Atemi-waza

Retour à « la technique » avec un article consacré à l’atemi-waza (le travail des coups), l’une des trois composantes du ju-jitsu, les deux autres étant le nage-waza (le travail des projections) et le katame-waza (le travail des contrôles).

En ju-jitsu l’atemi-waza possède la particularité de ne pas être une finalité, mais un moyen d’y parvenir ; un « coup porté » permet un déséquilibre favorisant l’enchainement avec une projection ou un contrôle, ou encore les deux.

Logiquement il compose la première partie d’une défense puisqu’il s’utilise à distance. Un « enchaînement type », se déroulera de la façon suivante : coup, projection et contrôle. Mais ce n’est pas une règle absolue.

Son étude est importante pour trois raisons essentielles.

D’abord pour son efficacité dans le travail à distance. Il est souhaitable d’avoir une bonne maitrise dans ce domaine aussi bien pour l’utiliser que pour s’en défendre.

Ensuite, son étude sera intéressante sur le plan physique, elle permet de travailler la souplesse, la vitesse, et dans les randoris (les exercices d’opposition codifiés) de parfaire sa condition physique. Sans oublier l’aspect ludique qu’apporteront ces affrontements pour peu qu’ils soient pratiqués avec un parfait état d’esprit.

Enfin, il procurera ce que l’on appelle le « sens du combat » : le coup d’œil favorisant les automatismes  d’attaques et de défenses.

Le livre dont la couverture illustre cet article contient différents chapitres qui traitent des méthodes d’entraînement spécifiques à cette composante, mais aussi un enchaînement appelé « les 16 atemis ». Cette « suite » propose 16 défenses sur des coups portés  à l’aide des bras et des jambes, avec des ripostes uniquement en atemi. Une des particularités de cette « sorte de kata » se trouve dans la compatibilité des techniques avec les autres composantes du ju-jitsu. Chaque défense doit pouvoir s’enchaîner avec une projection et/ou un contrôle.

Malheureusement ce livre est épuisé, mais sa réédition est toujours envisagée.

Sinistre anniversaire

C’est dans un tunnel dont nous ne voyons toujours pas le bout que nous avons été projetés il y a tout juste un an.

Si nous en sommes toujours au même point et peut-être même pire, puisque la situation s’aggrave et que nous ne sommes « pas sortis de l’auberge » (dixit le Première ministre dimanche), la faute ne peut incomber ni à la culture, ni aux loisirs, ni aux sports, puisque nous en sommes privés depuis douze mois.

Certains sont même privés de travail et plongés dans des situations épouvantables !

Sans parler de la privation de beaucoup de nos libertés et de toutes sortes de relations : sociales, amicales et affectives. N’oublions pas les graves dommages collatéraux sur le plan même de la santé physique et mentale pouvant conduire à l’irréparable.

Il ne s’agit pas de juger mais de s’interroger sur l’utilité des efforts consentis une année durant ! Face à ce constat, allons-nous continuer d’une manière identique ? Bien sûr il y a les vaccins, mais là aussi il y a quelques problèmes, semble-t-il !

Ce que nous pouvions supporter il y a un an lorsqu’il était question de deux mois d’efforts, allons-nous pouvoir le supporter à nouveau après tant de sacrifices ? Est-il possible de continuer une vie privée de culture, de sport, de loisirs et de l’essentiel de nos relations ? De continuer à voir s’effondrer des pans entiers de notre société, exploser  le nombre de faillites et d’individualités plongées dans une misère inacceptable ? D’assister à des dégradations monstrueuses de la santé chez certains ? Et tout simplement continuer à vivre cette vie masquée, privée des expressions du visage ?

Quand à nos arts martiaux, les voir péricliter doucement mais sûrement, c’est juste insupportable. Certes, cela a été souligné à maintes reprises, nous sommes des combattants, nous ne baissons jamais les bras, mais comme je l’ai souvent souligné, pour combattre encore faut-il que l’adversaire soit identifiable. Et puis ce n’est pas nous qui sommes « aux manettes », ce n’est pas nous qui menons le combat. Cette crise ne doit pas être facile à gérer, mais quand une stratégie échoue, ne faut-il pas en imaginer une autre ? En combat cela s’appelle l’adaptation à la situation.

Ces quelques lignes sont davantage interrogatives que polémiques. Tout simplement, Pouvons-nous nous continuer encore longtemps comme ça ?

Espérons que dans un an, à l’occasion du deuxième « sinistre anniversaire », nous serons sortis de ce cauchemar !

« Au bout, tout au bout, la lumière » !

Petite philosophie des arts martiaux

Voilà un petit livre empli d’une grande sagesse.  Je ne peux que le recommander aux pratiquants d’arts martiaux, mais aussi à tous les autres. Ils découvrirons  – si ce n’est déjà fait – que ces disciplines ne se limitent pas au développement physique et à la science du combat.

Il y a quatre ans, sur Facebook et sur mon blog, je lui avais déjà consacré un article, je me permets de le publier à nouveau. Il est toujours d’actualité et peut-être encore davantage.

« L’auteur de ce livre édité en 2006, André Guigot, Docteur en philosophie, explique que l’éducation du corps passe par l’éducation de l’âme, corps et âme étant inséparables. Mais il est aussi question d’un travail en harmonie avec son entourage. « L’amour de la sagesse ne s’oppose pas à l’art du combat. Dès l’origine, que l’on peut situer en Inde puis en Chine il y a plus de cinq mille ans, l’histoire des arts martiaux se confond avec une recherche de paix et d’harmonie avec soi-même et le monde extérieur ». Ainsi commence ce recueil rempli d’informations et de sagesse.

Cela nous rappelle forcément le grand principe de Jigoro Kano qui, au travers de son judo (un ju-jitsu féodal adapté aux évolutions de la société), proposait une méthode d’éducation physique et mentale. A l’aide d’exercices corporels représentant des techniques de combat, l’objectif tend à renforcer son corps non pas pour devenir meilleur que les autres mais devenir meilleur soi-même, ce qui est une belle nuance. L’étude de techniques de défenses (efficaces) était un prétexte à une quête plus large.

Sur le thème de la violence, l’auteur nous explique que celle-ci n’est pas un état naturel chez l’homme, mais qu’elle découle d’une frustration et qu’une pratique sereine et apaisée des techniques de combat participe à la disparition de l’agressivité. De plus, il affirme que la violence et la bêtise sont contraires à l’art du combat. Il évoque les hiérarchies superficielles qui perdent leur sens lorsqu’on revêt une tenue identique pour tous. Le respect qui ne doit pas être le fruit de la crainte mais celui de la reconnaissance. Les grades, avec cette belle phrase : « C’est l’homme, ou la femme, qui donne de la valeur à son grade, pas l’inverse ». Il évoque « l’art de l’évasion » (l’esquive) et celui de la souplesse (il s’agit là de la souplesse comportementale – l’utilisation de la force de l’adversaire) avec la présentation de l’aïkido, de l’aiki-jitsu et du judo. Le comportement en dojo, dans lequel « on n’entre pas comme dans un magasin, ni tout à fait comme dans un centre d’entraînement sportif ». La compétition, qui n’est pas indispensable et qui, pour les compétiteurs, doit être considérée comme un simple moment dans la vie. L’esthétisme, que l’on peut associer à une parfaite maîtrise physique et donc à l’efficacité, ne serait-ce que par la précision que cette qualité impose. Le plaisir dans la pratique et dans la satisfaction de sa propre évolution.

Bien d’autres thèmes sont abordés, tous plus intéressants les uns que les autres, comme l’émergence de certaines pratiques dites « modernes ».

Tout aussi instructives sont les nombreuses citations égrainées au fil des chapitres comme ce proverbe d’Okinawa (l’île qui a vu naître le karaté) : «La douleur fait penser l’homme. La pensée rend l’homme sage. La sagesse rend la vie acceptable ». On ne peut mieux conclure un article ! Bonne lecture. »

Une nouvelle petite histoirre

Dans le recueil de contes que j’évoquais le 19 février dernier, il y a un chapitre consacré à l’art de vaincre sans combattre. J’avais alors proposé une petite histoire savoureuse :« Trois mouches », aujourd’hui il est question d’un coq. Je vous laisse découvrir ou redécouvrir ce beau petit conte, riche en enseignement et tout aussi savoureux !

Laisser mûrir le coq
« Le roi de Tcheou avait confié à Chi Hsing Tseu le dressage d’un coq de combat prometteur, qui paraissait doué et combatif. Le roi était donc en droit de s’attendre à un dressage rapide… et il ne comprenait vraiment pas que dix jours après le début de l’entraînement il n’ait toujours pas eu de nouvelles des progrès du volatile. Il décida d’aller en personne trouver Chi pour lui demander si le coq était prêt.
– « Oh non, sire, il est loin d’être suffisamment mûr. Il est encore fier et coléreux », répondit Chi.
De nouveau dix jours passèrent. Le roi, impatient, se renseigna auprès de Chi qui lui déclara :
– « Le coq a fait des progrès, majesté, mais il n’est pas encore prêt car il réagit dès qu’il sent la présence d’un autre coq. »
Dix jours plus tard, le roi, irrité d’avoir déjà tant attendu, vint chercher le coq pour le faire combattre. Chi s’interposa et expliqua :
– « Pas maintenant, c’est beaucoup trop tôt ! Votre coq n’a pas complètement perdu tout désir de combat et sa fougue est toujours prête à se manifester. »
Le roi ne comprenait pas très bien ce que radotait ce vieux Chi. La vitalité et la fougue de l’animal n’étaient-elles pas la garantie de son efficacité ?! Enfin, comme Chi Hsing Tseu était le dresseur le plus réputé du royaume, il lui fit confiance malgré tout et attendit.
Dix jours s’écoulèrent. La patience du souverain était à bout. Cette fois, le roi était décidé à mettre fin au dressage. Il fit venir Chi et le lui annonça sur un ton qui trahissait sa mauvaise humeur. Chi prit la parole en souriant pour dire :
– « De toute façon, le coq est presque mûr. En effet, quand il entend chanter d’autres coqs il ne réagit même plus, il demeure indifférent aux provocations, immobile comme s’il était de bois. Ses qualités sont maintenant solidement ancrées en lui et sa force intérieure s’est considérablement développée. »
Effectivement, quand le roi voulut le faire combattre, les autres coqs n’étaient visiblement pas de taille à lutter avec lui. D’ailleurs ils ne s’y risquaient même pas car ils s’enfuyaient dès qu’ils l’apercevaient. »

Envoyé de mon iPhone

Comme promis…

Henri Courtine

Comme promis un nouvel hommage, plus personnel, cette fois !

Dissocier Henri Courtine de mon père est impossible, le contraire l’est tout autant.
Mon chagrin en a été que plus important à l’annonce de sa disparition.

Il a été un champion au palmarès exceptionnel, son judo l’était tout autant, grâce à un style d’une grande pureté. Spécialiste, entre autre, des balayages, ce qui lui avait d’ailleurs valu la « une » d’un journal qui n’avait pas manqué d’humour : Courtine le « roi des balayeurs ».

Il y a eu le champion, le professeur, mais aussi le dirigeant qui a occupé des postes prestigieux en France, mais aussi au niveau international.

Cette carrière force l’admiration. Mais pour moi qui ai eu la chance de le côtoyer dans la sphère privée, il représente bien plus que tout cela. Celui qui fut l’adversaire de mon père sur les tatamis, mais aussi et surtout son meilleur ami dans la vie est devenu au fil des années mon « père spirituel ».

Nous avons eu un long parcours en commun.
Je l’ai connu alors que j’étais tout jeune enfant à Beauvallon-sur-mer, sur les bords de cette Méditerranée qu’il aimait tant. Précisément au camp de vacances du Golfe bleu où il dirigeait chaque été avec mon père et Anton Geesink le stage international.

Ensuite il a été mon professeur à la section judo du collège de Saint-Michel de Picpus à Paris. Cela me vaut d’avoir mes ceintures de couleur signées de la main de Bernard Pariset (naturellement mon premier et principal professeur) et de celle d’Henri Courtine (ils ne doivent pas être nombreux sont qui ont eu cette chance et cet honneur).

Puis, alors qu’il exerçait la fonction de Directeur technique national et qu’il avait validé la remise en valeur du ju-jitsu initiée par mon père, j’ai participé à l’élaboration de nombreux documents techniques sous sa responsabilité.

Ensuite nous nous sommes retrouvés sous les couleurs de la section judo du Stade Français. Lui président  et moi combattant.

Quand à la fin de sa carrière il a été nommé directeur du CREPS de Boulouris, nous avons eu à nouveau l’occasion de nous retrouver en Provence lorsque je participais à l’encadrement de stages fédéraux.

Je n’oublie pas les fois où j’ai été invité à passer quelques semaines de vacances en sa compagnie et celles de Micheline son épouse et de sa fille Catherine, à Sainte-Maxime, toujours dans le Var. Notamment en 1969, ce qui nous a valu d’assister ensemble en direct, le 21 juillet précisément (le jour de mes quinze ans) « aux premiers pas sur la Lune ».

Nous avons pu également faire quelques balades à cheval dans le beau département de l’Yonne, lorsqu’il venait passer quelques jours dans notre famille.

D’ailleurs si l’équitation était devenue la deuxième passion de mon père c’est grâce à Henri Courtine qui l’avait « trainé » un jour dans un ranch à Saint-Aygulf, pour occuper les « soirées d’après judo » du golf bleu. Il n’imaginait pas qu’ensuite, en plus de la direction de son club de la Rue des Martyrs à Paris, mon père allait créer un centre équestre à deux heures de la capitale.

A l’heure actuelle nous avons une propension à tourner trop rapidement les pages, à oublier nos aînés et ce qu’ils nous ont légué, faisons en sorte qu’il n’en soit pas de même pour le judoka qui m’a enchanté, le dirigeant que j’ai respecté et l’homme que j’ai admiré !

Sur la photo d’illustration (scène de la vie quotidienne au camp de vacances du Golfe bleu à Beauvallon-sur-Mer) déjà publiée dernièrement mais qui « colle » parfaitement à l’article, de gauche à droite : Mon père, Madame Courtine, Catherine Courtine, Henri Courtine, ma mère, votre serviteur et Massanori Fukami.

Des légendes…

Anton Geesink 1934-2010, Henri Courtine 1930-2021. Bernard Pariset 1929-2004. Ils ont marqué le judo européen à ses débuts. Depuis vendredi dernier et la disparition d’Henri Courtine, ils sont à nouveau  réunis. Nul doute que là-haut il y a un tatami pour qu’ils puissent faire randori !

Une immense disparition

Un monument vient de nous quitter.

C’est avec une terrible tristesse que je viens d’apprendre le décès d’Henri Courtine.
C’était bien évidemment une personnalité incontournable du judo français, mais plus largement du sport international.

En judo, après avoir conquis un palmarès exceptionnel dans les années 1950, il a ensuite connu une carrière de dirigeant qui l’a été tout autant. Et puis en 2007 il est devenu le premier dixième dan, le seul à ce jour.

Mais mon chagrin est d’autant plus grand que pour moi il n’a pas été que ce grand champion et cet exemplaire dirigeant. En effet, j’ai eu la chance de le connaître dès ma plus jeune enfance. Personne n’ignore qu’avec mon père, Bernard Pariset, ils étaient inséparables.

J’ai connu le judoka, au style inimitable, « la classe », mais j’ai aussi connu l’homme ; il est devenu en quelque sorte mon « père spirituel ». Ce n’est pas rien.

Je ne manquerai pas de revenir plus longuement et très prochainement sur le judoka et sur l’homme.

Ce soir mes pensées vont à sa famille et bien sûr à Katy, sa fille, qui a toujours été ma « grande sœur ».

Recueil de contes !

Voilà un merveilleux recueil de contes, tous plus enrichissants les uns que les autres. Humour et leçons de vie pour le plus grand plaisir des lecteurs.
Ci-dessous un « petit échantillon » avec une courte histoire qui confirme le pouvoir de la dissuasion. (Cette histoire à déjà été proposée, il s’agit en quelque sorte d’une rediffusion, mais franchement on ne s’en lasse pas.)

Trois mouches

Dans une auberge isolée, un samouraï est installé, seul à une table. Malgré trois mouches qui tournent autour de lui, il reste d’un calme surprenant. Trois rônins entrent à leur tour dans l’auberge. Ils remarquent aussitôt avec envie la magnifique paire de sabres que porte l’homme isolé. Sûrs de leur coup, trois contre un, ils s’assoient à une table voisine et mettent tout en œuvre pour provoquer le samouraï. Celui-ci reste imperturbable, comme s’il n’avait même pas remarqué la présence des trois rônins. Loin de se décourager, les rônins se font de plus en plus railleurs. Tout à coup, en trois gestes rapides, le samouraï attrape les trois mouches qui tournaient autour de lui, et ce, avec les baguettes qu’il tenait à la main. Puis calmement, il repose les baguettes, parfaitement indifférent au trouble qu’il venait de provoquer parmi les rônins. En effet, non seulement ceux-ci s’étaient tus, mais pris de panique, ils n’avaient pas tardé à s’enfuir. Ils venaient de comprendre à temps qu’ils s’étaient attaqués à un homme d’une maîtrise redoutable. Plus tard, ils finirent par apprendre, avec effroi, que celui qui les avait si habilement découragés était le fameux Miyamoto Musashi.

La rencontre

Parmi les privations qui nous sont infligées depuis maintenant onze mois, la possibilité de « rencontres » en est une.

Nous sommes privés de sport, de culture, de sorties de toutes sortes, et pour certains de travail depuis presqu’un an, ce qui est absolument catastrophique. Il n’est pas besoin de le vivre pour le savoir.

Un an, c’est déjà une tranche de vie. Ce qui était supportable quelques semaines, maintenant ne l’est plus. La situation sanitaire est ce qu’elle est, nul ne le conteste,  mais tout le monde s’accorde, y compris chez les scientifiques,  que ce que nous subissons ne peut plus s’inscrire dans la durée, et pourtant…

Donc, « la rencontre », celle qui nous permet de nouer de nouvelles amitiés, de nouvelles relations sociales, professionnelles et de nouvelles aventures de toutes sortes,  et bien nous en sommes complètement privés. Or ce sont elles, les rencontres, qui nous font évoluer dans la vie. Tout seul, nous ne serions pas grand-chose.

Aussi, c’est avec grand intérêt que j’ai entrepris la lecture d’un livre qui traite du sujet. Il s’agit de « La rencontre » de Charles Pépin. Je ne peux que vous le recommander. Bien que commencer avant le premier confinement, il colle, on ne peut mieux, à l’actualité.

Pour donner l’envie de vous plonger dans cet ouvrage, je vous livre une partie de la quatrième de couverture : « Pourquoi certaines rencontres nous donnent-elles l’impression de renaître ? Comment se rendre disponible à celles qui vont intensifier nos vies, nous révéler à nous-mêmes ? La rencontre – amoureuse, amicale, professionnelle – n’est pas un plus dans nos vies. Au cœur de notre existence, dont l’étymologie latine « ex-sistere » signifie « sortir de soi », il y a ce mouvement vers l’extérieur, ce besoin d’aller vers les autres. Cette aventure de la rencontre n’est pas sans risque, mais elle a le goût de la vraie vie. »

Je pense que ces quelques lignes ne peuvent que nous faire comprendre l’urgence qu’il y a de sortir de cette situation. L’être humain n’est pas fait pour vivre reclus, privé de toutes les formes de relations.
Seules quelques races d’animaux en sont capables, la plupart vivent en troupeaux ou en meutes, nous méritions aussi bien que nos amis les bêtes. A moins qu’il s’agisse d’une vengeance en réaction aux traitements que certains humains leur réservent.

eric@pariset.net

Le ne-waza (le travail au sol)

Dernièrement j’ai évoqué Shozo Awazu – personnage incontournable du judo français –  à propos d’un livre paru en 1959. Cet ouvrage  traite d’un domaine d’une richesse exceptionnelle et d’une incontestable efficacité : le ne-waza (le travail au sol). Il est utilisé dans de nombreuses disciplines. Son étude et sa pratique sont passionnantes pour bien des raisons.

Je propose un article déjà publié sur mon blog ; il vante les mérites d’un secteur que j’apprécie tout particulièrement. En outre, cela permet de renouer avec des articles plus techniques, en attendant de pouvoir renouer la ceinture.

Le travail au sol constitue un domaine qui possède une richesse technique exceptionnelle, dans lequel il est possible de s’exprimer très longtemps, il offre la possibilité d’aller au bout de l’effort et enfin il n’est pas dénué d’un fort aspect ludique, ce qui ne gâche rien.

L’objectif n’est pas de détailler sa composition technique mais d’évoquer  ce que j’affectionne dans ce domaine. Il est malgré tout utile de remarquer que le panel technique du travail au sol est impressionnant : clés, étranglements, immobilisations et toutes les possibilités de combinaisons entre ces familles de techniques.

Les détracteurs du travail au sol se plaignent d’une promiscuité qui peut paraître gênante, mais aussi du fait que l’on n’est jamais au sol dans la réalité. Les plus présomptueux affirment qu’ils ne laisseront pas le loisir à un agresseur de venir au contact. D’autre part, certains (sans l’avouer) trouvent qu’il n’est pas agréable, à l’entraînement, d’être souvent « en dessous », ce qui arrive lorsque l’on n’est pas à l’aise dans ce secteur. On touche là à un cercle vicieux dans la mesure où moins on le pratique, moins « on est bon », et moins « on est bon » moins on l’aime et donc moins nous sommes enclins à le pratiquer. Il n’y a qu’à renverser le problème en pratiquant davantage.

Je reviens sur les points forts de ce domaine, ceux que j’apprécie particulièrement. En plus d’une incontestable efficacité si l’on est amené au sol, il y a un engagement total, la possibilité de s’y exprimer même en avançant dans l’âge et enfin l’aspect ludique.

Développons ces différents points. L’efficacité en matière de self-défense d’abord : elle est incontestable si par malheur on se retrouve à terre. En judo, bien maîtriser ce domaine ne peut que renforcer l’efficacité générale ; une autre fois, il sera intéressant de développer cet aspect.

A l’entraînement, le ne-waza  offre  un engagement complet dans la mesure où il est possible d’aller au bout de l’action et de l’effort, sans atteinte à l’intégrité physique du partenaire (si les deux respectent les règles préétablies). Il s’agit là d’une grande satisfaction.

Il est possible de s’y exprimer longtemps, même en avançant dans l’âge, puisque la stratégie et la technique sont plus importantes que la vitesse : « Le serpent n’avale pas la grenouille en une fois ».

Quant à l’aspect ludique, il est incontestable. Les joueurs d’échecs affirment qu’ils y trouvent un parallèle. Il est intéressant, par exemple, de pouvoir préparer plusieurs « coups à l’avance », surtout dans la mesure où la vitesse n’est pas déterminante (à l’inverse du travail debout). On peut donc tranquillement tendre des pièges et malicieusement, comme le chat joue avec la souris, prendre son temps jusqu’à ce que le partenaire tombe dans la toile d’araignée.

Si pour le néophyte le ne-waza n’offre pas beaucoup d’intérêt côté spectacle, en revanche un pratiquant confirmé appréciera l’évolution d’un combat, et pas seulement sa finalité, mais les moyens  et la stratégie utilisés afin d’y parvenir.

Ce domaine mérite l’appellation de « science du combat ».

Souhaitons que très vite nous puissions à nouveau y consacrer une grande partie de nos entraînements.

eric@pariset.net