En cette période estivale, ceux qui en ont la possibilité vont quitter la ville et profiter de vacances vraisemblablement bien méritées ! Pour les pratiquants d’une activité physique régulière, il y a plusieurs options. La première consiste à délaisser temporairement la discipline principale au profit d’une autre. Deuxième possibilité, on opte de façon radicale pour le total farniente. Troisième choix, réservé à la « fraction dure » : il consiste à profiter de cette période pour s’entraîner encore plus intensément ! Cet été, cela sera le cas pour les Soulacais d’une semaine !
Le stage de Soulac n’est pas unique en son genre et depuis les années 50, d’illustres rassemblements estivaux ont eu leurs heures de gloires dans les arts martiaux. Parmi ceux-là, il y en a un qui me tient particulièrement à cœur. Il s’agit du stage de judo du « Golfe bleu » à Beauvallon-sur-Mer, dans le Var, juste en face du célèbre village de Saint-Tropez ! Pas uniquement pour ce lieu enchanteur qui, il est vrai, l’était bien plus encore au début de l’histoire de ce stage, mais tout simplement pour ce qu’il représentait pour moi.
J’ai voulu, le temps d’un édito de fin de saison, faire revivre ce rassemblement mythique. Certes, il s’agit de souvenirs personnels, mais qui sont en liaison directe avec ce que l’on peut appeler un monument de l’histoire des arts martiaux.
À l’initiative de Gérard et Armande Néél, couple de professeurs de judo au fort tempérament, fut ouvert à 300 mètres de la mer, au milieu d’une forêt de mimosas, de chênes-lièges et de pins parasol, un centre de vacances. Précurseurs du Club-Med, ce couple avait comme projet de rassembler les pratiquants de judo et leur famille une semaine ou plus, le centre fonctionnant de début juin à fin septembre ! Au début, l’hébergement – quelque peu spartiate – se faisait dans des paillottes avec de la terre battue comme revêtement de sol ! Un tatami, protégé par un toit mais ouvert sur les côtés, se trouvait au centre du village de vacances. Deux heures de techniques tous les matins et… deux heures de randoris toutes les fins d’après-midi. Pour encadrer tout cela, ce sont les meilleurs champions qui sont passés par ce lieu, ceci jusqu’à la fermeture du centre à la fin des années 80 ! Mais c’est la période de lancement de cette aventure qui est assez fascinante et qui me laisse tant de souvenirs. En effet, mon père faisait partie de l’encadrement des premières années, avec bien-sûr son « alter-ego » Henri Courtine et le fameux géant hollandais Anton Geesink. Le centre recevait ainsi les judokas de toute l’Europe, et parfois également d’autres parties du monde, et même des équipes nationales. Tout ce beau monde se rendait dans ce lieu unique et une ceinture jaune pouvait faire le combat de sa vie avec un Champion du monde. Pour ma part et à l’âge qui était le mien, il ne s’agissait pas d’entraînement, mais tout simplement d’un endroit, ou pendant une petite dizaine d’années, j’ai vécu, de juin à septembre (à l’époque la rentrée des classes se faisait le 21 septembre) des vacances que je peux classer parmi les plus beaux moments de ma vie. Elles m’ont permis d’assister à des combats d’entraînements d’anthologie, de côtoyer les sommités du judo et des arts martiaux, de créer des amitiés indéfectibles et de faire de cette région ma région de cœur.
Aujourd’hui, un célèbre promoteur a mis fin à la colline magique. Seul rescapé, le restaurant-plage Le Pingouin bleu, tenu par Pierrot, le fils de la famille. Si un jour vous passez par là, n’hésitez pas, vous serez bien accueillis et vous serez à un « tsugi-ashi » d’un lieu chargé d’une histoire comme on n’en connaîtra plus !
Voir le site du Club Eric Pariset:http://www.jujitsuericpariset.com