
« Vaincre sans combattre » : ce thème considéré en son temps, comme la plus haute maîtrise par les grands Maitres d’arts martiaux a été illustré dernièrement sur ce blog à l’aide d’un récit intitulé « les trois mouches ». Cette histoire met en scène le célèbre Miyamoto Musachi se débarrassant – en un seul geste à l’aide de ses baguettes – de trois mouches qui, tournoyant autour de lui, gâchaient quelque peu le repas qu’il prenait tout seul dans une auberge. La conséquence avait été la mise en fuite de trois bandits qui l’observaient et qui convoitaient les deux sabres posés à côté du célèbre samouraï. Impressionnés par tant de dextérité, les trois « lascars » n’avaient pas souhaité pousser plus en avant leur tentative ! Cet exemple, certes sous forme de conte, permet d’insister sur le fait que la dissuasion est une arme redoutable en phase avec l’esprit des arts martiaux dont la finalité n’est pas de tuer, mais au contraire de protéger la vie. Tenter d’éviter un affrontement à l’issue incertaine, se débarrasser d’un adversaire sans le blesser, soit pas le découragement, soit mieux encore par la persuasion sont les meilleures façons d’agir.
Sans forcément se trouver dans la situation de Musashi, nous ne sommes pas toujours « armés » de baguettes et entourés de mouches, l’assurance qui émane d’un expert dans l’art du combat peut dissuader à elle seule un agresseur potentiel. Mais avant de tester son aura, il est utile d’éviter les situations et les endroits à risque, et à l’extrême, lorsque nous sommes confrontés au pire, préférer la négociation, non pas dans le sens du renoncement mais dans celui de la persuasion.
Si malgré tout, le combat est engagé, ce seront les principes de non-opposition et d’utilisation de la force de l’adversaire qui seront privilégiés ; sur le plan de l’efficacité, de l’éthique et de la légitime défense. Faire en sorte de neutraliser son adversaire sans vraiment combattre. L’user en faisant en sorte que ces attaques « rencontrent le vide ».
Ce n’est pas de la lâcheté que d’affirmer que la plus belle des victoires est celle que l’on obtient sans combattre, bien au contraire, il s’agit là de la preuve d’une très haute maîtrise et d’une grande sagesse ; comme le dit un proverbe chinois : « un ennemi que tu vaincs reste ton ennemi, un ennemi que tu convaincs devient ton ami ».
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Au cœur de l’été, découvrir ou redécouvrir quelques leçons de sagesse issues du précieux et délicieux recueil intitulé « contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon » ne peut qu’être bénéfique. En toute saison d’ailleurs. Pour les heureux bénéficiaires de congés, ceux-ci sont propices à une saine réflexion. Bonne lecture et bel été.
Le dernier article publié sur ce blog – relayé par Facebook – a littéralement explosé le compteur de ce que le réseau social appelle les personnes « atteintes ». Pour cible, le billet consacré au nouveau programme des passages de grades imposé par la fédération de judo-ju-jitsu. Que cela suscite autant d’intérêt signifie que ces titres revêtent une belle importance et que ces modifications ne laissent pas grand monde indifférent. Les réactions ont été nombreuses et vives, une écrasante majorité s’insurge contre ces chamboulements qui sont un nouveau coup dur pour le ju-jitsu. C’est ce qui m’a donné l’envie de faire une petite analyse afin d’essayer de comprendre ce qui pose problème pour notre art martial dans ce pays.
Bien qu’ayant pris depuis longtemps mes distances avec la fédération de judo-ju-jitsu pour des raisons connues de désaccord sur la gestion du jujitsu en son sein, (refusant de renier mes convictions, même si cela a un prix) je m’intéresse toujours à cette institution ainsi qu’à ses travaux et à son évolution. D’abord, parce qu’il s’agit de la fédération qui est en charge «officiellement » de la gestion du ju-jitsu et tout simplement parce que j’aime le judo, aussi ! Et puis la complémentarité entre le ju-jitsu et le judo est évidente à condition d’être pourvu d’un peu de bon sens et que les deux soient respectés. Malheureusement, j’ai appris, sans trop de surprise malgré tout, que le programme des passages de grades allait changer et que pour le 1er dan, la ceinture noire, les candidats de moins de trente ans auront l’obligation de passer par une épreuve de compétition (appelée épreuve d’efficacité).Ce sera également valable pour les trentenaires, mais dans une moindre mesure. Seuls les plus de quarante ans, qui représentent un infime pourcentage, seront complétement exemptés de confrontation.

La semaine dernière sur Facebook j’évoquais Soulac-sur-Mer, où durant vingt-cinq années le ju-jitsu était à l’honneur à chaque période estivale. Le nombre de « like » et de commentaires favorables m’ont donné l’envie de développer le sujet.