Un certain engouement

SAMOURAI

L’engouement que suscitent certaines disciplines dites « modernes » ou « extrêmes » est surprenant. Qu’une méthode utilisant l’art de combiner les coups, les projections et les contrôles rencontre du succès n’a rien d’étonnant (il en existe quelques-unes) et ce n’est pas moi, ardant défenseur du ju-jitsu, qui critiquerais de telles combinaisons techniques.

Ce qui est surprenant, c’est la vitesse à laquelle cette notoriété s’est opérée. La réponse se trouve sans doute dans la mise en place d’une couverture médiatique exceptionnelle. L’organisation des fameux combats qui se déroulent dans « la cage » représente d’importants enjeux financiers, vous ajoutez à ceci la réputation sulfureuse qui entoure ces joutes et vous obtenez une promotion exceptionnelle.

Vendre du papier et faire fonctionner la billetterie d’une part et d’autre part attirer des élèves dans les « salles de sports » pour une pratique-loisir régulière sont deux choses différentes. D’autant que cette pratique ne peut être le reflet du traitement réservé à ces nouveaux gladiateurs. Si tel était le cas il ne serait pas évident pour les pratiquants de se rendre au travail le lendemain. Mais, pour certains, cela en jette sans doute et en impose surement de confier à ses collègues que l’on s’adonne de façon régulière à la discipline qui se pratique « dans la cage » ! De plus, s’affranchir des codes et des usages attachés aux arts martiaux traditionnels est une façon de se singulariser. Dommage ! Quant aux fameux combats, ils ne s’embarrassent pas d’un règlement garantissant l’intégrité physique des protagonistes et nous imposent une violence que ne peut cautionner « l’éducateur » que je suis aussi !

Alors pourquoi une telle promotion ? Sans doute parce qu’une fois encore, lorsqu’il est question d’argent, tout est possible; ensuite l’effet d’entraînement fait son œuvre. (Un tel phénomène n’est pas réservé au seul milieu sportif !) Mais faisons confiance à l’intemporalité des arts martiaux traditionnels (y compris à ceux qui n’ont pas la chance d’être sous la férule d’une fédération à part entière) et à toutes les valeurs qu’ils ne manquent pas de véhiculer.

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le fil du temps

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Cela fait deux années que la photo qui accompagne ce billet a été réalisée. C’était le 30 juin 2015, à la fin d’une soirée au cours de laquelle l’émotion n’était pas absente. Deux ans après avoir donné les clefs du dojo de la Bastille à une autre équipe et en regardant ce cliché, je me dis que décidément la vie ne se lasse pas de nous réserver des surprises.

En vingt-quatre mois il s’en est passé des choses. Au fil du temps j’ai eu, entre autres, l’occasion de tester la solidité des certains liens.

Regarder cette photo (sur laquelle tout le monde n’apparait pas) me fait constater que pour certaines liaisons « le temps est assassin». Malgré cela, émerge un premier groupe qui donne tort à cette formule, il est constitué d’amitiés très fortes, inoxydables. Il y en a un deuxième pour qui les évènements personnels ne leur laissent que peu de place aux sujets et activités annexes. Enfin existe une troisième catégorie de personnes habitées d’une certaine inconstance et dépourvues de reconnaissance. Quoiqu’il en soit cette photo concrétisait la fin d’une période et surtout d’une grande aventure ; retenons le meilleur de celle-ci et surtout continuons à nous tourner en direction d’un avenir prometteur.

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Soulac-sur-Mer, entre souvenirs et projets

soulac-2017La semaine dernière sur Facebook j’évoquais Soulac-sur-Mer, où durant vingt-cinq années le ju-jitsu était à l’honneur à chaque période estivale. Le nombre de « like » et de commentaires favorables m’ont donné l’envie de développer le sujet.

L’aventure avait débuté en 1986. Les années précédentes les stages estivaux se déroulaient dans le village du Temple-sur-Lot, dans le département du Lot-et-Garonne, au milieu des vergers. Mais les stagiaires souhaitaient pouvoir bénéficier des bienfaits de l’air marin et de davantage d’activités annexes. Après avoir étudié plusieurs possibilités, Soulac a été retenue. L’océan, mais aussi une ambiance qui « collait » bien à l’activité. Une station balnéaire familiale, dynamique mais pas excentrique. Sa situation géographique à l’extrémité de la Pointe de Grave lui assure une certaine tranquillité et préserve un coté nature qui n’est pas son moindre atout. Et puis la municipalité nous offrait une infrastructure et des services facilitant la mise en place de ces rassemblements qui, si on en croit les témoignages, ont laissé d’excellents souvenirs.

Vingt-cinq années durant, ce sont plusieurs centaines de stagiaires qui sont venus transpirer sur les tatamis de Soulac, mais aussi bénéficier des séances sur la plage face à l’océan. Toute l’Europe, ou presque, a été représentée. Et bien évidement l’ensemble des régions françaises.

En 2010, se déroulait la dernière session. Pour des raisons personnelles il ne m’a pas été possible de reprogrammer ce rendez-vous en 2011 et les années suivantes. Une évolution favorable permet d’envisager de reprendre cette habitude et de mettre à l’agenda une nouvelle semaine de pratique intensive de notre cher art martial pour l’été 2018, mais aussi à l’occasion de quelques week-ends prolongés comme ceux de l’Ascension et de la Pentecôte. Mon passage dans la station médocienne ces jours derniers avait pour but de reprendre contact ; le plaisir de retrouver ce bel endroit n’a pas manqué de me conforter dans le désir de faire aboutir le projet.

En attendant, il y aura Carqueiranne la première semaine de juillet, dans une région complètement différente, le Var.

Bonne fin de saison et à très bientôt sur les tatamis.

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Quatre légendes

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Sur la photo qui accompagne cet article (prise au «golf bleu » à Beauvallon-sur-mer au début des années 1960) y figurent quatre légendes du judo. En partant de la gauche, je vous propose une présentation on ne peut plus résumée.

Anton Geesink (1934-2010). Le géant hollandais qui a fait pleurer le Japon en 1964 à l’occasion des Jeux olympiques de Tokyo en battant en finale des poids lourds, Kaminaga, le représentant nippon. Un physique exceptionnel, mais aussi une technique parfaite et une volonté de fer.

Shozo Awazu (1923-2016). Il arrive en France en 1950 avec le grade de 6e dan obtenu à 26 ans. En tant que professeur et entraîneur, ce qu’il a apporté au judo français est colossal, notamment dans le domaine du travail au sol et des katas.

Bernard Pariset (1929-2005). Sous ma plume, que dire qui ne l’a pas déjà été ? Il était mon père mais aussi mon premier et principal professeur. Après une carrière de compétiteur en toutes catégories durant laquelle ses qualités de « battant » ont fait sa réputation, ils sont nombreux ceux qui ont pu profiter de ses talents d’entraîneur et de professeur. Il a été aussi un fameux visionnaire en réhabilitant le ju-jitsu dans notre pays au début des années 1970.

Henri Courtine (1930-   ). Un judoka à la technique d’une finesse exceptionnelle, en l’occurrence dans l’art des balayages. Après sa fabuleuse carrière de compétiteur, il a été un très grand dirigeant tant sur le plan national qu’international. Il est aujourd’hui 10e dan, le plus haut grade jamais atteint dans notre pays.

Pour moi ces quatre personnages ont un point commun dans la mesure où j’ai eu la chance de profiter de l’enseignement de chacun. Un enseignement que l’ont peut qualifier, en toute objectivité, de « très haut niveau ». Mais aussi, et ce n’est pas le moindre des privilèges, je eu la chance de bien les connaitre à titre personnel. (Pour l’un d’entre eux, il ne s’agira pas d’un scoop !)

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Sutemis

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Les sutemis sont la parfaite illustration du principe de non opposition et de l’utilisation de la force de l’adversaire. Mettre hors d’état de nuire l’adversaire en stérilisant ses attaques, en lui faisant gâcher son énergie, en permettant que celle-ci se retourne contre lui et à sa force ajouter un peu de la notre, me semble être une riposte « intelligente », dénuée de toute violence. Elle donne à un gabarit modeste l’assurance de maitriser plus fort que lui.

Sutemi signifie sacrifice. En se mettant soi-même au sol (en sacrifiant son corps), le principe est de créer le vide devant l’assaillant et de l’aspirer dans ce néant volontairement provoqué. Comme beaucoup de techniques de self-défense appartenant au ju-jitsu, les sutemis se réalisent à condition qu’il y ait attaque (ou agression). En judo, c’est surtout dans l’application du principe action-réaction et en contre-prises qu’ils se pratiquent.

Il existe les sutemis de face et les sutemis de coté. Le plus célèbre d’entre eux appartient à la première catégorie, il s’agit de tomoe-nage. Littéralement : projection en cercle. (Les deux corps formant un cercle parfait au moment où Tori fait basculer Uke par-dessus lui.) Cette projection est aussi connue sous l’appellation populaire de « planchette japonaise ». En judo, une variante a vu le jour au début des années 1970, avec yoko-tomoe-nage.

Dans cette famille de techniques se trouvent aussi les makikomi qui sont un peu à part dans la mesure où nous sacrifions notre corps dans le but « d’enrouler » celui de l’adversaire.

Ces techniques sont très spectaculaires et impressionnent toujours. Si elles ne demandent pas d’efforts physiques, en revanche elles réclament de la précision et une forme de corps qu’il aura fallu façonner avec de nombreuses répétitions. Mais comme dans beaucoup de moment de la vie, la satisfaction des progrès réalisés sera LA récompense.

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