Anton Geesink

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De gauche à droite (agenouillés) Geesink, Awazu, Pariset et Courtine au Golfe Bleu en 1957

Anton Geesink est décédé à la fin du mois d’août.
Figure légendaire du judo mondial, idole des Pays-Bas (il a sa rue à Utrecht), il a fait pleurer le Japon en 1964 quand il s’est emparé de la médaille d’or aux Jeux Olympiques de Tokyo dans l’épreuve reine du « toutes catégories »  en terrassant Kaminaga, le meilleur Japonais du moment.
Chacun pourra retrouver sur les bons sites Internet la prodigieuse carrière de ce géant au sens figuré comme au sens propre, il mesurait 1m 96.
A titre personnel, j’ai eu la chance de le côtoyer, pour deux raisons. Tout d’abord, avec mon père ils étaient adversaires sur les tatamis (mais amis dans la vie) et ce malgré la différence de gabarit. C’était l’époque où le «  toutes catégories »  était l’épreuve reine, ce qui contribua largement à l’avènement du judo, quand le « petit faisait tomber le grand ». Mon père l’emporta une fois en 1955 en finale des championnats d’Europe à l’occasion d’un combat homérique.
Ensuite, chaque été, dans les années 50, les meilleurs judokas mondiaux se retrouvaient au Golfe Bleu en face de Saint-Tropez (voir article du 27 juin 2008 sur ericpariset.canalblog.com). M.  Courtine, M. Geesink et mon père étaient les  animateurs de ces stages qui s’étalaient sur  trois mois.  Fréquenter les personnes au quotidien permet plus facilement de découvrir  leur vraie   nature et ainsi pouvoir les apprécier  pour leurs valeurs humaines. Mon point de vue était celui d’un enfant face à un géant, avec comme principal sentiment celui de l’admiration  avec un soupçon de crainte. Je n’avais pas conscience de l’importance du palmarès que se forgeait ce Monsieur, je l’appréciais avec la spontanéité enfantine. Par  la suite j’ai pris la mesure de l’immense champion qu’il était. Mon avis s’est alors forgé (ce n’est que mon avis), pour le placer en tête de mon panthéon des meilleurs judokas de tous les temps !
Un physique exceptionnel, une très grande technique, une volonté de fer et un mental d’acier ont fait de lui ce champion d’exception. Je me souviens de son emploi du temps (de vacances) : debout 5h00 ou 6h00, footing dans la colline avec musculation à l’aide de troncs d’arbres, certaines fois, cette séance était remplacée par le tour du golfe en courant (8 kilomètres) et retours à la nage en traversant ce fameux golfe (4 kilomètres). Cours techniques dispensés le  matin et pour finir, deux heures de randori avec les meilleurs judokas mondiaux. Ensuite extinction des feux à 21h00 ! Pas de boîte à Saint-Tropez.
La dernière fois que j’ai vu Anton Geesink, c’était en janvier 2005 à Paris. Il avait tenu à être présent à la cérémonie des vœux de la FFJDA, qui à cette occasion rendait hommage à mon père décédé quelques semaines auparavant. J’avais été très touché et cela m’avais conforté dans mon premier jugement d’enfant. Il n’était pas simplement un champion d’exception, mais aussi et surtout quelqu’un qui avait une mémoire et qui ne relègue pas en arrière-plan les relations purement humaines, bref quelqu’un de très bien.
Je pense bien sur à Mme Geesink, mais aussi  à ses enfants avec qui j’ai passé tant de merveilleux étés.

Site du club Eric Pariset: www.jujitsuericpariset.com