Afficher en bonne place le Code moral sur un mur du dojo mais ne pas l’appliquer ne sert à rien. A moins que ce soit pour se donner bonne conscience ou encore revendiquer des principes sans les mettre en pratique. Heureusement, ces comportements ne sont pas (encore) majoritaires.
Avec l’expérience, lorsque l’on entre dans un dojo on est capable de ressentir tout de suite « l’ambiance générale ». Il y a d’abord ce qui se constate, quelques signes très concrets qui s’imposent à l’œil et à l’oreille. En premier lieu, le rapport avec l’hygiène : la propreté des kimonos, des zorries (ou tongs) placées sur le bord du tatami qui prouvent que pour s’y rendre cela ne se fait pas pieds nus. Ensuite le respect des traditions avec l’uniformité des tenues, des élèves qui se tiennent correctement (et surtout qui ne parlent pas pendant les explications du professeur), qui ne s’avachissent pas durant les phases de repos et qui communiquent entre eux sans vociférer. Le respect du partenaire, matérialisé par le salut à chaque changement, le respect du lieu avec le même salut en descendant du tatami ou en y montant. S’il est indispensable de s’absenter quelques minutes ou de quitter le cours pour convenance personnelle, on n’oubliera pas d’en informer le professeur.
Ensuite, avec davantage d’expérience, il y a le ressenti spontané, ce qui flotte dans l’air. Une certaine « philosophie » dispensée au travers d’un enseignement constructif dans le rapport avec l’opposition, des élèves qui « transpirent aussi du plaisir » (tout en respectant une certaine discipline, ce qui est ni contradictoire, ni incompatible).
Et puis, la qualité technique des élèves (ce qui est important quand même !), celle-ci pouvant plus facilement s’apprécier lorsque l’on a soi-même atteint un certain niveau. Autre point important, la diversité des ceintures, celle-ci étant une indication positive ; une majorité de hauts-gradés ou au contraire une majorité de débutants, ne sont ni l’une ni l’autre de bons signes. Par ses qualités pédagogiques un professeur doit être capable de s’adresser et de satisfaire tous les échelons sans ne jamais oublier que même s’il est flatteur et gratifiant de s’occuper des ceintures foncées, celles-ci ont d’abord été toutes blanches et qu’il est indispensable et très plaisant d’initier un néophyte en lui donnant l’envie de continuer.
Le respect des personnes, du lieu, des traditions, du principe d’entraide (les plus gradés qui aident les moins gradés), voilà un minimum pour une pratique harmonieuse. Ensuite chaque enseignant, mettra son empreinte technique et comportementale, ce qui fait qu’à la simple évocation de son nom par une personne ayant été son étudiant, on saura presque avec certitude à qui nous avons affaire. Ce qui est rassurant lorsque l’on accueille un visiteur (ou pas !).
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Parmi les évènements de cette nouvelle année, dans quelques semaines, fin mars précisément, se tiendra la 33ème édition du Festival des arts martiaux. Comme tous les ans depuis 1985, ce grand rendez-vous se tiendra à Bercy. Oui, j’ai encore des difficultés avec le nouveau nom : Accord Hôtel Aréna . Nous devrons nous y faire, puisqu’avec les J.O. une certaine pollution publicitaire devrait nous être imposée dans la capitale. Mais ce n’est pas le sujet du jour.
Dimanche soir, dans le TGV qui me ramenait de Paris à Niort, s’est manifestée l’envie d’évoquer les rendez-vous dominicaux, à l’image de celui que je venais de vivre. Une fois par mois, pour trois heures de ju-jitsu, je reviens dans la capitale pour y retrouver des personnes que j’apprécie infiniment. Au fil de la journée le plaisir se manifeste de plusieurs manières.
A chaque début de saison ce sont malheureusement plus de 50 % d’élèves qui ne renouvellent pas leur adhésion et ne reprennent plus le chemin du dojo. Ce chiffre émane de sondages effectués il y a quelques années mais il y a peu de chance qu’il ait évolué favorablement. Cela signifie que pour conserver le même effectif et « a fortiori » l’augmenter, il faut recruter la saison suivante un nombre équivalent de débutants, sinon plus. Il s’agit d’un challenge colossal et si ce n’était pas le cas, l’équilibre de la structure serait menacé.
Dernièrement un internaute se demandait si les professeurs de ju-jitsu testaient leurs techniques « en situation », c’est-à-dire dans la rue, pour être tout à fait précis. Cette question pourrait être posée plus largement à tous ceux qui enseignent une méthode de défense. Mais peut-être y avait-il un peu de malice dans cette interrogation ? Ceci étant, tester chaque technique dans la rue avant de l’enseigner n’est pas vraiment possible. D’abord parce que c’est interdit ; il existerait un problème de droit (et de conscience) s’il s’agissait de provoquer une telle situation.
Ce qu’a réalisé Teddy Riner le week-end dernier est tout simplement exceptionnel. Je suis loin d’être pour le « tout compétition » et pour les excès qui y sont parfois attachés, notamment lorsque certains sportifs sont encensés au point de ne plus leur faire toucher terre. Mais là, avec Teddy Riner il faut se réjouir d’être en présence, non seulement d’un champion d’exception, mais aussi et surtout d’une personne au comportement exemplaire, ce qui n’est pas forcément le cas d’autres sportifs au palmarès moins éloquent. Cet homme rassemble des qualités techniques, physiques et mentales. En fait, il personnifie le fameux « Shin-ghi-taï » (l’esprit, la technique et le corps) cher à Jigoro Kano. Avec Teddy Riner, le sportif de haut-niveau retrouve une de ses fonctions : l’exemplarité ! Peut-être la plus importante aux yeux d’un éducateur.
L’allongement des congés scolaires est une bonne chose pour les enseignants et les élèves, ça l’est aussi pour le secteur du tourisme…C’est moins vrai pour la réalisation de progrès dans la pratique des arts martiaux. Rares sont les dojos ouverts durant ces périodes de vacances et à raison d’une fréquentation d’une fois ou deux par semaine sur huit mois, la régularité – une des sources de progression – s’en trouve indiscutablement impactée.