Parmi les évènements de cette nouvelle année, dans quelques semaines, fin mars précisément, se tiendra la 33ème édition du Festival des arts martiaux. Comme tous les ans depuis 1985, ce grand rendez-vous se tiendra à Bercy. Oui, j’ai encore des difficultés avec le nouveau nom : Accord Hôtel Aréna . Nous devrons nous y faire, puisqu’avec les J.O. une certaine pollution publicitaire devrait nous être imposée dans la capitale. Mais ce n’est pas le sujet du jour.
Revenons au Festival des arts martiaux organisé par le magazine Karaté-Bushido. Son gigantisme et le retentissement international qu’il génère font que lorsqu’on a eu la chance d’y participer (à douze reprises, pour ma part), on ne peut l’oublier. D’autres galas presque aussi importants ont aussi marqué mon esprit, comme à Dortmund en Allemagne, Montréal, etc. Mais je n’oublie surtout pas, et c’est en grande partie le sujet de ce billet, les nombreux galas de province auxquels j’ai participé. Les organisations sont plus modestes et ces rendez-vous m’ont laissé des souvenirs différents. L’ambiance n’est pas la même, notamment grâce à une proximité plus importante avec le public et avec l’équipe organisatrice. Ces galas se déroulaient dans des villes plus petites, des villages parfois et pour le club organisateur, il s’agissait souvent de l’évènement de l’année. Je dis c’était, puisque en effet ce genre de manifestation se fait de plus en plus en rare et c’est bien dommage. Cela contribuait à la promotion des arts martiaux et à la cohésion des membres du club face à un challenge, mais il est vrai qu’il s’agissait d’organisations assez lourdes. Le souvenir d’une certaine spontanéité et d’un enthousiasme à toute épreuve rendaient ces soirées fortes en émotions, et sans parler de l’après gala, une sorte de troisième mi-temps.
Ces événements étaient bien souvent le fait et la volonté d’une personne (entourée d’une solide équipe) sans qui vraisemblablement ces manifestations n’auraient pas eu lieu. En écrivant ces lignes je pense à une personne en particulier et à une ville bien précise. Il s’agit de Louis Renaudeau qui était dans les années 1980 le professeur, et le directeur technique du club de La Roche-sur-Yon en Vendée. Certes les vendéens ne sont pas démunis de volonté, mais celle de cet homme était phénoménale. Aujourd’hui il profite d’une retraite paisible et méritée. Je me suis rendu chez lui à plusieurs reprises, pour des galas, mais aussi pour de nombreux stages. Nous nous étions rencontrés la première fois à Chamonix, en avril 1982, à l’occasion d’un stage réservé aux enseignants, le premier d’une longue série. Ce regroupement était proposé par la FFJDA et j’avais le plaisir d’en assurer la direction. Sous la « bienveillance » du Mont-Blanc, une trentaine de professeurs étaient venus de toute la France pour se perfectionner en ju-jitsu. C’est à la fin de journées fournies en tatami que nous nous retrouvions autour du verre de l’amitié, pour des discussions passionnées et pour élaborer nos projets.
Quelques mois après, en janvier 1983, je dirigeais 130 personnes à La Roche sur Yon, le temps d’un week-end. Nous n’en sommes pas restés là, puisque plusieurs années durant nous avons alterné stages et galas. Louis Renaudeau était un excellent organisateur, mais pas que ! Il était aussi un excellent professeur sachant motiver ses élèves et les fidéliser. Le club comptait environ 600 élèves, avec beaucoup d’enfants au judo, comme dans tous les dojos, mais ce qui était remarquable, c’était sa section ju-jitsu qui ne comptait pas moins de 150 adultes. C’était en 1983, dommage que ce résultat n’ait pas eu valeur d’exemple auprès d’autres clubs.
Monsieur Renaudeau a pris sa retraite et j’ai appris que la section ju-jitsu n’existait plus. Comme quoi, souvent il suffit d’une personne.
Pour finir ce premier article de 2018, je souhaite à tous et à toutes une excellente année et surtout une très bonne santé, c’est bien cela l’essentiel ! BONNE ANNEE 2018.
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Dimanche soir, dans le TGV qui me ramenait de Paris à Niort, s’est manifestée l’envie d’évoquer les rendez-vous dominicaux, à l’image de celui que je venais de vivre. Une fois par mois, pour trois heures de ju-jitsu, je reviens dans la capitale pour y retrouver des personnes que j’apprécie infiniment. Au fil de la journée le plaisir se manifeste de plusieurs manières.
A chaque début de saison ce sont malheureusement plus de 50 % d’élèves qui ne renouvellent pas leur adhésion et ne reprennent plus le chemin du dojo. Ce chiffre émane de sondages effectués il y a quelques années mais il y a peu de chance qu’il ait évolué favorablement. Cela signifie que pour conserver le même effectif et « a fortiori » l’augmenter, il faut recruter la saison suivante un nombre équivalent de débutants, sinon plus. Il s’agit d’un challenge colossal et si ce n’était pas le cas, l’équilibre de la structure serait menacé.
Dernièrement un internaute se demandait si les professeurs de ju-jitsu testaient leurs techniques « en situation », c’est-à-dire dans la rue, pour être tout à fait précis. Cette question pourrait être posée plus largement à tous ceux qui enseignent une méthode de défense. Mais peut-être y avait-il un peu de malice dans cette interrogation ? Ceci étant, tester chaque technique dans la rue avant de l’enseigner n’est pas vraiment possible. D’abord parce que c’est interdit ; il existerait un problème de droit (et de conscience) s’il s’agissait de provoquer une telle situation.
Ce qu’a réalisé Teddy Riner le week-end dernier est tout simplement exceptionnel. Je suis loin d’être pour le « tout compétition » et pour les excès qui y sont parfois attachés, notamment lorsque certains sportifs sont encensés au point de ne plus leur faire toucher terre. Mais là, avec Teddy Riner il faut se réjouir d’être en présence, non seulement d’un champion d’exception, mais aussi et surtout d’une personne au comportement exemplaire, ce qui n’est pas forcément le cas d’autres sportifs au palmarès moins éloquent. Cet homme rassemble des qualités techniques, physiques et mentales. En fait, il personnifie le fameux « Shin-ghi-taï » (l’esprit, la technique et le corps) cher à Jigoro Kano. Avec Teddy Riner, le sportif de haut-niveau retrouve une de ses fonctions : l’exemplarité ! Peut-être la plus importante aux yeux d’un éducateur.
L’allongement des congés scolaires est une bonne chose pour les enseignants et les élèves, ça l’est aussi pour le secteur du tourisme…C’est moins vrai pour la réalisation de progrès dans la pratique des arts martiaux. Rares sont les dojos ouverts durant ces périodes de vacances et à raison d’une fréquentation d’une fois ou deux par semaine sur huit mois, la régularité – une des sources de progression – s’en trouve indiscutablement impactée.
Ce week-end, en Hollande, on fêtait les quarante ans de l’International Martial Art Fédération (l’IMAF) dans sa « Branche Europe ». Cette organisation regroupe des arts martiaux traditionnels, elle permet de véhiculer et surtout de conserver un état d’esprit et une conception des arts martiaux qui est à l’opposé du « tout compétition ».