Parmi les pratiquants de longue date qui aspirent à occuper des fonctions de transmission, en clair qui souhaitent enseigner, il existe trois catégories. Ceux qui réunissent les qualités indispensables ; techniques et pédagogiques. Ceux qui en possèdent une et enfin, et c’est très ennuyeux, ceux qui n’en possèdent aucune. En étant plus direct, on pourrait affirmer qu’aux extrêmes il y a ceux qui sont bons en tout et d’autres… bons à rien !
Revenons sur ces atouts.
D’abord l’aspect technique. Parfois il s’agit de prédispositions naturelles, mais le plus souvent c’est grâce à un travail considérable. Le talent ne gâche rien, bien évidemment, mais « le talent sans le travail n’est qu’une sale manie ». Georges Brassens.
Ensuite, il y a l’aspect pédagogique ; la capacité à transmettre son savoir. Y compris pouvoir expliquer et enseigner des techniques que l’on ne maîtrise pas forcément.
L’idéal est évidemment de posséder ces deux qualités. Briller dans une seule n’est satisfaisant que s’il s’agit – pour les enseignants – de l’aspect pédagogique. J’ai connu des champions d’exception, absolument incapables de transmettre des principes et techniques de base et même leurs spécialités et à l’inverse, j’ai souvent fait le constat que de modestes pratiquants sont d’excellents professeurs et/ou entraîneurs. Cela me permet d’avoir le plaisir de rebondir avec une citation fétiche : « L’essentiel n’est pas ce que l’on enseigne, mais ce que les élèves apprennent. » Les fidèles de ce blog doivent penser qu’il y a un peu de répétition dans ces lignes qui citent une énième fois ce professeur et écrivain du nom d’André Giran. Cette affirmation est devenue pour moi une sorte de leitmotiv. Elle est comme une petite flamme permanente qui brille dans un coin de ma tête. Elle illustre tout à fait ma pensée et la conception que j’ai de ma tâche.
Pour revenir aux qualités, je connais aussi des personnes qui ne maîtrisent aucune de celles énoncées plus haut et là, on peut se demander ce qu’ils font, parfois, à certains postes de responsabilités. Il est vrai que bien souvent ils opèrent, ou même sévissent, dans des institutions d’Etat où les places sont attribuées en fonction de critères qui échappent totalement à la logique. En tout cas à celles des compétences. Il s’agit aussi parfois d’un bête « malentendu », mais en aucun cas du fruit de qualités indiscutables de transmission qui se concrétisent par des résultats probants, à savoir : le nombre d’élèves sur du long terme, de ceintures noires formées, de résultats en compétitions pour les disciplines à but compétitif, etc. Et tout simplement de personnes épanouies au travers d’une pratique adaptée. Heureusement que ces personnes n’exercent pas dans le privé !
L’éducation physique en général – et l’enseignement des arts martiaux en particulier – est un savant dosage d’explications du professeur et de répétitions de la part de l’élève. L’explication ne doit pas être trop longue et comporter l’essentiel, surtout si le public est néophyte. L’attention se relâche très vite et entrer dans le détail n’est absolument pas une nécessité, au contraire. J’aime à comparer le métier d’enseignant à celui d’artiste sculpteur, qui dans un premier temps va faire son « bloc » et qui au fur et à mesure affinera, pour ensuite finir par les détails. Dans cet art, nous ne concevrions pas le contraire ! Et puis, sans pour cela que la séance se transforme en show où l’enseignant confond parfois leçon et spectacle, il ne faut pas hésiter à montrer et démontrer sous différents angles en expliquant le minimum indispensable. Explications et démonstrations succinctes, quitte après quelques répétitions de la part des élèves à démontrer une nouvelle fois, en insistant sur les fautes décelées, celles-ci étant bien souvent redondantes. L’enseignement se conçoit par paliers, il est nécessaire de ne jamais l’oublier. Et le professeur doit toujours avoir à l’esprit que ce qu’il démontre pourra se diviser par dix et être encore dix fois trop compliqué pour le débutant à qui il s’adresse.
Quant aux plus gradés, outre les détails qu’il faudra peaufiner, ce ne seront rien moins que d’inlassables répétitions, méthodes d’entraînement et autres randoris qui seront générateurs de progrès. Une autre citation que j’aime : « On ne peut rien contre l’entraînement. » Je ne me souviens plus de l’auteur, mais parmi les fidèles de ce blog, j’en connais au moins un qui pourra nous secourir ! Dans un prochain billet nous irons un peu plus en avant en évoquant la motivation qu’il est utile de susciter, et surtout comment !
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