E comme Enchaînements. (3ème partie.)

Nous arrivons au troisième et dernier volet consacré à la lettre E de mon dictionnaire : E comme Enchaînement. Le premier volet proposait une présentation générale des enchaînements créés, le deuxième était consacré aux plus important d’entre eux, à savoir les « 16 techniques ». Aujourd’hui je propose un rapide historique de ceux qui sont venus après.

Très vite, à la suite des « 16 », sont apparues les « 16 bis » et les « 16 ter ». Leur appellation ne relève pas d’une forte originalité, à l’inverse de leur composition. A partir de placements et d’attaques identiques à celles des « 16 de base », des combinaisons plus élaborées et d’un niveau plus élevé sont proposées. L’objectif étant toujours le même : s’élever et progresser dans le domaine technique.

Par la suite, avec les « 16 contrôles », un autre enchaînement original a vu le jour. Une fois de plus, dans le souci de faciliter la mémorisation, les attaques sont identiques à celles des « 16 », mais les ripostes sont uniquement consacrées au domaine des contrôles en clefs. C’est une façon d’élargir encore et toujours le panel technique, mais aussi de mettre l’accent sur les moyens de maitriser un adversaire – en fonction des circonstances – et sans forcément que cela lui soit fatal ; Il est utile de prendre en considération l’aspect « légitime défense », mais également celui du respect de la vie.

Quant aux « 24 techniques », leur histoire – déjà évoquée il y a quelques temps sur ce blog – est très simple : en 1992, un professeur de judo ignorant tout (ou presque) du ju-jitsu était venu me trouver afin que je l’aide à préparer l’unité de valeur  ju-jitsu pour l’acquisition de son 5ème dan technique judo-ju-jitsu. Pour cette U.V. il était demandé de présenter un enchaînement libre dans lequel devait être démontrés les différents aspects de notre discipline (c’était l’époque où dans le « grande institution » était encore pratiqué un « ju-jitsu normal »). Nous ne bénéficiions pas de beaucoup de temps, il fallait donc procéder avec méthode, de façon à proposer le plus possible de situations d’attaques et mettre en face un maximum de techniques, de familles de techniques, de schémas de riposte, de finalités et , détail important, que ce soit assez facile à mémoriser ; cela explique les huit séries dans lesquelles on trouve dans chacune d’elles, trois attaques appartenant à un même groupe. Trois défenses à mi-distance, trois sur coups de poing, trois sur coups de pied, puis sur saisies avec bras tendus, puis « au corps à corps », ensuite sur couteau, bâton et revolver.

Enfin, il y a un dernier enchaînement, mis au point en 2015, et qui propose quinze défenses sur diverses attaques et pour lesquelles les ripostes mettent en valeur la liaison « coups-contrôles » (atemi-waza et katame-waza).

Je n’oublie pas les « 16 atemis », mais je les mets un peu à part dans la mesure où cet exercice est le fruit d’une collaboration « père-fils ». En s’inspirant des katas tels que le kime-no-kata et le goshin-jitsu il permet de progresser dans un domaine qui, dans notre art, ne doit pas être considéré comme une finalité, mais qui facilite la possibilité d’y parvenir. Dans certaines situations, il procure un déséquilibre indispensable. Il est aussi utile de rappeler qu’en ju-jitsu l’atemi-waza doit être pratiqué dans des postures qui facilitent les liaisons avec les autres composantes (projections et contrôles).

Un dernier mot à l’attention de ceux qui pourrait s’interroger sur la redondance du chiffre 16 pour leur signifier qu’il ne s’agit pas de raisons mystérieuses, n’y mystiques, mais simplement du fruit du hasard.

D’autres enchaînements, issus de recherches personnelles et d’expérience sont « en gestation ».

eric@pariset.net    www.jujitsuericpariset.com

16 Techniques, suite.

harai-goshiCet article fait suite à celui de la semaine dernière qui était consacré aux « 16 Techniques ».

Si cet enchainement est un exercice d’apprentissage et de perfectionnement (pouvant aussi servir de démonstration) qui va développer bon nombre de qualités, il est aussi une base de travail importante permettant aussi d’aborder différents thèmes. Il offrira au professeur une grande diversité de méthodes de perfectionnement dans les nombreux domaines qui constituent le ju-jitsu. Le but de ce billet étant d’aborder quelques unes de ces méthodes.

Première possibilité, proposer des réponses différentes aux attaques ; soit en conservant un schéma de riposte identique, en utilisant les mêmes groupes de techniques : exemple, sur la première technique, remplacer o-soto-gari par ko-soto-gari. Ou bien adapter une autre composante, une clef ou un étranglement. Deuxième possibilité, pour les techniques qui n’en n’ont pas, mettre une finalité au sol : conclure avec juji-gatame après ippon-soie-nage pour la 3ème, par exemple. Ensuite travailler dans l’éventualité d’une réaction du partenaire : si, sur la 1ère technique Uke recule la jambe droite pour ne pas subir o-soto-gari, on pourra enchaîner avec o-uchi-gari. Si en se dégageant en chute-avant il esquive o-uchi-gari dans la 4ème, on gardera le contact avec la cheville pour lui appliquer une clef de jambe, lorsqu’il sera sur le dos. On pourra aussi aborder le thème des contre-prises. Certes, en matière de self-défense, apprendre des techniques permettant de « mettre à mal » les ripostes peut apparaître curieux sinon immoral, mais prendre en considération les failles possibles d’une technique est indispensable afin de la renforcer.

Dans le cadre d’un perfectionnement propre aux « 16 techniques », il existe des méthodes d’entraînements qui éviteront une éventuelle lassitude et surtout qui renforceront des points précis. Exécuter l’enchaînement entièrement à gauche, ou bien faire chaque mouvement systématiquement à droite puis à gauche. Travailler avec plusieurs partenaires. Répéter les techniques en séquençant l’enchaînement : on exécute les quatre premières vite et fort afin de se concentrer sur celles-ci. Travailler chaque technique en uchi-komi (répétition sans chute), idem par groupe de quatre techniques, puis avec l’ensemble de l’enchaînement, ceci pour la mémorisation et pour affûter les automatismes de la toute première phase de la riposte.

Avec un peu d’imagination, de temps et d’expérience il n’est pas impossible de trouver d’autres formes d’entraînement qui permettent d’aborder un nombre impressionnant de techniques, de situations, de combinaisons, mais aussi de parfaire condition physique et automatismes, tout en offrant un enseignement dans lequel la lassitude ne pourra s’installer.

En espérant que ces quelques lignes puissent être utiles à certains.

eric@pariset.net   www.jujitsuericpariset.com

 

Les 16 bis, troisième…

L6-Ju-jitsu-Travail-au-solAujourd’hui, nous attaquons le troisième carré de l’étude des 16 bis commencée il y a un mois. Vous pouvez trouver l’intégralité de cet enchaînement en vidéo, sur ce même blog à la date du 2 mars. Il est également présent dans le livre « Tome 6″ paru en 1995 et toujours disponible.

Dans la neuvième technique, UKE saisit TORI au niveau du revers de la veste avec sa main droite. Celui-ci contrôle immédiatement le poignet d’UKE avec ses deux mains. Il porte MAE-GERI KEAGE (fouetté) au bas-ventre et en pivotant sur sa droite, à partir du bassin, il vient placer son aisselle gauche sur le coude d’UKE. Il applique WAKI-GATAME en continuant l’action jusqu’au sol. Pour cela, il glisse sa jambe gauche devant lui. Il amène ainsi UKE à plat ventre. L’efficacité – redoutable – de cette technique réside dans le pivot effectué à partir des hanches immédiatement après le MAE-GERI.

Pour la dixième technique UKE saisit TORI à l’aide de sa main gauche au niveau de l’épaule droite. TORI porte URA-UCHI au visage avec le dos du poing droit et effectue un demi-tour sur sa droite. Il enchaîne avec un SHUTO de l’intérieur de sa main gauche au niveau de la gorge et place sa jambe gauche derrière celle d’UKE. Il peut ainsi lui appliquer O-SOTO-OTOSHI. Il accompagne l’action jusqu’au sol. Le point important sera de fixer UKE en déséquilibre arrière à l’aide de sa main gauche placée au niveau de la gorge et de sa main droite au niveau de la manche (ou du poignet) gauche.

Dans la onzième, UKE fait face à TORI. Il le pousse et le déséquilibre ainsi jusqu’au sol. Sur l’avancée d’UKE, TORI place ses pieds au niveau de la poitrine et ses mains derrière les pieds d’UKE. D’une action coordonnée des jambes qui poussent et des mains qui tirent, UKE est renversé sur le DOS. Le point essentiel sera dans la simultanéité des actions des mains et des jambes.

Pour la douzième technique UKE porte un double crochet (droite-gauche) en direction du visage. TORI effectue un double blocage et « plonge » immédiatement dans les jambes pour appliquer MOROTE-GARI. Pour cela il place son épaule contre l’abdomen d’UKE et les mains derrière les jambes. Une fois qu’UKE est au sol, TORI effectue un contrôle au niveau des chevilles. Il passe « à cheval » en pivotant sur sa droite, il conduit UKE sur le ventre et lui inflige une clef au niveau de la colonne vertébrale. Pousser avec l’épaule et tirer avec les mains simultanément seront l’assurance d’une parfaite efficacité au moment de la projection qui consiste à faucher en même temps les deux jambes de l’adversaire.

Il est indispensable de réitérer la mise en garde qui est de ne pas travailler ces techniques en dehors d’un dojo habilité et sous le contrôle d’un professeur (qui doit l’être tout autant.)

La suite et la fin de cet enchaînement dans quinze jours.

Site ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com