Il y a quelque temps un de mes anciens élèves, qui se reconnaitra, m’avait suggéré de réaliser un dictionnaire des noms et des mots qui ont marqué ma carrière. J’avais mis de coté cette idée, aujourd’hui elle me revient. Aussi, j’ai commencé à établir une liste alphabétique des personnes et des sujets qui me venaient assez spontanément.
La matérialisation de cette idée n’altérera pas la publication régulière d’autres articles, comme c’est le cas depuis de nombreuses années sur ce blog. Pour ce dictionnaire, toujours sur ce même moyen de communication, je donnerai une définition courte, étant entendu que par la suite, sera proposé un recueil dans lequel chaque sujet sera plus largement développé.
Aujourd’hui commençons donc par le début : la lettre A, comme Arts martiaux, on ne pouvait mieux commencer.
Grâce à de nombreux outils d’information chacun peut avoir accès à la définition et à l’histoire de ces arts de combat ; aussi, ce sera essentiellement mon interprétation personnelle qui sera proposée.
Tout d’abord, les arts martiaux sont une part importante de ma vie, ils sont mon métier. Et même si je me suis spécialisé dans l’un d’entre eux, le ju-jitsu, j’ai eu aussi la possibilité de pratiquer le judo bien sûr, mais aussi, le karaté et l’aïkido, sans oublier la boxe française que je considère comme « notre art martial ».
Dans « art martial », il y a d’abord le mot art. La première définition proposée par le Larousse est la suivante : «Aptitude, habilité à faire quelque chose » ; cela est explicite et me convient. Ensuite, il y a le mot martial. Toujours dans le même dictionnaire (en première définition): «Qui manifeste des dispositions belliqueuses ». Ah ! Pour belliqueux on trouve : «qui aime la guerre et cherche à la provoquer » ! Donc un raccourci logique donne pour art martial : « art de la guerre », mais la provocation en moins, puisque le principe est de combattre quand n’existe plus d’autres solutions, le bagage technique représentant avant tout une force de dissuasion. C’est, en tout cas la conception que j’en ai.
Bien que « tombé dedans » tout petit, s’il n’était question que de guerre, je n’aurais pas persévéré. Nous ne sommes plus au temps des samouraïs qui se trouvaient en situation quasi permanente de survie, les combats se finissant bien souvent pas la mort d’un des deux protagonistes ; ces valeureux combattants ont disparu, mais ils ont légué un mythe puissant et les valeurs qui y sont attachées, celles du code du bushido. Gardons les principes de courage, d’honnêteté, de fidélité, de tout ce qui fait le code d’honneur pour les mettre au service d’une éducation physique et mentale. La sagesse que l’on retrouve dans certains contes que je me plais de proposer régulièrement sur ce blog, est un des principaux intérêts qui m’anime, peut-être encore davantage avec le temps.
La self-défense – l’aspect technique – représente bien évidemment un intérêt majeur ; faire en sorte que chacun puisse acquérir une technique protectrice et une confiance en lui ! Et puis, la notion d’affrontements très codifiés lors des séances d’entraînement pouvant s’apparenter à une forme de jeu est un autre aspect que je retiens. Elle permet de s’engager tout en ne dramatisant pas la situation, ce qui est sain. « Nous nous sommes bien amusés » est une phrase que mes élèves connaissent bien et que j’utilise volontiers, avec facétie, après un randori.
Dans une version plus fouillée que j’espère publier à l’occasion d’un dictionnaire complet de mes préférences, à la lettre A comme Arts martiaux, je ne manquerai pas d’étoffer le contenu de ce court billet et de donner mon sentiment sur chacune des principales disciplines, mais aussi sur les personnes qui, de mon point de vue, les ont le mieux représentées. Ce sera aussi l’occasion de proposer les nuances que je mets entre arts martiaux et sports de combat. Et tout simplement d’exprimer mon sentiment sur l’évolution de nos disciplines. Je ne manquerai pas d’évoquer celles que j’aurais bien aimé pouvoir pratiquer, comme le Kendo, et plus largement traiter les techniques plus anciennes, ainsi que les nombreux « Styles et Ecoles » attachés à certaines disciplines, comme le ju-jitsu.
En conclusion et en un résumé on ne peut plus court, les arts martiaux sont pour moi des méthodes de combats entourées de fortes valeurs éducatives, physiques et mentales, à condition de respecter « réellement » leurs traditions.
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Un formateur d’enseignants à l’occasion d’une séance qui n’hésite pas à utiliser un qualificatif déplacé pour interpeller et faire remarquer son retard à un futur professeur (quel exemple !), un autre (ou le même) qui informe les futurs enseignants qu’ils ne doivent pas espérer faire une activité professionnelle, même partielle, de la dispense de leurs savoirs et encore moins que celle-ci puisse un jour devenir leur métier (quelle motivation !). Voilà des faits qui sans doute ne reflètent pas une majorité, mais qui se sont déroulés dans un lieu où doivent être « formés » les futurs professeurs. Ceux qui dispenseront leurs connaissances techniques et qui donneront l’exemple en matière de politesse, de respect, bref d’éducation et à qui il reviendra donc la tâche de faire appliquer le fameux code moral affiché dans les dojos.
Ces périodes durant lesquelles certains ont la chance d’être en vacances sont propices à la publication de récits emprunts de sagesse et qui donnent à réfléchir. Celui-ci se nomme « Une bombe à retardement », il est issu du recueil « Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon », dans lequel fourmillent de belles leçons.
En sport, cela peut paraitre étrange d’affirmer que lorsque c’est le plus fort qui gagne et que par conséquent l’échelle des valeurs est respectée, se manifeste parfois un manque d’intérêt . Pas tant que cela, finalement. D’abord, assister au renversement de l’ogre par le « le Petit Poucet » est toujours sympathique, et pour ce qui concerne les disciplines de combat comme le judo, que les principes de bases et les techniques affutées permettent à David de triompher de Goliath l’est tout autant.
L’épisode hivernal que nous venons de vivre a permis de constater que savoir chuter n’était pas inutile en dehors d’un dojo. Certes, on peut penser que lorsque l’on chute sur un tatami on doit « frapper » avec le bras et que par conséquent il ne sera pas possible de faire de même sur un sol dur ; sur ce point il faut préciser que ce serait un moindre mal, nous verrons pourquoi plus loin.
Décidément ce qui touche à la self-défense ne laisse pas insensible. L’article de la semaine dernière a rencontré un beau succès et a suscité quelques réactions qui m’inspirent ce nouveau billet.
Récemment j’ai été interpellé par le contenu d’une affiche sur laquelle était proposée – entre autres thèmes – de la « self-défense » au programme d’un stage de ju-jitsu. Cela sous entend (volontairement ou involontairement) que le ju-jitsu n’est pas une méthode de défense (à moins que ce soit dans un souci approximatif d’information destiné aux néophytes). C’est surprenant dans la mesure où je pensais que lorsque l’on pratiquait cette discipline on pratiquait forcément de la self-défense. Certes le ju-jitsu a l’avantage de ne pas se limiter au simple aspect utilitaire ; on travail le physique et le mental – qui ne sont pas incompatibles avec l’efficacité, bien au contraire -, mais il s’agit avant tout d’un art de combat. Ses principes et la majorité de ses techniques possèdent des spécificités qui sont la non-opposition, l’utilisation de la force de l’adversaire, la recherche du contrôle de l’adversaire, mais aussi celle du détail qui tente de conduire à la perfection, partant du principe que « qui peut le plus, peut…le plus ». Même si pour différentes raisons – éthiques et éducatives -, son enseignement et sa pratique ne se limitent pas à l’aspect utilitaire, chaque technique étudiée, chaque méthode d’entraînement travaillée et chaque kata exécuté ont comme principaux objectifs de progresser et de renforcer l’efficacité dans l’art du combat. Et puis surtout n’oublions pas que dans l’arsenal technique existent des projections et des coups qui peuvent être fatales (ne pas l’ignorer n’est pas superflu, à bien des égards). Tout cela pour affirmer que la self-défense est l’ADN du ju-jitsu.
C’est au début des années 1980, dans la suite logique des 16 techniques et des 16 bis que l’enchaînement des « 16 Ter » a vu le jour. Si son appellation n’est pas originale son contenu l’est assurément.
On ne combat pas le feu avec le feu, ni la violence par la violence. Au risque de me répéter, je ne me lasserais jamais de militer pour un enseignement éducatif dans lequel l’apprentissage des techniques de défense sera essentiellement axé sur la maitrise de l’agresseur et non pas sur son extermination. Si abjecte que soit l’agression et nous n’en sommes pas privés, la répression, tout comme le maintien de l’ordre (en dehors du dojo) n’est pas la mission d’un éducateur, mais celle des services spécialisés dans ce domaine. Que l’on ne s’y méprenne pas, je ne suis pas habité par un idéalisme béat ni par un angélisme inapproprié, mais par une responsabilité professionnelle. Il n’est pas question non plus de « mollesse », ni dans le comportement, ni dans l’entraînement, ni dans une réaction indispensable en cas d’agression et d’une sanction à la hauteur du délit par la justice. Mais il existe une différence entre apprendre à se défendre et apprendre à détruire. La personne qui souhaite légitimement pouvoir se sortir d’une mauvaise situation ou aider quelqu’un à le faire, n’a pas forcément l’envie (et le droit, la notion de légitime défense ne devant pas être ignorée) de se transformer en « exterminator ».
Afficher en bonne place le Code moral sur un mur du dojo mais ne pas l’appliquer ne sert à rien. A moins que ce soit pour se donner bonne conscience ou encore revendiquer des principes sans les mettre en pratique. Heureusement, ces comportements ne sont pas (encore) majoritaires.