Créé au début des années 1980, sa pratique permet d’aborder de façon assez simple un domaine important du ju-jitsu et de se perfectionner dans l’art de donner les coups et plus encore de ne pas les recevoir.
L’unique pratique de cet exercice ne serait pas compatible avec une méthode de défense complète. C’est pour cette raison que l’on doit très vite envisager de le travailler assorti de suites mettant en scène les autres composantes du ju-jitsu. Les atémis, les parades et les blocages doivent être compatibles avec les projections et les contrôles, notamment au niveau des postures utilisées. Il est bon de rappeler que les atémis ne sont pas la finalité d’une défense, mais un moyen d’y parvenir dans les meilleures conditions.
Une des particularités de cet enchaînement sera justement l’absence de « garde ». Il s’exécute à partir d’une position naturelle dans laquelle rien ne laisse à penser qu’Uke va attaquer et pour ce qui concerne Tori, il s’agit de s’habituer à réagir à partir de cet état de fait, d’une part et d’autre part prendre l’habitude de le faire dans une position naturelle sans avoir besoin de se mettre « en garde ». Des attaques peuvent survenir soudainement sans que nous ayons eu le temps de nous mettre en position de combat. Cette possibilité ne nous sera forcément toujours offerte.
Parmi les particularités de ces « 16 atemis », Tori et Uke changent de place entre chaque technique et entre l’exécution à droite et l’exécution à gauche à partir de la sixième. A l’instar du nage-no-kata (kata de judo), chaque technique est présentée des deux côtés.
Et puis, le fait que notre école (l’EAJJ) le programme pour l’obtention des « dans » (les degrés) rend cet enchaînement incontournable.
Pour terminer par un aspect positif qui ne se ressent pas forcément dans celui qui est imposé dans un programme, il ne faut surtout pas négliger le simple plaisir éprouvé lors des répétitions, ainsi que le constat de progrès réalisés. Cela sera une belle récompense.
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…Ce héros !
Il y a dix ans, le 26 novembre 2004 précisément, disparaissait mon père, Bernard Pariset. S’il ne s’agissait que d’une simple histoire de famille, la pudeur m’imposerait le silence en dehors d’un cercle restreint. Mais il n’était pas simplement mon père, il était aussi une personne qui a marqué son époque, laissé son empreinte et à qui le judo et le ju-jitsu français doivent beaucoup. Il ne m’a pas seulement appris la vie, il m’a transmis quelques passions et notamment celle pour les arts martiaux.
Un caractère et une personnalité exceptionnels lui ont permis d’accomplir le parcours qui fut le sien.
A l’aide de ce résumé, les plus jeunes pourront découvrir une personne atypique, qui n’a pas laissé indifférents ceux qui ont eu la chance de le connaître.
Le champion qu’il a été – mais également le professeur, l’entraîneur, le dirigeant et le visionnaire – mérite ces quelques lignes, en forme d’hommage.
Le champion tout d’abord. C’est par ses exploits de compétiteur qu’il se fit connaître. Depuis, des palmarès plus étoffés ont été constitués, mais le sien réalisé grâce aux « toutes catégories » avait une saveur incomparable. 1, 70 m et 70 kilos lui ont quand même permis de remporter plusieurs titres de champion de France, un titre de champion d’Europe et une médaille de bronze aux championnats du monde à Tokyo en 1958. Tout cela avec d’énormes différences de poids. Son plus grand exploit fut sans aucun doute sa victoire contre le géant hollandais Anton Geesink, en finale des championnats d’Europe, contre un adversaire à qui il rendait 30 kilos et 30 centimètres et qui, par la suite, n’a plus jamais été vaincu, c’était en 1955. Soit dit en passant, avec peu ou pas d’écart de poids, le judo n’est plus tout à fait le même. S’il reste incontestablement un sport et une discipline où l’efficacité des combattants est indiscutable, il fait sans doute un peu moins rêver qu’à l’époque où le petit pouvait battre le grand. D’ailleurs, parmi les formules que mon père se plaisait à employer, il y a celle-ci : « Les catégories de poids ont été inventées pour mettre les grands à l’abri des petits. » Sans commentaire. Pour se forger son palmarès, il possédait trois atouts de choc. Un terrible seoe-nage (mouvement d’épaule), une maîtrise du ne-waza (travail au sol) redoutable et surtout une volonté indestructible ainsi qu’une détermination sans faille qui le faisait combattre jusqu’à la dernière seconde. Une autre de ses formules empruntée sans doute à la légende et qui met en scène une maman spartiate auprès de qui son fils se plaint d’avoir une épée trop courte pour le combat : « Eh bien, tu feras un pas de plus » ; tout est dit.
Il a été aussi un professeur d’exception, armé d’une pédagogie naturelle, celle qui ne s’apprend pas dans les livres, mais qui transmet la connaissance par l’évidence.
Il fut également entraîneur et directeur de l’équipe de France de judo dans les années 1970, cette équipe qui, entre autres, avait remporté aux Jeux olympiques de Munich, en 1972, trois médailles avec cinq athlètes engagés.
Il a également assumé différentes charges au sein de commissions de la FFJDA.
Enfin, il était un excellent visionnaire et n’anticipait pas uniquement sur les tatamis. C’est lui qui, toujours dans les années 1970, a ressenti le besoin de procéder à la résurrection du ju-jitsu que nous pratiquons aujourd’hui.
Sa formation, il l’avait commencée en 1947, à l’âge de 17 ans, en poussant la porte du dojo du 11 de la rue des Martyrs à Paris. Ce club qu’il a ensuite dirigé jusqu’à la fin de ses jours et qui avait contribué à sa notoriété en l’identifiant à cette salle mythique. Incorporé à 20 ans pour deux ans à l’école des sports de combat d’Antibes, il put parfaire sa formation dans tous les domaines du combat à mains nues.
Sur le plan de la notoriété, on ne peut évoquer sa carrière sans lui associer celle d’Henri Courtine. Sur les tatamis, avec deux styles complètement différents, ils ont été les « meilleurs adversaires ». Dans la vie, une amitié indéfectible les a unis tout au long de leur vie. Quant à leur carrière elle a été riche et exemplaire. Parmi leurs « faits d’armes », ils ont été les premiers 6e dan en 1968. Porter une ceinture blanche et rouge à cette époque n’était jamais arrivé à des Français. Il en a été ainsi jusqu’au 9e Dan. Puis mon père a laissé son alter ego obtenir seul le titre exceptionnel de 10e dan en 2007. M. Courtine vivant maintenant une retraite active et méritée dans le Sud de la France.
Dans cette vie d’une intensité exceptionnelle, mon père a eu le temps d’assouvir sa seconde passion qui s’appelait « le cheval ». Il possédait aussi un don pour la sculpture, preuves en sont les quelques figurines qu’il nous a laissées.
Rigoureux, mais animé d’une grande tolérance qui pouvait paraître en contradiction avec une autorité naturelle, il faisait preuve à la fois d’une certaine relativité face aux événements, mais aussi d’une terrible détermination lorsque cela le méritait, parfois jusqu’à l’excès !
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?Animations
L’activité d’un club comme le nôtre se résume principalement dans la dispense de cours, durant lesquels les élèves essaient de s’imposer une régularité et où les professeurs s’attellent à leur mission d’apprentissage et de progrès, le tout accompagné d’un épanouissement personnel.
Mais, le fait de proposer des animations ponctuelles réservées soit à l’ensemble des élèves, ou bien à telle ou telle catégorie ne peut que renforcer l’investissement des adhérents par une implication supplémentaire source de nouvelles motivations. Ainsi, dans les semaines à venir seront programmées des séances aux thèmes particuliers s’adressant, pour la plupart, à des groupes précis. Le samedi 18 octobre, un entraînement regroupant les ceintures marron et noires a fédéré encore davantage un groupe qui a valeur d’exemple. Au mois de novembre, un stage de renforcement à l’attention de tous les niveaux permettra de subir une sorte de formation accélérée. Dans le même mois, une séance particulière proposera aux ceintures noires et marron de se sensibiliser à l’assistanat durant les cours et pourquoi pas susciter des vocations. Enfin, au mois de décembre une séance spécifiquement féminine offrira la possibilité de se retrouver entre gabarits approchants pour aborder certains thèmes qui nécessitent un apprentissage plus progressif que d’autres. Par exemple le travail au sol.
Toutes ces animations permettent à la fois de progresser techniquement, physiquement et « relationnellement ».
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Un beau samedi
Au club, comme ailleurs, il y a des journées plus légères que d’autres. Le samedi est de celles-là. C’est la fin de semaine, l’ambiance y est différente. La plupart des contraintes professionnelles sont derrière et demain, c’est dimanche ! Un dimanche que l’on n’aime pas trop, paradoxalement, parce que demain…c’est lundi. Et puis il y a des samedis plus agréables que d’autres ! Ce fut le cas le 18 octobre. Un soleil digne d’une journée d’un mois d’août accompagnait ce premier jour des congés de la Toussaint. Tout le monde n’est pas scolarisé, mais il n’empêche, qu’on le veuille ou non, les vacances des enfants ont une incidence sur un bon nombre d’adultes ! Pour ceux qui n’ont pas la chance de pouvoir prendre quelques jours de repos, ils le ressentent dans un quotidien moins stressant, ne serait-ce que dans les transports en commun. Et puis beaucoup de secteurs ralentissent leur activité pendant cette période. Savoir si c’est bon pour l’économie est un autre problème. Pour revenir à ce samedi 18 octobre, l’ambiance qui y régnait était légère et les conversations entre parents venus chercher leurs enfants pour ce dernier cours avant les congés, abordaient de multiples sujets, la plupart sans trop importance, si ce n’est celle de communiquer agréablement en faisant le constat que finalement on a beaucoup de choses à se dire et aussi pas mal de centres d’intérêts en commun. A midi, après le cours d’adultes qui à chaque fin de semaine regroupe un nombre importants de mordus, j’avais programmé un entraînement à l’attention des ceintures marron et noires. Je ne me faisais pas trop d’illusion quant à la participation. D’abord ce type de séance s’adresse à une catégorie forcement restreinte. Et puis c’était le début de congés et le soleil pouvait être un redoutable concurrent et donner des envies de balades ou de terrasses de bistrot. Ce fut donc une agréable surprise que celle de constater que le ju-jitsu occupe une place importante dans la vie de certains. Certes, tous n’étaient pas là ; il existe des événements familiaux incontournables, ou moins agréable : des blessures. Enfin, il y a ceux qui travaillent le samedi. Le plaisir de se retrouver entre passionnés et de pouvoir aborder des thèmes particuliers a contribué à la réussite de cette séance. Il faut ajouter, pour l’enseignant que je suis, la satisfaction de constater les progrès réalisés par tous et de pouvoir fédérer autour d’une discipline, d’un enseignement et d’un lieu autant de personnes pour qui le ju-jitsu et le dojo sont, d’une certaine manière, inscrits dans leur vie ! Que ceux qui n’ont pas eu la possibilité d’être présents se rassurent, il y aura d’autres entraînements de ce genre dans un futur proche.
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Carnets de rentrée (2)
Toujours l’éducation
Deux nouveaux exemples de mauvaise éducation sont venus mettre un peu de contrariété dans ces semaines qui ont marqué le début de ce que l’on appelle une saison. Un chez les enfants (les parents, plus exactement) et un autre chez les adultes. Le lien entre ces « péripéties » est évident, il s’agit d’éducation, bien souvent dispensée par l’exemplarité et les mauvaises habitudes.
Premier cas, un mercredi. Alors que le cours des tout petits enfants était terminé et qu’ils avaient rejoint le vestiaire accompagnés des mamans ou des nounous, un des « petits samouraïs », qui n’acceptait pas de devoir se rhabiller dans cette pièce, le manifestait de façon très bruyante, trop bruyante et rendait difficile la tâche du professeur du cours suivant ! En effet, il est aisé de comprendre qu’un minimum de calme et de silence sont indispensables pour ce que l’on appelle la prise en main d’une séance. Je me suis donc empressé d’aller fermer la porte de ce vestiaire en me justifiant, notamment auprès de la maman en question. De fait, en quittant le dojo, elle n’a pas daigné dire au revoir ! Bel exemple pour son enfant, en l’occurrence pour un futur citoyen « responsable ». Deuxième cas, celui d’un adulte qui vient faire une séance à l’essai. Il avait déjà pratiqué une autre discipline, ce n’est pas elle qui est en cause, mais bien l’enseignant qui devait être le responsable d’une attitude parfaitement contraire à celle qui doit être adoptée dans un dojo. Durant les explications il ne tenait pas en place et ne pouvait s’empêcher de communiquer avec son partenaire sur ce qui était démontré. Sans compter qu’il s’avérait indispensable de le surveiller lors des randoris. Et, cerise sur le gâteau, il nous a laissé dans le vestiaire le kimono que je lui avais prêté en « tapon » et, lui aussi est parti sans dire au revoir et sans se donner la peine de nous remercier de l’avoir accueilli.
Ces deux exemples ne sont pas des généralités, bien heureusement, mais ils démontrent une fois de plus l’importance de l’éducation, soit des parents, soit des enseignants et les fâcheuses conséquences engendrées par un manquement de la part, justement, des parents et/ou des enseignants.
Après quelques remarques qui pourraient paraître sévères à l’attention des parents, que ceux- ci se rassurent, je n’ai rien contre la majorité d’entre eux, mais simplement envers une minorité, qui parfois gâche des moments qui ne devraient pas l’être.
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La roulette japonaise
Cette semaine le thème du vendredi éponyme sera consacré aux méthodes d’entraînement. Il s’agit, au travers de multiples exercices, de se perfectionner et de se renforcer dans des domaines où l’acquisition technique est déjà plus ou moins réalisée. Le but n’est pas d’apprendre, mais d’essayer de faire encore mieux, en renforçant ou en affinant ses acquis.
Répétitions seul ou bien avec un ou plusieurs partenaires, exercices d’opposition codifiés servant au perfectionnement d’un mouvement ou d’une phase bien précise, ou plus largement encore d’un domaine qui compose notre art. Ainsi nous trouvons les uchi-komis (inlassables répétitions d’un mouvement ou d’une partie), les exercices d’opposition dans un domaine très précis et les randoris (sortes de combat avec de solides règles). Ces derniers constituant la phase ultime de ces fameuses méthodes. Mais toujours avec le souci du respect de la codification et par conséquent d’une opposition qui permet de s’affronter avec le moindre risque possible. Aujourd’hui intéressons-nous à cette catégorie. Il y a des randoris au sol, d’autres debout, dans le domaine des coups et dans celui des projections. Enfin, il y a le « randori de self-défense ». Celui-ci pouvant se pratiquer contre un ou plusieurs adversaires. Mais là encore ce sera la sécurité qui devra primer. Certains regrettent qu’il ne puisse pas y avoir une sorte d’affrontement total ; « comme dans la réalité », disent-ils. Je pense que pour la majorité, c’est en toute bonne foi qu’ils soutiennent cette hypothèse. Mais le problème est que la réalité, c’est la réalité ! Et l’entraînement sert à s’en approcher, mais en aucun cas à la remplacer ! Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il serait indispensable que les deux protagonistes soient dotés d’une bonne foi qui ne doit pas exister ? ou que très rarement ? chez le genre humain. Certes, les animaux arrivent à s’entraîner entre eux sans se faire mal et sans les interdits dont nous devons inévitablement nous affubler afin que les assauts et autres randoris ne tournent pas au massacre. Mais nous ne sommes que des humains et sans de stricts interdits les limites du raisonnable sont vite franchies. Tout cela pour répondre aux protagonistes du randori-où-tout-serait-permis, qui ne peut exister sans risques de graves blessures qui hypothèqueront la longévité d’une carrière que chacun espère la plus pérenne possible ! Le facteur chance aurait aussi un rôle â jouer dans des oppositions entre combattants de valeurs approchantes ; une sorte de « roulette japonaise ».
Conservons les méthodes d’entraînement qui permettent de s’affûter à l’aide d’exercices conventionnels et laissons le « tout est permis » au combat que l’on devrait mener uniquement en cas d’agression et en souhaitant que cela ne se présente jamais. Il est vrai que certains proposent malgré tout ce genre d’entraînement, mais est-ce vraiment comme dans la réalité ? Il y a forcément quelques interdits. Suffisamment pour que ce ne soit pas la réalité, mais pas assez pour que ce ne soit pas dangereux. Je sais que dans des termes approchant, le sujet a déjà été abordé sur ce blog, mais dans le domaine de l’information et de la prévention, là aussi, il ne faut pas hésiter à faire des « uchi-komis », c’est-à-dire des répétitions, quitte à… se répéter !
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Vive les katas !
Le premier vendredi à thème de la saison consacré aux katas a tenu ses promesses en termes de fréquentation. Cela prouve, si besoin est et entre autres, que ces formes de travail ont une utilité. Certes on pourrait penser que la nécessité de devoir les maîtriser afin d’accéder aux grades supérieurs en est la principale raison, mais ce n’est pas mon sentiment. D’abord parce que les réfractaires à ces exercices imposés auraient choisi une discipline qui ne s’embarrasse pas avec ces exercices. Et puis, la présence de ceux qui n’en n’ont pas un besoin immédiat se révèle être une indication qui va dans ce sens. Enfin, les échanges que j’ai avec les élèves me renforcent dans mon opinion.
A plusieurs reprises j’ai consacré des billets sur le thème des katas, mais j’avais envie, aujourd’hui, d’insister plus particulièrement sur l’aspect rigoureux qui doit inévitablement accompagner leur exécution. Bien qu’ils appartiennent avant tout à des méthodes d’entraînements pratiquées dans le but de se perfectionner dans le domaine de l’efficacité, ils sont aussi des exercices de style. Ils permettent de « véhiculer » la science du combat au fil des années, mais ils se révèlent être également des exercices de rigueur que l’on pourrait qualifier d’intellectuelle. Rigueur dans l’obligation de fournir des efforts de mémorisation, de déplacement, de placement, de coordination et de tenue. Se concentrer sur tout cela lors de leur démonstration ne peut s’effectuer sans se servir un peu de sa tête. A l’inverse, l’évidence de ne pas se contenter de leur seule pratique s’impose à nous. Les enchaînements, disons, plus « modernes », les répétitions techniques, les autres méthodes d’entraînement et bien sûr les randoris sont indispensables. Mais je pense que se priver des katas dans la pratique d’un art martial serait une hérésie et pas seulement en fonction de leur poids historique. Et puis, pour avoir recueilli le sentiment de quelques jeunes qui découvraient ce travail vendredi dernier, j’ai été confirmé dans mon sentiment. Comme quoi, faire preuve d’une certaine rigueur, même dans le temps des loisirs, n’est pas inenvisageable, pour les pratiquants appartenant à une catégorie d’âge souvent montrée du doigt pour l’intérêt très relatif qu’elle porterait à tout ce qui se rapporte au mot « effort ». Certes, le professeur devra faire preuve d’originalité quant à la présentation de ces formes de travail en évitant de les servir comme une purge qu’il faudrait s’administrer avant les passages de ceintures !
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Le rôle de Uke
Littéralement Uke signifie « celui qui subit ». Mais son rôle ne se limite pas à cette traduction, loin de là. Les pratiquants connaissent bien l’existence de ces deux personnages qui interviennent systématiquement dans les katas et autres exercices imposés et qui se nomment Tori et Uke. Ils sont les acteurs indissociables de nos séances d’entraînements, ils se fondent en nous à tour de rôle et deviennent au fil des années nos plus fidèles compagnons. Certains donnent une traduction très globale et simpliste de ces deux illustres personnages : Tori serait le gentil et Uke le méchant. C’est assez réducteur, surtout pour Uke. En effet, son rôle est capital. D’abord, pas d’Uke, pas de Tori. Pas d’action d’Uke, pas de réaction de Tori. De mauvaises attaques de la part d’Uke entraînent un mauvais apprentissage pour Tori. Lors de l’exécution d’un enchaînement pour un passage de grade ou bien une démonstration, son rôle ne se limite pas à celui d’un sac de riz que l’on envoie valdinguer à satiété. C’est lui qui donne le départ et puis le « tempo » de l’exécution. D’une certaine façon, il impose le rythme et peut relancer un Tori victime d’un éventuel « coup de mou ». Certes, aux yeux d’un public de néophytes, Tori a le beau rôle. Il se défait des attaques du « félon » d’Uke. Je suis bien placé pour le savoir. Mais j’ai eu aussi l’occasion de « jouer » les Uke, ainsi je peux affirmer que non seulement il est indispensable mais que son rôle est noble. On se confie corps et âme à une personne qui devra, grâce à nous, démontrer ses qualités techniques et surtout, surtout faire preuve de contrôle et de respect envers celui sans qui rien ne serait possible.
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Carnets de rentrée
Finalement les rentrées ne sont pas si routinières. Chaque année, elles réservent leur lot de surprises quant aux comportements humains et à certaines réflexions. Bien évidemment, il y a les classiques auxquels nous n’échappons pas avec une sempiternelle question émanant des parents : « Ils sont toujours aussi nombreux ? » (Même si le nombre des enfants sur le tatami est parfaitement raisonnable.) À quoi il ne faut pas hésiter à répondre avec quelque malice : « Mais vous êtes dans un très bon club ! » « Oui, mais dans le précédent, ils étaient moins nombreux. » « Alors pourquoi l’avez-vous quitté ? » Eh bien parce que mon enfant s’y ennuyait ! » Et puis, il y a les inédites. Une réflexion somme toute assez banale peut prendre une saveur particulière placée dans une situation dans laquelle le hasard va bien faire les choses. À l’issue d’une séance à l’essai un parent se plaint que le professeur lui semble trop autoritaire à l’égard de son enfant. Cela nous ramène d’ailleurs à l’avant-dernier billet. Mais le plus cocasse, c’est qu’un autre parent se mêlant à la conversation, sans avoir entendu les propos précédents, s’exclame : « Ce qui est bien, ici, c’est qu’il y a de l’autorité !!! » On ne peut pas plaire à tout le monde.
Autre registre, cette fois côté adultes. Après quelques séances, un nouvel élève me demande s’il serait possible d’annuler son abonnement, argumentant que finalement, la pratique dispensée dans notre établissement n’était pas assez « violente ». Là, nous revenons au précédent article. Sans le savoir, ce jeune homme a formulé un des plus beaux compliments que l’on m’ait fait dans ma carrière. Je pense que malheureusement il n’aura pas trop de mal à trouver son bonheur.
Série en cours…
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