Quelques réflexions (acides)…

SAMOURAI DOREL’allongement des congés scolaires est une bonne chose pour les enseignants et les élèves, ça l’est aussi pour le secteur du tourisme…C’est moins vrai pour la réalisation de progrès dans la pratique des arts martiaux. Rares sont les dojos ouverts durant ces périodes de vacances et à raison d’une fréquentation d’une fois ou deux par semaine sur huit mois, la régularité – une des sources de progression – s’en trouve indiscutablement impactée.

La compétition et ses travers : lorsque l’on impose, ou même simplement persuade, une gamine de douze ans de « faire le poids » pour la prochaine « compète » et que pour y parvenir elle doit s’astreindre à un régime alors qu’elle est en pleine croissance, cela surprend, pour le moins. Tout ça pour la satisfaction éphémère d’un possible podium de district, mais qui permettra au professeur et au président d’avoir leur photo dans le quotidien régional le lundi matin ; on tourne radicalement le dos à la mission d’éducation dévolue, entre autres, à l’activité physique, et bien plus encore. Il reste à espérer que cet exemple, qui n’est pas le fruit d’une affabulation, mais réellement entendu, n’ait pas valeur de généralité mais reste une exception.

Que la fédération de judo réfléchisse à un programme de self-défense laisse songeur. Pour autant, ce n’est pas critiquable, on ne peut que saluer cette initiative, mais la présentation (compliquée) qui est faite du projet retiendra-t-elle l’attention des professeurs et de quelle formation bénéficieront-ils ? Auront-ils du temps et la volonté de s’y consacrer ? N’existait-il pas déjà une méthode facilement assimilable par les judokas ?

Le code moral est en bonne place dans la plupart des dojos, mais est-il appliqué ? Peut-être faudrait-il commencer par le respect de signes de politesse basiques. Le salut du tatami, celui du dojo, dès que l’on y pénètre et que l’on en sort, saluer son partenaire dans une tenue correcte, ne pas marcher pieds-nus en dehors du tatami, ne pas parler pendant les explications du professeur, communiquer à voix basse avec son partenaire, etc. Voici quelques règles de respect, de politesse et d’hygiène qui ne sont pas forcément appliquées dans tous les dojos. A qui la faute ?

Ces quelques remarques (et notamment la dernière) n’ont pas vocation à plomber le retour sur les tatamis cette semaine, mais d’insister sur le fait que l’étude des arts martiaux dans un dojo est aussi une « Ecole de vie ». Certes nous sommes dans une époque où pour certains les loisirs et la recherche du plaisir immédiat sont devenus prioritaires, au détriment de règles qui peuvent paraître insignifiantes. Si celles-ci ne sont pas appliquées dans un dojo, où le seront-elles ?

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Haut les cœurs aux Pays-Bas

imafCe week-end, en Hollande, on fêtait les quarante ans de l’International Martial Art Fédération (l’IMAF) dans sa « Branche Europe ». Cette organisation regroupe des arts martiaux traditionnels, elle permet de véhiculer et surtout de conserver un état d’esprit et une conception des arts martiaux qui est à l’opposé du « tout compétition ».

L’événement se passait donc en Hollande, le siège de l’institution étant dans le pays des tulipes. Je m’y étais déjà rendu en 2002 pour le vingt-cinquième anniversaire.

Je suis un habitué de ce genre de week-ends au cours desquels le plaisir des rencontres et celui de transmettre n’a d’égal que la fatigue qui nous envahit à la fin de ces deux journées. Mais c’est d’une bonne fatigue dont il s’agit.

En plus de son objectif principal qui est de transmettre et d’échanger, ce séjour permet de retrouver d’anciennes connaissances et d’en nouer de nouvelles, chez les élèves mais également auprès d’autres experts.

Pour cela il y aussi les repas pris en commun et les discussions en dehors des tatamis.

Durant le séjour, on n’échappe pas à de nombreux déplacements en voiture, de l’aéroport (ou de la gare) à l’hôtel, de l’hôtel au dojo, du dojo à l’endroit où l’on mange, etc. Bref, pas une minute ne nous appartient. Et puis, lorsque l’on est à l’étranger et que l’on ne maitrise pas la langue, il faut un supplément d’organisation. En effet, même si nos disciplines sont très visuelles, leur enseignement ne saurait se passer d’explications orales. Bien heureusement, j’ai pu bénéficier de l’assistance d’interprètes performants qui réussissaient même l’exploit de traduire les quelques inévitables « blagues » qui ne manquent pas de pimenter mon enseignement.

Donc, le principe de ce stage était de proposer quatre disciplines sur quatre tatamis différents, animés par les experts invités. M.M. Bertoletti, La Salendra, Jansen, Kutter et votre serviteur. Ainsi étaient représentés l’Italie, l’Allemagne, la Belgique et notre beau pays. Les stagiaires se répartissaient sur ces ateliers dans lesquels ils pouvaient travailler du karaté, du ken ju-jutsu, du « rapid system » et bien-sûr du ju-jitsu. A l’issue de chaque intervention d’une heure, nous faisions « tourner les groupes ». Cela permet un échange technique et culturel intéressant, même si le temps qui nous est réservé nous empêche d’approfondir complètement les thèmes abordés.

Durant la coupure du midi, en plus d’un « casse-croute » revitalisant, nous avons pu bénéficier de démonstrations et de remises de diplômes.

Lorsqu’à la fin du dimanche, le retour « à la maison » s’effectue avec le sentiment d’avoir apporté des connaissances et du bonheur, d’avoir pu défendre et démontrer une discipline dans laquelle on croit et qui, manifestement, a satisfait les personnes présentes, bref lorsque le sentiment d’avoir fait son métier le plus rigoureusement possible, la fatigue s’efface.

Merci aux organisateurs de cette belle journée. A tous, je donne rendez-vous prochainement pour de « nouvelles aventures » !

 

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La loi de l’équilibre

couverture-contes-et-legendesA l’occasion des premières vacances scolaires de la saison, certains dojos s’offrent une première pose. C’est sans aucun doute un moment propice pour un peu de lecture et de réflexion. Découvrir, ou redécouvrir une belle leçon de patience grâce à un extrait de l’excellent ouvrage « Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon », participera à l’étude de nos chers arts martiaux. Bonne lecture.

Ayant l’occasion de séjourner au Japon au début du siècle dernier, un européen avait décidé d’y apprendre le ju-jitsu qui lui paraissait être une méthode de combat redoutable. Il commença donc à suivre les cours d’un Maître renommé.

Mais quelle ne fut pas sa surprise quand, au bout de la troisième séance, il n’avait toujours appris aucune technique de combat ! Il s’était seulement exercé à des mouvements très lents, en décontraction. A la fin de la séance, il décida d’aller trouver le Maître.

« Monsieur, depuis que je suis ici, je n’ai rien fait qui ressemble à des exercices de lutte.

– « Asseyez-vous, je vous prie », déclara le Maître.

L’européen s’installa négligemment sur le tatami et le Maître s’assit en face de lui.

« Quand commencerez-vous à m’enseigner le ju-jitsu ? »

Le Maître sourit et demanda :

– « Etes-vous bien assis ? »

– «  Je ne sais pas…Y a-t-il une bonne façon de s’asseoir ? »

Pour toute réponse, le Maître désigna de la main la façon dont il s’était lui-même assis, le dos bien droit, la tête dans le prolongement de la colonne vertébrale.

– « Mais écoutez, reprit l’Européen, je ne suis pas venu ici pour apprendre à m’asseoir. »

– « Je sais, dit patiemment le Maître, je sais, vous voulez apprendre à lutter. Mais comment pouvez-vous lutter si vous ne cherchez pas l’équilibre ? »

– « Je ne vois vraiment pas le rapport entre le fait de s’asseoir et le combat.»

-« Si vous ne pouvez rester en équilibre quand vous êtes assis, c’est-à-dire dans l’attitude la plus simple, comment voulez-vous garder l’équilibre dans toutes les circonstances de la vie et surtout, dans un combat ? »

S’approchant de son élève étranger qui restait perplexe, le japonais le poussa légèrement. L’européen tomba à la renverse. Le Maître, toujours assis, lui demanda alors d’essayer de le renverser à son tour. Poussant d’abord timidement d’une main, puis y mettant les deux, l’élève finit par s’arc-bouter vigoureusement contre le Maître, sans succès. Soudain, ce dernier se déplaça légèrement et l’autre bascula en avant, s’étalant de tout son long sur les tatamis.

Esquissant un sourire, le Maître ajouta :

– « J’espère que vous commencez à comprendre l’importance de l’équilibre. »

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Un dimanche « en ju-jitsu »

saint-palais-logoCertes, il n’y avait pas énormément de ju-jitsukas sur les tatamis du magnifique dojo du club de Saint-Palais-sur-Mer en Charente-Maritime à l’occasion du stage que j’ai eu le plaisir de diriger dimanche dernier. Cela n’a rien de bien extraordinaire dans la mesure où il s’agissait d’une « première ». De plus, il est vrai que perdurent certains « blocages » ainsi qu’un sectarisme d’un autre âge. Et puis, existe la crainte de quelques réprimandes venant « d’en haut » en faisant la promotion d’un stage dirigé par une personne n’appartenant pas au « sérail » (et qui d’ailleurs n’appartient à aucun sérail, si ce n’est à celui des enseignants et défenseurs du ju-jitsu). Dommage, surtout lorsque ce sont les pratiquants que l’on prive d’un partage des connaissances.

Ceux qui étaient présents manifestaient une belle motivation, et à un travail intensif sur le tatami, s’est ajoutée la joie de faire de nouvelles connaissances et de renouer avec d’anciennes. C’est aussi l’occasion de tester (si besoin en était) l’attractivité d’une méthode qui satisfait un large éventail de la population, des plus jeunes au moins jeunes et des plus affutés physiquement à ceux qui le sont moins (mais qui aspirent à le devenir).

Entre deux séances, c’est aussi l’occasion d’échanges de points de vue sur le ju-jitsu, les arts martiaux et divers sujets de société. C’est aussi parfois dans ces moments là que naissent de belles amitiés.

Enfin, dimanche dernier il y a eu ce bon moment, lorsque j’ai découvert avec plaisir, et en bonne place dans le dojo, la planche murale sur laquelle je présentais les 16 techniques et le Goshin-jitsu. Cette affiche a bien une trentaine d’années, la conserver et s’en inspirer encore maintenant est la preuve que « tout n’est pas perdu ».

Un grand merci aux dirigeants du club de nous avoir accueillis et des félicitations à Hervé Adam, qui ne s’est pas ménagé dans la préparation de cette belle journée. En attendant la prochaine….

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Crise chez les profs…

samourai-dore-3Curieuse coïncidence : mercredi matin je mettais en ligne un billet sur mon blog dans lequel j’évoquais la déprofessionnalisation et la dévalorisation du métier (qui à mes yeux n’en n’est plus un) de professeur de judo (et accessoirement de ju-jitsu), le lendemain dans le journal Le Parisien, paraissait un article qui annonçait une grève – pas banale – des athlètes de l’équipe de France de judo : « bientôt la grève dans le judo français».

L’article mis en ligne et cette action (!) sont nés d’un même constat, celui des mauvais résultats de l’équipe de France de judo masculine lors des derniers championnats du Monde.

A la déprofessionnalisation et à la dévalorisation de cette belle mission qui est celle d’enseigner un art martial on peut ajouter la déconsidération. Cela fait beaucoup ! Certes les conséquences sont différentes selon qu’il s’agisse de celles qui impactent un athlète de haut-niveau dont l’objectif est de rapporter des médailles et de celles qui touchent un professeur qui a pour mission de donner des bases à un futur champion, mais aussi et tout simplement d’enseigner une méthode d’éducation physique et mentale, ou apprendre à ses élèves à se défendre (encore faut-il lui fournir une bonne méthode) ou bien encore et tout simplement donner du plaisir au travers d’une pratique intéressante.

Je pense qu’il est bon de rappeler qu’au début, notamment dans les années 1950, ce sont les profs qui ont fait le judo. Ces personnes ne vivaient que de leur enseignement, ils étaient passionnés, compétents, ils étaient « professionnels ». Ils s’appelaient Jean De Hert, Roger Piquemal, Bernard Pariset, Henri Courtine, Guy Pelletier, etc. Que la mémoire d’autres illustres senseï  qui ne sont pas cités me pardonne mais aussi celle de maitres moins connus et qui n’ont pas manqué d’œuvrer avec passion. Ils ont tous formés des centaines de ceintures noires et beaucoup de champions. Ils ont donnés au judo Français ses lettres de noblesse.

Il ne faut jamais oublier que tout champion du monde ou champion olympique a d’abord été une ceinture blanche à qui ont donné l’envie de s’inscrire dans un dojo et surtout le goût de continuer, que ce soit pour devenir d’illustres champions ou simplement des pratiquants heureux. Ce distributeur de motivation et de technique s’appelle « le professeur », sans lui…

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Professeur, l’indispensable revalorisation…

tai-otoshiBien que spécialisé dans le ju-jitsu, je pratique, j’aime et je me passionne aussi infiniment pour le judo. Comment pourrait-il en être autrement avec l’hérédité qui est la mienne ? Et puis, un lien indéfectible existe entre le ju-jitsu que j’enseigne et le judo. Là aussi, comment pourrait-il en être autrement, d’un point de vue historique ?

Je voudrais revenir sur les discussions et les débats suscités par les résultats de l’équipe de France à l’occasion des derniers championnats du Monde de judo. Plus exactement sur l’absence de résultats, du coté des masculins, exception faite pour le phénomène Riner. Mais n’est-il pas le « Teddy qui cache la forêt » puisqu’en dehors de lui aucune autre médaille n’a été ramenée de Budapest chez les hommes ?

Pourquoi une nation comme la France qui compte autant de licenciés ne fait pas mieux ? A qui la faute ? Chacun fait part de son point de vue, il ne m’est pas interdit de donner le mien.

Mettre en cause le fonctionnement fédéral dans le domaine du haut-niveau ne me semble pas être juste. Grâce, entre autres, aux licences, subventions et autres sponsors les infrastructures sont nombreuses et adaptées, les entraîneurs compétents. Mais en est-il de même pour l’enseignement de base ? Le professeur étant le premier acteur de la formation d’un champion, le problème ne viendrait-il pas de là ? A-t’il à sa disposition les moyens de remplir sa mission ? Il ne s’agit pas de remettre en cause ses compétences dans leur intégralité ni encore moins sa motivation, mais peut-être les moyens dont il dispose. Je n’évoque pas les infrastructures de base, puisque notre pays ne manque pas de clubs, le moindre village possède un équipement dédié au judo (savoir si cela va pouvoir durer en raison de certaines mesures, est une autre question), mais justement, n’y a-t-il pas trop de dojos et pas suffisamment de professeurs bénéficiant du temps nécessaire pour acquérir et disposer d’une méthode d’enseignement complète.

Pour construire une maison, si beaux soient les matériaux qui permettront de l’élever ils ne serviront à rien si les fondations ne sont pas bonnes, si elles ne sont pas solides. Il en est de même pour les « hautes sphères » du judo, si la formation de base qui, par définition, ne peut s’acquérir que dans le premier dojo n’a pas été suffisante. (C’est volontairement que je ne qualifie pas la formation de mauvaise, mais d’insuffisante.)

Insuffisante parce que la fonction de professeur de judo a été dévalorisée ; il n’y a plus, ou si peu, de professeurs qui vivent uniquement de leur enseignement. Ils le font en plus d’un autre métier, et par conséquent – si motivés soient-ils – ils ne peuvent s’impliquer totalement (faute de temps, tout simplement) comme dans un métier à part entière, même s’ils sont pourvus d’une indiscutable conscience, celle-ci, par définition, là aussi ne peut être professionnelle, puisqu’ils ne sont pas – ou en partie simplement -professionnels. Certains enseignants d’ailleurs officient à titre complètement bénévole, ce qui est loin d’être un défaut, mais qui n’est pas non plus une systématique garantie d’implication optimale et donc de qualité. Là aussi il s’agit d’une question de moyens. Le judo s’est popularisé et à l’instar d’autres sports, dans les clubs municipaux, les cotisations sont accessibles à toutes les couches sociales, mais bien souvent le budget de l’association ne permet pas une rémunération du professeur en rapport avec les responsabilités à assumer, le temps à consacrer et les résultats escomptés. « Tout travail mérite salaire » (Y a-t-il des professeurs des écoles non-rémunérés, non formés, non accompagnés tout au long de leur carrière ?), à moins de considérer que la fonction qui est celle d’éduquer par le judo ne mérite pas le titre de métier ! Ce qui malheureusement est devenu le cas ! Et pourtant, il transite quand même beaucoup d’argent dans le monde du sport et des fédérations, ne serait-ce que la manne financière que représentent les licences ! Pour rivaliser au plus haut-niveau, peut-être faut-il commencer à donner des moyens décents au premier formateur, le premier professeur ?

Le judo n’est pas qu’un sport, il est aussi une « Ecole de vie », un moyen d’éducation pour tous et d’insertion pour certains ; il s’agit aussi d’une discipline de combat extrêmement riche sur le plan technique. Combien de mouvements techniques, si l’on additionne le travail debout et le travail au sol ? Combien de techniques mais aussi de combinaisons, d’enchainements ? Combien de méthodes d’entrainement doivent être enseignées et répétées pour qu’elles soient intégrées et maitrisées et qu’elles produisent leurs fruits ? Beaucoup plus que dans les autres sports de haut-niveau ! Alors les professeurs doivent développer des compétences techniques certes, mais aussi pédagogiques, faire preuve d’une solide motivation et surtout ils doivent concéder beaucoup de temps pour les maîtriser puis les enseigner dans leur intégralité. Et puis, parfois (et même souvent) viennent s’ajouter le poids des tâches administratives, d’incessantes modifications des règles d’arbitrage (ce qui est le cas pour les autres nations), mais aussi – ce qui est propre à notre pays – de nombreuses refontes des programmes d’enseignement.

Enfin, certains clubs trop pressés d’envoyer des élèves en compétition le font alors que les bases nécessaires à de telles épreuves ne sont pas encore intégrées, ce qui ne manque pas d’entraîner des abandons en cascade dus à des blessures physiques et phycologiques, privant peut-être le haut-niveau de compétences n’ayant pas eu le temps d’éclore.

En conclusion, Il est sans doute urgent de reconsidérer et de revaloriser la fonction de professeur  en lui donnant tout simplement les moyens d’assurer parfaitement sa mission. Cela permettra de susciter des vocations et évitera de passer à côté de jeunes talents ne pouvant se contenter de leur passion pour vivre et n’hésiterons pas à se diriger vers d’autres cieux.

Briller au plus haut niveau impose sans doute une parfaite gestion de la base au sommet !

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Les 16 techniques

Plusieurs articles ont déjà été consacrés aux « 16 techniques » sur ce blog. Cet enchaînement étant un des piliers de la méthode Atémi-ju-jitsu, il n’est pas inutile d’y revenir en lui consacrant à nouveau quelques lignes.

Créé en 1982 pour les besoins d’une démonstration produite lors des deuxièmes championnats du Monde de judo féminin à Paris, cet enchaînement est un concentré des techniques appartenant aux composantes du ju-jitsu, en réponse aux différentes attaques, ou agressions, que l’on peut subir. Il présente également les fondamentaux de ce que l’on appelle les principes de base. Etant l’auteur de cet enchaînement qui peut être considéré aussi comme un « kata moderne » je suis en mesure de le présenter en le disséquant quelque peu.

Sont proposées les principales techniques de projections et ceci dans chaque « grande famille ». Les techniques de jambe avec o-soto-gari (1ère, 8ème et 15ème), o-uchi-gari (5ème) et ko-soto-gari (12ème). Les techniques de hanche avec o-goshi (10ème) et harai-goshi (13ème). Les techniques d’épaule et de main avec ippon-seoi-nage (3ème et 6ème) et te-guruma (5ème). Les sacrifices avec tomoe-nage (2ème). On y retrouve les contrôles en étranglement avec hadaka-jime (13ème) et kata-juji-jime (7ème), en clef au bras et au poignet avec ude-gatame (10ème), kote-gaeshi (14ème) et deux variantes de torsion de poignet (9ème et 16ème). Enfin, le travail au sol n’est pas oublié (7ème et 11ème).

Différents principes fondamentaux sont représentés. Celui de l’utilisation de la force de l’adversaire dans les deux premières techniques, de bascule par dessus le centre de gravité dans la 3ème et la 5ème, d’utilisation de la dynamique du déplacement avec la 6ème, d’action-réaction dans la 11ème et la 12ème. Enfin, nous trouvons en bonne place la liaison des principales composantes de ju-jitsu (coup, projection, contrôle) avec la logique d’enchaînement en fonction du déséquilibre obtenu par « le coup porté ».

Coté attaques, les principales sont proposées : à mains nues ou bien armées, poussées, saisies, coups de poing, coups de pied et défense contre armes (couteau, bâton et menace de revolver).

Outre l’apprentissage et le perfectionnement technique, l’étude et la répétition de cette suite développera les réflexes et les automatismes, le rythme et la condition physique. Ensuite, et c’est important, on éprouve un réel plaisir dans la présentation de cet enchainement lorsque l’on a atteint une bonne maîtrise et que son exécution se fait avec la fluidité qui caractérise notre discipline (l’art de la souplesse).

Je n’oublie pas le côté esthétique qui émane de cet enchaînement lorsqu’il est bien présenté. Certains considèrent cet aspect comme superflu, même inutile, mais une technique n’est pas forcément inefficace parce qu’elle est agréable à l’œil, et, à contrario, ce n’est pas parce qu’elle n’est pas spectaculaire, sans aucun style et juste d’aspect violent qu’elle est efficace.

Certains reprocheront aux « 16 techniques » d’être « trop judo », ce qui est cocasse lorsque cette remarque vient justement du milieu du judo. Historiquement et techniquement le lien entre judo et ju-jitsu est on « ne peut plus étroit », nous n’y pouvons rien (heureusement), si ce n’est pratiquer une autre discipline. Faute de le faire, certains ont préféré dénaturer le ju-jitsu, mais ceci est une autre histoire.

En souhaitant que ce billet participe à la valorisation de cet enchaînement qui appartient à un ensemble d’exercices permettant de progresser dans les nombreux domaines qui composent notre discipline.

La vidéo qui accompagne cet article a été réalisée en 1992, mon partenaire du moment s’appelait Jean Rodriguez.

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Régularité, persévérance et fidélité

SAMOURAIUne fois l’inscription concrétisée dans un dojo, les principales bonnes résolutions seront la régularité et la persévérance.

Tout d’abord il faudra définir le nombre de fois que l’on va consacrer à la discipline choisie et s’y tenir. Etablir cette fréquentation hebdomadaire en fonction de nos disponibilités personnelles liées à la famille, au travail et à l’éloignement, mais aussi par rapport à notre âge, à notre forme et à notre passé sportif. L’idéal sera de venir deux fois par semaine, mais que contrairement à ce que certains pensent, il est malgré tout préférable de s’entraîner une fois par semaine plutôt que… zéro fois I En matière de progrès, c’est la régularité qui prime, quels que soient les objectifs : apprendre à se défendre, s’épanouir physiquement et mentalement, progresser dans l’art, tout simplement.

Il ne sera pas nécessaire de commencer, ou de reprendre de façon trop intensive. Il incombera au professeur la tâche de freiner un enthousiasme parfois débordant. Il sera préférable de pratiquer raisonnablement mais régulièrement, plutôt que de commencer de façon excessive et de s’arrêter au bout d’un mois.

Quelle que soit la fréquence définie, il faudra s’y tenir et si possible à jour fixe, question de rigueur et d’efforts. Cela peut paraitre curieux et même rébarbatif d’utiliser ces mots dans le cadre d’un loisir, mais entrer dans le monde des arts martiaux dans lequel existe un code moral n’est pas anodin. Rester dans cet univers se mérite. Aussi les cours seront en bonnes places sur notre agenda et ne devront pas passer après un ciné, une sortie entre amis, etc. Bref ne pas se dire que l’on ira au dojo « faute de mieux… »

Si pour un cas de force majeure, l’impasse est faite durant une semaine ou deux, il sera souhaitable de rattraper la ou les séance(s) perdue(s) de façon à conserver « une moyenne hebdomadaire ».

Il ne faudra pas faire preuve d’impatience, même si on ne le ressent pas comme tel, chaque séance permet de progresser. Parfois nous envahit la sensation de stagner, tout simplement parce que c’est par palier que nous constatons nos progrès.

Au travers de cette pratique régulière on prendra du plaisir dans la satisfaction d’avoir fait preuve de ténacité et de rigueur, prouvant ainsi que nous sommes un peu maitre de notre vie ! Les progrès en auront que davantage de saveur.

Sur le plan des satisfactions personnelles, je n’oublie pas celle que procurera l’évolution dans les grades. Ils ne sont ni des hochets pour personnes en mal de récompenses, ni à l’inverse des finalités. Ils valident et sont la reconnaissance d’un parcours. « Ils sont un accomplissement et non pas un aboutissement ».

On ne peut clore ce billet sans évoquer la fidélité, celle que l’on doit à sa discipline, à son dojo et à son professeur, elle aussi fait partie de l’ADN des arts martiaux….On ne pratique pas les arts martiaux pour six mois, ou pour une saison (même si quelques fois des situations nous éloignent des tatamis), on ne change pas de discipline au gré du vent, il en est de même pour le professeur, sauf en cas de déménagement, bien sûr. Par contre, en toute légitimité, la curiosité et le besoin de faire évoluer notre pratique pourra se faire sentir, sans pour cela renier nos origines, ni être avare de reconnaissance.

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L’heure du choix

judogiMasques et tubas, palmes et maillots de bain, crème solaire et serviettes de plage, sacs à dos et chaussures de randonnées, etc., autant d’accessoires qui doivent être remisés dans les placards pour y attendre l’été prochain. Tous ces vêtements et autres équipements qui évoquent les vacances, pour ceux qui ont la chance de pouvoir en prendre, vont être remplacés par des tenues différentes et adaptées à la discipline sportive que l’on va retrouver ou que l’on s’est promis de pratiquer durant la saison qui commence.

Pour les disciples des arts martiaux, il s’agira de ce que l’on appelle communément le kimono, sachant que cette appellation heurte les puristes qui n’ont pas vraiment tort puisque ce mot désigne un vêtement d’intérieur. C’est par facilité que nous l’utilisons.

Ce préambule pour venir au sujet de ce billet : « le choix d’une discipline », ce qui en terme journalistique se nomme un « marronnier », à savoir un sujet qui revient de façon récurrente à la même période de l’année comme le « coût de la rentrée scolaire », le « palmarès des hôpitaux », etc. A chaque début de saison, la question se pose pour des milliers de personnes désireuses d’assumer les bonnes décisions prises durant l’été : « cette fois, au mois de septembre, je m’y mets ! ».

Choisir l’art martial qui convient n’est pas facile, dans la mesure où  « l’offre » est importante. Dans les années 1950, le choix se faisait vite, puisqu’il n’y avait que le judo. (J’évoque les arts martiaux, en dehors des disciplines de combat existantes déjà dans notre pays, comme la lutte, la boxe et la boxe française.) Dans les années 1960, avec le karaté, puis l’aïkido, l’offre s’élargissait. C’est à partir des années 1970 que les arts martiaux connurent un développement phénoménal, Bruce Lee était passé par là, plus exactement par le grand écran. Sa disparition prématurée et le mystère qui l’entoura contribueront à construire une légende. Ses qualités techniques et physiques ainsi qu’un certain charisme n’avaient pas manqué de le faire connaitre. Le kung-fu faisait une entrée fracassante dans le paysage des arts martiaux et c’est aussi durant cette décennie que la boxe américaine, appelée aussi « full-contact », enrichissait le monde des disciplines de combat. Je n’oublie pas le taekwondo que l’on appelait le « karaté-volant » lorsqu’il est arrivé en France. C’est bien sûr aussi à cette époque que le ju-jitsu à but non-compétitif, qui tel le Phénix, renaissait de ses cendres sous l’appellation « atémi-ju-jitsu ».

Ensuite, à partir des années 1980, styles, et sous-styles, se développèrent de façon plus ou moins organisée, au grand dam des fédérations délégataires souvent animées d’une boulimie de réglementation bien française et du besoin de tout maîtriser. Parfois, ce n’est pas inutile face à quelques dérives, surtout lorsqu’il est question d’éducation et d’enseignement de techniques de combat, notamment en direction des enfants.

Donc, à l’heure actuelle, pour un néophyte, il n’est pas aisé de se décider. Souvent cela se fait en fonction de critères qui ne sont pas forcément ceux du cœur, mais de l’opportunité, comme la proximité d’un dojo, ou les conseils d’un ami.

Maintenant, il est dommage de se tromper de voie et certains critères ne devront pas être ignorés. Il faudra savoir si l’on est davantage attiré par un sport de combat ou un art martial à but non compétitif. Si l’on redoute le corps à corps, ou si c’est le travail des coups qui rebute. Certains (et ils sont nombreux, même s’ils ne l’avouent pas toujours) ne sont intéressés que par l’aspect utilitaire, d’autres par l’envie de s’exprimer au travers des arts du combat pour se «vider physiquement ». Pour d’autres encore, il s’agira de la recherche d’un travail plus interne offert par certains arts martiaux. Et puis il y a ceux qui souhaitent réunir plusieurs critères dans la même pratique. N’oublions pas non plus le simple aspect loisir, ô combien important dans une société quelque peu stressante.

Alors, au moment du choix, et comme je le répète depuis des années, il faudra aussi faire confiance au ressenti personnel, et pour cela il ne faut pas hésiter à participer à une ou deux séances à l’essai que les dojos ne peuvent vous refuser, partant du principe que bien souvent la première impression est la bonne, surtout dans la mesure ou, comme je me plais à le répéter : « plus que le choix d’une discipline, c’est celui d’un club et surtout celui d’un professeur qui est déterminant ». La réputation du dojo et le parcours de l’enseignant doivent également être pris en compte, mais la séance d’essai permettra de constater, si oui ou non, nous sommes en osmose avec la façon de présenter l’art. Bref, si le courant passe !

Un dernier conseil : la pratique d’un art martial s’inscrit dans la durée et c’est là une raison supplémentaire pour qu’elle ne soit pas dangereuse. La préservation de l’intégrité physique est primordiale. Cette pratique se doit d’être éducative physiquement et mentalement. La sécurité l’entourant est déterminante. Les assurances ne classent pas les arts martiaux et les sports de combat dans les disciplines pour lesquelles les risques sont élevés, souhaitons qu’il en soit ainsi encore longtemps, mais lorsque l’on assiste à certaines dérives on peut se poser la question quant à la pérennité de ce jugement. Finissons positivement en affirmant que la sagesse l’emportera et que ces belles disciplines continueront à être aussi une belle Ecole de vie.

Bonne saison à tous !

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Cinq bonnes raisons d’aimer ce métier

tai-otoshiSur ce blog, le 5 juillet dernier dans un article intitulé « ce qui se conçoit bien… » j’évoquais les devoirs et les obligations attachés au métier de professeur. Dans ce prolongement, et à l’approche d’une nouvelle saison (les enseignants doivent être impatients de revêtir leur tenue préférée), il me semble naturel d’évoquer aujourd’hui les satisfactions offertes par cette noble mission, elle sont autant de bonnes raisons de l’aimer.

Pour ma part, j’en vois essentiellement cinq.

La première concerne tout simplement le plaisir de transmettre un savoir et des connaissances à propos d’une discipline, d’une matière ou encore à propos d’un art que l’on aime. Si tel n’est pas le cas, mieux vaut faire autre chose.

Deuxièmement, notamment dans les arts martiaux, il y a la satisfaction de voir les élèves progresser. Amener un débutant jusqu’à la ceinture noire en procure une très belle. Surtout si au départ ce n’était pas gagné ! (Certains reconnaitront une forme d’humour très personnel, et certains aussi se reconnaitront peut-être.) La ceinture noire et les dan qui lui succèdent ne sont pas les seules preuves de progrès, même si elles en sont des probantes.

Troisièmement, il s’agit de la reconnaissance et du respect qui nous viennent en retour, si nous avons été la hauteur de notre mission. Même si parfois certaines exceptions confirment la règle.

Quatrièmement, se sentir utile, même à l’extérieur du dojo. Si un élève vous confie que sa vie s’est améliorée au fur et à mesure de sa pratique, vous ne pouvez que ressentir un contentement indéniable, sans doute supérieur à celui donné par l’obtention d’un grade ou bien d’un quelconque titre sportif. Là aussi, il s’agit d’un l’enseignement dispensé sur du long terme.

Enfin la cinquième, qui se situe dans le prolongement de la précédente, et qui n’est pas la moindre, consiste à participer à l’amélioration de la vie en société. Dans le domaine qui concerne les arts martiaux, si au travers d’une pratique qui respecte les principes du shin-ghi-tai (l’esprit, la technique et le corps), chers à JIgoro Kano, nous pouvons, grâce à un enseignement qui ne néglige aucun aspect, participer au combat contre cette violence qui gangrène notre quotidien, il s’agira là encore d’une inestimable satisfaction.

Voilà cinq bonnes raisons qui me font aimer ce métier. Peut-être d’autres enseignants en trouveront des différentes et/ou complémentaires.

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