Pour cette semaine, j’avais prévu un autre sujet que celui qui va être développé ci-dessous. Ce changement est la conséquence de la lecture d’un article paru dans Le Parisien – Aujourd’hui en France, daté du mercredi 4 décembre. Il touche un des sujets de société qui m’intéressent particulièrement, en l’occurrence la reconversion des anciens sportifs de haut niveau. Et cet article m’a fait bondir, dans le sens où une fois de plus il souligne et confirme un état de fait qui m’apparaît regrettable.
Cela se passe dans une fédération que je connais un peu ! L’article traite du cas d’une jeune femme, de 28 ans, membre d’une équipe de France, leader dans sa catégorie et qui a déjà ramené une belle quantité de médailles à notre pays, simplement elle n’a pas la notoriété d’un Zidane ou d’un Riner et ce que lui verse la fédération s’apparente davantage à une bourse pour étudiant qu’à un véritable revenu. Elle a donc décidé d’arrêter sa carrière sportive, saisissant une opportunité professionnelle dans un secteur sans rapport avec le monde sportif. Son responsable fédéral lui assurant même qu’avec son joli sourire, elle est certaine de réussir (sic). Cette forme de machisme n’est pas le sujet de l’article, mais quand même…
Ce qui est choquant dans cette affaire, qui malheureusement n’est pas un cas particulier, c’est que les choses ne sont pas claires de la part des fédérations. Soit elles prennent tout en charge, la préparation, la carrière et une reconversion correcte, soit elles annoncent la règle du jeu tout de suite, de façon à ce qu’à 28 ans l’athlète ne soit pas obligé de s’en remettre à sa pugnacité en dehors des gymnases ou encore à sa bonne étoile.
Il faut savoir que ce genre de mésaventure concerne un nombre non négligeable d’athlètes de haut niveau. En effet les numéros deux, trois, etc. sont très peu éloignés des « numéros un » en termes de performance. Ils ont concédé autant de sacrifices, parfois même davantage, parce que justement, ne bénéficiant – peut-être – pas tout à fait des mêmes qualités, ils ont du souvent s’entraîner encore plus. Je ne dis pas qu’il ne soit pas normal que les « stars » bénéficient de plus de reconnaissances (sur tous les plans !), mais il n’est pas acceptable qu’un abîme sépare ces deux catégories, qui d’ailleurs n’existeraient pas l’une sans l’autre.
Cette situation n’est pas un cas isolé et elle ne date pas non plus d’hier. Elle n’est pas non plus le fait d’une seule fédération. En 1995, une jeune maman de 32 ans, qui avait représenté sa discipline et notre pays lors de quatre olympiades successives en finissant quatre fois au pied du podium, se retrouvait seule avec son gamin au RMI ! Obligé à 32 ans de reprendre des études. Sans remonter à un temps où (dans les années 1950), comme cela est arrivé à une personne devenue célèbre, il fallait vendre sa voiture pour pouvoir participer aux championnats du monde de sa discipline, Il était une époque où les choses étaient plus claires. Les athlètes prenaient leurs responsabilités et surtout leurs risques en ne comptant que sur eux-mêmes. Bien sûr il s’agissait de l’amateurisme le plus complet (dans le sens noble du terme). C’était un choix. Certes cela ne donnait pas forcément à tous et à toutes les possibilités d’accomplir une grande carrière et surtout cela réduisait le potentiel dans lequel les fédérations pouvaient se servir, mais au moins les choses étaient précises.
Certains, ne voulant pas sacrifier leurs études au profit d’une carrière aléatoire, passaient peut-être à côté d’une belle réussite. D’autres dotés d’un joli palmarès auraient pu en acquérir un exceptionnel en passant plus de temps sur les tatamis ou dans les stades. Mais au moins, ils faisaient le maximum pour s’assurer un avenir professionnel par l’intermédiaire d’études ou d’une formation, mais personne ne leur avait fait miroiter quoi que ce soit en leur demandant encore plus d’effort et surtout de sacrifices. Certes il existe des formations qui permettent en parallèle de s’entraîner convenablement tout en poursuivant des études. Mais, à un certain « haut niveau », l’investissement doit être total pour rivaliser et cela, manifestement, au détriment de l’assurance d’un avenir sans risque.
Mon propos n’est pas l’expression du regret pour une ancienne époque, mais celui du souhait d’améliorer rapidement un système afin, premièrement, d’assurer des revenus décents à ceux qui transpirent intensément et quotidiennement pour tenter de faire résonner La Marseillaise sur la planète (qu’ils en tirent un profit personnel n’est d’ailleurs pas choquant), et qui en même temps œuvrent pour leur sport et accessoirement font vivre, grâce à leur succès, beaucoup de monde et deuxièmement au moins leur garantir un avenir décent si ce n’est à la hauteur des sacrifices consentis.
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Maître Kawaishi
Ce nouveau billet est en parfaite liaison avec le précédent, puisqu’il s’agit d’un hommage à un personnage qui a écrit les pages les plus importantes du judo et du ju-jitsu français et qui n’est autre que l’inventeur des ceintures de couleur, il s’agit de Mikinosuke Kawaishi (1889 – 1969).
Maître Kawaishi est arrivé en France en 1936. Incontestablement il a été une des figures les plus marquantes du judo français et européen. C’est lui qui a véritablement installé le judo dans notre pays. C’est autant sa forte personnalité que ses compétences techniques qui ont fait aboutir sa mission et fondé sa réputation.
C’est davantage pour donner mon sentiment sur cet illustre personnage que pour retracer sa vie que j’avais envie de lui consacré ce billet. Il sera facile de retrouver tout son parcours via Internet.
Je ne l’ai pas connu personnellement. Pour moi il représente trois choses : les ceintures de couleur, en judo : la « méthode kawaishi », et puis, parallèlement un programme de self-défense.
C’est lui qui a mis en place le système des ceintures que nous évoquions dans le précédent article. En effet au Japon, avant la ceinture noire, n’existaient que la blanche et la marron. Maître Kawaishi a très vite compris l’esprit français empreint d’un besoin de reconnaissance matérialisé par des récompenses. C’est ainsi que naquirent les ceintures de couleur qui existent toujours à notre époque. Elles ont même fait des petits avec les demi-ceintures dans les années 1990. D’autres disciplines qui n’ont rien à voir avec les arts martiaux ont d’ailleurs adopté un système de graduation calqué sur ce modèle. Les « flocons » en ski, les « galops » en équitation, etc.
Pour gravir ces échelons, il eut une autre bonne idée en créant la fameuse « méthode Kawaishi ». Il s’agissait dans un premier temps de « nomenclaturer » les techniques en les classant par famille et en leur attribuant un nom bien français. Ainsi o-soto-gari devint 1er de jambe, de-ashi-barrai : 2e de jambe, ippon-seoe-nage : 1er d’épaule, ainsi de suite. Je pourrais presque toutes les réciter par cœur, elles ont été mon apprentissage. Par la suite, pour des raisons évidentes d’universalisation, l’appellation japonaise a été adoptée.
Parallèlement il a mis au point une méthode de self-défense. Pour des raisons que j’ignore, il ne souhaitait pas l’appeler « ju-jitsu », mais bien « self-défense ». Peut-être pensait-il que nous étions réfractaires à l’appellation japonaise. Et que pour être bien compris, mieux valait utiliser un mot plus facile à prononcer et très explicite. Pourtant, le mysticisme qui entourait tout ce qui venait d’Orient était bien présent à cette époque. Peut-être jugeait-il aussi que l’appellation ju-jitsu était dépassée par l’avènement du judo, ce qui fut le cas au japon, lorsque Jigoro Kano, à partir de l’ancien ju-jitsu, créera le judo.
Pour réaliser ses travaux, il ne faut pas oublier qu’il était assisté, entre autres de Moshe Feldankrais, physicien israélien proche de la famille Curie. Il a sans doute aidé Kawaishi à comprendre notre mentalité. En tout cas, cela s’est révélé être une collaboration fructueuse qui permit l’éclosion du judo en France et dans toutes les couches sociales. Les « mystères de l’est » fascinaient les novices, une méthodologie rigoureuse satisfaisait et fidélisait les pratiquants. Ceux d’aujourd’hui sont tous un peu des enfants de Maître Kawaishi.
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Grades, ceintures et distinctions
Depuis dimanche dernier, avec Hicham Terkiba et Yvan Ferré, le club compte deux nouvelles noires. Félicitations à tous les deux. Que cela puisse donner l’envie à d’autres élèves d’en faire de même. C’est l’occasion d’évoquer une nouvelle fois ces fameux grades qui occupent une place importante dans les arts martiaux. De nombreux billets ont déjà été consacrés sur ce que l’on nomme également, avec un terme moins militaire, les « ceintures » et qui mériteraient peut-être davantage le mot de « distinctions ». Certains y attachent une importance démesurée, d’autres un détachement réel ou simulé. Aujourd’hui, cet article tentera de répondre à des questions très pratiques et en l’occurrence à celle qui émane le plus souvent de la part des débutants : « Pour les ceintures, ça se passe comment ? » Question qui taraude aussi bien les adultes que les enfants. Et d’ailleurs plus que les enfants, les parents.
En premier, il faut savoir que jusqu’à la ceinture noire, normalement ? un jour on pourra revenir sur ce « normalement » ?, l’attribution des ceintures dites de couleur est sous la responsabilité du professeur. Chaque enseignant organise les passages de ceinture comme cela lui semble être le plus efficace, à la fois pour amener ses élèves à cette fameuse ceinture noire dans les meilleures conditions, mais aussi et surtout pour leur permettre de s’épanouir parfaitement dans leur pratique en gravissant sereinement et simplement les marches que constituent les couleurs de ceintures. Elles sont tout à la fois des objectifs et des encouragements. Maintenant, les réfractaires à toute hiérarchie dans le domaine des loisirs peuvent être respectés, à notre charge de les convaincre. Le système de grades appartient aux arts martiaux, il est bon aussi de l’accepter.
Pour ce qui nous concerne, au club, l’obtention d’un grade est avant tout le fruit d’un contrôle continu. Qui mieux que le professeur connaît le niveau de son élève. Mais un petit test sous la forme d’un « question-réponse » ne peut nuire. Il permettra de se familiariser avec ceux relatifs aux grades plus importants.
Concrètement pour les enfants d’abord ; dans notre club, les passages se déroulent deux fois par saison, un avant les vacances de février et l’autre avant les grandes vacances. Ils passent deux demi-ceintures par saison au début, puis très logiquement le temps s’allonge entre les ceintures les plus élevées. Pour les adultes, chaque mois, à différents horaires, un passage est proposé. A partir du moment où le temps incompressible entre deux ceintures est atteint, l’élève peut postuler au grade supérieur. Contrôle continu et petit « quiz » jusqu’à la ceinture verte et ensuite pour la bleue et la marron, validation des unités de valeur à l’occasion des fameux vendredis à thème. Pour la ceinture noire il faudra présenter cinq unités de valeur, la première concerne le programme, la deuxième les katas, la troisième les « 16 techniques », la quatrième la présentation d’un enchaînement libre et enfin la cinquième portera sur les randoris. Il s’agit d’un programme conséquent, mais il est question d’une ceinture importante et emblématique. Et puis, le ju-jitsu étant à but non compétitif, il semble logique d’exiger une grosse prestation technique. Il est utile de préciser qu’il ne s’agit pas de donner des notes, pour lesquelles plus largement, et notamment à l’école, à l’instar du psychos-pédiatre Marcel Ruffo, je ne milite pas pour leur maintien (elles sont autant sources de motivation que d’humiliation, mais cela pourra donner lieu à un autre débat), il s’agit tout simplement de constater l’acquisition – ou non – du minimum exigé.
Pour conclure, je dirai que ce système de ceinture existe depuis très longtemps, qu’ainsi il faut l’accepter sans en exagérer l’importance. L’essentiel se situant dans une pratique régulière. L’objectif que représente la préparation d’un grade et le plaisir de l’avoir obtenu peuvent y contribuer.
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Enseigner
Le métier d’enseignant est un des plus beaux métiers. Affirmer cela, c’est un peu énoncer une évidence, mais pourquoi s’en priver, surtout en ce moment. Aussi, parce qu’il s’agit d’un métier difficile, et peut-être plus particulièrement depuis quelque temps. On ne peut affirmer qu’il ait vraiment été valorisé ces dernières années, notamment dans l’Education nationale. Et puis, on en réclame souvent davantage aux enseignants, des fois bien au-delà de leur mission qui est de transmettre un savoir.
Ce métier réclame des connaissances, de la pédagogie et de l’autorité. Puis de l’enthousiasme et de l’abnégation.
Un métier difficile, quelle que soit la matière ou la discipline, quels que soient les élèves, leur âge, leur niveau. Dans le public, ou dans le privé, pour les matières dites de l’esprit et pour celles du corps. Non seulement il faut détenir un savoir, mais être en capacité de le transmettre. J’adhère complètement à une phrase d’un Professeur qui s’appelle André Giran, qui explique : « L’essentiel n’est pas ce que l’on enseigne, mais ce que les élèves apprennent. » Il n’y a rien à ajouter.
Dans ce métier, lorsque l’on s’adresse aux enfants – aux plus grands parfois aussi –, à l’école ou en sport, il est indispensable de se faire respecter et – même pourvu des qualités nécessaires – ce n’est pas facile partout. Il faut aussi gérer la relation avec les parents. Parfois (pas très souvent, mais parfois quand même !), le principal problème des enfants, ce sont les parents. Mon expérience me permet de l’affirmer, au risque de m’en mettre quelques-uns à dos ! Il y a une (petite) partie qui possède une vision unilatérale des qualités de leur progéniture : si ça va mal, c’est tout simplement parce que le professeur manque de compétences. Un peu caricatural, mais parfois pas si éloigné de la vérité. C’est un peu comme en sport, lorsque l’enfant gagne en compétition, c’est grâce à ses qualités. S’il perd, c’est bien évidement le prof qui doit se remettre en cause. Cela me rappelle une réflexion de la maman d’un enfant qui avait fait 3e à une coupe technique (pas mal déjà !) : « En fait, puisqu’il n’a pas gagné, c’est qu’il n’est pas fait pour cela, il vaudrait mieux qu’il arrête » !!!!! Ce que j’écris est absolument véridique. Que répondre à cela ? No comment !
Pour conclure, j’affirmerai aussi que transmettre un savoir doit être entouré de passion, il s’agit d’une nécessité. Elle permet de ne pas être avare d’efforts et d’être convaincant, donc plus efficace, dans cette transmission. Celle-ci étant une des plus nobles tâches, ne serait-ce que pour permettre, notamment en direction des enfants, de donner le savoir et donc les moyens d’affronter la vie. Ou bien tout simplement, dans le cadre des loisirs, fournir à l’élève la possibilité de s’exprimer, de se réaliser, de se faire tout bonnement plaisir et rendre ainsi sa vie plus agréable. Enfin, j’évoquais plus haut l’abnégation ; Et bien le professeur doit s’appliquer une règle primordiale qui est celle de laisser tout problème personnel aux portes de l’établissement. Certes, cela vaut pour d’autres métiers au contact direct, mais inévitablement et peut-être davantage pour celui-ci.
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Ju-jitsu au féminin
À l’occasion du dernier sondage, vous avez été une grande majorité à déclarer que des cours exclusivement féminins n’étaient pas une nécessité. Il serait intéressant de connaître le résultat issu d’un vote 100 % féminin.
À titre personnel, je n’ai pas d’avis formel. Je pense qu’il existe du pour et du contre. Sur ce blog, le sujet a déjà été évoqué mais rien n’empêche de prolonger le débat.
Côté pour : la simple perspective de se retrouver seule au milieu d’un bataillon masculin peut terroriser une novice. Puis, un cours exclusivement féminin, c’est l’assurance de se retrouver entre gabarits approchants. Ensuite, il existe des techniques qui réclament une certaine « proximité », il est peut-être plus facile de les travailler entre personnes du même sexe. Enfin, à l’occasion de ces entraînements, le travail pourra être plus particulièrement axé à la fois sur des agressions plus spécifiquement « réservées » aux femmes ainsi que sur des ripostes plus adaptées en fonction de qualités morphologiques particulières.
Côté contre : on peut reprocher une certaine forme de sexisme. Pourquoi les femmes ne seraient-elles pas capables de suivre un cours mixte ? (Existe-il des cours réservés aux hommes ?) Donc, est-il nécessaire de faire des clans aux airs de ghettos. Enfin, statiquement il existe davantage de « chances » de se faire agresser par un homme. Donc, il est utile de s’entraîner avec eux.
La synthèse pourrait être la suivante ; il n’est pas indispensable de proposer des cours féminins dans la mesure où un nombre suffisamment important de femmes se retrouvent sur le tatami. Le problème de gabarit se règle facilement. C’est ce qui se passe chez nous, dans la plupart des cours. Et puis, quand l’organisation du club le permet, il y a une solution qui consiste à proposer régulièrement, en plus des cours mixtes, des entraînements spéciaux qui auront comme principal intérêt la cristallisation d’un groupe qui peut parfois, à juste titre, se sentir minoritaire. Et ce sera effectivement l’occasion d’aborder une étude plus particulière, en fonction des critères évoqués plus haut. Avant Noël, une séance sera programmée un lundi soir au club.
Quoi qu’il en soit, l’essentiel est de proposer une formule qui motive une pratique régulière et non qui la rebute. Progressivement cela fournira l’assurance nécessaire pour pouvoir travailler indifféremment avec telle ou tel partenaire.
Si vous souhaitez réagir, vous pouvez le faire directement sur ce blog ou bien sur la page Facebook du club.
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Plus dure sera (parfois) la chute
Sortir quelque peu du ju-jitsu et des arts martiaux pendant cette période où quelques-uns prennent du repos ne peut pas faire de mal. Cela pour aborder un sujet qui m’a souvent étonné.
Il est effectivement surprenant que certains athlètes de haut niveau, une fois leur carrière terminée, arrêtent brutalement toute activité physique, même d’entretien. Heureusement il ne s’agit pas d’un cas général, mais il existe une frange d’anciens sportifs qui ne veut plus du tout entendre parler de ce qui pourtant a fait leur notoriété et leur a donné les plus grandes émotions et les plus grandes joies sur les stades ou dans les gymnases du monde entier.
Envie de tourner complètement la page par rapport à une activité synonyme de contraintes qui les ont privés – un bon moment durant – d’une existence normale. Hypersaturation, le corps et la tête rejettent massivement une overdose d’entraînement. Il y a sans doute un peu de tout cela.
Certains quittent complètement l’univers du sport, d’autres y restent en l’enseignant, mais ne « mouille » plus le maillot (ou le judogi), d’autres prennent des responsabilités de dirigeant au sein de leur club ou à un plus haut niveau dans leur fédération. Mais bien souvent, ils ne pratiquent plus. C’est ainsi que l’on peut voir d’anciens champions arrêter complètement ce qui a été un moment leur passion. Et cela au risque de se négliger physiquement en prenant un aspect dans lequel l’embonpoint se taille la part du lion. Outre les risques physiques, ils abandonnent ainsi le rôle d’exemplarité qui devrait être celui d’un ancien champion et deviennent parfois moins « bien conservés » (selon l’expression consacrée) que le commun des mortels qui n’aurait jamais fait de sport de sa vie.
Tout cela renforce mon opinion qui est que dans toute chose il faut éviter l’excès. La compétition de haut niveau, sans conteste, n’en est pas dénuée. Excès de sacrifices, d’entraînement, d’efforts. Elle ne laisse pas indemne la personne à la sortie de sa carrière, pour peu qu’elle ne soit pas accompagnée sur le plan psychologique et si, en plus, rien n’a été préparé au niveau de la reconversion ! À l’inverse, il est certain que le haut niveau apportera à l’athlète des satisfactions et des sensations que seules les grandes altitudes procurent. Il faut peut-être simplement être bien préparé à l’ivresse des sommets et à un retour normal sur terre.
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Le travail au sol (ne-waza)
Le ne-waza (le travail au sol), paraît-il, n’était pas le domaine privilégié de Jigoro Kano, le créateur du judo. Il préférait l’amplitude des mouvements et le côté artistique qui se dégage des projections. Et puis, des principes tels que celui de l’utilisation de la force de l’adversaire semblent être plus faciles à mettre en application dans le travail debout. Cependant, il ne le négligea jamais, conscient de l’intérêt qu’il représentait.
Sur le plan de l’efficacité en matière de self-défense, on ne peut sérieusement pas s’en passer. Sur le plan physique tous les pratiquants se plaisent à reconnaître qu’il n’est nullement besoin de faire une autre activité pour participer à un son bon développement. Sur l’aspect mental, le ne-waza demande de la réflexion, sans aucun doute davantage que dans d’autres domaines du combat. En effet, la vitesse n’y est pas déterminante. Il s’agit avant tout de construire et d’élaborer une stratégie sur plusieurs coups : « Le serpent n’avale pas la grenouille en une fois » ! Tout est dit. Enfin, allié aux autres composantes du ju-jitsu, il participe à l’élaboration d’un véritable sens du combat. Ajoutons que le ne-waza est bien souvent la finalité d’un affrontement.
Dans les jours prochains, au dojo, deux séances seront consacrées à ce domaine dans lequel existe une richesse technique extraordinaire. Tout d’abord vendredi 25 de 19 h 00 à 20 h 15, dans le cadre des vendredis à thème. Et puis, en compensation des jours de fermeture dus au long week-end de la Toussaint, un entraînement exceptionnel est programmé le lundi 28 de 19 h00 à 20 h 15. Ces deux cours seront ouverts à tous les niveaux. Le premier abordera plus particulièrement juji-gatame et le second le « shime-waza », à savoir le travail des étranglements.
A ne manquer sous aucun prétexte pour les passionnés d’immobilisations, clefs, strangulations et autres retournements et renversements.
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Comme une envie…
Pratiquer une activité physique régulièrement, c’est bien. Pratiquer un art martial, c’est très bien. Pratiquez un art martial de façon régulière, c’est très très bien !
Les habitués de ce blog, ainsi que mes élèves, connaissent mon attachement à certaines valeurs. Je suis conscient qu’il est nécessaire de s’adapter à l’évolution des habitudes de « vie moderne ». Néanmoins il me semble dommage de se satisfaire d’une simple « consommation d’humeur du moment », surtout dans une société en mal de repères. Certes, le fait de commencer une pratique sportive, en se promettant de s’y tenir est louable – sans forcement faire preuve d’une régularité de métronome. Mais pour ceux qui ont choisi les arts martiaux, essayer de se fondre dans leurs exigences (bien vite récompensées, par ailleurs, comme chaque effort), c’est déjà leur marquer une forme de respect et c’est aussi s’imposer une rigueur nécessaire à tout accomplissement. Loin de moi l’idée d’incriminer ceux qui font ce qu’ils peuvent au milieu d’un emploi du temps difficile ou d’une vie compliquée. Mais, il y a une autre catégorie d’élèves qui existe et grandit. C’est celle qui décide un peu au dernier moment de sa participation à une séance. Une catégorie que ça prend comme ça… de venir – ou pas – à une séance.
J’ai connu une époque, au dojo de mon enfance « la rue des Martyrs », ou bien que chaque jour soient proposés des cours, il y avait les élèves pour qui l’entraînement était le mardi et le vendredi, d’autres le lundi et le jeudi et enfin ceux qui venaient le mercredi et le samedi. Cette forme de régularité a davantage de signification qu’il n’y paraît. La pratique de la discipline était tout simplement prioritaire. Il était hors de question de s’y soustraire et cela pour quelque motif que ce soit. Il ne serait pas venu à l’idée d’accepter autre chose ces soirs-là, ni invitation, ni réception, ni sortie. Je n’ignore pas que pour certains, c’est toujours le cas. Mais pour d’autres, la séance passe bien souvent après d’autres sollicitations et devient : « parce-qu’on-n’a-pas-mieux-à-faire » ! Caricatural : pas tant que cela.
On trouve toujours une bonne raison pour reporter une séance : absence de forme ce jour-là, un dossier urgent à traiter, l’anniversaire d’untel, etc. Mais ne pas faire l’effort de la régularité, ce n’est pas simplement dommage pour l’art que l’on pratique, c’est tout simplement dommage pour soi-même. Les arts martiaux demandent une implication particulière, c’est aussi leur force et cela fait partie de leur intérêt. Ils y en a qui rétorqueront que beaucoup de contraintes leur sont déjà imposées quotidiennement et que par conséquent, il est hors de question d’en avoir d’autres dans le domaine des loisirs ! C’est un point de vue que je respecte, sans l’approuver. S’impliquer régulièrement entraînera tout d’abord d’inévitables progrès, ensuite il s’agira du plaisir de retrouver les mêmes personnes avec lesquelles seront comparés les progrès et avec qui pourront se nouer d’agréables relations. C’est aussi se prouver qu’il nous est possible de faire des efforts juste pour soi-même, sans être sous l’effet de la contrainte d’un supérieur ou d’un employeur. Et puis, installer plus profondément des points de repère sur l’échelle du temps, ce n’est pas anodin et cela participe à une certaine forme de structure de sa vie personnelle.
Ceci étant, mettre sa tenue et monter, même irrégulièrement, sur le tatami : c’est déjà « presque pas mal » !
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Légitime défense
À l’occasion du dernier sondage, une écrasante majorité de votants a déclaré que la self-défense avait été leur première motivation pour franchir les portes d’un dojo. Confirmant ainsi une aspiration bien naturelle, celle d’être en capacité de se prémunir d’éventuelles agressions physiques. Cependant cela n’est sans doute pas assimilé, pour une grande majorité d’entre eux, à l’intention de se faire justice soi-même.
La législation en matière de légitime défense est précise et il est n’est pas inutile d’en rappeler les éléments. La riposte doit être proportionnelle, justifiée, nécessaire et spontanée.
Sans aucun doute, en cas d’agression, il ne sera peut-être pas facile de bénéficier du temps nécessaire pour se réciter ces quatre termes. Ceci étant, une certaine logique les entoure et ne pas les oublier semble souhaitable, au regard des risques encourus pénalement et humainement !
La proportionnalité est vraisemblablement l’aspect le moins commode à respecter. L’agressé devant être pourvu d’une maîtrise parfaite de sa technique. Non seulement il doit être en capacité de riposter, mais de ne pas aller au-delà des éventuels dommages causés par l’attaque de l’agresseur. Il ne sera peut-être pas évident d’évaluer correctement les conséquences d’un coup de pied, par exemple. Selon l’endroit où il est porté et par qui ! Entre un coup donné sur un point vital et le même administré sur un endroit moins sensible, le résultat ne sera pas identique. De même l’impact ne sera pas pareil en fonction de la personne qui le porte. Et pourtant, il s’agit bien du même coup. L’évaluation du résultat, surtout dans ces circonstances, n’est pas aisée !
Justifiée et nécessaire sont des qualificatifs qui paraissent évidents en cas d’agression.
Quant à la spontanéité, elle insiste sur l’interdiction de réaction « après-coup » ; en l’occurrence cela exclu toute idée de vengeance.
Certains diront que tout cela est bien gentil et que lorsque l’on sauve sa peau, on n’a que faire de cette législation, et puis, sommes nous certains d’être capables de la respecter.
Ils ont à la fois raison et tort. Sauver sa vie ou porter secours à une personne agressée est un acte qui coule de source. Mais une réglementation est un cadre indispensable pour éviter tout débordement et tomber dans un fâcheux engrenage.
D’où la nécessité, pour une parfaite efficacité – inscrite dans le respect de la loi –, de s’offrir une pratique régulière au travers d’une discipline qui propose une pluralité de techniques qui permettront de graduer la riposte, si toutefois l’état de stress le permet. Mais encore une fois, la gestion des émotions passent aussi par l’assurance acquise à l’occasion d’une pratique inscrite dans la durée.
Et puis, il est dans la mission du professeur de ne pas se satisfaire d’un enseignement et d’une philosophie « jusqu’au-boutiste ». Son rôle est aussi de mettre en garde sur les risques encourus d’une part et de ne pas désespérer du genre humain, d’autre part ! Dans le cas contraire, il ne sera pas facile de revendiquer le titre d’éducateur, même sportif !
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Rythmes scolaires
Il ne fallait pas être un grand prédicateur pour deviner que l’un des principaux soucis lié à la mise en place des nouveaux rythmes scolaires résiderait dans le fait que les enfants soient contraints de se lever tôt cinq jours de suite. Et que par conséquent une certaine fatigue se ressentirait. Il ne fallait pas bien connaître les enfants.
Certes, les villes avaient le choix entre l’école le mercredi matin ou le samedi matin. Dans un passé pas si lointain, il y avait cours le samedi matin. L’évolution de la société ? avec notamment un nombre de plus en plus importants de parents séparés ? rend cette option difficile à remettre en place. Et puis, il ne faut pas oublier le week-end amputé d’un quart dans cette hypothèse et comme à ce niveau existe un véritable lobbying, à cause de cela aussi, une marche arrière se heurterait à bon nombre de réticences.
Il n’y a sans doute pas de solutions idéales, surtout lorsque l’on cherche à ménager un peu tout le monde. Cependant, il ne faudrait pas céder à la réforme pour la réforme. L’objectif premier restant le bien-être de l’enfant pour un apprentissage dans les meilleures conditions. Alors faute de solution magique, il aurait peut-être fallu garder la moins mauvaise.
Certains penseront que je suis quelque peu partisan dans cette affaire, puisque cela nous a obligés à supprimer les cours du mercredi matin. Il est vrai que cela a posé un problème pour que les enfants se répartissent sur d’autres cours. Mais après un mois de reprise ce souci est réglé. Il n’en n’est pas de même concernant celui de la fatigue des enfants.
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