Le premier article de la saison porte sur un sujet majeur, un des piliers de l’éducation, une valeur fondamentale, notamment dans les arts martiaux : le respect.
Faisons le tour de ce qui doit être respecté dans un dojo.
Tout d’abord l’endroit. Rien de sacré dans ce lieu d’apprentissage et de partage, juste le respect de quelques règles de base de politesse, comme le salut, en y entrant et avant de monter sur le tatami. Pour des raisons d’hygiène, on ne marche pas pieds nus en dehors du tatami, et bien évidement on arbore la tenue dans laquelle la discipline doit être pratiquée et, cela va sans dire, elle se doit d’être propre. Quant au salut, il est exécuté collectivement au début et à la fin de la leçon mais aussi avant de pratiquer avec un partenaire et au moment d’en changer. Il se fait dans une tenue correcte, c’est-à-dire que l’on rajuste son dogi avec la veste sous la ceinture, on ne salue pas débraillé.
Ensuite, dans un dojo on ne parle pas fort, on ne s’interpelle pas. Lorsqu’on échange avec son partenaire, on le fait à voix « mesurée ». Quand le professeur démontre, on s’abstient de discuter avec son voisin.
La ponctualité est aussi une marque de respect, vis à vis du professeur et des autres élèves. Je n’ignore pas que nous ne faisons pas toujours ce que nous voulons, mais un cours est un ensemble et le salut du début en fait partie. Il est une marque de politesse, de respect, « on se dit bonjour ». C’est aussi le moment où le professeur donne le ton de la séance, avec quelques mots il insuffle l’élan nécessaire ; il ouvre la séance. Lorsqu’on arrive en retard, ce qui peut arriver à tout le monde, sans que cela devienne une habitude, l’élève doit attendre sur le bord du tatami que le professeur l’invite à y monter.
On doit évidemment respecter les consignes du professeur. Le « hajime » (commencez), le « maté » (arrêtez), il s’agit de politesse, mais aussi de sécurité. Imaginons qu’en randori un des deux combattants ne respecte pas le « mate » du professeur et continue à attaquer alors que l’autre s’est déjà relâché en respectant la consigne en question !
A l’inverse, il y a le respect du professeur vis-à-vis de ses élèves. Il doit se faire respecter, avec une autorité naturelle qui ne nécessite en aucun cas un langage de garde-chiourme. Il doit respecter le niveau et l’aspiration des élèves, par rapport aux compétitions par exemple, dans les disciplines qui en proposent. Quant à arriver à l’heure et être présent, sauf cas grave, cela semble évident. Il doit aussi veiller à ce que l’intégrité (physique et mentale) des élèves soit respectée. Il est aussi un éducateur et non pas un destructeur. Il n’est pas non plus qu’un distributeur de techniques, il doit veiller à ce que soient respectées toutes les règles attachées au dojo.
Toutes ces marques de respect ne doivent pas être considérées comme superflues ou ringardes. Non, elles sont la condition « sine qua non » d’une pratique harmonieuse dans le respect du lieu, des personnes et tout simplement de l’art qu’on pratique. Elles permettent une pratique sécuritaire, il s’agit de disciplines de combat, un maximum de concentration est donc indispensable. Tout cela sans pour autant sacrifier ni à la bonne humeur ni à une bonne ambiance qui nous rappellent que nous sommes aussi dans le loisir.
Pour aller un peu plus loin, mentionnons le respect du souvenir des « anciens ». De ceux qui ont marqué leur discipline et de ceux qui ont été à un moment nos professeurs. En premier lieu le « premier professeur », celui qui participé en grande partie à faire de nous le pratiquant que nous sommes devenu.
Je n’ignore pas que les pages se tournent de plus en plus vite, la mémoire est de plus en plus relative, mais justement, marquons notre différence dans nos disciplines qui sont des disciplines à traditions, dans lesquelles la transmission est capitale.
Ne nous contentons pas d’afficher de belles valeurs, appliquons les lorsque cela est nécessaire.
Si dans nos disciplines nous ne respectons pas certaines consignes, où seront-elles respectées ? Les respecter participe à leur valorisation.
Alors, comme nous sommes en début de saison, au moment des bonnes résolutions, ces marques de respect s’imposent. Elles ne rendront que plus agréable le déroulement des cours et plus largement notre existence.