2021 : quelques mots…

2021 : quelques mots et des photos souvenirs (à retrouver sur la page Facebook du Club Jujitsu Eric Pariset) !
Très prochainement un bilan plus étoffé concernant cette année.

Les 1ers janvier 2020 et 2021 nous nous souhaitions une bonne année…c’est en repensant à ces moments là que l’on s’aperçoit qu’il ne suffit pas toujours de vouloir pour pouvoir ! Encore une année qui s’achève et qui ne laissera pas de bons souvenirs pour une grande partie de la population. Nous avons continué à subir une crise commencée en 2020. Et malgré les efforts et les sacrifices consentis, les maux subis au cours de ces deux années sont de plus en difficiles à supporter, inévitablement ils laisseront des traces, c’est déjà le cas. D’autant que sans vouloir être défaitiste, si l’on en croit les dernières informations aussi alarmistes qu’anxiogènes, dont nous sommes quotidiennement bombardés, ce n’est malheureusement pas terminé.

Allons-nous continuer longtemps à assister en toute impuissance aux dommages collatéraux, c’est-à-dire à la dégradation – et même à la disparition de nombreux secteurs ? Mais aussi à la mise à mal de la santé physique et mentale de beaucoup d’entre nous. Autant de catastrophes engendrées collatéralement, les faits sont là.

Certes, depuis vingt et un mois, nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne, certains sont plus chanceux que d’autres, tant mieux pour eux. N’étant pas dans la bonne catégorie, pour me consoler, on me dit que l’essentiel reste la santé ; ce qui est vrai. Mais des mois sans travail et sans perspectives positives dans ce domaine, est-ce un bon moyen pour la conserver ? Et puis, est-ce que vivre, c’est juste se contenter de ne pas être malade ?

Certes, on peut apprendre à se satisfaire de peu, mais on est en droit de s’interroger et de s’agacer quand ces remarques sortent de la bouche de gens nantis pour lesquels la crise n’a rien retirer : ni les moyens de vivre correctement, ni ceux  de satisfaire les principaux besoins et principales envies.

Loin de moi de vouloir exprimer un sentiment de jalousie envers ces épargnés, mais de la part de certains, un comportement emprunt d’un peu de retenue serait plus acceptable. Mais il y a pire encore avec les donneurs de leçons ; là c’est insupportable !

Beaucoup de gens dans ma situation n’ont pas besoin de leçons, la plupart savent ce qu’ils ont à faire, c’est-à-dire reconstruire sur un champ de ruine. Et pour reprendre une expression largement utilisée depuis presque deux ans, ils ne « lâchent rien ». Heureusement, il y a beaucoup d’encouragements qui vont droit au cœur.

A titre personnel, depuis presque deux ans, ce ne sont ni la volonté, ni l’énergie qui me font défaut. On me dit tu vas rebondir ! Oui, mais de quelle manière, dans un des secteurs d’activité les plus pénalisés ? Alors quelles sont les opportunités qui s’offrent à moi ? Premièrement, ouvrir un nouveau dojo ? Dans le climat actuel et avec les annonces qui nous sont faites, cela serait irresponsable, j’ai déjà largement donné ! Et puis il faut en avoir les moyens. Deuxièmement, trouver des créneaux horaires dans les équipements municipaux ?  Il n’est pas évident de se faire accepter, pour ne pas dire impossible. Troisièmement, faire des stages ? J’ai commencé, mais pour faire des stages il faut… des stagiaires. D’une part, les sections rassemblant des adultes ont beaucoup souffert depuis vingt et un mois. Et puis, n’ayant plus de dojo je n’ai plus d’élèves, exception faite de quelques irréductibles fidèles. Enfin, les querelles de chapelle n’ont pas disparu. Elles éloignent un peu plus chaque jour les beaux principes et préceptes d’entraide mutuelle prônés par le fondateur du judo. (qui ne manque pas d’être cité en référence, par ailleurs !). Enfin, certains ont une solide mémoire sélective, en oubliant facilement une partie du passé.

Heureusement, il y a quelques belles surprises émanant de personnes qui se reconnaîtront et que je remercie, mais ce n’est pas suffisant.

Pour la nouvelle année, je souhaite simplement pouvoir exercer mon métier, un métier qui m’est indispensable, que j’aime et dont l’utilité n’est plus à démontrer.

Certaines situations ne sont pas simplement dues à de la malchance, comme on pourrait le croire, mais à une forme d’injustice que l’on se doit combattre en la dénonçant, les mots peuvent être des armes de combat et la manifestation de la colère saine et légitime. Dans certains cas, il n’y qu’à voir ce dont sont capables des gens confrontés à la désespérance engendrée par de telles situations. Tout cela n’empêche pas d’agir positivement dans l’espoir d’une reconstruction, sans doute longue et chaotique.

Cela n’empêche pas non plus de souhaiter de bonnes fêtes de fin d’année, même avec Papy et Mamie dans la cuisine, toutes fenêtres ouvertes.

Le dojo et la rue

De temps en temps on entend « curieusement » qu’en matière de self-défense, la seule expérience valable se trouve dans la rue. Certes, travailler dans le confort d’un dojo et se retrouver confronté à la violence de la réalité, ce n’est pas pareil. Nous ne sommes pas tous égaux face au stress que représente une agression, mais envisager de s’entraîner et de se tester en situation réelle, n’est pas vraiment concevable.

Alors comment savoir si l’on pourra se sortir d’une situation d’agression ? On ne le sait pas tout simplement ! On le découvrira, si nous y sommes confrontés, à mon avis personne ne le souhaite. Beaucoup de facteurs entrent en ligne de compte. D’abord notre niveau technique et notre condition physique, ensuite, effectivement, notre réactivité et notre capacité à ne pas se retrouver tétanisé par l’évènement. La chance pourra aussi entrer en ligne de compte.

Il reste à s’en remettre principalement à l’apprentissage, mais aussi à d’innombrables répétitions pour façonner le corps et affûter les automatismes. Et puis, ce qui n’est pas négligeable, il faut se souvenir de quelques règles essentielles : ne pas se surestimer, éviter les situations et les endroits « à risque », ne pas avoir honte d’éviter le danger, favoriser la négociation,  ne pas ignorer que de toutes les façons, il y a de grandes chances qu’un affrontement se termine mal, que ce soit pour l’agressé ou pour l’agresseur.

Dans un précédent article traitant du même sujet, j’avais évoqué quelques exemples de personnes, d’âges et de niveaux techniques différents, ayant pu se sortir d’agressions grâce à leur pratique. Ce sont des exemples qui m’ont été rapportés et que je n’ai aucune raison de mettre en doute.

J’ai aussi une autre catégorie d’exemples, ceux de personnes qui avaient subi des agressions et pour lesquels, à partir du moment où ils ont commencé à pratiquer, ils n’ont plus été confrontés à ce genre d’événement. Sans doute une certaine assurance émanait d’eux, ce que ressentaient les éventuels agresseurs. Ce n’est évidemment pas une garantie, mais c’est un atout non négligeable.

Enfin, même si nous vivons dans un climat violent, nous le constatons presque chaque jour, (la violence s’immisce parfois de façon désolante dans des milieux où on ne l’attend pas) il n’est pas sain de s’entraîner uniquement dans cette optique. Il y a d’autres choses à découvrir dans l’étude des arts martiaux. Cette violence, elle a d’ailleurs toujours plus ou moins existé, mais les moyens de la mettre au grand jour n’étaient pas les mêmes. Malheureusement nous constatons que certains actes sont commis par des personnes de plus en plus jeunes, notamment en direction de leurs professeurs au collège et au lycée. C’est là que les arts martiaux peuvent apporter une contribution importante en matière d’éducation.

Pour conclure, il n’est pas inutile de rappeler que personne n’est invincible. Affirmer que grâce à telle ou telle méthode on le deviendrait, est une escroquerie. Par contre on peut défendre l’idée que le potentiel défensif – plus ou moins important, que nous avons tous en nous ne fera qu’augmenter avec une pratique sérieuse et régulière !

Atemi ju-jitsu et combat

Cette « publication souvenir » nous ramènent au milieu des années 1970.

La méthode « atemi ju-jitsu » avait pour objectif la remise en valeur du ju-jitsu – et d’un groupe de techniques délaissées, en l’occurrence les percussions (atemi) – afin de répondre à la demande émanant d’une population intéressée par l’aspect utilitaire et pas forcément par l’aspect sportif. Cette initiative permettait d’élargir et de satisfaire un important panel de pratiquants. L’association avec le judo était naturelle, elle  établissait une solide complémentarité.

Par la suite, l’instauration de compétitions d’affrontement direct en ju-jitsu allait à l’encontre du but initial, celui de proposer un enseignement à but non compétitif.  Je me suis souvent exprimé sur le sujet en affirmant que je n’étais pas contre la compétition (bien que parfois certains excès interpellent), mais que certaines disciplines pouvaient difficilement s’adapter à des affrontements directs, sauf à être tronquées techniquement pour des raisons évidentes de sécurité. Par conséquent, elle est quelque peu dénaturée et perd l’objectif initial.

La formule peut être attractive et intéresser certains pratiquants, mais sous une autre appellation que ju-jitsu, et puis elle est malgré tout difficilement praticable. De plus, à partir du moment où existent des compétitions, beaucoup de professeurs se limitent à l’enseignement des seules techniques qui y sont autorisées. Nous ne sommes plus dans la self-défense, nous retournons à la case départ en éloignant les hommes et les femmes à la recherche d’un simple loisir utilitaire, doté d’un engagement physique abordable et mesuré.

Certains clubs, qui le peuvent et le veulent, proposent les deux formes de travail (traditionnel et « combat »), mais par manque de créneaux horaires, c’est souvent la deuxième forme qui est privilégiée. Privant les clubs de judo ju-jitsu d’un potentiel non négligeable de pratiquants se tournant vers d’autres horizons, déçus de ne pas trouver ce qu’ils recherchent.

Pour ma part je suis plus que jamais attaché à la forme traditionnelle de notre ju-jitsu, elle est sa vraie nature. Dans cette forme il reste une complémentarité indiscutable au judo, ou encore sa meilleure approche.

Lettre ouverte…

Lettre ouverte à l’attention de Monsieur le Ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance

Monsieur le Ministre,

Vous évoquez la belle croissance d’après crise, mais vous semblez oublier une catégorie de gens qui regroupe ceux qui ont été laissés au bord du chemin ! La croissance en question à laquelle vous faites référence ne profite à tout le monde, loin s’en faut.

En 2015, j’avais décidé de quitter la capitale pour m’installer en province en espérant pouvoir y exercer mon activité qui viendrait en complément de l’inconsistante retraite des indépendants ! Malheureusement, ne trouvant pas de solutions dans mon secteur d’activité, en juillet 2019 je décidais de revenir à Paris pour y ouvrir un dojo privé. Je n’ai pas hésité à traverser la moitié du pays pour recréer une petite entreprise.

Quelques mois après, en raison de la crise sanitaire, j’étais contraint de fermer cette entreprise.

Tout le monde n’a pu bénéficier pleinement des aides ; les critères d’éligibilité n’étant accessibles qu’à certaines conditions. Comme je ne pouvais pas me permettre de lutter contre une propriétaire qui exigeait ses loyers, j’ai, selon l’expression consacrée, mis « la clé sous la porte ». Je sais que je ne suis pas un cas unique, une partie de la population a été sacrifiée dans une certaine indifférence.

Pour résumer, j’ai perdu mon outil de travail, mon travail, l’investissement engagé dans l’ouverture de l’entreprise et tout espoir de reconstruction, faute de moyens. Et quand bien même je pourrais le faire, le climat anxiogène dans lequel nous nous trouvons n’incite pas à l’investissement, surtout lorsqu’on a déjà été floué une première fois !

Ce courrier a pour but de porter à votre attention que certaines déclarations sont difficiles à entendre et à accepter.

Aujourd’hui, je suis retourné en province avec la farouche volonté de rebondir, cependant dans certaines circonstances elle ne suffit pas, je le constate amèrement.

En espérant que ces quelques lignes retiendront votre attention, je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma très haute considération.

Éric Pariset
Professeur d’arts martiaux

Trois mouches…

Voilà une petite histoire que j’ai déjà maintes fois publiée sans en éprouver la moindre lassitude, la preuve ! La dissuasion est une arme redoutable !

« Dans une auberge isolée, un samouraï est installé, seul à une table. Malgré trois mouches qui tournent autour de lui, il reste d’un calme surprenant. Trois ronins  entrent à leur tour dans l’auberge. Ils remarquent aussitôt avec envie la magnifique paire de sabres que porte l’homme isolé. Sûrs de leur coup, trois contre un, ils s’assoient à une table voisine et mettent tout en œuvre pour provoquer le samouraï. Celui-ci reste imperturbable, comme s’il n’avait même pas remarqué la présence des trois rônins. Loin de se décourager, les rônins se font de plus en plus railleurs. Tout à coup, en trois gestes rapides, le samouraï attrape les trois mouches qui tournaient autour de lui, et ce, avec les baguettes qu’il tenait à la main. Puis calmement, il repose les baguettes, parfaitement indifférent au trouble qu’il venait de provoquer parmi les rônins. En effet, non seulement ceux-ci s’étaient tus, mais pris de panique, ils n’avaient pas tardé à s’enfuir. Ils venaient de comprendre à temps qu’ils s’étaient attaqués à un homme d’une maîtrise redoutable. Plus tard, ils finirent par apprendre, avec effroi, que celui qui les avait si habilement découragés était le fameux Miyamoto Musashi.

Violence et non-violence…

En ouverture d’un modeste article consacré à la violence (écrit à l’aide de mots simples) et pour l’illustrer, j’ai pensé publier cette petite leçon.
« L’aîné d’une tribu indienne explique la vie à son petit fils : « tu vois, en chacun de nous, deux loups s’affrontent en permanence : il y a le loup de la haine, du pessimisme et de l’égoïsme ; et il y a aussi le  loup de l’amour, de l’optimisme et de la générosité ». L’enfant demande : « Et quel est celui qui l’emporte ? ». Le sage répondit : « celui que tu nourris » ! »

Cela va sans dire que, comme beaucoup, je milite pour l’éradication de la violence, ce fléau qui enlaidit notre société. Il n’a cessé d’exister, les racines du mal sont profondes et les raisons multiples. Cependant il n’est pas interdit d’espérer, tout comme il n’est pas question d’abdiquer.

Il ne s’agit pas d’un exposé sur les origines et les causes des différentes formes de violences, je me limiterai à mon domaine de compétence et à l’impact positif que mon métier se doit d’apporter à la société. J’en profite pour rappeler qu’il n’existe pas que la violence physique, certaines violences mentales peuvent parfois être aussi redoutables.

Chaque professeur, quelle que soit la discipline qu’il enseigne, a un rôle majeur à jouer. Dans cette lutte, l’éducation est fondamentale, elle permet de prendre le mal à la racine. Certes, cela s’inscrit sur du long terme, mais cet enjeu le mérite.

Les professeurs d’arts martiaux ont une responsabilité encore plus importante dans la mesure où ils enseignent des techniques de combat, certaines à l’issue pouvant être fatale. Elles devront donc être considérées et enseignées avant tout comme des armes de dissuasion et utilisées exclusivement en dernier recours.

C’est toute la difficulté de la transmission de nos disciplines ; elle doit se faire dans un but éducatif et non destructif (bien que, comme indiqué plus haut, ce soit la vocation de la plupart des techniques). On ne répond pas à la violence par la violence. Cette affirmation pourra être considérée comme une sorte de poncif par certains, mais elle est pourtant vraie. Je sais que cette phrase a été dite et écrite à de nombreuses reprises. Il n’est jamais inutile « d’enfoncer le clou ».

Certains pensent que de tels propos sont empreints d’un angélisme inadapté, d’une naïveté déconcertante ou même de laxisme. Ceux-là ne peuvent pas être considérés comme des éducateurs responsables.

Etre contre la violence n’est pas forcément faire preuve d’inconscience ; lorsque l’on est agressé violemment, il faut être capable de riposter efficacement, avec un niveau technique et mental qui permet d’agir rapidement, mais avec nuance – dans la mesure du possible, sans ignorer les notions de légitime défense et de respect de la vie.

Il est navrant de constater que certaines méthodes de combat peuvent être utilisées à de mauvaises fins, ou enseignées de façon brutale, violente. Heureusement, il s’agit du fait d’une minorité de personnes ne pouvant être considérées ni comme des budokas, ni comme des enseignants.

Dans leur immense majorité, les professeurs de nos belles disciplines sont conscients de l’enjeu, ils ne se comportent pas comme des destructeurs, mais comme des éducateurs.

Le dojo !

Un DOJO n’est pas simplement un lieu où l’on transpire, c’est aussi un endroit dans lequel on s’inspire. Il doit y régner une ambiance particulière qui n’est pas celle d’une simple salle de sports, on doit y apprendre « quelque chose » de plus.

C’est le lieu dans lequel  on est censé « trouver sa voie » (traduction de dojo), c’est-à-dire le chemin. Le chemin de la sagesse, de la tolérance, de la détermination, bref le chemin de l’existence.

La voie qui permettra de s’élever sur le plan technique, mais aussi sur le plan mental. Les arts martiaux, enseignés et pratiqués comme ils doivent l’être, ne sont-ils pas des « Écoles de vie » ?

Malheureusement, ce n’est pas toujours la réalité, parfois les conditions ne sont pas réunies. D’abord, et nous n’y pouvons rien, certains équipements municipaux sont destinés à plusieurs disciplines sportives, autres que les arts martiaux, privant ainsi le lieu d’une certaine identité propice à l’étude bien particulière de nos disciplines.

Ensuite il y a ce que l’on peut appeler « l’esprit », celui qui est inculqué par le « maître des lieux », le professeur. C’est à lui qu’incombe la responsabilité de faire en sorte que les élèves trouvent leur voie, sur le plan technique, mais aussi sur le plan mental, comme indiqué plus haut.

Trouver la voie, c’est trouver le chemin qui mène aux progrès techniques et à la sagesse comportementale. Faire de sa pratique quelque chose d’utile pour soi et pour les autres. Il ne suffit pas d’afficher le code moral sur un mur du dojo et être ainsi en paix avec sa conscience, il faut aussi le respecter et le faire respecter.

Le dojo, n’est pas un endroit dans lequel seront vénérées quelques divinités que ce soit, mais simplement un lieu où l’on applique les principes de politesse élémentaire et de respect vis-à-vis du professeur et des autres élèves, du plus gradé au moins gradé, mais aussi de l’espace dans lequel nous étudions. Le dojo est un lieu d’étude, de partage et de respect.

C’est au professeur qu’incombe la responsabilité de faire respecter tous ces éléments. Comme arriver à l’heure, saluer en entrant dans le lieu, ne pas se déplacer pieds nus en dehors du tatami, veillez à ce que les « dogis » soient propres, saluer son partenaire dans une tenue correcte avant et après chaque changement, communiquer à voix basse, voilà quelques « bases » qui ne sont pas toujours respectées.

Dans un climat général qui se dégrade, avec notamment des actes inqualifiables, les professeurs d’arts martiaux sont investis, de par la nature de ce qu’ils enseignent, d’une responsabilité peut-être plus importante !

Ce serait incompréhensible qu’un professeur d’arts martiaux – dans lesquels la rigueur est l’une des principales vertus – ne se comporte pas de façon exemplaire et ne fasse pas respecter quelques règles élémentaires.

Plus qu’ailleurs, chez nous, l’exemple vient d’en haut !

D’abord s’amuser…

Encore une rediffusion qui ne me paraît pas superflue. Il s’agit juste de mon point de vue.

Je ne suis pas contre la compétition, mais contre les excès qui parfois l’accompagnent.
Avec un père au palmarès exceptionnel, il serait presque indécent de dénigrer cette forme d’expression, d’autant que, même si les circonstances ne m’ont pas permis de faire de même, j’ai pu apprécier le goût particulier de ces affrontements jusqu’au niveau national.

Ceci étant, il est dommage qu’un énorme pourcentage de l’enseignement dispensé, notamment dans les dojos, soit axé principalement et parfois exclusivement  sur ce que l’on appelle « la compète », au détriment des autres facettes offertes par nos disciplines et qui ont aussi et surtout une vocation éducative dans bien des domaines.

Me vient à l’esprit une scène banale dans laquelle la maman d’un enfant se renseigne auprès d’un responsable de club en vue d’une prochaine inscription. Le responsable en question lui fournit les renseignements et conclut : «nous ferons tout pour qu’il aille en compétition et qu’il rapporte des médailles ». Ce à quoi la maman répond : «non, il ne veut pas gagner, mais juste s’amuser ».  On oublie souvent cette notion de jeu, pourtant basique, chez les enfants mais aussi chez les adultes ! Tout comme on oublie qu’il n’est pas nécessaire de rajouter immédiatement une pression avec des objectifs à atteindre, l’école et la société en fournissent déjà.

Est-ce que tout est fait pour satisfaire ceux qui viennent  pour s’amuser, se défouler, s’exprimer physiquement, apprendre une technique juste pour le plaisir de la réaliser et de l’améliorer, passer les ceintures, maîtriser la défense personnelle,  tout en sachant se contrôler, connaître et respecter les règles de bonne conduite en société avec le Code moral, bref pratiquer un « loisir éducatif et récréatif » ?  Tout cela sans subir de pression ou encore  une sorte de stigmatisation qui pousse  à l’abandon si l’on n’adhère pas à cette  « championnite aiguë ».

Peut-être y aurait-il davantage de pratiquants si toutes les facettes des arts martiaux étaient systématiquement proposées.  C’est d’autant plus regrettable que cette course aux médailles   s’accompagne – parfois – d’excès et de l’absence de précautions  qui devraient être attachées à une pratique pour les enfants. Faire perdre du poids avant une compétition, par exemple.  Tout cela pour la photo d’un dirigeant dans la presse locale du lundi.

La compétition doit être proposée mais pas imposée, d’autant qu’elle ne peut être qu’une étape. Or, si on ne s’est  consacré qu’à cet aspect, une fois  que l’âge à partir duquel on ne peut plus participer à ces affrontements est atteint, c’est l’abandon qui survient inévitablement.

Il y aurait beaucoup à dire et à écrire sur ce que l’on pourrait appeler le « revers de la médaille », à savoir les conséquences néfastes de la compétition, mais comme il est toujours préférable de terminer sur une note positive, on peut le faire en affirmant que celle-ci apporte beaucoup de satisfactions (surtout à ceux qui gagnent) et qu’elle permet, à condition que le parcours soit bien encadré, de vivre une très belle expérience ! (J’évoque les disciplines dans lesquelles la compétition est possible.)

Maintenant, on me dira que le marché économique qui entoure le sport de haut-niveau  est important et générateur de richesses, d’emplois, etc., ce qui est vrai, mais ce qui est vrai aussi, c’est que dans ce domaine  les excès ne manquent pas ; ceci est un autre sujet à propos duquel nous pourrons débattre.

L’importance du premier professeur…

Après le choix d’une discipline, l’importance du premier professeur

La semaine dernière j’évoquais le choix d’une discipline, mais le choix du professeur est tout aussi important. Ceci étant, à moins que beaucoup de changements s’opèrent au sein du club, le professeur est un peu « l’âme du dojo » et parfois même une « marque de fabrique ».  Choisir une discipline et un dojo, c’est aussi choisir un professeur.

Cet article vient en complément de celui de la semaine dernière, en insistant cette fois, sur l’importance du premier professeur. Il s’agit d’un article déjà proposé, mais quelque peu remanié.

Démontrer parfaitement une technique est une chose,  qu’elle soit assimilée par les élèves, en est une autre. « L’essentiel n’est pas ce que l’on enseigne, mais ce que les élèves apprennent ». Cette citation d’André Giordan (dont vous trouverez le parcours sur Internet) est éloquente. Un cours n’est pas un show et les explications se doivent d’être concises et ne pas se transformer en un discours interminable. Il y a des professeurs dotés d’une excellente technique mais qui sont incapables de la transmettre. A l’inverse, il y a des professeurs qui sont en capacité de transmettre des éléments qu’ils ne maîtrisent pas forcément parfaitement, cela s’appelle la pédagogie. Démonter est une chose, transmettre en est une autre.

Comment savoir si l’enseignant d’un dojo est compétent et s’il nous conviendra ? Un néophyte est forcément privé de moyens d’évaluation.  Il y a la réputation, mais encore faut-il que l’enseignant et son enseignement correspondent à ce que nous recherchons. Un professeur peut former d’excellents champions, mais si l’objectif est de trouver une pratique utilitaire ou essentiellement tournée vers le loisir,  ces compétences là ne seront pas utiles.

Si c’est  un ami qui nous conduit dans son dojo, ce qui est souvent le cas, il est préférable (là aussi) que les aspirations de cet ami soient en concordance avec les nôtres. Il faudra donc souvent  s’en remettre à la première impression et surtout ne pas avoir peur d’échanger avec le professeur et avec quelques habitués du dojo avant de s’engager.

Le métier de professeur, quelle que soit la discipline enseignée (français, mathématiques, chant, danse, arts martiaux, etc.) est un des métiers les plus beaux mais aussi les plus difficiles. Lors des confinements que l’on nous a infligés, certains parents, obligés de faire la classe à leurs enfants, ont pris conscience de cette réalité. Certes, chacun son métier et on peut opposer à cette affirmation que c’était difficile pour eux dans le mesure où ce n’est pas le leur, mais quand même…!

L’une des principales qualités d’un professeur qui s’adresse à différentes populations, comme c’est souvent le cas dans les arts martiaux, c’est d’être capable de s’adapter à l’âge et au niveau technique des élèves. Et en particulier aux débutants (qui sont les ceintures noires de demain).

J’ai déjà insisté sur ce point essentiel, celui du premier professeur. J’avais même cité en exemple l’ex-danseuse étoile, Marie Agnès Gillot, résidant à Paris mais qui accompagnait son fils chaque semaine en Normandie pour qu’il commence la danse avec celui qui avait été son premier professeur.

Son rôle est déterminant, c’est lui qui construit les fondations, qui nous fournit les bases. Donc, au moment de commencer, il est préférable de ne pas se tromper. Les mauvaises habitudes se prennent plus vite que les bonnes et elles sont tenaces.

Souvent la qualité du professeur se juge à celle de ses élèves (il y a aussi des exceptions).

Dans notre domaine, le professeur est un passeur de technique, mais il est aussi le transmetteur des fortes valeurs attachées aux arts martiaux, notamment ce fameux « Code moral », souvent affiché, pas toujours appliqué !

Avec le temps on se souviendra que c’est à ce premier professeur que l’on doit d’être le pratiquant que l’on est devenu ; il nous a fait découvrir et aimer une discipline et un art dans lequel nous nous épanouissons.

A titre personnel, j’ai eu la chance de bénéficier en tout premier de l’enseignement de mon père, Bernard Pariset. La chance : pas uniquement parce qu’il s’agissait de mon père, mais parce qu’en plus d’être un grand champion, il était un excellent enseignant doté d’une pédagogie naturelle dans laquelle s’exprimait une redoutable force de persuasion, mais aussi une façon extraordinaire de rendre les choses évidentes.

Le choix

Nous sommes encore à la rentrée, les portes des dojos sont ouvertes à nouveau, enfin !
Il y a ceux qui reprennent une pratique qui les passionne, ils étaient impatients de remettre le kimono (bien que ce ne soit le nom exact de la tenue que nous revêtons pour pratiquer, nous l’utilisons par facilité). Et puis, il y à ceux qui vont commencer leur « carrière de samouraï » et qui sont hantés par une multitude de questions au moment du choix. Certains ont déjà « trouver leur voie », souvent sur les conseils d’un proche, mais il y a les autres, ceux qui hésitent encore.

L’offre est importante et un débutant ne sait pas forcément sur quels critères se baser pour s’engager toute une saison et sûrement davantage, c’est ce qu’il faut souhaiter. D’autant que dans nos disciplines, normalement, nous nous engageons à long terme, même si malheureusement c’est de moins en moins le cas ; papillonnage et zapping prenant le pas sur rigueur et persévérance !

En premier lieu, il y a les motivations : la self-défense, le sport loisir, l’entretien physique, etc. Ou même une méthode plus « interne ». Avoué ou pas, l’aspect utilitaire reste une motivation importante.

Certains « experts » en manque de reconnaissance n’hésitent pas à se réclamer d’une formule magique, même parfois de la méthode qui rend invincible ; heureusement beaucoup n’ont pas cette prétention, ils sont réalistes et empreints de l’humilité indispensable à tous les vrais professeurs d’arts martiaux.

Comme je l’ai souvent rappelé, il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises disciplines, mais tout simplement des professeurs plus ou moins compétents. Une bonne discipline mal enseignée n’apprendra rien à l’élève, au contraire elle construira de mauvaises fondations et donnera de très mauvaises habitudes, certaines étant difficilement réversibles.

C’est donc davantage sur le choix de l’enseignant, qu’il faut se tourner. Sa réputation, bien sûr, due à son parcours et à la qualité des élèves formés ; j’avais déjà évoqué il y a quelques semaines l’importance du premier professeur. Mais, on ne peut pas plaire à tout le monde, c’est pour cette raison qu’il faut se déplacer et demander à faire une ou deux séances à l’essai. Simplement pour constater si, oui ou non, l’ambiance dans laquelle se déroule l’enseignement nous correspond.

Donc, plus que le choix d’une discipline, c’est le choix d’un dojo – et de son enseignant – qui est déterminant.

Se pose aussi la question de la fréquence hebdomadaire à laquelle on doit s’astreindre. Là encore, il s’agit de s’adapter en fonction de plusieurs critères ; l’éloignement et la disponibilité personnelle, en font partie. Plus que la quantité, ce sera la régularité qui primera. Essayer, si possible de venir au(x) même(s) horaire(s) et de façon régulière ; éviter de « sauter » une ou plusieurs semaines. Certains prétendent qu’un seul entraînement hebdomadaire n’est pas suffisant, je pense qu’il est préférable de ne venir qu’une fois par semaine plutôt que zéro fois ; même si une fréquence de deux séances hebdomadaires est idéale. Au-delà il faut être semi-professionnel ou professionnel.

Bonne rentrée à tous et bonne saison dans un bon dojo….avec un bon professeur, tant qu’à faire !