C’est au début des années 1980, dans la suite logique des 16 techniques et des 16 bis que l’enchaînement des « 16 Ter » a vu le jour. Si son appellation n’est pas originale son contenu l’est assurément.
Pour faciliter la mémorisation, les attaques sont presque toutes les mêmes que celles des 16 techniques ; par contre les ripostes sont d’un niveau plus élevé. Proposer une graduation dans la difficulté était le but que j’avais recherché dans cette « trilogie ».
Les techniques proposées réclament donc une certaine habileté (que l’on acquiert par la pratique). Continuer à découvrir, à progresser et à se surpasser (raisonnablement), n’est-ce pas l’un des buts que nous recherchons dans une pratique évolutive ?
De surcroît, ce qui ne gâche rien, lors de leur exécution, ces techniques et ces enchaînements dégagent un esthétisme certain, ce qui n’est pas incompatible avec l’efficacité. Cela demande effort et rigueur, comme tout domaine dans lequel on souhaite progresser.
Reflet d’un ju-jitsu moderne qui a su conserver ses traditions, les 16 ter vont permettre de progresser dans chaque technique proposée, mais aussi dans le domaine des liaisons et de la fluidité qui doit les accompagner.
Comme pour les 16 et les 16 Bis, l’exécution de l’enchaînement dans sa totalité permettra d’acquérir et/ou de conserver une excellente condition physique, indispensable à un pratiquant d’arts martiaux.
L’apprentissage de cet enchaînement se fera d’abord technique après technique, avant de les enchaîner vite et fort.
Aucune vidéo n’a été réalisée à ce jour ; seul existe un support papier dans l’un de mes livres. Ceux qui auront la possibilité de suivre mon prochain stage parisien pourront découvrir ou redécouvrir les « 16 Ter ». Ci-dessous la liste de ces techniques. Je n’ignore pas que cela manque d’images, reste à faire travailler votre imagination en attendant…
1ere technique : sur menace de face : double mae-geri et o-soto-gari.
2ème : sur poussée aux épaules : kata-guruma.
3ème : sur saisie à la gorge par l’arrière : hiji à gauche, dégagement par l’intérieur, sumi-gaeshi enchaîné et ude-gatame.
4ème : sur mawashi-geri : ashi-guruma.
5ème : sur saisie de tête waki-gatame « à l’envers » avec amenée au sol.
6ème : sur saisie de manche : mawashi-geri, ude-gatame, hiji, (uke pose un genou au sol), renversement et juji-gatame.
7ème : au sol Tori sur le dos : kakato-geri, kochiki-daoshi.
8ème : sur menace de face : yoko-geri retourné, o-soto-gari.
9ème : sur saisie à la gorge de face à une main : kote-mawashi, kakato-geri, sumi-gaeshi et juji-gatame.
10ème : sur saisie d’épaule de côté avec naname-tsuki : eri-seoe-nage.
11ème : sur reprise d’initiative sur tentative de waki-gatame : waki-otoshi.
12ème : sur poussée au sol : chute arrière, morote-gari à l’envers et clef de jambe.
13ème : sur attaque arrière : ushiro-geri, mae-geri, hiji, hadaka-jime, renversement et clef de cou.
14ème : sur menace de couteau de face 1ère forme : mikazuki-geri, hiji, eri-jime. 2ème forme : mikazuki-geri, ura-mawashi-geri, mawashi-geri, hiji, eri-jime.
15ème : sur double coup de bâton : yoko-wakare, hara-gatame et kakato-geri.
16ème : sur menace de revolver de face : kote-inéri.
On ne combat pas le feu avec le feu, ni la violence par la violence. Au risque de me répéter, je ne me lasserais jamais de militer pour un enseignement éducatif dans lequel l’apprentissage des techniques de défense sera essentiellement axé sur la maitrise de l’agresseur et non pas sur son extermination. Si abjecte que soit l’agression et nous n’en sommes pas privés, la répression, tout comme le maintien de l’ordre (en dehors du dojo) n’est pas la mission d’un éducateur, mais celle des services spécialisés dans ce domaine. Que l’on ne s’y méprenne pas, je ne suis pas habité par un idéalisme béat ni par un angélisme inapproprié, mais par une responsabilité professionnelle. Il n’est pas question non plus de « mollesse », ni dans le comportement, ni dans l’entraînement, ni dans une réaction indispensable en cas d’agression et d’une sanction à la hauteur du délit par la justice. Mais il existe une différence entre apprendre à se défendre et apprendre à détruire. La personne qui souhaite légitimement pouvoir se sortir d’une mauvaise situation ou aider quelqu’un à le faire, n’a pas forcément l’envie (et le droit, la notion de légitime défense ne devant pas être ignorée) de se transformer en « exterminator ».
Afficher en bonne place le Code moral sur un mur du dojo mais ne pas l’appliquer ne sert à rien. A moins que ce soit pour se donner bonne conscience ou encore revendiquer des principes sans les mettre en pratique. Heureusement, ces comportements ne sont pas (encore) majoritaires.
Parmi les évènements de cette nouvelle année, dans quelques semaines, fin mars précisément, se tiendra la 33ème édition du Festival des arts martiaux. Comme tous les ans depuis 1985, ce grand rendez-vous se tiendra à Bercy. Oui, j’ai encore des difficultés avec le nouveau nom : Accord Hôtel Aréna . Nous devrons nous y faire, puisqu’avec les J.O. une certaine pollution publicitaire devrait nous être imposée dans la capitale. Mais ce n’est pas le sujet du jour.
Dimanche soir, dans le TGV qui me ramenait de Paris à Niort, s’est manifestée l’envie d’évoquer les rendez-vous dominicaux, à l’image de celui que je venais de vivre. Une fois par mois, pour trois heures de ju-jitsu, je reviens dans la capitale pour y retrouver des personnes que j’apprécie infiniment. Au fil de la journée le plaisir se manifeste de plusieurs manières.
A chaque début de saison ce sont malheureusement plus de 50 % d’élèves qui ne renouvellent pas leur adhésion et ne reprennent plus le chemin du dojo. Ce chiffre émane de sondages effectués il y a quelques années mais il y a peu de chance qu’il ait évolué favorablement. Cela signifie que pour conserver le même effectif et « a fortiori » l’augmenter, il faut recruter la saison suivante un nombre équivalent de débutants, sinon plus. Il s’agit d’un challenge colossal et si ce n’était pas le cas, l’équilibre de la structure serait menacé.
Dernièrement un internaute se demandait si les professeurs de ju-jitsu testaient leurs techniques « en situation », c’est-à-dire dans la rue, pour être tout à fait précis. Cette question pourrait être posée plus largement à tous ceux qui enseignent une méthode de défense. Mais peut-être y avait-il un peu de malice dans cette interrogation ? Ceci étant, tester chaque technique dans la rue avant de l’enseigner n’est pas vraiment possible. D’abord parce que c’est interdit ; il existerait un problème de droit (et de conscience) s’il s’agissait de provoquer une telle situation.