
D’une certaine manière cet article peut être considéré comme le complément à celui de la semaine dernière. En présentant un livre : « Petite philosophie des arts martiaux » nous poursuivons sur le même sujet, à savoir la violence, et ce qui pourrait être considéré comme un paradoxe d’affirmer que l’on peut justement lutter contre elle avec la pratique de techniques de combat destructives.
L’auteur de ce livre édité en 2006, André Guigot, Docteur en philosophie, explique que l’éducation du corps passe par l’éducation de l’âme, corps et âme étant inséparables. Mais aussi avec un travail en harmonie avec son entourage. « L’amour de la sagesse ne s’oppose pas à l’art du combat. Dès l’origine, que l’on peut situer en Inde puis en Chine il y a plus de cinq mille ans, l’histoire des arts martiaux se confond avec une recherche de paix et d’harmonie avec soi-même et le monde extérieur ». Ainsi commence ce recueil rempli d’informations et de sagesse.
Cela nous rappelle forcément le grand principe de Jigoro Kano qui, au travers de son judo (un ju-jitsu féodal adapté aux évolutions de la société), proposait une méthode d’éducation physique et mentale. A l’aide d’exercices corporels représentant des techniques de combat, l’objectif tend à renforcer son corps non pas pour devenir meilleur que les autres mais devenir meilleur soi-même, ce qui est une belle nuance. L’étude de techniques de défenses (efficaces) était un prétexte à une quête plus large.
Sur le thème de la violence, l’auteur nous explique que celle-ci n’est pas un état naturel chez l’homme, mais qu’elle découle d’une frustration et qu’une pratique sereine et apaisée des techniques de combat participe à la disparition de l’agressivité. De plus il affirme que la violence et la bêtise sont contraires à l’art du combat. Il évoque les hiérarchies superficielles qui perdent leur sens lorsque l’on a revêtu une tenue identique pour tous. Le respect qui ne doit pas être le fruit de la crainte mais celui de la reconnaissance. Les grades, avec cette belle phrase : « C’est l’homme, ou la femme, qui donne de la valeur à son grade, pas l’inverse ». Il évoque « l’art de l’évasion » (l’esquive) et celui de la souplesse (il s’agit là de la souplesse comportementale – l’utilisation de la force de l’adversaire) avec la présentation de l’aïkido, de l’aiki-jitsu et du judo. Le comportement en dojo, dans lequel « on n’entre pas comme dans un magasin, ni tout à fait comme dans un centre d’entraînement sportif ». La compétition, qui n’est pas indispensable et qui, pour les compétiteurs, doit être considérée comme un simple moment dans la vie. L’esthétisme, que l’on peut associer à une parfaite maitrise physique et donc à l’efficacité, ne serait-ce que par la précision que cette qualité impose. Le plaisir dans la pratique et dans la satisfaction de sa propre évolution. Bien d’autre thèmes sont abordés, tous plus intéressants les uns que les autres, comme l’émergence de certaines pratiques dites « modernes ».
Tout aussi instructives sont les nombreuses citations égrainées au fil des chapitres comme ce proverbe d’Okinawa (l’île qui a vu naitre le karaté) : «La douleur fait penser l’homme. La pensée rend l’homme sage. La sagesse rend la vie acceptable ». On ne peut mieux conclure un article ! Bonne lecture.
eric@pariset.net www.jujitsuericpariset.com
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Après avoir présenté le travail des clefs il y a quinze jours, passons à celui des étranglements. Evoquer le terme d’étranglement auprès d’un néophyte provoque souvent une certaine frayeur légitime. Les pratiquants, eux, sont familiarisés avec ce groupe de techniques qui, lorsqu’elles sont travaillées entourées des précautions de base, ne sont absolument pas dangereuses parce que contrôlées. D’autant que leur bonne réalisation demande un peu de temps, celui qui permettra l’acquisition d’une forme de sagesse et de maitrise dans tous les sens du terme.
« Pouvoir maîtriser quelqu’un sans forcément mettre ses jours en danger » est une formule qui convient parfaitement à ce groupe de techniques dont le but est d’agir sur les articulations au point de provoquer une douleur qui contraint l’adversaire ou l’agresseur à l’abandon. « Forcer l’articulation dans le sens inverse de son fonctionnement naturel » est une autre formule très explicite. L’efficacité des clefs est incontestable et leur utilisation permet aussi de « graduer » la riposte. Son utilisation est moins radicale que celles des projections et des coups, ce qui n’est pas négligeable sur le plan de la légitime défense, mais aussi au nom du respect de la vie.
C’est toujours un grand plaisir que celui de proposer, de temps en temps, quelques lignes issues du recueil « Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon ». Cette fois elles nous conduisent à quelques réflexions sur les « forces de l’esprit », qui peuvent nous habiter à partir d’un certain niveau d’engagement et de pratique.
Encore une couverture de magazine en rapport direct avec ce billet. Cette fois c’était en 1984 et il s’agissait d’un numéro hors-série de la revue « judo » de la FFJDA. Une parution qui s’adressait trimestriellement aux dirigeants de club et aux élus régionaux.

Avec une présentation plus complète du nage-waza, (travail des projections), ce billet étoffera celui publié le 13 octobre dernier dans lequel étaient évoquées les trois familles du ju-jitsu (atemi, nage et katame).
Notre pays a toujours été strict concernant l’encadrement des activités sportives. Ce n’est d’ailleurs pas le seul domaine soumis à une forte réglementation et certains de nos excès en matière de contrainte administrative font notre réputation. Il s’agit sans doute des défauts de nos qualités. Etre rigoureux quant il s’agit de s’assurer qu’une activité physique et à fortiori une discipline de combat est correctement encadrée ne semble pas extravagant. D’autres pays ne sont pas aussi sourcilleux.