Réflexions

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Il est assez facile de frapper en dépit du bon sens, il est plus difficile de le faire avec précision. Il est encore moins facile de bloquer les coups et, mieux, de les esquiver. Enfin il est très difficile de gérer sa riposte, de la mesurer, de la « proportionner », qu’elle soit en coups, en projections ou en contrôles (clés et étranglements). Y arriver demande beaucoup de travail et relève parfois de ce qu’on appelle la finesse technique. Un objectif efficace et responsable.

C’est vrai que par les temps qui courent l’émanation et la recherche de cette finesse technique, et de la finesse tout simplement, n’est plus trop d’actualité. On le constate, ne serait-ce que lors des débats qui rythment notre société et dans lesquels il est davantage question d’injures que d’échanges d’idées qui feraient avancer.

Il est vrai que la violence engendre la violence (c’est un lieu commun, mais tellement vrai). Malheureusement, parfois, les raisons ne manquent pas pour passer au dessus de cet adage.

Mais en tant que pratiquant d’art martiaux, et plus encore de professeur, n’existe-t-il pas une exigence éducative ? Essayer de faire mieux, d’évoluer, d’élever (élève, élever).  J’y reviens souvent, mais c’est une mission. Si dans notre corporation, on baisse les bras, qu’on cède à la facilité et que cette mission d’élévation est abandonnée, non seulement nous trahissons nos objectifs et nous nous trahissons nous-mêmes.

Que ce soit bien clair, quand il y a faute, elle doit être sanctionnée à hauteur du délit. Mais chacun son rôle, celui du professeur est d’éduquer.

On va me dire qu’enseigner les disciplines de combat, c’est apprendre à se battre, à se défendre, c’est exact, mais rien n’empêche d’y mettre la manière. La mission est double : Apprendre des techniques de riposte tout en éduquant l’esprit.

« Education »  ne signifie pas « manque de discipline », bien au contraire. Le rôle du professeur est d’apprendre des techniques, mais aussi d’apprendre à se discipliner, dans le respect des consignes, dans l’attitude générale au sein du lieu d’entraînement, et non pas d’y exacerber la violence par des mots ou des attitudes. Dans les arts martiaux japonais, cet endroit n’est-il pas appelé le « dojo », le lieu dans lequel on « trouve sa voie ». Peut-être est-ce oublié ? Trouver sa voie, y compris celle de la sagesse.

Lors des séances d’entraînement, on ne défend pas sa vie, on apprend des techniques qui le permettent en cas d’agression. Mais on doit apprendre aussi à devenir « Maître de soi ».

Le contrôle de soi n’est pas signe d’inefficacité ou de lâcheté. Cette finesse technique évoquée plus haut, c’est tout simplement la recherche du bon geste au bon moment, celui qui demandera le moins d’effort pour un maximum d’efficacité. Oui, d’efficacité.

Quant à ceux qui pensent qu’en matière de self défense, si on ne fait pas comme dans la rue, il ne sert à rien de s’entraîner, je les invite à tester, par exemple, des chutes sur le macadam, des étranglements portés jusqu’au bout et d’autres techniques tout aussi fatales. Surtout quand on sait que pour être efficace il faut s’astreindre à d’inlassables répétitions !

La réalité c’est la réalité, l’entraînement c’est l’entraînement, ce n’est pas la rue. Ne serait-ce que pour le mental, il ne serait pas sain d’évoluer plusieurs fois par semaine dans un tel climat.

Finesse technique et efficacité, l’une n’empêche pas l’autre.

www.jujitsuericpariset.com

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